Jean Paul Randrianiaina, alors présentateur à Viva Tv
Ben voilà , je l’avais prévenu. Durant tout l’après-midi de ce lundi 6 février 2012, ma boîte e-mail a littéralement été envahie de messages concernant une opération de mise en ruines de la Capitale de Madagascar. Le texte est rédigé en malgache et l’opération a pour nom, texto : « Opération Kaôtik, « No Pitié », Black out » comme en Iran et en Irak ». Avec la participation de pas moins de… 5.000 individus. Impliquant un indo-pakistanais…
Le plus étrange est que je ne l’ai pas reçu directement mais par le système de Fwd (forward). C’est-à -dire que ce sont des gens (famille, amis, connaissance) qui, après l’avoir reçu, me l’ont renvoyé. En bas de ce texte, le nom du confrère Jean Paul Randrianiaina avec ses trois numéros de téléphone. Plus haut : « Cette information est à considérer comme à 1000% sûre » (mille pour cent, vous avez bien lu). Ecrit en malgache: « Hatrany amin'ny 1000 isan-jato ny fahamarinany, araka ny loharanom-baovao azonay ».
Jean Paul Randrianiaina, Franck Ramarosaona, Naina Andriantsitohaina
Immédiatement, je l’appelle : « Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Pourquoi tu ne m’as pas appelé directement ? Tu as intérêt à aller à la Tvm t’expliquer sinon tout va retomber sur toi et tu auras des problèmes ». Il réponde : « J’ai parlé avec X (je ne dirais pas le nom de la personne citée). J’étais en train de finaliser l’enquête. Je suis moi-même surpris de ces mails ». Je lui rappelle : « Oui, mais ton nom est cité, en bas, il y a eu une fuite quelque part, tes sources ne sont pas crédibles du tout ». Réponse : « J’irai à la Tvm demain… ». Et son téléphone est coupé. Eh ben trop tard pour lui. D’ailleurs, il n’a plus répondu à mes appels suivants. Ironie du sort : j’allais lui dire d’aller voir le ministre de la Communication. Car, en plus, Jean Paul faisait partie du Cabinet du ministre dont la réaction n’a pas tardé.
COMMUNIQUE DE PRESSE
Limogeage d’un membre du Cabinet du Ministère de la Communication
Jean Paul RANDRIANIAINA étant l’auteur du tract non fondé ayant gravement perturbé l’ordre public ce Lundi 06 Février 2012, le Ministre de la Communication, RAHAJASON Harry Laurent, a pris ce jour même l’arrêté le limogeant en tant que membre du Cabinet du Ministère de la Communication.
Par ailleurs, le Ministre de la Communication va saisir le Parquet d’Antananarivo sur son cas.
Antananarivo, ce 06 Février 2012
Le Ministre de la Communication
RAHAJASON Harry Laurent
Jean Paul Randrianiaina ? C’est le jeune (par rapport à moi) journaliste qui a diffusé en intégralité le Vcd de l’Amiral Didier Ratsiraka, enregistré à son domicile de la région parisienne. La fermeture immédiate de la télévision Viva sera le déclencheur de la révolution orange conduite par le propriétaire de cette station, également Maire élu de la ville d’Antananarivo. Mais c’est aussi l’auteur d’un reportage sur le trafic de bois de rose, sous Ravalomanana, en octobre 2008.
Didier Ratsiraka, filmé dans la région parisienne et diffusé sur Viva Tv le 12 décembre 2008
Jean Paul Randrianiaina s’est-il laissé piéger ou bien s’est-il piégé lui-même ? En tout cas, il a une large part de responsabilité de son propre sort, à partir du moment où les grandes lignes de ce texte étaient déjà parvenus à la Circonscription régionale de la gendarmerie nationale (CIRGN-Analamanga, dirigée par le Général Richard Ravalomanana, le vendredi 4 janvier 2012. Sous forme de tracts. De prime abord donc que la mention du nom de Jean Paul et de ses numéros de téléphone, a été faite à son insu, bien qu’il n’a pas été si étonné que çà au téléphone... Mais, comme on dit en malgache : « Ny vy tsy mikotrana irery » (le fer ne résonne pas tout seul). Quelles argumentations Jean Paul va-t-il invoqué devant la justice ? Car l’ordre public a bel et bien été perturbé, dans la mesure où les commerçants ont paniqué, ont fermé leur magasin très tôt, occasionnant un manque à gagner certain.
Scoop, nom masculin signifiant information importante ou à sensation donnée en exclusivité. Jean Pau aurait du savoir qu’avec les Ntic, le scoop n’existe presque plus
Le journalisme est un métier à risque. Mais si on respecte la déontologie et le recoupement, c’est le plus beau métier du monde. Alors ? Ben avis aux amateurs. Ceux qui continuent à ignorer que leur liberté s’arrête là où commence celle des autres. Dans l’actuelle période où la désinformation et l’intox prennent le pas sur les réalités, quelle idée a poussé Jean Paul Randrianiaina à tenté un « scoop » qui lui a été fatal ? Même Reporters Sans Frontières ne peut rien pour lui. Mais est-il resté journaliste ? Mon pauvre ami, je te plains mais je ne peux défendre l’indéfendable. En tout cas, il ne peut s'agir d'un délit de presse, dans sa définition même. Et quand bien même, plus aucun journaliste ne doit être emprisonné.
Jeannot Ramambazafy - 6 février 2012