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Andry Rajoelina. Dire c’est extra, Mais faire suivre n’est pas donné d’avance

Andry Rajoelina à Nairobi, le 14 mars 2019

Au vu de ce qu’il a effectué durant la transition de tous les partis au pouvoir (rappelez-vous le nombre des membres du CT - Congrès de la Transition) et du CST - Conseil supérieur de la Transition), c’est indéniable : Andry Rajoelina, en tant que président de la république élu par le peuple, va accomplir certains de ses « velirano ». Et les plus voyants. En fait, c’est un défi qu’il s’est lancé à lui-même en prenant le peuple à témoin. Pour cela, j’ai confiance. Cependant, diriger un pays tout entier et aussi grand que Madagascar (590.000 km²), cela requiert une extrême prévoyance. Et c’est dans ce volet que le bât risque fort de blesser car gouverner n’est-t-il pas prévoir ? Tout prévoir. Même l’imprévisible.

Je n‘ai jamais été de nature pessimiste mais, ayant vécu toutes les républiques qui se sont succédées, avec tous les présidents qui allaient avec, chefs d’Etat élus ou ayant dirigé de manière transitoire, je suis en pleine connaissance de cause que le réflexe du colonisé persistera tant qu’une solution efficace et pérenne ne verra pas le jour. Qu’est-ce ? C’est tout simplement ne pas lever le moindre petit doigt en attendant des ordres. Je vais prendre l’exemple de ce formidable plan de reboisement. Extraits du discours du président Rajoelina, le 14 mars 2019 à Nairobi, Kenya, lors de la 3ème Assemblée générale des Nations Unies sur l’Environnement : « (…) Nous avons tracé les grandes lignes de la reforestation de Madagascar. Un défi désormais prioritaire pour l’État. Ainsi, dès le début de mon mandat, j’ai adopté des mesures fortes pour initier une grande campagne de reboisement nationale. L’objectif est de reboiser une surface de 40.000 ha par an avec un minimum de 40 millions d’arbres par année. Pour ce faire, nous allons mobilier tous les citoyens pour mener une action collective de reforestation. Chaque Malagasy devra planter au minimum 10 arbres par an ».

Bravo pour l’idée, toutefois purement théorique pour le moment. Mais les grands-parents comme moi se souviennent qu’on en a planté des arbres durant tout notre enseignement secondaire, sous Tsiranana et sous Ratsiraka surtout. A Ambatomirahavavy sur la route d’Arivonimamo, à Angavokely après Manjakandriana, à Ambatofotsy après le pont sur la RN7… On nous avait ressassé le proverbe : « Tanora mamboly hazo, antitra manan-kialofana » (jeune tu plantes un arbre, vieux tu t’y abriteras). Franchement, j’en ai planté des arbres : des pins et des eucalyptus pour tout vous dire. Mais je n’en ai vu aucun atteindre la taille « adulte » avec un épais feuillage sous lequel j’aurai pu m’abriter. Qui osera dire le contraire ? Et des reboisements, il y en a eu aussi sous Zafy Albert, sous Marc Ravalomanana, sous le retour de l’Amiral et aussi sous Hery Rajaonarimampianina. Partout, partout, partout et par tout le monde. Cela fait des tas de décennies tout çà, mais où diable sont passés tous ces arbres que nous avions planté ?

En passant, brusquement, la mémoire m’est revenue sur une ressemblance plus que frappante entre les présidents Tsiranana et Rajoelina, à un demi-siècle de distance. En effet, Philibert Tsiranana, bombardé père de l’indépendance, avait choisi « asa fa tsy kabary » du latin « acta non verba » (l’action et non la parole) comme leitmotiv. Comme Andry Rajoelina de nos jours. Par ailleurs, Dadabe Tsiranana ne jurant que par l’écologie, déjà, c’est de lui que j’ai retenu le « tanora mamboly hazo, antitra manan-kialofana » (cité plus haut) que l’on peut traduire aussi par « un jeune qui plante un arbre y trouvera de l’ombre à sa vieillesse ». Encore une fois : mais où diable sont passés les arbres que nous avions planté dans notre jeunesse ?

Il y a un fait vraiment méconnu par les Malgaches eux-mêmes, incluant les dirigeants de cette seconde partie de la IVème république de Madagascar. Figurez-vous qu’en 1926, le colonisateur français avait admis la nécessité de reboiser le pays afin de mettre en valeur les contrées incultes ; de régénérer leur sol par l’apport de matières organiques à l’absence desquelles était due la pauvreté de la latérite ; de provoquer des précipitations atmosphériques plus fréquentes et d’atténuer les rigueurs de la trop longue saison sèche. Il faut savoir, et c’est très important, qu’à cette époque, les terrains reboisés étaient tous sécurisés et immatriculés soit au nom de l’administration, soit aux noms de colons, de sociétés ou de quelques nationaux. A l’indépendance, les dirigeants de la première république ont poursuivi les œuvres des colons dans les stations forestières étatiques afin de promouvoir le reboisement industriel et la protection de l’environnement à travers le reboisement qui est devenu, dès lors, « un devoir national ». Malheureusement, après mai 1972, ce n’est plus devenu que du folklore et une occasion pour faire un méga pique-nique et picoler à en perdre la raison.

Mais où diable sont passés les arbres que nous avions planté dans notre jeunesse ? En fait, sécurisation et immatriculation avaient disparus avec la notion même de suivi-évaluation et, particulièrement, de civisme. Chaque année, les Malagasy reboisaient sans se faire d’illusion. Seuls les terrains gardés par des militaires commençaient à verdoyer comme à Ampangabe sur la RN7. Je peux affirmer que sur 100 arbres plantés, seul le tiers (et encore je suis gentil) avait la chance de grandir tout seul, dès la saison sèche venue. A propos du reboisement « devoir national », mais aussi de la protection de l’environnement prise globalement, j’ai lu un document d’un parti politique, qui traite des problèmes vécus et des solutions proposées. Je ne tiens pas à faire de publicité, il se reconnaîtra.

Les problèmes

L’acte de reboisement est devenu un rituel et un épiphénomène de société ;

Iniquité et inégalité dans l’octroi des permis d’exploitation forestière ;

Laisser-aller dans la protection des faunes et flores ;

Feux de brousse, problème récurrent ;

Pillage des flores et faunes endémiques ;

Déforestation incontrôlée et inacceptable dans certaines zones ;

Velléité d’oligopole sur ce secteur.

Les solutions

Le reboisement subventionné (formation paysanne, dotation de semences et de sacs plastiques) doit être un acte citoyen effectué au niveau de chaque fokontany qui doit rendre des comptes ;

L’acte de reboisement doit obéir aux spécificités climatologiques des régions et les exigences écologiques des espèces ;

Révision des cahiers de charges pour l’octroi des permis d’exploitation forestière ;

Renforcement des mesures de protection des animaux et végétaux dont les bios précieux ;

Conscientisation, sensibilisation et organisation des communautés villageoises à tout problème lié à l’environnement et la forêt en particulier. Inculquer aux producteurs agricoles la notion de sédentarisation des espaces de culture et démonter les bienfaits d’une culture intensive.

Redynamisation des centres de recherche pour la conservation des espèces menacées ;

Respect des règles de jeux sains pour une concurrence loyale dans ce secteur.



Phénomène d’érosion (« lavaka ») dans la région Alaotra Mangoro

En ce qui concerne le reboisement, entrant dans les grandes lignes de la reforestation de Madagascar, il serait grand temps de remettre au goût du jour des gardes forestiers triés sur le volet, bien équipés et bien motivés… Dans l’immédiat, j’ai une proposition à faire qui est très loin d’être bête : procéder à des reboisements ciblés. Un rapport de LDI (Landscape Développement Intervention), datant de 2006, indique les faits suivants dans la région Alaotra Mangoro où j’ai été maintes fois en reportage par le passé, avec le jeune Njaka Andriamahery, alors cameraman à la Rta. Le bassin du Lac Alaotra est un milieu fragile qui héberge une flore et une faune unique. Cette biodiversité est menacée simultanément par les activités agricoles et la pression sur les ressources ; en particulier les problèmes d’érosion sur les bassins versants. L’arrivée de migrants et la spéculation foncière sur les rizières ont renforcé les pratiques de tavy dans les zones forestières et développé les cultures sur tanety. Sur ces zones, le niveau d’intensification agricole est faible (monoculture traditionnelle, faible utilisation d’engrais et de semences améliorées non à la portée des ménages, matériels et outillages sont insuffisants,…). Ces pratiques ont un impact direct sur l’ensablement du Lac Alaotra et des principaux plans d’eau de la Région.

Seule et unique solution pour sauver ce qu’il reste à sauver, et qui était déjà une idée de Koto Rabemananjara, alors Directeur général de l’ANAE (Association Nationale d'Actions Environnementales) à l’époque : mettre en place une ceinture verte. En clair : procéder à un reboisement intensif sur les hauteurs surplombant le lac Alaotra, qui constituera toujours une zone d’investissement importante ciblée par la plupart des bailleurs de fonds (Banque Mondiale, AFD, BAD, Union Européenne,…). Avec les mesures d’accompagnement adéquates dont je n’ai pas entendu parler dans les discours du président Andry Rajoelina, à moins que je ne sois devenu sourd.

«Tanindrazana, Fahafahana, Fandrosoana» (Patrie, Liberté, Progrès) en 2019. Seigneur ! Mais cela date de 1993, sous la présidence du Pr Zafy Albert !

Quoi qu’il en soit, ce sont dans les détails que l’on reconnaît l’artisan (de la victoire). Je vais vous donner un exemple qui vous aidera à mieux réfléchir sur cette question de suivi-évalutation. Le 14 mars 2019, en pénétrant dans le hall de l’aéroport international d’Ivato, après avoir débarqué d’un avion, j’ai été frappé par la devise inscrite sur un panneau : «Tanindrazana, Fahafahana, Fandrosoana» (Patrie, Liberté, Progrès). Seigneur ! Mais cela date de 1993, sous la présidence du Pr Zafy Albert ! Cela signifie que durant 26 bonnes années, ce panneau est resté tel quel et personne n’a rien remarqué ! Avec ce genre d’oubli, d’omission, quid des reboisements censés être intensifs dans les régions reculées du pays ? Qui ira vérifier volontairement sans attendre des ordres ? C’est là que je deviens sceptique, Mister President elect. En attendant la solution efficace et pérenne, je vous rappelle, amis lecteurs, que la devise de la IVème République de Madagascar est : «Fitiavana-Tanindrazana-Fandrosoana» (Amour, Patrie, Progrès que l’on peut traduire, de nos jours, par Développement). Et merci d’avance à celle ou celui qui prendra une photo du panneau d’information à Ivato, nous démontrant que le changement est bien arrivé.

Jeannot Ramambazafy - Dossier également publié dans "La Gazette de la Grande île" du mercredi 20 mars 2019

Mis à jour ( Mercredi, 20 Mars 2019 07:32 )  
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