L’ONUDI, (agence spécialisée onusienne qui promeut le développement industriel pour la réduction de la pauvreté, la mondialisation inclusive et la durabilité environnementale), organise, du 29 novembre au 03 décembre 2021 à Vienne en Autriche, la 19ème Session de sa Conférence générale (GC.19), Organe directeur suprême de l’ONUDI qui doit capitaliser sur sa riche expertise, son importance et son rôle reconnu dans l’arène du développement international. En mettant davantage l’accent sur les aspects pratiques de la mise en œuvre de son mandat de développement industriel inclusif et durable, l’ONUDI aide les pays à se remettre sur la bonne voie pour atteindre les objectifs de développement durable (ODD)
En ce qui concerne le Président de Madagascar, Andry Rajoelina, il a été le principal orateur, et invité d'honneur, le 03 novembre 2019, lors de la cérémonie d'ouverture de la 18ème Conférence générale de l’ONUDI qui s’est tenue à l’Emirates Palace Hôtel d’Abu Dhabi. A l’issue de cette 18ème Conférence, la signature d’un « programme pays », à hauteur de 35 millions de dollars, a eu lieu. Parmi les projets devant bénéficier de ce financement, citons les mini-sucreries à Mahajanga et Taolagnaro, la mise en place d'une centrale hydraulique dans les régions Bongolava et SAVA mais aussi l'accès à l'énergie pour des petites et moyennes entreprises. Puis survint la pandémie avec les terribles impacts socio-économiques que l’on connait…
Pour la 19ème Conférence générale de l’ONUDI, le Président Andry Rajoelina a prononcé son discours par liaison vidéo. Le voici, transcrit dans son intégralité.
« Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’État et de Gouvernement,
Monsieur le Directeur général de l’Organisation des Nations-Unies pour le Développement Industriel,
Mesdames et Messieurs les Directeurs régionaux, Représentants permanents et Délégués de l’ONUDI,
Honorable Assistance,
Mesdames et Messieurs.
Je souhaite, en premier lieu, exprimer toute ma sympathie, au Président de la République d’Autriche, au gouvernement ainsi qu’à tout le peuple autrichien, qui font actuellement face à un regain de la Covid-19. Cette pandémie nous a empêché, depuis maintenant plus de deux ans, de maintenir des réunions en présentiel. Moi, qui me faisais une joie de venir rencontrer la grande famille de l’ONUDI à Vienne, je regrette que cela n’ait pu se faire.
Quoi qu’il en soit, j’aimerai saluer Monsieur le Directeur général de l’ONUDI pour le maintien en virtuel de cette 19è Conférence placée sous le thème « Construire un avenir meilleur ». Cela témoigne de notre conviction commune à trouver les voies et moyens pour assurer une reprise socio-économique post Covid-19 durable et inclusive pour reconstruire en mieux ensemble notre monde.
Je tenais également, Monsieur le Directeur général, à vous féliciter pour le mandat exemplaire que vous avez effectué depuis juin 2013 jusqu’à ce jour. Votre volonté et détermination à atteindre les objectifs de l’ONUDI s’est manifestée à travers l’intérêt que vous portez à chaque pays membre de l’Organisation, dont Madagascar. De plus, je fais part de mes vives félicitations à Monsieur Gerd Müller, Directeur général nouvellement élu. Je suis persuadé que l’Organisation est entre de bonnes mains et je réitère la disposition de mon pays à collaborer avec vous.
Mesdames et Messieurs,
La pandémie provoquée par le coronavirus a fait d’importants dommages socio-économiques à travers le monde et l’Afrique n’a pas été épargnée. Nous le savons, ces impacts sont conséquents au point d’avoir enrayé l’économie mondiale, ralenti l’élan de développement des pays émergents et aggravé les inégalités. Et bien que nous ne soyons pas encore au bout de cette crise, comme l’atteste la situation sanitaire actuelle dans certains pays de l’Europe, nous devons nous ressaisir, décider et agir maintenant pour rebâtir la vie post Covid.
Les programmes de relance économique qui doivent être conçus afin de remettre rapidement les économies sur pied de façon à être plus solides, mais surtout de garantir des moyens de subsistance plus durables pour les populations fragilisées et vulnérables. Pour être pragmatique, nous savons que le retour à une situation normale pourrait prendre encore des années. Cependant, nous sommes tous convaincus que les pays africains ont le potentiel et les capacités d’accélérer la reprise économique du continent.
Pour l’Afrique et pour Madagascar, un des piliers de cette relance économique est l’industrialisation. La crise nous a effectivement prouvé que les pays les plus dépendants aux importations ont été les plus affectés, et ceux qui ont une production locale ont pu mieux encaisser le choc de la crise. En effet, outre les effets négatifs de la croissance, la pandémie de la Covid-19 a entrainé la hausse exponentielle des prix des transports internationaux impactant sur les prix des marchandises et des denrées alimentaires, causant une importante inflation dans le monde.
Face à cela, l’industrialisation du continent africain et de Madagascar est stratégique, afin que notre économie soit autonome. A Madagascar, nous relevons ce défi avec la mise en place de politiques industrielles pertinentes. Nous allons produire localement tout ce dont les Malagasy ont besoin au quotidien, et renforcer la compétitivité de la Grande île sur le marché régional et continental, en créant de la valeur ajoutée.
Ainsi, les secteurs prioritaires sont la mise en place de pépinières industrielles dans chaque région, en vue de créer la décoopératisation de productions régionales pouvant aboutir au développement de filières et de croissances économiques locales. Ainsi du déploiement du programme que nous avons mis en place, ODOF -One District One Factory-, qui a pour objectif d’équiper en matériels industriels et semi-industriels les producteurs locaux, Avec ce programme, nous voulons redynamiser le secteur de l’industrie dans la Grande île et promouvoir la consommation locale.
Le développement des industries stratégiques, essentiel à la vie quotidienne de la population et du pays, est une des principales priorités, axé sur les produits de base de première nécessité. Depuis maintenant deux ans, nous travaillons sur la création d’une usine pour l’industrialisation de la production de sucre, d’huile alimentaire et de ciment, afin de répondre aux besoins du pays. Depuis des décennies, le pays dépend des importations face à une production locale insuffisante. Grâce à nos efforts continus, notre détermination et l’implication active de l’État Malagasy, je peux déclarer, aujourd’hui, avec satisfaction, que d’ici 2023, Madagascar sera auto-suffisant en sucre, en farine de blé, en huile alimentaire et en ciment.
Le riz est l’alimentation de base des Malagasy. Ainsi, le développement de la filière rizicole est une priorité pour laquelle nous travaillons d’arrache-pied pour l’atteinte de notre objectif d’autosuffisance alimentaire. Parmi les projets qui nous permettront d’atteindre cet objectif figure l’aménagement des plaines du Bas-Mangoky, au Sud-Ouest de Madagascar, qui permettront d’irriguer plus de 70.000 hectares de terres cultivables.
Nous allons également promouvoir le développement de chaines de valeur à fort potentiel d’exportation afin d’assurer une meilleure compétitivité de la Grande île et faire émerger le label « Made in Madagascar ». En effet, Madagascar s’impose, aujourd’hui, de plus en plus comme un producteur de produits d’exception à l’instar du caviar de Madagascar, premier caviar africain, des gambas, des langoustes, du thon…mais qui ne connaît pas également la vanille de Madagascar et son cacao, tous deux reconnus et primés internationalement, mais aussi les épices de Madagascar.
Mesdames et Messieurs,
Madagascar veut aussi une industrialisation inclusive, qui souhaite renforcer l’autonomisation des femmes en les intégrant davantage dans les opportunités de transformation. Nous les dotons d’équipements et de renforcement des capacités dans les secteurs manufacturiers.
La jeunesse étant notre plus grande richesse, nous soutenons également activement l’entrepreunariat des jeunes et mettons en place des solutions effectives pour réduire le taux de chômage. Nous avons, ainsi, le programme national appelé « Fihariana » qui permet de soutenir les initiatives des jeunes, créer de l’emploi et valoriser les ressources locales comme la transformation de manioc, l’apiculture, la filière laitière également.
Nous souhaitons particulièrement une industrialisation qui permet de résoudre les problèmes d’insécurité alimentaire, spécifiquement pour lutter contre la famine ou le « kéré » dans le Sud de Madagascar. Une stratégie liée aux changements climatiques. A ce titre, nous avons implanté la première usine de fabrication d’aliments nutritionnels, appelés « Nutrisud », pour lutter contre la malnutrition infantile. Le dérèglement climatique étant l’un des plus grands défis de notre siècle, nous prônons une industrialisation plus écologique et au service de la protection de l’Environnement.
Le développement d’infrastructures énergétiques durables est essentiel pour accompagner nos initiatives. Ainsi, nous avons investi dans les énergies renouvelables et, il y a deux semaines de cela, nous avons signé, officiellement, avec des partenaires de Madagascar, un projet de central hydroélectrique qui permettra d’accélérer l’industrialisation, tout en permettant à octroyer le branchement en énergie à plus de 1.600.000 ménages, afin d’accélérer l’électrification de notre pays. Nous marchons main dans la main également avec le secteur privé local, principal acteur de cette démarche d’industrialisation.
Mesdames et Messieurs, vous l’aurez compris : l’État Malagasy avance concrètement dans l’industrialisation de Madagascar pour son émergence. Et l’ONUDI est un partenaire-clé de cette entreprise et de la mise en œuvre du programme de la coopération technique de l’ONUDI pour la promotion de l’ISID (Note : Développement industriel inclusif et durable) à Madagascar pour la période 2018-2022, en est une preuve concrète.
Je tiens, d’ailleurs, à féliciter l’ONUDI pour les efforts fournis durant ses 55 ans d’existence dans la promotion et l’accélération du développement industriel inclusif et durable avec les pays membres.
Chers Amis,
Joignons nos efforts pour construire un avenir meilleur.
Pour conclure, j’aimerai réitérer l’engagement de Madagascar à continuer à travailler de concert avec l’ONUDI afin de réaliser nos ambitions communes d’industrialisation et faire prospérer nos Nations.
Je vous remercie de votre attention »./.
Andry Rajoelina
Président de la République de Madagascar
Liaison vidéo du 29 novembre 2021 dans le cadre de la 19ème Session de sa Conférence générale, Organe directeur suprême de l’ONUDI, à Vienne, Autriche.
Transcription : Jeannot Ramambazafy