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Madagascar. Marcus Schneider (FES) à propos du travail du journaliste

 

Discours Marcus Schneider, Représentant Résident de la Friedrich-Ebert-Stiftung Atelier sur « Le travail du journaliste », Hôtel « Le Pavé », 12 septembre 2018

 

Mesdames, Messieurs,

Je vous souhaite la bienvenue, ce matin, à l’atelier sur le « travail du journaliste » organisé par la Fondation Friedrich Ebert (Friedrich-Ebert-Stiftung) dans le cadre de son travail d’appui continuel au monde des média et aux journalistes en particulier.

Je n’ai probablement plus à vous dire que les média jouent un rôle crucial dans la démocratie. C’est connu. Dans le monde occidental on a la tendance à qualifier les média de Quatrième pouvoir, après l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Quatrième pouvoir veut dire surtout : contre-pouvoir, pouvoir de contrôle et d’observation des autres. C’est à vous de tirer la sonnette d’alarme si quelque chose est en danger dans notre démocratie, si certains ne jouent pas selon règles, si une impunité des hauts-placés est à constater.

C’est ainsi que le travail des journalistes n’est pas un travail normal. Ce n’est pas un simple boulot qu’on fait juste pour gagner sa vie. Mais c’est une profession qui vient avec une responsabilité pour la société toute entière. C’est pourquoi vous pouvez être fiers d’exercer ce métier et nous vous en félicitons !


Mesdames, Messieurs,

En même temps, nous sommes aussi conscients que, malgré la lourde responsabilité qui vous incombe, les conditions dans lesquelles vous êtes contraints à exercer ne sont pas les meilleures – et ceci pourrait encore être un euphémisme. Même si ce n’est certainement pas le cas pour tous – il y a des différences énormes d’une maison de presse à une autre, d’un journaliste à un autre – nous pouvons dire que la tendance est inquiétante : les mauvaises conditions de travail sont telles qu’elles risquent à compromettre ce Quatrième pouvoir ; qu’elles risquent de vous empêcher d’exercer votre profession dans le professionnalisme et la sérénité requise pour bien servir la démocratie et, au bout du compte, votre peuple.

Si je parle de mauvaises conditions je parle surtout de tout ce qui se rapporte au contrat de travail. Ou souvent aussi à son absence, car il n’est pas du tout inconnu que beaucoup d’entre vous exercent dans des conditions qui s’approchent fortement ou qui tombent déjà dans le champ de l’économie informelle. C’est-à-dire absence de contrat de travail formel, des salaires ou des honoraires minimes et irréguliers, une absence complète de sécurité sociale pour vous et vos familles. Et même ceux qui disposent d’un contrat de travail et jouissent d’une certaine couverture sociale sont souvent confrontés aux problèmes de salaires insuffisants qui ne vous permettent pas une vie décente.

Pourquoi est-ce un problème, au-delà de l’éthique – et on se rappelle que la majorité des patrons de presse ne sont pas connus pour être des entrepreneurs au bord de la faillite - ? C’est un problème parce que votre travail requiert un degré certain et même large d’indépendance et d’incorruptibilité. Ceci dépend bien sûr d’un état d’esprit. Il faut le vouloir, il faut avoir l’éthique. Mais à part l’esprit on se rappelle aussi, tous les soirs, que nous ne vivons pas uniquement de l’air. Un ventre vide a une influence négative sur la liberté de nos esprits.

Comme disait l’auteur allemand Bertold Brecht : « D’abord viendra la bouffe, et ensuite la morale ». Je ne dis pas ceci pour minimiser vos efforts à suivre une certaine éthique. Oui, l’éthique il la faut, elle est indispensable. Mais je ne suis pas non plus ici pour vous faire de la morale, une morale gratuite. L’expatrié bien payé, jouissant d’un CDI et d’une sécurité sociale impeccable et qui vit dans une grande maison qui vous dit : ne prenez pas les « felaka » (enveloppe avec des billets de banque, pot-de-vin au sens large), c’est immoral ! Non. Le problème ce n’est pas les « felaka ». Amoral n’est pas le journaliste qui prend le « felaka ». Amoral est le système qui le force à prendre le « felaka » pour s’assurer pour lui et sa famille une vie décente.

Parce qu’au bout du compte, si vous êtes confrontés à un choix de refuser de l’argent ou celui d’éviter de voir vos gosses se coucher la nuit le ventre vide, ce choix en soi est pleinement amoral. La question morale est plus compliquée et ne se résume pas en l’affirmation : la corruption est toujours à refuser !

Vous êtes des professionnels de l’information. La plupart d’entre vous disposent de diplômes universitaires. Vous parlez et écrivez impeccablement le français ou le malgache ou encore les deux. Vous êtes des travailleurs intellectuels. C’est-à-dire que votre travail vaut plus, voire beaucoup plus que 200.000 ou 300.000 et même 500.000 Ariary. Parce que ces sommes, malgré le fait que beaucoup de vos concitoyens doivent vivre avec, et disposent souvent d’encore moins, ne sont pas des sommes qui permettent une vie décente. Ce ne sont pas des sommes qui vous permettent de louer un appartement, de vous nourrir et de vous vêtir d’une manière adéquate, d’entretenir vos familles, d’envoyer vos enfants à l’école, de vous permettre de vous reposer de temps en temps….

Le Roi de Prusse, déjà au XIXe siècle, a eu une idée excellente : il a compris que le meilleur moyen à lutter contre la corruption de ses fonctionnaires consistait à bien les payer. Un fonctionnaire bien payé est un fonctionnaire qui ne vole pas. Ceci reste vrai encore aujourd’hui – et bien au-delà des fonctionnaires. Mais on n’a plus de Roi de Prusse ni de Roi de Madagascar qui peut décréter cela. Changer la donne est donc à vous, c’est votre responsabilité.

Pour faire cela, il faut d’abord comprendre le fonctionnement du système. On vous traite comme on vous traite parce que vous êtes dans une situation inférieure. Sur le marché du travail, et sur son sous-secteur, le marché de travail presse et média, il existe un certain rapport de force qui est en votre défaveur aussi longtemps que vous restez seul, c’est-à-dire négociez seul vos contrats et conditions de travail. Si vous ne voulez plus travailler pour le salaire minime qu’on vous offre, votre patron pourrait éventuellement et facilement vous remplacer par un autre qui serait prêt à travailler pour encore moins. La raison en est le chômage de masse, qui touche même les bien-formés.

Le meilleur moyen pour renverser cette tendance – dans l’histoire – a toujours été de surmonter l’individualisme et de s’associer. Si vous négociez seul, vous restez souvent quémandeur. Si vous négociez ensemble, dans une association, dans un syndicat, vous seriez beaucoup plus forts. C’est pourquoi il est si important de vous organiser, à penser en tant que groupe, à agir collectivement dans l’objectif de mieux défendre vos droits et vos conditions.

Mesdames, Messieurs,

Si c’est possible, c’est une question à étudier. On en parlera ici et aujourd’hui. On a invité des syndicalistes et des juristes pour profiter de leur expertise et de leurs expériences. On ne va pas pouvoir déterminer aujourd’hui si cela aboutira à quelque chose de palpable. Mais je crois ce qu’on peut commencer ici et aujourd’hui, c’est un processus, une prise de conscience et un dialogue qui, un jour -et j’espère que ce sera un jour pas si lointain- aboutira à un renforcement de la profession du journaliste et surtout à une amélioration des conditions dans lesquelles la grande majorité d’entre vous exerce cette profession.

Mesdames, Messieurs,

je vous remercie de votre aimable attention.

Marcus Schneider

Représentant Résident de la Friedrich-Ebert-Stiftung (FES)

 

Mis à jour ( Mercredi, 12 Septembre 2018 20:28 )  
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