On m’avait déjà avisé hier dans l’après-midi mais je n’y avais pas cru. Hélas, le père Rémy Ralibera n’a pas gagné son ultime combat contre une péritonite…
Rémy Ralibera ? Je me souviens qu’il avait fait partie de la liste des « étudiants » envoyés au bagne de Nosy Lava, dans la nuit du 12 mai 1972. J’avais 18 ans, mais le père Rémy Ralibera était déjà journaliste pour l’hebdomadaire « Lakroan’i Madagasikara » depuis 1966, -ainsi qu’au journal « Lumière » qui s’est éteint il y a longtemps- au moment où j’allais entrer en classe de 6è au Lycée Galliéni. Il écrira dans ce journal jusqu’en 2001. Année où il prendra officiellement sa retraite. Mais c’est une façon de parler car on est journaliste jusqu’à la mort.
Ce jésuite qui a été ordonné prêtre le 5 juillet 1958, après des études de théologie en Italie et en France, sortait vraiment de l’ordinaire.
Il avait un charisme et une voix incomparable, reconnaissable les yeux fermés. Combattant des premières heures contre toutes les formes d’injustices, surtout sociales, Rémy Ralibera, dans le microcosme politique malgache, était un électron libre. Très engagé, il avait fréquenté les plus hauts dirigeants du pays sans pour autant porter allégeance à aucun d’eux. Personnage plus que personnalité, Rémy Ralibera était tout simplement authentique. Sans être diplomatique ni trivial, son langage atteignait les cœurs, tout en frappant les esprits. Il ne combattait pas les hommes mais les idées.
Le père Rémy Ralibera nous quitte un an exactement après avoir fait paraître son ouvrage intitulé « Souvenirs et témoignages malgaches, de la colonisation à la Troisième république » édition «Foi et Justice, décembre 2007). Cela résume toute sa vie faite de luttes et de faux espoirs. Il ne vivra donc pas le vrai développement de Madagascar. Mais çà me fait un peu peur. Qui me dit que je ne vais pas partir à mon tour, l’an prochain, un an après avoir fait paraître mon livre sur l’histoire des diasporas malgaches ? Encore un sujet de « réflexion » à mon… sujet, pour les forumistes « mavitrika » qui diront « bon débarras » !
Comment le père Rémy Ralibera, 82 ans, a-t-il quitté cet ici-bas, cette vallée des larmes ? En n’ayant pas pu résister aux efforts dus à une intervention chirurgicale pour prévenir une péritonite. Il a rendu son ultime soupir, hier matin 21 novembre 2008, à la clinique des sœurs d’Ankadifotsy.
Le père Rémy Ralibera sera inhumé le lundi 24 novembre 2008 au cimetière des Jésuites à Ambohipanja Ilafy, après une messe à la paroisse d’Analamahitsy. J’irai mais je ne vous promets pas trop de photos. Car les deuils, çà commence à bien y faire, après Rado et Charlotte Rafenomanjato.. En tout cas, cet hommage était un devoir envers un « ray aman-dreny » avec qui, comme Rado, toute discussion enrichissait l’âme et l’esprit. Il est certain que l’UPEM (Union des Poètes et Ecrivains de Madagascar) décernera un prix « Rémy Ralibera » comme il existe déjà des Prix « Fredy Rajaofera », « Célestin Andriamanantena », « Ralaiarijaona ».
Toute l’équipe de madagate.com présente à la famille de ce monument de l’Histoire même de Madagascar, ainsi qu’aux membres de l’EKAR (Eglise catholique à Madagascar) toutes ses sincères condoléances.
Pour votre culture générale personnelle, voici les différents présidents de l’Ordre des Journalistes de Madagascar :
Ralaiarijaona, journal « Maresaka », (1975-1977) ; père Rémy Ralibera, journaux « Lumière » et « Lakroan’i Madagasikara » (1977-1991) ; Anicet Andriantsalama, Rnm (1991-1993) ; James Ramarosaona, journal Madagascar Tribune, (1993-2004), actuellement à « La Gazette de la Grand Île » ; Ruffin Rakotomaharo, Tvm-Rnm (2004-….). Aucune élection en vue, alors que les membres d’un nouveau bureau auraient dû être élus en 2007.
Jeannot Ramambazafy - Journaliste