Lors de la célébration de la journée de droits de l’homme l’Union européenne a confirmé son engagement à maintenir les droits de l'homme au cœur de son action à Madagascar.
Sensible aux défis à relever par la Grande Ile dans ce domaine, l'Union européenne a apporté sa contribution à leur résolution non seulement à travers des actions de plaidoyer, mais aussi à travers le financement de projets mis en œuvre via l'Instrument Européen pour la Démocratie et les Droits de l'Homme (IEDDH).
L’Instrument Européen pour la Démocratie et les Droits de l’Homme est un programme de l’Union européenne visant à promouvoir la démocratie et les droits de l’Homme dans le monde entier en soutenant les initiatives de la société civile.
C’est ainsi que la Délégation de l'Union européenne à Madagascar a signé, ce jour, six contrats de subvention avec des ONG et associations œuvrant pour la promotion et la défense des droits de l'homme et de la démocratie.
Dans le cadre de la Journée des Droits de l'Homme du 10 décembre que nous célébrons ce jour, près de 1 200 000 euros (environ 3.5 milliards d'ariary) sont ainsi alloués à des projets visant à améliorer les conditions de vie des personnes handicapées, des détenus dans les établissements pénitentiaires et à promouvoir le droit des enfants en situation de vulnérabilité.
Ces projets ont été sélectionnés suite à la publication d'un appel à propositions au début de cette année et les activités seront mises en œuvre sur une période de deux à trois ans.
L'objectif général du présent appel à propositions est de contribuer au développement et à la consolidation de la démocratie et de l'Etat de droit, ainsi qu'au respect des droits humains et des libertés fondamentales, dans le cadre de la politique de coopération au développement de l'Union Européenne avec Madagascar.
Dans le cadre de cet appel à propositions, une attention particulière a été donnée aux projets qui contribueront à mettre en œuvre les recommandations du Conseil des Droits humains des Nations Unies acceptées par les autorités malgaches dans le cadre de l'Evaluation périodique universelle de novembre 2014 et des actions visant à la prise de conscience et à l'amélioration de la compréhension par les communautés traditionnelles des questions relatives aux droits humains notamment la promotion de mécanismes de protection et de mise en pratique de ces droits.
En plus des 6 contrats signés ce jour, 8 autres seront signés en début d'année prochaine dans les domaines suivant :
- le droit des femmes, notamment en ce qui concerne la lutte contre les violences basées sur le genre, leurs droits en milieu rural et ce qui concerne l'accès au foncier,
- la protection et la promotion des droits des enfants et des adolescents,
- l’intégration économique et sociale des familles vulnérables.
C'est donc en tout un montant d'environ 2,5 millions d'euros (environ 7 milliards d'ariary) qui seront alloués en faveur de la promotion et de la protection des droits de l'homme et de la démocratie à Madagascar.
De plus, dans le cadre de la célébration de cette journée des droits humains, la Délégation de l'Union européenne à Madagascar avec l'association « Grandir Dignement » organisent un spectacle présenté par la compagnie Art D'Tenu regroupant des jeunes incarcérés à la Maison Centrale d'Antanimora. Ce spectacle aura lieu le dimanche 13 décembre 2015 à 15 heures au Centre Culturel Malgache.
LISTE DES SIX PROJETS SIGNES POUR LA JOURNEE DU 10 DECEMBRE
1) «Plaidoyer et actions pour une meilleure mobilité des personnes en situation de handicap»:
La participation des personnes en situation de handicap (PSH) dans la vie socio-économique et politique est limitée par des problèmes de mobilité, par les obstacles imposés par le transport public.
Les infrastructures, le manque d’équipement des véhicules, la qualité des services de transport et le comportement des usagers sont autant de problèmes limitant l’accès des PSH au transport public.
L’UE financera ce projet à hauteur de 189 967.84 euros pour une durée de24 mois. Il sera mis en œuvre par l'ONG LALANA.
Son objectif est d’améliorer l’utilisation des transports publics pour les personnes en situation de handicap et à mobilité réduite dans la commune urbaine d'Antananarivo. Son but est d’influer sur les décisions des autorités et les comportements de la population en général concernant les problématiques de la circulation dans la capitale. Il contribuera ainsi à la mise en œuvre du Plan National d’Inclusion du Handicap qui a été signé en mars 2015. Il effectuera des actions de plaidoyer, de sensibilisation et réalisera des actions pilotes d'amélioration des infrastructures et des équipements sur le transport public. Le Projet durera deux ans et sera mis en œuvre en partenariat avec trois associations de handicapés: l’UNHAM (Fédération d’associations), le RNFH/Mada (Femmes), et l’AEHUTE (Etudiants de l’Université).
2) Projet «Promotion de l’éducation des enfants vulnérables exclus du système d’enseignement formel à Antananarivo»:
L'UE financera ce projet à hauteur de 186 601.80 euros pour une durée de 24 mois. Il sera mis en œuvre par l'ONG ASMAE en partenariat avec les associations HARDI et MANDA. Son objectif général est de promouvoir l'éducation des enfants vulnérables exclus du système d'enseignement formel à Antananarivo.
Ses objectifs spécifiques sont :
- d'appuyer les actions favorisant l’alphabétisation et les apprentissages scolaires à destination des enfants de 7 à 18 ans.
- de renforcer les dispositifs d'insertion socio-éducative, favorisant le développement global de l’enfant.
- de renforcer les capacités de deux partenaires locaux afin de permettre la pérennisation de leurs actions, notamment dans le domaine de l'éducation.
Les résultats attendus sont :
- la réinsertion scolaire ou professionnelle est facilitée pour 440 enfants.
- des professionnels de l’éducation au sein des partenaires d’ASMAE sont formés au développement global de l'enfant de 7/18 ans afin de répondre à l’ensemble de ses besoins spécifiques.
- les capacités de gestion et de gouvernance des deux co-demandeurs augmentent, renforçant la qualité de leurs actions et favorisant la pérennisation de leurs projets.
Les bénéficiaires finaux sont 600 enfants et jeunes de 7 à 18 ans et les membres de la Direction de l’Education préscolaire et de l’Alphabétisation (DEPA).
3) Projet «Promotion des droits humains dans l'amélioration des conditions carcérales, réinsertion sociale et respect des droits des personnes détenues dans les dix maisons carcérales les plus défavorisées du sud de Madagascar»:
L'UE financera ce projet à hauteur de 189 451 euros pour une durée de 24 mois. Il sera mis en œuvre par l'ONG ACDEM dans dix établissements pénitentiaires : Betroka, Toliara, Ampahiny, Ankazoabo, Morombe, Fianarantsoa, Ihosy, Ambositra, Miandrivazo et Morondava.
Son objectif global est de contribuer à la consolidation de la bonne gouvernance et de l’Etat de droit à Madagascar en garantissant le respect des droits humains en milieu carcéral.
Ses objectifs spécifiques sont:
- d'améliorer les conditions carcérales dans les dix établissements pénitentiaires d’intervention.
Les conditions carcérales à Madagascar ne répondent pas aux normes internationales avec des conditions de détention inhumaine. Par conséquent, ce projet contribuera au respect des lois régissant les principes de détention dans les domaines de la santé, la nutrition, l’hygiène et l'assainissement.
- de réinsérer les personnes détenues dans la société après la période de détention par l’octroi de diverses formations professionnelles :
Dans la majorité de cas, la mauvaise condition carcérale entraîne la détérioration de la personnalité des personnes détenues en tant qu’être humain. Cela provoque des complexes d’infériorités et oblige les détenus à se marginaliser de la société à leur sortie. L’existence de formations professionnelles, d'alphabétisation, des centres de loisirs et des activités génératrices de revenus pour les personnes détenues, sera un moyen pour faciliter la réinsertion sociale des personnes détenues afin qu’ils deviennent des leviers de développement après leurs périodes de détention.
- de promouvoir le respect des droits de personnes détenues :
Dans la culture malgache, être une personne détenue est une honte et déshonore la famille. Cela entraîne la torture, la discrimination et le rejet par la famille, même par la société envers les personnes détenues libérées, surtout dans le sud de Madagascar. Le projet visera à sensibiliser ou conscientiser les proches des détenus afin que ces derniers puissent être accueillis à leur sortie de prison. La méconnaissance des droits des personnes détenues ainsi que la négligence des procédures administratives auprès de l’établissement pénitentiaire et de la juridiction provoque l’irrespect des droits des personnes détenues. C’est pourquoi le suivi des dossiers des personnes détenues s’avère être utile.
Ce projet devrait toucher environ 3 776 personnes détenues dans 10 maisons centrales.
4) Projet d' «Appui au mouvement du handicap pour la promotion et le suivi de l’application de la Convention Internationale relative aux Droits des Personnes Handicapées»
L'UE financera ce projet à hauteur de 182 620 euros pour 30 mois à Antananarivo et dans les régions Atsinanana et Atsimo Andrefana. Ce projet sera mis en oeuvre par Handicap International en partenariat avec la Plateforme des Fédérations des Personnes Handicapées de Madagascar (PFPH/MAD).
Le projet vise à soutenir l’appropriation par les organisations de la société civile intervenant dans le domaine des droits humains et de la bonne gouvernance notamment les organisations des personnes handicapées des différents outils, processus et démarches pouvant faciliter la promotion et la protection des droits des personnes handicapées. Il s’agit de veiller à la mise en œuvre effective de la Convention Internationale relative aux Droits des Personnes Handicapées (CDPH) à travers son intégration dans l’ordre juridique interne et la définition d’une stratégie nationale opérationnelle réaliste, chiffrée et partagée. L’objectif spécifique étant que le mouvement des personnes handicapées à Madagascar participe pleinement et de manière effective à la mise en œuvre et au suivi des politiques publiques du handicap, au niveau national et local, conformément aux principes de la Convention Internationale relative aux Droits des personnes handicapées (CDPH).
Les trois résultats escomptés dans le cadre de ce projet sont :
- Le mouvement des personnes handicapées, et en particulier la PFPH et ses représentants régionaux, disposent des compétences techniques pour assurer un suivi de la mise en conformité de la législation interne aux principes de la CDPH.
- Un dialogue constructif durable entre le mouvement des personnes handicapées et les pouvoirs publics est instauré dans le cadre de la mise en oeuvre et du suivi des engagements internationaux, dont la CDPH.
- Des initiatives de plaidoyer favorisent l’application des principes de la CDPH et la construction d’une société inclusive.
Les groupes cibles sont 15 cadres de la PFPH, 40 personnes des associations membres dans 2 régions (32 membres) et autres OSC, 32 membres de la CNH (représentants ministériels/points focaux), 10 cadres du Ministère de la Population de la Protection Sociale et de la Promotion de la Femme, 250 membres de partis politiques et parlementaires, 100 représentants des autorités locales dans 2 régions (Chefs de régions, 16 Chefs Districts, membres des organes exécutifs et délibérants des communes, services déconcentrés de l’Etat).
Les bénéficiaires finaux sont les acteurs du handicap, les personnes handicapées et leurs familles.
5) Projet «Ny Zanaka No Harena - Les Enfants sont la Richesse !»:
L'UE financera ce projet à hauteur de 200 000 euros pour 24 mois dans la Région d'Analamanga et du Menabe. Ce projet sera mis en œuvre par Search For Common Ground en partenariat avec l'ONG locale Liberty 32.
Search for Common Ground (SFCG), une ONG spécialisée dans la transformation des conflits et le travail avec les médias, et Liberty 32, une association de jeunes volontaires malgaches engagés pour la participation citoyenne et l’éducation civique, proposent un projet sous IEDDH pour promouvoir les droits des enfants dans les régions Menabe et Analamanga. Le point de départ du projet « Ny Zanaka No Harena - Les Enfants sont la Richesse! » est que les droits de l’enfant ne sont pas quelque chose « importé de l’étranger », mais plutôt qu’ils sont inhérent à la culture malgache.
Ainsi, en démontrant le lien avec les coutumes et traditions malgaches, l’acceptation et l’appropriation des droits de l’enfant seront augmenté parmi les parents et tuteurs des enfants, les enseignants, les leaders traditionnels, et les enfants eux-mêmes.
Le projet déploiera un éventail d’interventions, y compris: collecte et transcription des chansons traditionnels (hira gasy), proverbes, contes et légendes; sensibilisation dans les écoles à travers des session de formation et des excursions éducatives; dialogues communautaires avec les adultes sur la promotion et la protection des droits des enfants; production des programmes radiophoniques autour des droits de l’enfant par les jeune reporters; et publication d’une série de matériels pour démontrer le lien entre la culture malgache et les droits de l’enfant (conte dessinée, livres de légende). A la fin du projet un atelier de capitalisation et de partage d’expérience de ce projet pilote sera prévu. Un objectif secondaire du projet est le renforcement des capacités de Liberty 32 et de son réseau de volontaires en termes de plaidoyer constructive, orienté vers la recherche des solutions, sur les droits des enfants.
Le programme « Respect des Droits Humains inhérents aux femmes et enfants en conflit avec la loi », financé en grande partie par l’Union Européenne via l’Instrument Européen pour la Démocratie et les Droits de l’Homme, est présenté par deux acteurs du milieu carcéral : Grandir Dignement et Médicap.
Elle vise à contribuer au respect des droits humains des détenus femmes et mineurs, à promouvoir l'état de droit et à renforcer le rôle des acteurs de défense des droits de l'homme à Madagascar.
6) Le projet «Respect des droits humains inhérents aux femmes et aux enfants en conflit avec la loi»:
L'Union européenne financera ce projet à hauteur de 185 000 euros pour 24 mois en partenariat avec Medicap et le Ministère de la Justice.
Suite aux concertations et aux résultats des diverses études, les demandeurs et le Ministère de la Justice, d'un commun accord, mettent en avant la nécessité d'améliorer les conditions de détention, de faire le choix d'une justice qui favorise les mesures alternatives par rapport à l'unique incarcération, et de renforcer les compétences de toutes les parties prenantes.
Aussi, les actions suivantes seront mises en Å“uvre :
- Appuyer l’état malgache dans sa volonté de conduire une politique spécifique relative aux mineurs en conflit avec la loi (améliorer la séparation des personnes mineures et majeures au sein des établissements pénitentiaire, appuyer l'amélioration du cadre législatif, promouvoir la création d'une entité de coordination spécifique aux mineurs, favoriser la réflexion interministérielle…)
- Protéger et accompagner les personnes mineures et les femmes incarcérées au sein de 8 établissements pénitentiaires (appui médical, alimentaire, social et judiciaire)
- Accompagner des personnes mineures en conflit avec la loi via le dispositif de libertés surveillées (région Tananarive et Diego)
- Permettre une meilleure considération des problématiques propres aux femmes et mineurs en conflit avec la loi par les acteurs de terrain étatiques, non- étatiques, et la communauté au sens le plus large (renforcement de compétences, modules de formation, sensibilisation).
Avec le soutien financier de l’Union Européenne, Grandir Dignement et Médicap, en partenariat constat avec le Ministère de la Justice, entend, via ce projet et de manière concrète et durable, accentuer le respect des droits humains des femmes et des enfants en conflit avec la loi.
SPECTACLE GRANDIR DIGNEMENT
La Délégation de l'Union européenne à Madagascar avec l'association « Grandir Dignement » organisent un spectacle présenté par la compagnie Art D'Tenu regroupant des jeunes incarcérés à la Maison Centrale d'Antanimora. Le spectacle intitulé « Maty vao mitovy zo » (Seulement égaux que dans la mort) aura lieu le dimanche 13 décembre 2015 à 15 heures au Centre Culturel Malgache (IKM: Ivon-toeran’ny Kolontsaina Malagasy) Tour Sahavola, Lot IBF 16 terA, 2eme étage, Antsahavola.
La compagnie Art D'Tenu a vu le jour en 2013 sous l'impulsion des jeunes engagés à défendre leurs talents artistiques à l'intérieur des murs du quartier mineur de la maison centrale d’Antanimora. Après le succès de leur première production « Le songe de Misa », ces enfants ont tenu à plaider pour le respect des Droits de l'Homme à travers ce nouveau spectacle.