De gauche à droite: Zoelson Randrianindrina, Didi Ratsimbazafy, Pascal Rakotondrasoa
A priori, à la suite du point de presse de trois membres du bureau permanent de l’Ordre des journalistes de Madagascar (OJM), ce 25 août 2016, l’observateur peu regardant déclarera qu’il y a un « clash » au sein de cette entité. Mais, avec le recul, il s’agit-là d’une réaction de la relève, les jeunes, qui se sont levés pour dénoncer une pratique mise en pratique par le régime Rajaonarimampianina. Celle de toujours mettre tout le monde devant le fait accompli, quant aux prises de décision et les actions menées.
De gauche à droite: le président Rajaonarimampianina, Gérard Rakotonirina, Lambo Tahiry, Sylvain Ranjalahy
Il en a été ainsi du président de l’OJM, Gérard Rakotonirina qui, ayant été allé au Palais d’Iavoloha, le 23 août 2016, pour rencontrer le président de la république, n’en a informé son vice-président qu’au tout dernier moment. Ce n’est pas un fait accompli cela ? Il semble que le régime confond ordre des journalistes, groupement professionnel chargé de faire respecter l’éthique et la déontologie de la profession, et ordre, société plus ou moins secrète, ayant un statut social déterminé et règlementé, et solidaire à jamais…
Ainsi, de par sa décision unilatérale, Gérard Rakotonirina a été rappelé à l’ordre par Didi Ratsimbazafy, vice-président de l’OJM et Zoelson Randrianindrina, conseiller pour Antananarivo ainsi que Pascal Rakotondrasoa, vice-président pour Antsiranana. En effet, comme tout le monde, ces trois membres du bureau permanent de l’OJM ont connu la démarche quelque peu cavalière via la télévision.
Traduction libre des déclarations de Didi Ratsimbazafy:
1. « Cette démarche n’est rien d’autre qu’une manière de diviser les journalistes. Pourquoi ? Il existe 1253 journalistes qui ont la carte professionnelle. Si c’est moins d’une douzaine qui est allé à Iavoloha pour rencontrer le président de la république, pour être entendus, nous pensons qu’ils ne peuvent être représentatifs de tous les journalistes de Madagascar. Il s’agissait-là d’une manière d’écarter volontairement la majorité. Sans même tenir compte du memorandum élaboré par plusieurs journalistes pour le respect de l’avant-projet présenté avant son passage au Sénat. Il ne faut pas perdre de vue non plus que le journalisme, c’est l’ensemble de plusieurs métiers avant que ne paraissent les journaux, les émissions télé et radio. Aucun n’a été représenté dans cette démarche à la volée et trop hâtive pour être honnête. Par ailleurs, pour un combat commun de longue haleine, le lieu de la rencontre -un palais d’état -n’était pas approprié, sinon inaccessible à tous. C’est une preuve flagrante du « diviser pour régner » que nous ne pouvons approuver. Notre rôle, au sein de l’OJM, et selon sa Charte, est de préserver la solidarité des journalistes. Si celle-ci est menacée, il n’y aura jamais de professionnalisme dans le métier.
2. Comme tout le monde, nous avons vu la rencontre à la télé, le soir à la maison et, donc, nous n’y avons pas participé. Ainsi donc, la loi a été acceptée par le président de la république qui va la promulguer, malgré le lever de bouclier au niveau national et international. Certes, c’est sa prérogative en tant que Chef de l’Etat, mais nous l’invitons à écouter la voix de sa conscience quant à l’application de cette loi sur le code de la communication. Sur le plan du droit, elle aura une force exécutoire, c'est-à -dire que sa promulgation entrainera de facto son décret d’application et qu’on ne pourra plus l’annuler. Pour nous, la fameuse plateforme (ou espace) de concentration, est plus ridicule qu'inutile dans le sens que tout le monde sait ce qui cloche dans ce code de la communication. Aussi, nous répétons que le président a tout intérêt à écouter la voix de sa conscience, au risque que l’application de cette loi n’entraine un désordre indescriptible.
3. Pour nous, journalistes, je demande que nous ne soyons jamais divisés par la chose politique (la politique politicienne). Dès que quelque chose ne va pas dans ce domaine, c’est nous, les journalistes, qui sont pointés du doigt. En un an et demi de mandat, nous avions constaté un resserrement dans nos rangs. Mais cette solidarité semble avoir été mise à mal en une soirée… Ne perdons jamais de vu que l’union fait la force. Je vous remercie ».
Vous vous reporterez-vous à la vidéo intégrale (CI-DESSUS) de ce point de presse au siège social du CJD, restaurant «Au Bon Accueil» à Ambatonakanga.
Dans un autre article, je parlerai des propositions très pertinentes de Didi Ratsimbazafy, un jeune représentatif de ce l’amiral Didier Ratsiraka n’a pas pu mener à terme. Le concept de: « Ny tanora mpanangana ny ho avy » (Les jeunes, piliers de l’avenir). Cela conforte mon titre : La relève se lève face au désordre de l’Ordre… Il n’y a pas de clash donc, mais Gérard Rakotonirina a tout intérêt à réviser sa perception des droits et des devoirs d’un président de l’OJM. En tout cas, tous les journalistes, sans exception, attendent un bilan rétrospectif de sa part. Il faut qu’il cesse de fuir ses propres et vraies responsabilités.
De son côté, le Mouvement pour la Liberté d’Expression s’est aussi manifesté à travers la déclaration suivante:
Mouvement pour la liberté d’expression
DECLARATION
Face à la manœuvre scandaleuse de la Présidence de la République visant, coûte que coûte, à promulguer le Code de la Communication liberticide, le Mouvement pour la Liberté d’Expression dénonce cette attitude, contraire à la démarche préconisée par les professionnels des médias, les représentants des patrons de presse, les représentants de la Communauté internationale, l’ensemble de la Société civile et les citoyens depuis plusieurs semaines.
Le Mouvement pour la Liberté d’Expression condamne l’exclusion de ses membres de la démarche initiée par la Présidence de la République ayant débouché sur une rencontre qui n’a abouti à aucun résultat concret, le 23 août 2016, au palais d’Etat d’Iavoloha.
Par conséquent, le Mouvement pour la Liberté d’Expression ne participera pas à la prétendue mise en place d’un «espace de concertation» sur le Code de la Communication qui ne constitue visiblement qu’un leurre, étant donné que le président de la République, Hery Rajaonarimampianina, a clairement affiché sa volonté de promulguer la Loi sur la Communication Médiatisée malgré les revendications formulées au cours des derniers mois.
Le Mouvement pour la Liberté d’Expression rappelle à tous les journalistes la nécessité de renforcer la solidarité, face à cette attitude des autorités qui cherche à semer la discorde au sein des professionnels des médias. Une journée de solidarité suivie de l’organisation de la radio « Miara-manonja » est ainsi prévue le mardi 30 août 2016.
Le MLE renouvelle sa détermination à continuer le combat contre le code de la communication dans sa version actuelle. Les prochaines actions à entreprendre seront définies à l’issue de cette journée de solidarité.
Antananarivo, ce 25 août 2016
Le MOUVEMENT POUR LA LIBERTE D’EXPRESSION
Enfin, l’ACHROPOL (Association des chroniqueurs politique, ahaha), seule entité qui a été représentée par Lambo Tahiri, lors de cette rencontre à Iavoloha, a également publié un communiqué dans lequel se dit déçue. Ben moi, je m’assois dessus. Mais qu’espéraient ces gars et cette nana (Lova Rabary -en rouge-, épouse d’Alain Iloniaina, tous deux présents) de cette rencontre? On ne pactise pas avec Lucifer, on prend ses distances.
A présent, nous sommes tous dans le même sac de la liberté provisoire. A moins que… Car, à suivre la logique de ce pouvoir en complète perdition, tous les journalistes sur les photos ci-dessus sont donc des putschistes en puissance.
Jeannot Ramambazafy – 26 Août 2016