Hery Rajaonarimampianina à Mahajanga, le 23 décembre 2014 : « Cette ville sera le modèle du développement pour tout le pays ». Ah bon ?
L’heure n’est plus à la littérature à l’eau de rose, en ce qui concerne le devenir immédiat de la Grande île de l’océan Indien. La triste réalité est que le président Hery Rajaonarimampianina et son équipe d’amateurs en politique n’ont pas les capacités nécessaires pour gouverner une Nation. C’est une certitude, après une année blanche, vide de toute initiative globale pour améliorer, ne serait-ce qu’en partie, le quotidien des Malgaches. Accrochés à l’espoir de tas de millions de dollars prêtés dès leur accession à un pouvoir pourtant passager.
Erreur de calcul fondamentale : Internet n’est pas fait pour les chiens en regard de la censure à la Tvm et la Rnm qui passent leur temps à vénérer une dictature qui ne dit pas son nom.
Cette photo traduit fidèlement la phrase malgache : « Mpitarika vilam-bava », littéralement meneur à la bouche tordue mais signifiant : dirigeant démagogue en bon malgache officiel. Que la cour rajaonarimampienne ne monte pas sur ses grands chevaux: cette photo circule partout sur Internet. Elle est donc du domaine public comme les médicament génériques
Pire, au fil du temps, ils ont accumulé bévues sur bévues, démontrant qu’ils n’ont aucun projet de société et qu’ils espéraient les sous des bailleurs de fonds pour en rédiger un. Mais la justice divine ne l’a jamais vu de cet œil et a toujours contredit les effets d’annonce. Ainsi, pour gagner du temps, Hery Rajaonarimampianina a annoncé des tas de priorités qu’il allait prendre en mains : trafic du bois de rose (mais il s’est intensifié) ; lutte contre la corruption (Madagascar a été déclassé pour figurer parmi les derniers de la liste de Transparency international en une année -2013-2014) ; environnement (alors que même la légendaire forêt de l’Est éternellement luxuriante - « Alan-tsinànana tsy ho ritra» s’envole en fumée mois après mois) reboisement (alors que c’est une action annuelle incontournable depuis Philibert Tsiranana) ; il s’occupera personnellement de la « santé » du peuple malgache (discours lors de l’arrivée du navire-hôpital de Mercy Ships à Toamasina, alors que la peste a fait des morts). La dernière, sans précédent à Madagascar : le retard quasi irrattrapable du salaire des fonctionnaires avant le jour de Noël 2014 (les banques ferment à 11h ce jour pour n’ouvrir que le vendredi 26 décembre, à moins d'une "prolongation" miraculeuse...).
Or, si l’on se souvient bien, le groupe de la Banque mondiale annoncé « l’approbation » de fonds pour une aide budgétaire, non ? Extrait du communiqué de la Banque mondiale en date du 18 décembre 2014 (ci-dessus) : (…) La première opération, un appui budgétaire d’un montant de 45 millions de dollars financé par un crédit de l’Association internationale de développement (IDA) accompagne les efforts de consolidation du retour à l'ordre constitutionnel, et fournira un soutien budgétaire au gouvernement afin d’améliorer l'efficacité et la transparence de la fourniture de services publics (…).
Au centre, Henry Rabary-Njaka le trop puissant...
Ces fonds étaient-ils réellement à disposition ? En tout cas, les premières assises nationales du parti Hvm -à l'allure carnavalesque- auraient coûté la bagatelle de 40 milliards fmg (800 millions ariary et même 12 milliards ariary selon une autre source !). D’où est provenu ce pactole ? Soutiré du Trésor public en espérant que les sous de la Banque mondiale seraient débloqués à temps ? La transparence n’étant pas le fort de ce régime en constante dégringolade, radio-trottoir émet la réalité vraie. Pour une ancien ministre des Finances et du Budget, doublé d’être un expert-comptable diplômé du Canada, cela la fout très mal, n’est-ce pas ?
Rencontre gouvernement malgache et Partenaires techniques et financiers en juin 2014
Pour en revenir au manque de projet de société, ci-après des informations qui ne vous raviront pas du tout. Depuis des mois, après la présentation d’un Programme général de l’Etat (PGE) surréaliste, les partenaires techniques et financiers (PTF) attendaient un Plan national de développement (PND) plus sérieux, plus crédible. Finalement, c’est la Banque africaine de développement (BAD) qui s’est chargée de trouver une alternative. Ainsi, un PDN intérimaire (PND-I) 2015-2016 qui sera présenté aux bailleurs de fonds et aux PTF. Tenez-vous bien : il se chiffre à 10 212 milliards ariary ! Il paraît qu’il ne reste plus que 1 217 milliards ariary pour que cette somme astronomique soit complète. Comment le régime Rajaonarimampianina va-t-il procédé pour obtenir ce reste ? Comme pour le délestage jugulé en trois mois, il a annoncé que les recettes atteindront 8 995 milliards ariary pour 2015-2016. Ni plus ni moins. Surtout du côté des douanes et du fisc… Pour résumé : tout et tous seront taxés. Or, c'est plutôt l'Etat malgache qui doit beaucoup de sous au secteur privé (ICI).
Le quotidien de la majorité des Malgaches aussi bien en zone rurale qu'urbaine: délestage et "approvisionnement" dans des bacs à ordures vomissant le gaspillage des nantis
Enfin, et non des moindres, le PND initial sera divisé en deux partie. En effet, ajouté à ce PND-I, il y aura le Programme d’urgence présidentiel ou PUP. Dans toutes ces méandres de chiffres, démontrant que le pays est gouverné à vue sinon très mal gouverné, l’année 2015 ne sera pas de tout repos. Mais pour qui ? Pour l’heure, à la veille de Noël 2014, les citoyens malgaches n’ont plus que leurs yeux pour pleurer. Pas des larmes de joie mais des larmes de colère. Joyeux Noël à tous, tout de même ! (façon de parler). Et merci (encore quand même) au Phery Noely ! Seule consolation : que le Tribunal de l’Histoire n’oublie jamais cet épisode sombre dans la vie des Malgaches en cette fin d’année 2014. Qui a fait (ou pas fait) et dit quoi.
Jeannot Ramambazafy – 24 décembre 2014