M. Christian Ntsay
Allocution de M. Christian Ntsay, Directeur du Bureau de Pays de l’OIT à l’occasion de l’ouverture du Salon de l’Emploi et de la Jeunesse
HĂ´tel des Thermes, Antsirabe, 14 octobre 2016
Madame le Ministre de l’Emploi, de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle,
Mesdames et Messieurs,
Le BIT se réjouit de la tenue du Salon de l’Emploi et de la Jeunesse ici à Antsirabe et je voudrais remercier l’ensemble des acteurs du monde du travail de cette région pour l’initiative et la qualité de l’organisation de cet évènement réunissant à la fois deux notions prioritaires pour Madagascar qui sont l’Emploi et la Jeunesse.
L’emploi fait défaut dans le pays car la croissance de ces quinze dernières années était très pauvre en emploi. La population est très jeune avec une moyenne d’âge de 21 ans, ce qui constitue un enjeu important sur le plan de développement car 80% de ces jeunes sont sous-employés et font face à des emplois de mauvaise qualité.
En effet, l’économie de Madagascar est encore déstructurée avec des emplois informels touchant près de 94% des emplois totaux et avec une croissance tirée à près de 60% par le secteur des services.
Madame le Ministre,
Mesdames et Messieurs,
Nous avons appuyé la mise en place du Système Régional d’Information pour l’Emploi (SRIE) pour la région Vakinankaratra depuis juillet 2016. Il s’agit d’un outil important pour faciliter la gestion de l’intermédiation entre l’offre et la demande d’emplois. Je vous exhorte tous ainsi à exploiter de façon optimale le SRIE pour que toutes les personnes qui recherchent des emplois se fassent enregistrer au SRIE et pour obtenir un numéro d’identification. De même, toutes les entreprises comptant recruter du personnel doivent dorénavant enregistrer leur demande auprès du SRIE. En effet, Madagascar a ratifié la Convention 88 de l’OIT et s’organise progressivement dans la réorganisation de ses services publics d’emploi. Le système de recrutement dans le pays devra dorénavant s’effectuer dans le respect des principes de transparence, d’égalité de chance et de non-discrimination.
Neuf SRIE sont déjà opérationnels dans tout le pays à l’heure actuelle. Le BIT appuiera avant la fin de l’année 2016 à la mise en place des SRIE pour les régions Amoron’i Mania, Boeny et DIANA. Je voudrais également confirmer aujourd’hui la disponibilité du BIT à assister le MEETFP à rendre fonctionnel le Système d’Information sur le Marché du Travail (SIMT) au niveau de l’ONEF et se basant entre autres sur les données fournies par les SRIEs ; cela va permettre à Madagascar de disposer à temps réel des informations et indicateurs les plus fiables possibles sur le marché du travail et de renseigner les décisions politiques, stratégiques et opérationnelles.
Pour terminer sur cette réforme en cours, je souhaiterais faire appel à un engagement total du secteur privé pour que toutes les entreprises jouent le jeu des SRIE et que Madagascar puisse se doter d’un SIMT performant et fiable.
Madame le Ministre,
Mesdames et Messieurs,
Selon une étude récente initiée par le BIT, seuls 4% des jeunes ont pu créer une micro, petite ou moyenne entreprise (MPME) à Madagascar et ce taux n’a pas changé depuis une décennie. Cette situation pose le problème des types et segments d’emplois ouverts aux jeunes dans un contexte où le niveau d’investissement et de consommation demeure relativement bas dans le pays. En effet, le sous-emploi des jeunes renforce malheureusement l’informalisation accrue de l’économie et la perte d’opportunités socio-économiques en raison du peu d’engagement de la majorité de la population dans la création de la valeur ajoutée nationale.
Je souhaiterais ainsi faire appel au Gouvernement de Madagascar et à travers vous Madame le Ministre pour que le pays se dote d’une nouvelle stratégie qui vise à développer réellement l’entrepreneuriat formel des jeunes. Deux pistes de réflexion sont posées : (i) la première consiste à identifier les types de marchés sur lesquels la priorité serait à donner aux jeunes entrepreneurs et créateurs d’entreprises, (ii) la deuxième est de réajuster les conditions d’investissement dédiées spécialement aux jeunes avec possibilité d’exonération fiscale entre 7 à 10 ans. Cette initiative devrait être une manifestation de volonté politique pour que plus de jeunes créent des entreprises formelles et créent des emplois pour eux-mêmes et pour d’autres. Il s’agit d’une vision ambitieuse pour le pays et qui engendre un effet de croissance réelle et riche en emplois pour Madagascar.
Madame le Ministre,
Mesdames et Messieurs,
Pour terminer mon allocution, je voudrais encore une fois louer le dynamisme et l’engagement des acteurs du monde du travail de cette région qui n’ont ménagé aucun effort pour rendre cet évènement grandiose. D’aucuns reconnaissent que le chômage et le sous-emploi des jeunes engendrent des coûts sociaux et économiques handicapant le soutien à une croissance inclusive et durable. Le chômage et le sous-emploi des jeunes fragilisent la paix, la justice sociale et les efforts de développement.
Enfin, je voudrais lancer un appel aux jeunes de Vakinankaratra pour que ce salon qui le vôtre soit saisi comme une opportunité immense de comprendre le fonctionnement du marché du travail et comme une facilitation inouïe pour trouver un emploi dans des conditions optimales.
Je vous remercie.