Cette épidémie de peste qui sévit actuellement à Madagascar me ramène à plus de 40 ans en arrière, au temps où j’étais lycéen et à l’époque où l’on étudiait les fables de Jean de La Fontaine dans la Grande île. Un passé à jamais révolu mais qui nous permet, à nous, derniers survivants de l’avant mai 1972, de rester philosophes face à des situations que l’on croyait ne plus jamais se reproduire. Hélas, avec le comportement indigne du candidat n°3, une fois qu’il a été élu président de la république -il y a 4 ans-, c’est la régression totale pour tout un peuple, avec, en prime, le grave danger de devenir des étrangers dans leur propre pays.
Car Hery Rajaonarimampianina a ouvert les frontières de la Grande île de l’océan Indien de manière si béante qu’il ne pourra plus les refermer lui-même. Cela, non pas pour le bien-être des Malgaches, comme il l’avait juré le 24 janvier 2014 à Mahamasina, mais pour quelques misérables ariary de plus. Comme tous les dictateurs africains dont il suit le parcours en voulant toiletter à tout prix la constitution, sachant pertinemment qu’en temps normal, dans un pays normal (qui respecte les normes, les lois), il n’aura aucune chance d’être réélu. Même en trichant.
Le candidat du président Marc Ravalomanana, lors de l’élection du Maire d’Antananarivo, en décembre 2006, l’a appris à ses dépens… Il a été battu à plate couture, malgré l’utilisation de tout l’appareil étatique et l’appui direct du président de la république en personne.
En ce début du mois d’octobre 2017, la situation qui prévaut à Madagascar me rappelle la fable «Les animaux malades de la peste» que La Fontaine a écrite en 1678. Ici, cet auteur fabuleux (et non affabulateur) décrit la représentation de la société de son époque, le XVIIème siècle. Il prête aux animaux les qualités et les défauts des hommes. Ainsi, le monde animal qu’il a créé lui a permis d’éviter la censure royale.
Dans «Les animaux malades de la peste », Jean de La Fontaine peint l’homme de façon pessimiste et critique le roi Louis XIV (le Roi-Soleil, 1638-1715) et sa cour. Il peint le mauvais comportement des hommes, qui entraîne des châtiments avec la nécessité d’une victime expiatoire. Il s’agit de personnages types correspondant chacun à des individus ou des groupes sociaux. Ces personnages sont ancrés dans la réalité de son époque mais leurs attitudes demeurent universelles. Le dénouement est triste. Il permet d’insister sur l’hypocrisie et sur une justice contrôlée par les puissants. Il décrit des comportements humains qui existent et subsistent toujours en ce IIIème millénaire.
Vous avez bien lu. Votre compréhension de cette fable dépendra de votre niveau de français, bien sûr… Mais pour vous résumer, cette fable décrit le mauvais comportement des hommes qui entraîne des châtiments avec la nécessité d’une victime expiatoire, comme déjà écrit plus haut. Mais choisie par les «puissants» en 1678... Et vous conviendrez alors avec moi que Madagascar en 2017, sous l’ère Rajaonarimampianina, ce n’est pas 50 ans mais bien plus de quatre siècles de recul. Certes, tout a une fin mais Hery vaovao a vraiment tout foutu en l’air et le pire est donc à venir avec cette histoire de toilettage de la constitution et de mise en place de Zones économiques spéciales (ZES) où seuls les travailleurs immigrés... malgaches pourront pénétrer. Bah, consolons-nous et rongeons notre frein en nous disant que rien n’a changé et ne changera sous le soleil de la dictature: Idi Amin Dada, Empereur Bokassa 1er et dernier, Blaise Compaoré… Où sont-ils à présent?
Vanité des vanités, tout n’est que vanité et poursuite du vent (L’Ecclésiaste). Pauvre, pauvre Hery Martial Rajaonarimampianina Rakotoarimanana.
Jeannot Ramambazafy – 4 octobre 2017