Le régime, sentant sûrement le vent tourner, a confié au Premier ministre la tache de représenter le président de la république lors du culte d’installation officielle du pasteur Ammi Irako Andriamahazosoa, récemment élu président de l’église protestante réformée FJKM. C’était le dimanche 25 septembre 2016 au Palais des Sports de Mahamasina.
« Notre objectif commun est le développement de notre pays. Certes, l’église et l’État sont dans l’obligation de travailler ensemble. Mais ici, je m’adresse aux tenants du pouvoir, à tous les politiciens en leur disant ceci : prenez garde à ne pas faire de l’église un instrument politique ».
C’était clair et si net que, du coup, le Premier ministre Olivier Mahafaly n’a pas eu droit à la parole alors qu’il avait préparé un discours. Qu’est-ce qui va attendre ce pasteur Ammi qui ne veut pas être leur… ami politique? L’avenir nous le dira. Mais il est certain qu’un coup tordu est en gestation, étant donné que le président Hery Rajaonarimampianina est fils et frère de pasteur de la FJKM.
Ce, en perspective de 2018. Car l’église FKM a toujours été un immense vivier électoral depuis Marc Ravalomanana qui y était vice-président laïc. Mais celui-ci, présent au Palais des Sports, n’a pas encore perdu la main puisque l’organisation des 50 ans de la FJKM lui revient. Avec un budget assez consistant.
Qui vivra verra. Le pasteur Ammi devra être inébranlable dans sa conviction et le passage à l’acte. Mais qu’il ne perd pas de vue que dans un contexte de dictature reposant sur l’argent et les armes, la foi seule ne suffit pas, face à Lucifer et ses tentations infernales. Personnellement, j’ai confiance en cet Ammi qui, avec son physique émacié, me fait penser à un Lucky Luke du respect de la laïcité de l’Etat à Madagascar. Arahabaina e ! Au fait, Iraka signifie envoyé, messager en malgache. Vraiment deux prénoms prédestinés, hein?
Jeannot Ramambazafy