Alain Andriamiseza. Le maître de la puérilité démocratique absolue

Samedi, 05 Septembre 2020 07:28 Dossier
Imprimer

Le 3 septembre 2020, Alain Andriamiseza, juriste de formation, apparaît sur Tv Plus Madagascar au nom du RMDM (« Rodoben'ny Mpanohitra ho an'ny demokrasia eto Madagasikara »), que je traduirai par « Grand galop des opposants vers la démocratie à Madagascar ». Voici sa prose du jour, sans preuve ni document d’aucune sorte à l’appui, mais du bla-bla-bla pur pour débile mental :

« Tandindin-doza ny firenena amin’izao fotoana izao, ary areti-mandoza mihoatry ny coronavirus no mahazo antsika raha mahita ny fihetsik’ireto mpitondra amin’izao fotoana izao isika izay manao teti-dratsy ny hanalavana ny fe-potoanan’ny Filoham-pirenena hanatanteraka ny asany. Raha dimy taona teo dia efa misy manao tetika ratsy hanao azy ho lasa fito taona.

Zavatra tsy azo ekena izany ary indrindra indrindra raha mpitondra amin’izao fotoana izao izay niainga avy tamin’ny tetezamita ary nanao io lalampanorenana io tamin’ny 2010 dia heverin-tsika fa zavatra mamoa fady izao zavatra mitranga izao. Ka manomboka izao dia manao antso avo amin’ny vahoaka iray manontolo izahay fa ho atsanganay ny atao hoe Komity fanoherana ny hevitra sy tetika izay atao mba hanalavana ny fe-potoana azahoan’ny Filoham-pirenena am-perin’asa miasa roa taona ambonin’ilay dimy taona »./.

Traduction

Actuellement, la nation est en danger. Une maladie pire que le coronavirus nous menace, si l’on se réfère aux agissements des dirigeants actuels qui concoctent un mauvais plan dans le but de prolonger le mandat du Président de la république. Si ce mandat est de 5 ans, certains cogitent dans l’ombre pour qu’il dure 7 ans.

C’est quelque chose d’inadmissible surtout quand on sait que le dirigeant actuel émane de la période de transition dont est issue, en 2010, la Constitution actuelle. Nous pensons que ce qui se passe transgresse les tabous. Aussi, à compter de maintenant, nous lançons un appel au peuple tout entier pour l’informer de la fondation d’un Comité pour lutter contre les idées et menées techniques afin de prolonger de 2 ans en plus, le mandat du Président de la république actuellement en exercice.

Je ne vais pas discuter, ici, des tenants et aboutissants de la loi 001/2020 qui, de toute façon, a été adoptée par l’Assemblée nationale, conformément à l’article 96 de la Constitution de la IVème République de Madagascar (lire plus loin et en malagasy). Non, je vais rappeler aux Malagasy d’aujourd’hui que cet Alain Andriamiseza sera un éternel opposant tant qu’il n’aura pas de… chaise. Avec le mot « Démocratie » arrangé à toutes les sauces. Son vrai nom devrait être Andriamitomaniseza (Le Seigneur qui pleurniche pour avoir une chaise [au sein du pouvoir]).

En avril 2009, à l’issue de deux jours d’Assises nationales, il avait été décidé, entre autres, de l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle en octobre 2010. Cela prouve, sans contestation possible, que l’histoire de « Tetezana mihitatra » (pont, transition à rallonge) n’était qu’une vue de l’esprit tordue d’Onitiana Realy, journaliste mal polie qui se croyait professionnelle, animatrice de feue l’émission « L’invité du Zoma » sur Tv Plus Madagascar. En passant, son digne héritier est Gascar Fenosoa, animateur de « L’invité du Jour », sur Real Tv (appartenant à Onitiana Realy, of course). Il s’agit d’une émission sur laquelle n’importe qui se précipite pour donner raison à cet autre petit arriviste, style Fidèle Razara Pierre, son compère, dans le feu Groupe RLM Communication créé par Mbola Rajaonah qui a vraiment fait tous les mauvais choix, décidément. Mais Gascar Fenosoa arrivera-t-il à s’améliorer et me remercier pour mes critiques sévères comme une infection pulmonaire. Nous verrons… Passons.


Une vue partielle des participants aux Assises nationales des 2-3 avril 2009 au CCI Ivato

A l’issue de ces Assises nationales (2 et 3 avril 2009 au CCI Ivato), Andry Rajoelina, alors président de la transition, avait déclaré : « Ces assises nationales marquent le coup d'envoi du renouveau démocratique et préfigurent déjà la force de la démocratie que nous voulons sauver à Madagascar ». Et il avait prôné l’ouverture à tous les acteurs politiques du pays pour diriger cette période de transition qui n’aurait dû durer que 18 mois. Mais, grâce à la Sadc, la participation des anciens présidents Ratsiraka et Zafy, qui n’avaient rien à avoir ni à avoir avec la révolution orange, a fait durer cette 6ème période de transition qu’a connu Madagascar, de 5 ans, allant de 2009 à 2014.

En ce mois d’avril 2009, se disant « légaliste », Alain Andriamiseza, était le Président du MCDM (Mouvement pour le Changement Démocratique à Madagascar). Ainsi, durant un moment, il a été le cheval de bataille des 3 mouvances (Zafy Albert, Didier Ratsiraka, Marc Ravalomanana) lors des meetings contre le pouvoir de transition. Puis, Alain Andriamiseza s’en est écarté lorsqu’il a été nommé Ministre de la Pêche et des Ressources Halieutiques, le 8 septembre 2009 dans le gouvernement Monja Roindefo 2.

Lorsque le Général Camille Vital a succédé à Monja Roindefo, Alain Andriamiseza a été remplacé par le Lieutenant-Colonel Georget Mandehatsara, lors du remaniement du 24 mai 2010. Depuis, il se bat contre tout ce qui bouge en s’acoquinant avec n’importe qui. L’éthique ne fait pas partie de son vocabulaire. But de ses manœuvres ? Avoir une… chaise et les avantages allant avec. Mais si le peuple est versatile, l’Histoire et ses archives, elles, ne sont pas amnésiques. En aucun cas.

A la suite de sa nomination, en tant que ministre, il avait déclaré aux partisans du Magro (les fanatiques irréductibles de Ravalomanana) : « C’est mon droit le plus absolu de changer de veste ». No comment. Vous voulez des preuves justifiant mon titre du jour ? Voici, voilà. Et c’est Madagascar Tribune, quotidien dans lequel j’ai travaillé durant 17 ans, sous feu Rahaga Ramaholimihaso, qui rapporte ce qui suit.

En septembre 2009, « Alain Andriamiseza a évoqué, comme faisant partie des motifs de son revirement : le retrait de la mouvance Ravalomanana des négociations du Carlton ; un gouvernement Manandafy parmi lequel ne figurait aucun membre de l’Alliance Démocratique ; l’annonce du retour de Marc Ravalomanana avant le 26 Juin, et son exclusion de la délégation Ravalomanana pour les négociations de Maputo II alors que sa valise était déjà prête ».

Enfin, au lieu d’utiliser des termes liés à sa formation de juriste, il préfère infantiliser son auditoire par une puérilité démocratique absolue à travers des maladies de toutes sortes vis-à-vis des 3 mouvances : « Durant ces 2 derniers mois, mon état (Ndlr : sa situation politique) était proche à la fois de la peste, du choléra et du cancer. Par rapport à cela, je préfère de loin Andry Rajoelina que je compare à une grippe, par rapport aux autres maladies… ». C’était en septembre 2009. 11 ans plus tard, mois pour mois donc, pour Alain Andriamiseza -qui n’aura plus jamais de chaise, de toute façon-, le pouvoir « grippal » Rajoelina est devenu pire que le covid-19 à travers le coronavirus. Pour être dans l’air du temps, sans doute.

Extraits de la pompeuse et stérile déclaration annonçant la naissance du « Collectif des parlementaires pour la restauration de l’Etat de droit, de la Démocratie et de la bonne gouvernance eto Madagasikara»

En tout cas, Alain Andriamiseza n’est pas le seul dans la création d’entités politiques éphémères propres à l’Afrique. Avant ce « Comité pour lutter contre les idées et menées techniques afin de prolonger de 2 ans en plus, le mandat du Président de la république actuellement en exercice » (ouf !), un « Collectif des parlementaires pour la restauration de l’Etat de droit, de la Démocratie et de la bonne gouvernance eto Madagasikara» (re-ouf), a été créé le 2 septembre 2020. Personne ne sait combien il y a de membres dans ce « Collectif » créé de toutes pièces ; de quel parti ils proviennent, mais l’annonce a été signée par le Sénateur Olivier Rakotovazaha et le Député Fidèle Razara Pierre. Le premier, du parti MFM créé par Manandafy Rakotonirina, était un membre du CST (Conseil supérieur de la transition) ; le second, élu député Tim à Ambatondrazaka, a émergé dans le monde du journalisme malagasy, en 2008, grâce à la radio Viva appartenant à l’actuel Président Andry Rajoelina.

A tous ces « opposants » -qui finiront par n’être même pas l’ombre d’eux-mêmes- mais aussi à certains Malagasy qui se laissent embobiner par leurs arguments sans queue ni tête, ci-après la version en malagasy de l’article 96 de la Constitution de la IVème République de Madagascar, en rapport à la Commission mixte paritaire (CMP) concernant la loi 001/2020. S’ils ne maîtrisent pas bien le français, ils comprendront certainement leur langue maternelle. Non ?

LALAMPANORENENAN’NY REPOBLIKA FAHA-IV

Andaniny 96. Ny volavolan-dalàna sy ny tolo-dalàna rehetra dia dinihin’ny Antenimiera nandray azy voalohany vao ampitaina any amin’ny Antenimiera ankilany. Ifandimbiasan’ny Antenimiera roa tonta ny ady hevitra mandra-pisian’ny fandaniana rijan-teny tokana.

Raha toa ka tsy mety lany ny volavolan-dalàna na tolo-dalàna iray rehefa nodinihin’ny Antenimiera tsirairay indroa ka misy tsy fifanarahan-kevitra tamin’izy roa tonta, na rehefa nodinihin’ny Antenimiera tsirairay indray mandeha rehefa nanambara ny fisian’ny hamehana ny Governemanta, dia afaka mandray fanapahan-kevitra ny Praiminisitra hamory vaomiera ikambanana isasahana izay ampiandraiketina fanolorana rijan-teny momba ireo fepetra mbola iadian-kevitra. Ny rijan-teny novolavolan’io vaomiera ikambanana io dia azon’ny Governemanta atolotra ny Antenimiera roa tonta mba hankatoavina. Tsy misy fanitsiana azo raisina raha tsy nahazoana ny faneken’ny Governemanta.

Raha toa ka tsy afaka mandany rijan-teny tokana iombonana ny vaomiera na tsy nolaniana araka ireo fepetra voalaza ao amin’ny andalana etsy aloha ilay rijan-teny, dia ny Antenimierampirenena, amin’ny alàlan'ny latsabato iandanian’ny antsasa-manilan’ny mpikambana ao aminy no manapa-kevitra farany.

Oui, les gars, ce dernier paragraphe signifie que l'Assemblée nationale statue définitivement à la majorité absolue des membres la composant.« Collectivez, collectivez », il en restera toujours quelque chose pour les poubelles de l’Histoire.

Jeannot Ramambazafy

Mis à jour ( Samedi, 05 Septembre 2020 14:15 )