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Jeannot Ramambazafy réapparaît plus historien que jamais !

Dans le cadre du nouveau cycle de conférence-débats, l’association « Fenêtres sur Madagascar », le CITE et le Centre Rarihasina Analakely, ont invité le journaliste Jeannot Ramambazafy…


Dans le cadre du nouveau cycle de conférence-débats, l’association « Fenêtres sur Madagascar », le CITE et le Centre Rarihasina Analakely, ont invité le journaliste Jeannot Ramambazafy pour informer sur le thème : « Diaspora malgache : contribution au développement ». C’était le jeudi 20 novembre 2008, au Centre Rarihasina. Sujet très intéressant sur du point de vue historique. Voici un condensé des informations à savoir à propos de l’origine du mot « diaspora » et des migrants malgaches en France. Sans aborder le sujet de « contribution au développement ». Nous y reviendrons en profondeur. Dans le vrai contexte du développement au point de vue économique car, pour le moment, place à la Culture ! Avec quelques photos off course. Mais parons au plus pressé.

Petite présentation de l’homme du jour

 

 

 

Juliette Ratsimandrava, responsable du Centre Rarihasina, Jeannot Ramambazafy et Isabelle Gachie directrice du CITE

 

Véritables origines du mot « Diaspora »

 

 

Le 16 mars de l'an 597 avant JC (il y a donc 2605 ans !), Jérusalem tombe aux mains du puissant roi de Babylone Nabuchodonosor qui reçoit, dès lors, la soumission du royaume de Juda. Nabuchodonosor déporte la famille royale et l'élite juive dans son pays, entre le Tigre et l'Euphrate (l'Irak actuel). Dix ans plus tard, suite à une ultime révolte, toute la population de Jérusalem est disséminée en Mésopotamie et le fameux Temple de Salomon est détruit. Ce sera la première « diaspora ». Il s’agit d’un terme composé de deux mots grecs : « sporo » signifiant dispersion et « speira » signifiant semer. Mais la vérité est ceci : Bien avant, le terme était déjà utilisé pour désigner « la dispersion des établissements helléniques (grecques) autour de la Méditerranée depuis des temps anciens » (Gaillard et Gaillard, 1998 : 41). La notion de diaspora désignait plus précisément la migration des savants grecs expatriés et diffusant à travers le monde la culture hellénique. Car, dans le domaine des sciences, l’émigration des savants, ou « l’exode des cerveaux » (« Braindrain »), est un fait historique déjà bien connu dans l’Antiquité grecque. Pour tout vous dire, le terme de diaspora plonge ses racines dans la langue grecque et repose sur la transcription du mot hébreu, galout. Construit sur le verbe speiro (semer) et le préfixe dia (au-delà) du grec ancien, le terme réfère aux notions de migration et de colonisation. Initialement, le terme hébreu fait référence à l’implantation de populations juives en dehors de la Palestine après l’exil babylonien et a acquis progressivement un sens plus large en décrivant des populations installées en dehors de leurs terres ancestrales. Les synonymes de « diaspora » sont : association, communauté, confrérie, collectivité, congrégation, ordre, groupe. Ce qui est loin des origines. Ainsi, à ce mot savant, il est préférable d’utiliser le terme plus approprié de « migrant ».

 

Tout cela laisse rêveur et… rêveuses…

 

Les différentes diasporas

Il existe cinq types de diasporas :


1. les diasporas de victimes ou de contrainte (comme les populations juive, africaine, malgache et arménienne, rwandaise) ;
2. les diasporas de main-d’œuvre (comme la population indienne) ;
3. les diasporas impériales (comme la population britannique) ;
4. les diasporas marchandes (comme les populations chinoise ou libanaise) ;
5. les diasporas culturelles, scientifiques et techniques. (DST)
Si vous en voyez d’autres, passez-moi le mot.

Les deux premières générations de migrants malgaches

En ce qui concerne les Malgaches, les origines de la diaspora prennent source dans l’époque de l’esclavagisme. Ce fut la première génération de migrants malgaches. La seconde consiste en ceux qui sont venus en France combattre pour la patrie coloniale durant les deux guerres mondiales (1914-1918 et 1939-1945). La troisième génération comporte les premiers Malgaches qui séjournèrent en France dans les années 1930 étaient des étudiants en médecine ou en droit, issus des familles les plus aisées du centre de l’île. L’Association des étudiants d’originaires de Madaagscar ou AEOM, qui existe toujours, a été créée en 1934. La Seconde Guerre mondiale interrompit cette migration « savante ».

 

Dany Be avec, derrière lui Jean Emilen, le champion du monde de l’harmonica

 

La troisième génération

Elle reprit dans les années 1950 avec des jeunes en quête du savoir occidental et dont l’ambition secrète était de rentrer diplômés à Madagascar afin de rivaliser avec les colons français. En fait de diaspora, ils formaient plutôt une communauté temporaire mais gageons que certains sont restés en France… A ces quelques favorisés se joignirent les jeunes intellectuels nationalistes, exilés par le pouvoir colonial qui les accusait d’avoir été à l’origine de l’insurrection du 29 mars 1947. L’indépendance de Madagascar accentua le mouvement migratoire vers la France. Il s’institua une forme de tradition familiale, un passage obligé pour la formation universitaire et le moyen sûr d’occuper une situation honorable au retour. C’est en ce sens qu’ont été créés, à l’époque les foyers du boulevard Arago, Paris 13 puis celui de Cachan. Cette tradition migratoire temporaire vers la France (« Mankany Andafy ») a, cependant, été bouleversée avec les évènements de 1972. Ce fut la troisième génération de migrants malgaches en France.

Isabelle Gachie, cheville ouvrière de ce cycle de conférence

 

La quatrième génération

La pauvreté croissante et l’impossibilité de décider réellement de son avenir entraînèrent la tentation de se dégager de l’emprise néo-coloniale : une révolte eut lieu en mai 1972 à l’école de médecine de Befelatànana qui fut suivie et soutenue par les étudiants et les fonctionnaires. Ces événements mirent fin à l’influence française, avec l’abandon du pouvoir par Philibert Tsiranana. Les années suivantes, sous l’égide d’un pouvoir militaire, se dérouleront dans un climat d’hostilité à la culture française (on assiste à la malgachisation de l’enseignement) et d’indépendance face à l’économie française (Madagascar sort de la zone franc). Paradoxalement, ce climat transforma les objectifs de cette quatrième génération de migrants. Il n’était plus question de retour mais de fuite vers l’Hexagone. Pays sur qui étaient focalisées toutes les luttes précédentes.

En plein dans les chiffres

 

La cinquième génération

Depuis la fin des années 1990, on constate une augmentation continuelle de l'immigration familiale en France, et ceci concernant tant celle du regroupement familial que celle des conjoints de Français. Certains parents voyagent ainsi en France, d’un enfant à l’autre. Cette installation est renforcée entre la fin des années 1980 et le début des années 1990, par la venue de familles entières qui migrent également pour des raisons économiques et politiques, espérant trouver en France une situation plus stable : pour leur propre salaire (la dévaluation constante de la monnaie locale entraînant la baisse du niveau de vie, d’autant que les perspectives d’ascension sociale dans un système politique corrompu sont limitées) ; pour les études de leurs enfants (l’université à Madagascar est surchargée et toujours en grève) ; pour leur tranquillité (le fédéralisme divise les populations malgaches). Il est clair que l’émigration de cette génération se dépouille alors de son objectif premier : retourner au pays, user de ses connaissances et contribuer au développement même du pays d’origine. C’est la cinquième génération.

La sixième génération

La sixième génération de la migration malgache depuis le début des 1990 à nos jours est celle des « étudiants-travailleurs ». Aujourd’hui, dans un contexte social et économique catastrophique, il arrive à ceux qui ont vécu la période coloniale de regretter la présence française. Ces Malgaches d’ailleurs, opposent à la pauvreté actuelle, la richesse de l’époque coloniale. C’est pourquoi ils souhaitent que leurs enfants aient toutes les chances de réussir leur vie en quittant Madagascar. Trouver un emploi en France devient l’objectif premier pour des familles de nouveaux pauvres donc incapables de subvenir aux besoins de ces « enfants-étudiants ». Cependant, avec l’arrivée du président Nicolas Sarkozy et du ministre Brice Hortefeux et la nouvelle politique d'immigration, l’actuelle génération de migrants malgaches tempère cette représentation idyllique de la France. Actuellement, acquérir la nationalité française est vraiment devenu un parcours de combattant… Et la notion de retour, « malgré les échos négatifs actuels sur la situation de Madagascar » est de nouveau à la mode.

Les Malgaches hors de Madagascar
Selon une source émanant du ministère des Affaires étrangères français, la communauté malgache en France est de l’ordre de 80.000 individus en France (janvier 2007). Il y en sûrement plus… La Banque mondiale a trouvé, en 2005, le nombre de 151.364 Malgaches répartis dans les dix premiers pays de destination qui sont : France, Comores, Canada, Italie, USA, Suisse, Royaume-Uni, Belgique, Maurice. Mais je sais qu’il y en a au Japon, en Guyane, au Brésil, en Chine… bref, les Malgaches sont sur tous les cinq continents. Voilà l’essentiel que vous ne lirez dans aucun manuel d’Histoire de Madagascar.
A l’issue de cette conférence, j’ai révélé que je sortirais un ouvrage bilingue malgache-français, avant la fin de cette année 2008. De format A4 plié en deux, il comportera une centaine de pages et sera intitulé : « L’Histoire des diasporas malgaches – Tantaran’ireo Malagasy any ivelany ». Public cible : les étudiants. Il sera donc à la portée de leur bourse. Préface : Juliette Ratsimandrava. Que tout le monde soit patient.

 

Juliette Ratsimandrava, responsable du Centre Rarihasina mais aussi, membre de l’Académie Malagasy : « Merci, Jeannot. Nous allons ménager un créneau pour que vous puissiez faire une communication sur ce sujet très intéressant du point de vue de l’Histoire même de Madagascar ! »

 

 

Votre serviteur, Alain Ranaivo et Jean Claude Vinson

 

Prochaine reportage, ici même et avec les très belles photos : tout, tout, tout sur la contribution des diasporas au développement. Croix de bois, croix de fer, si je mens je vais en enfer ! Pour les jamais contents et les absents, retenez ceci : mieux vaut exister et être que paraître sans devenir. Donc ce n’est pas le nombre des personnes présentes qui compte mais la volonté d’avoir présenter en moins de deux heures des travaux de recherches étalés sur plus de deux mois. En tout cas, merci à toutes et à tous. Et à vous qui visitez ce site.
Jeannot RAMAMBAZAY - Journaliste

 

 
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