La question se pose en ce qui concerne particulièrement le président Hery Rajaonarimampianina. Aux toutes dernières nouvelles, alors que le pays a du mal à nourrir ses 25 millions d’habitants, voilà qu’un projet d’accueil de réfugiés syriens, sur la RN2 Tana-Toamasina, est en cours, par l’entremise de la Turquie d’Erdogan. Rajaonarimampianina ne sera pas éternellement président mais après lui le déluge. Cette décision est tout ce qu’il y a d’anti-patriotique et foule au pied la notion même de souveraineté territoriale en plus du fait que Madagascar est une île aux antipodes des problèmes transfrontaliers. Ah ce goût immodéré de l’argent, quelle que soit sa provenance…
Pour en revenir au cœur du sujet de cet article, c’est quoi être ou ne pas être patriote? Prenons les cas en parallèle des présidents sénégalais Macky Sall et malgache Hery Rajaonarimampianina.
Macky Sall a été élu le 25 mars 2012. En août de la même année, le nouveau président sénégalais décide de supprimer -à nouveau- le Sénat. Pour votre culture, sachez que le Sénat sénégalais est né en 1999 sous Abdou Diouf. Il avait déjà été supprimé en 2001 puis rétabli en 2007 avant d’être supprimé à nouveau en 2012, donc. Argument massue du président Sall: «J'ai décidé de supprimer le sénat parce que mon pays a plus besoin d'énergie que de sénateurs qui sont payés à ne rien faire». A mi-septembre 2012, les parlementaires sénégalais, s’étant réunis en Congrès, ont voté la suppression du Sénat ainsi que la vice-présidence du Sénégal, par 176 voix sur 250 élus, avec effet immédiat.
4 ans après, le 22 octobre 2016, le président Sall inaugure la centrale solaire de 20 mégawatts-crête (MWC), située à Bokhol, au nord du Sénégal, à 120 kilomètres à l’est de Saint-Louis. Quelque 25 millions d’euros ont été injectés par des investisseurs étrangers et sénégalais pour monter cette structure en 8 mois. Puis, début novembre 2016, C’est à Malicounda dans le département de Mbour, à 84 km de Dakar, qu’a été inaugurée une autre centrale solaire de 86.000 panneaux solaires fournissant 22 MWC au réseau national. Ce, en partenariat avec le groupe italien Solaria.
Jamais deux sans trois, en juin 2017, le président Macky Sall, a inauguré la centrale solaire photovoltaïque de Santhiou Mékhé (Tivaouane), présentée comme «la plus grande d’Afrique de l’Ouest» avec 30 MWC injectés dans le réseau de SENELEC, la Société nationale d’électricité du Sénégal, avec laquelle elle a conclu, en 2014, un contrat d’achat d’électricité d’une durée de 25 ans. Ce projet solaire est conduit par la société d’investissement européenne Meridiam et le Fonds souverain d’investissements stratégiques (FONSIS) du Sénégal, en partenariat avec Senergy SUARL, une société sénégalaise de développement de projets énergétiques créée en 2011.
Hery Rajaonarimampianina a été élu le 20 décembre 2013. Sa grande promesse électorale, en matière d’énergie: éradiquer les délestages électriques en 3 à 6 mois. Rien n’y fait. En ce début de septembre 2017, ces délestages se sont transformés en coupures quotidiennes dont les impacts sont tout aussi ravageurs. Et dans le même laps de temps donné à Macky Sall, le président malgache, le 16 août 2017 (près de 4 ans après son accession au pouvoir), n’a pu que procéder à l’inauguration de la réhabilitation d’une centrale thermique de 40 Mégawatts/heure -sis à Mandroseza Antananarivo- alimentée à présent au fuel lourd, un carburant extrêmement dangereux pour la santé. Ci-après les risques identifiés liés à la présence du fuel lourd: infarctus, maladies cardio-vasculaires, maladies respiratoires, asthme, allergies, cancers, leucémies, mutations génétiques. Plus d’informations ici:
http://edmondsimeoni.blog.lemonde.fr/2010/01/11/110/
De tout ce qui précède, comme dirait un pseudo-juriste qui se reconnaîtra -hormis l’opacité complète quant aux coûts chiffrés et les termes exacts du contrat de cette centrale rénovée par Symbion Power-, si être patriote c’est œuvrer très vite pour le bien de son peuple que l’on aime, alors il est clair que le président au nom le plus long du monde, n’est pas un patriote pour un sou. Il ouvre son pays à -tout-va et à tous vents sous prétexte de le faire au nom et pour le bien du peuple malgache alors que lui, il n’œuvre que pour se remplir les poches. Dans un prochain article, je vous parlerai du dépôt de 50 millions USD via 4 lettres de crédits en son nom, lorsqu’il était l’inamovible ministre des Finances de la dernière période de transition. Mais il faut déjà remercier, ici, le jeune Lambo Tahiri pour cette révélation…
Jeannot Ramambazafy pour La Gazette de la Grande île