Madagascar. Les aventures de G.I. Jao, du commando Hvm, à Antsiranana

Mardi, 22 Août 2017 16:12 Dossier
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Un tapis rouge vraiment très spécial pour G.I. Jao. Non?

Vraiment, l’être humain est méchant (de nature) alors que G.I. Jao, à Madagascar, se démène comme un beau diable pour essayer tant bien que mal de prouver sa foi à travers ses actes. Reste à savoir en quoi a-t-il foi... Voici les aventures de G.I. Jao, meneur du commando corps des mites (un mythe) Hvm (High versatility of Madagascar), à Antsiranana.

G.I. Jao from Madagascar est très ouvert. Voyez, il porte les mêmes lunettes que le Nord-Coréen Kim Jong-il, père de l'actuel Chef suprême Kim Jon-Un

Normalement, lorsqu’on est à la tête d’une nation souveraine, gouverner c’est prévoir. Hélas, c’est une notion irrémédiablement perdue dans les actes depuis la moitié de l’année 2014. Madagascar n’est pas dirigé par un chef d’état mais bien par un soldat formé au Canada (pour compter l’argent des autres). J’ai nommé G.I. Jao qui vient de démontrer sa capacité à œuvrer plus vite que son ombre.


Oui, il aime son pays. A sa façon. Si bien que lui, il agit d’abord et réfléchit après. Pas la peine d’informer les Malgaches trop occupés à survivre, n’est-ce pas? Ainsi, la semaine dernière n’était pas de tout repos pour G.I. Jao. En effet, déjà, au niveau international, lui, atout fondamental des relations internationales malgaches, il a préféré envoyer au front de la Sadc, le soldat, chef du gouvernement de combat et en charge de l’administration publique de la Grande île: Commander Oliver Makeseverybodyhappy…

G.I. Jao, chef suprême (tiens? comme Kim Jon-Un alors) des forces armées malgaches scrutant l'exercice au travers de jumelles

En effet, sans que l’opinion publique n’ait été mise décemment au courant de l’opération (du 10 au 19 août 2017 tout de même), G.I. Jao -champion du secret d’État et des tas de secrets- s’était rendu dans le Tampoketsa (RN4) pour superviser la phase finale de la manœuvre militaire dénommée «Tintôtry» signifiant Eveil en langue Betsimisaraka. But de l’exercice: «remise en valeur des capacités opérationnelles existant dans l’Armée Malagasy, d’une part, la continuité des entraînements militaires pour la mise en évidence de la coordination des actions, d’autre part, raisons de la réalisation de cette manœuvre militaire nationale».


Combien d'hommes ont été mobilisés, et cela a coûté combien aux contribuables malgaches faisant actuellement face à une insécurité urbaine et rurale que ces canons à longue portée ne résoudront jamais?

C’est le Général Béni Xavier, ministre de la Défense qui a parlé, ajoutant: «Les manœuvres militaires datent de la première République, et ce n’est que cette année que TINTOTRY est réapparue, avec le Président Hery Rajaonarimampianina».

Et l’exercice «Betsiboka 2013» (opération de maintien de la paix et conduite d’un engagement commun du 3 au 24 février 2013, avec 1.100 hommes) dans la région de Mahajanga, c’était quoi selon lui?

Clotûre de l'exercice «Ivondro 2017», avenue de l'indépendance à Toamasina, le 30 mai 2017. Après, tous ces militaires se sont désaltérés dans les cabanes-restaurants du bord de mer

Pour résumer «Tintôtry», cela consistait en exercices de tirs de gros calibres et de canons anti-aériens, ainsi que de simulations d’attaque en cas d’agression étrangère touchant la souveraineté nationale. Mais alors, dans ce contexte, à quoi a servi «Ivondro 2017» du 26 au 30 mai 2017 à Toamasina?

Curieusement, G.I. Jao a brillé par son absence de bout en bout de cette opération grandiose

Et G.I. Jao n’était même pas venu pour le défilé de clôture et le salut aux drapeaux, comme promis et prévu. J’étais présent sur l’avenue à Toamasina ce jour-là. Combien a coûté «Tintrôtry 2017», inutile doublon de «Ivondro 2017», et combien d’hommes ont été mobilisés?

Le président Emmanuel Macron en visite sur une base aérienne française. Ridicule référence (?) des soldats de l'armée Hvm sur les réseaux sociaux

Encore des secrets d’état dont G.I. Jao a le… secret. Juste pour votre information, sachez qu’en France, «en 2012-2015, l’engagement d’un militaire français en OPEX -opération extérieure- a représenté en moyenne 125.928€ de surcoût, contre 56 854€ en 2002-2005» (Rapport de la Cour des Comptes, novembre 2016).

Le quotidien MidiMadagasikara du 23 août 2017, lève un pan du voile sur le coût de «Tintrôtry 2017»

Always Madagascar Airways...

Son travail d’ITF (inspecteur des travaux finis) accompli dans le Tampoketsa (loin, très loin de la zone rouge des Dahalo plus au Sud, très au Sud), G.I. Jao s’en est allé en guerre… sainte. Il n’y a pas d’autres mots. Sa tenue de combat a entretenu une polémique dans laquelle je ne verserai pas ici.

Des uniformes de combat flambants neufs

Ce n’est pas cette uniforme spécifique qui a posé problème, à mon sens, mais le fait de l’avoir gardé en débarquant (je ne l’ai pas fait exprès) à Antsiranana, afin d’assister à une double commémoration religieuse. Il aurait du cacher cet accoutrement militaire neuf sous un survêtement et changer de chaussures dans l’avion très privé de Madagascar Airways. Du coup, de héros, il est subitement devenu un zéro aux yeux de l'opinion publique. Dommage pour lui.

Authentique débarquement au "Grand Hôtel" d'Antsiranana

Mais il faut dire qu’il n’est pas G.I. Jao pour rien, n’est-ce pas? Il doit démontrer à la face du monde qu’il est au four et au moulin de ses propres contradictions, de ses propres turpitudes. Mais cela signifie surtout que ses conseillers ne le conseillent pas et qu’il semble n’avoir plus d’ordres à suivre venant de quiconque ici à Madagascar. Sacré G.I. Jao va! Et c’est en tenue de combat qu’il s’est pointé à l’aéroport d’Arrachart et au «Grand Hôtel» de la rue Colbert (Antsiranana), établissement privé quatre étoiles, dégagé illico presto par une cohorte de membres des forces de l’ordre, la veille.


Le Président de la FJKM, Irako Andriamahazosoa Ammi,  le Maire de la ville d'Antananarivo et le Président du comité d’organisation du jubilé à la tête d'une longue procession en plein centre d'Antsiranana


Lalao Ravalomanana priée par des éléments des forces de l'ordre, de quitter ce lieu privé, la soirée du 17 août 2017. Cela est une vérité illustrée par les photos ci-dessus. Le reste n'est que du fanatisme

Pour moi, le problème ce n’est pas Marc Ravalomanana, ancien président de la république démissionnaire fuyard. Le problème, c’est sa fonction de président du comité d’organisation du jubilé de l’église protestante réformée de Madagascar - FJKM (50 ans d’existence et 200 ans de l’arrivée à Madagascar des missionnaires du London Missionary Society - LMS), dont l’actuel président Rajaonarimampianina est membre et même fils d’un pasteur de la même église, à Ambohinaorina, dans un bled perdu de la campagne tananarivienne, nommé Antsofinondry.


Tout président de la république élu qu’il est, Hery Rajaonarimampianina -devenu donc G.I. Jao- en tant qu’invité de... marque, aurait du faire preuve de plus d’humilité et choisir un autre endroit pour son séjour.

Ce n’est pas cela qui manque à Diego (demandez à ses prédécesseurs) et gouverner c’est prévoir, n’est-ce pas? Mais il a choisi l’humiliation, quitte à serrer la main de sa «victime» en public.

Cela me rappelle le baiser de Judas post-électoral entre Didier Ratsiraka et Marc Ravalomanana à Dakar en 2002. Qui a entrainé les crimes et châtiments que l’on connait que trop depuis: «Haza lambo», réservistes et compagnie… Bref, des trucs qui attendent les Malgaches en 2018, avec les démarches des troupes de choc Hmv cités précédemment.

Par ailleurs, qu’est-ce que G.I. Jao aura à gagner dans sa guerre… sainte comme écrit plus haut? Rien, sinon encore plus de rancœur chez les paroissiens de la FJKM (Fiangonan'i Jesosy Kristy eto Madagasikara). Or, l’homélie de la célébration, prononcée par le Président de la FJKM, Irako Andriamahazosoa Ammi, reposait sur le fait de prouver la foi à travers les actes et sur le pardon et l’amour de son prochain ainsi que la repentance et le changement de comportements des chrétiens dignes de ce nom. Mais, après tout, ne suis-je qu’un… crétin des Alpes? Re-Sacré G.I. Jao va!


Le repos du guerrier très entouré


Le repas du guerrier. Mais où diable était donc G.I. VoaJane la catholique?

Où étaient le ministre de la Jeunesse et des Sports et le Maire de la ville d'Antsiranana?

La photo ci-dessus montre une erreur de casting et démontre la fantaisie dans la manière de gérer le pays. G.I. Jao -en civil enfin!-, à un an de la fin de son mandat, veut rénover le stade de la ville d’Antsiranana, délaissé depuis son accès au pouvoir suprême. Le ministre de la Jeunesse et des Sports et le maire de la ville -qui ont brillé par leur absence- n’auraient-il pas du être là, pour cette visite et sur la photo?

Et encore un énième projet présidentiel. Mais payé encore comment et par qui, au fait, et à un an de la fin du mandat présidentiel? N'est-ce pas de la pure propagande interdite par la loi? Mais pour G.I. Jao, la loi c'est lui jusqu'à preuve de son contraire (et non alter ego) américain G.I. Joe

Sur quel budget les travaux seront-ils financés, madame la nouvelle ministre des Finances et du Budget (présente au côté de G.I. Jao)?

Certainement hors sujet, diriez-vous, et loin de ces aventures de G.I.I Jao à Antsiranana, mais je ne peux pas parler de l'Histoire de la LMS et de l'église FJKM sans parler de Rasalama, la première martyre chrétienne malgache. Ci-après, un texte d'Yvette Ranjeva Rabetafika


Jeannot Ramambazafy – 22 Août 2017

Mis à jour ( Samedi, 26 Août 2017 08:28 )