![Sample image Sample image](/images/photo-madagascar/2007/04/mahaleo/une-mahaleo.jpg)
Ne pas connaĂźtre le groupe Mahaleo serait verser dans lâobscurantisme culturo-musical. Hors Madagascar, le seul film du mĂȘme nom a fait lâunanimitĂ© des critiques du monde entier. En juin, ce groupe qui a 35 ans (1972-2007) sera le second, aprĂšs les Surfs dans les annĂ©e 1960 Ă monter sur la scĂšne de lâOlympia des Coquatrix Ă Paris. A lâoccasion du spectacle Ă Antsonjombe, le Lundi de PĂąques 2007, madagate.com vous offre un reportage inĂ©dit. Une vision proche de la philosophie du groupe.
![](/images/photo-madagascar/2007/04/mahaleo/jeannot.jpg)
En 1972, en allant monter sur le podium dressĂ© sur le stade de lâuniversitĂ© dâAntananarivo, Raoul, Bekoto, Dama, Fafa, Nono, Charle et Dada nâauraient jamais imaginĂ© quâils formeraient le groupe le plus populaire et le plus mĂ©diatisĂ© de Madagascar, trois dĂ©cennies plus tard. Personnellement, je les connaissais bien avant quâils ne soient cĂ©lĂšbres. Tous issus du milieu rural, leur force rĂ©side dans une authenticitĂ© aussi bien au niveau instrumental quâau niveau de leurs textes. Leur «look» des dĂ©buts avaient fait gausser les Malgaches europĂ©anisĂ©s : sandales de tireurs de pousse-pousse, chapeaux de paille et «malabary» -la chemise grand-pĂšre bien malgache-. Au plus fort des Ă©vĂšnements socio-politiques de mai 72 dans la Grande Ăźle, ils se dĂ©marquent en imposant, lentement mais sĂ»rement le style «folk song» hĂ©ritĂ© des Bob Dylan, Joan Baez ou encore David Crosby, Graham Nash, Stephen Stills et Neil Young. Latimer Rangers, notre confrĂšre qui fait parler les auditeurs ne sâĂ©tait pas trompĂ© en leur consacrant un reportage auditif sur la seule radio (nationale) de lâĂ©poque. AprĂšs avoir rigolĂ©, le public sâaperçoit quâil a affaire Ă dâauthentiques «Story Tellers», des griots qui parlent vrai. Avec plus de deux cent titres Ă son actif, le groupe Mahaleo parle de la vie Ă Madagascar au quotidien. Ils sont tellement dans le vrai quâĂ une Ă©poque de la rĂ©volution, certaines de leurs chansons sont censurĂ©es par le pouvoir rĂ©volutionnaire, Ă propos de recherches pĂ©troliĂšres qui ont longtemps Ă©tĂ© un credo dĂ©magogique comme on nâen fait plus. Au fil du temps, ces Ă©tudiants dĂ©jĂ proches du peuple vont dĂ©crocher des diplĂŽmes qui leur permettront de travailler pour le peuple : mĂ©decin, chirurgien, sociologues, fonctionnaire, consultant agricole⊠A un moment donnĂ©, Dama fut mĂȘme dĂ©putĂ© de Madagascar mais sans faire de la politique politicienne.
![](/images/photo-madagascar/2007/04/mahaleo/fadam.jpg)
![](/images/photo-madagascar/2007/04/mahaleo/raoul.jpg)
![](/images/photo-madagascar/2007/04/mahaleo/charle.jpg)
![](/images/photo-madagascar/2007/04/mahaleo/ballon.jpg)
![](/images/photo-madagascar/2007/04/mahaleo/maki.jpg)
![](/images/photo-madagascar/2007/04/mahaleo/ninie.jpg)
AprĂšs un temps oĂč lâon croyait que le groupe allait se sĂ©parer, comme tant dâautres cĂ©lĂšbres Ă travers le monde, Mahaleo dĂ©montra le contraire. En fait, la pression de leurs millions de fans a Ă©tĂ© trĂšs forte. CĂ©lĂšbres par la force des choses, les membres du groupe Mahaleo âqui de temps en temps font des spectacles sĂ©parĂ©ment- reprĂ©sentent Ă la fois une philosophie, une maniĂšre dâapprĂ©hender lâavenir, un style musical et textuel quâon ne trouve nulle part ailleurs -mĂȘme sâil a Ă©tĂ© maintes fois imitĂ©- bref, ils sont les hĂ©ros qui manquent Ă la jeunesse malgache en mal dâidentitĂ© culturelle. Ici, exit la notion « galliĂ©nienne » de cĂŽtiers et merina. Mahaleo câest Mahaleo, un groupe malgache point barre. Des artistes qui ne se prennent pas au sĂ©rieux mais qui le sont dans tout ce quâils entreprennent. Sont-ils des professionnels au sens propre du terme ? Non, ils montent sur scĂšne pour leur propre plaisir qui est devenu tellement communicatif quâils peuvent tout se permettre. Hors norme dans le circuit trĂšs « requin » du show business en gĂ©nĂ©ral, Mahaleo ne fait pas de porte-Ă -porte, bien au contraire. Ils sont sollicitĂ©s de partout. Mahaleo, câest une valeur sĂ»re en terme de (gros) sous. Un investissement trĂšs lucratif. Personne ne doit ĂȘtre dupe. On ne mise pas sur une vieille carne, nest-ce pas ?... Mahaleo, avant d'affronter le public international de l'Olympia de Paris, ira dans quelques (anciennes) provinces malgaches et fera un crochet Ă l'Ăźle de La RĂ©union. Lâorganisation dâun Ă©vĂšnement autour du groupe et avec le groupe a un impact qui se chiffre en millions. MĂȘme en Ariary çà fait beaucoup. Or, le train de vie de Dama and Co nâa pas virĂ© dâun iota. Toujours simples, toujours accessibles, ce sont des gens comme vous et moi, pas bĂ©gueules pour un sou. DĂšs lors, Ă quoi bon montrer des photos oĂč ils sont sur une scĂšne tellement encombrĂ©e de panneaux publicitaires que cela en devient de la saturation visuelle ?
![](/images/photo-madagascar/2007/04/mahaleo/bekoto.jpg)
![](/images/photo-madagascar/2007/04/mahaleo/zina.jpg)
![](/images/photo-madagascar/2007/04/mahaleo/dihy.jpg)
Pour ce concert du 9 avril 2007, Lundi de PĂąques qui plus est, madagate.com a choisi un reportage photos Ă la hauteur de Mahaleo. Certains auraient espĂ©rĂ© voir de jolies filles ? Non, je vais vous emmener en coulisses, avec un fan de fan, lâambassadeur de Madagascar auprĂšs des Nations Unies, Sem Zina Andrianarivelo-Razafy qui avait accueilli le groupe Ă New-York. Ces photos inĂ©dites sont dĂ©jĂ ci-dessus. Puis, vous verrez des clichĂ©s que les mĂ©dias, hĂ©las, montrent rarement. Jâen ferais la "madagate vision". Certes, les quinze jeunes des trois premiers groupes, gagnants du concours « Mahaleo zandriny », Ă©taient lĂ , qui ont entonnĂ©, façon clĂŽnes vocaux, des succĂšs de Mahaleo l'unique. Mais, pour le moment, laissons aux autres le soin dâen parler⊠Mes photos tentent de rĂ©flĂ©ter une autre vision des Malgaches. Une chaleur humaine qui dĂ©routerait la majoritĂ© des EuropĂ©ens. Mais il y en a eu une poignĂ©e, ce lundi pascal Ă Antsonjombe. A mon avis, ce spectacle nâĂ©tait qu'une rĂ©pĂ©tition grandeur nature et en rĂ©el du concert Ă lâOlympia en juin. Mais attention les gars ! LĂ -bas, vous ne pourrez jamais vous permettre de rĂ©gler vos instruments en direct, hein ? Petit hic vers la fin de cette journĂ©e pascale. A 18h 45, alors que le groupe entamait le titre « Miaramila », la lumiĂšre fut brusquement coupĂ©e. Je ne sais pas comment çà sâest terminĂ© mais comme « Fiat lux » ne fut pas, je suis parti vers 19H 15. Mais aucun spectateur nâen a vraiment voulu au groupe et Ă lâorganisateur. Car on peut tout pardonner Ă Mahaleo. InterrogĂ© sur la question bien plus tard, Jaobarison Randrianarivony, P-DG de l'agence Media Consulting, organisatrice de tout ce qui tourne autour des 35 ans de Mahaleo, m'a rĂ©vĂ©lĂ© qu'il s'agit d'une panne irrĂ©mĂ©diable -donc non professionnelle Ă mon avis propre- du groupe Ă©lectrogĂšne de l'entreprise SOBATRA chargĂ©e du circuit Ă©lectrique. Par ailleurs Ă propos des « Mahaleo zandriny », Dama a dĂ©clarĂ© : « Ce groupe Mahaleo zandriny ne nous supplantera pas. Nous resterons le groupe Mahaleo tant que nous aurons un souffle de vie ! Le concours câĂ©tait simplement pour quâils partagent notre feeling avec nous ». Lâavenir nous parlera donc de celui de ceux-là ⊠Enfin, Ă propos du "maquis" tatouĂ© sur la photo de dos, ce n'est pas une faute d'orthographe de ma part. En effet, cette vision est surrĂ©aliste. Le lĂ©murien ou maki, symbole de Madagascar au mĂȘme titre que le baobab (arbre bouteille) et le ravinala (arbre du voyageur), ici tatouĂ©, cherche Ă prendre le... maquis dans une herbe rĂ©elle. VoilĂ , vous avez compris, en excellents francophones que vous ĂȘtes. Merci et bonne... vision.
![](/images/photo-madagascar/2007/04/mahaleo/vaza2.jpg)
![](/images/photo-madagascar/2007/04/mahaleo/tota.jpg)
Jeannot Ramambazafy
Journaliste
Cette adresse email est protégée contre les robots des spammeurs, vous devez activer Javascript pour la voir.