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Elyett Razanatseheno Ramanandraibe : un ange nous a quitté

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C’est avec une profonde tristesse que j’ai pris connaissance, par trois journaux locaux, du décès de Madame Ramanandraibe née Elyett Razanatseheno. Il s’avère, une fois de plus, que ce sont toujours les bons qui partent les premiers. En tout cas, en plus de cette tristesse, j’ai été choqué par un fait qui ne fait pas honneur aux grandes familles. Même si l’on va hurler au « défaut technique »

Sur les trois journaux qui ont fait paraître le faire-part de décès, l’Express de Madagascar, Midi Madagasikara en malgache et Madagascar Tribune, en français, ce dernier, ô comble de malheur a tout simplement occulté le nom de la maman de Madame Elyett. Il s’agit de Madame Honorine Beby Razanatseheno Ratsisalovanina, veuve du Monsieur Henry Richard Razanatseheno, ancien président de la Chambre de Commerce d’Antananarivo, décédé le 8 juillet 2004. Par ailleurs, toujours selon le faire-part paru dans Tribune sur papier–et même en ligne-, si elle n’a plus de mère, elle n’a plus qu’une seule sœur aussi. Cela devient le chagrin et la pitié…

Cette « omission » n’a jamais fait partie de la culture des Malgaches très pointilleux en ce qui concerne la liste des membres d’une famille lors d’un évènement aussi sombre que la mort. Concernant la maman de Madame Elyett, c’est encore plus sidérant étant donné que le quotidien Madagascar Tribune appartient à la famille Ramanandraibe. Certes, il y aura un « rattrapage » dès ce samedi mais le mal est fait (entre-temps, je viens de vérifier : pas de rectification ni pour la maman, ni pour les soeurs de feue Elyett dans Madagascar Tribune). Dans ce domaine aussi, nous vérifierons si la culture de l’impunité a toujours des beaux jours à Madagascar. Sinon, c'est du domaine du feuilleton "Secrets de famille".

De quoi je me mêle, plaideront et vocifèreront quelques-uns. Le décès de Madame Elyett m’affecte particulièrement parce que, de ma vie, j’ai rarement connu de personnalité aussi discrète, aussi gentille et aussi effacée qu’elle. Je me rappelle que, du temps où j’étais journaliste à Tribune, justement, il ne se passait pas de Noël sans qu’elle ne vienne, accompagnée de son époux Marcel, apporter du chocolat « Robert » à l’équipe rédactionnelle du journal. La famille Ramanandraibe, au cas où vous l'ignoriez, constitue un poids économique considérable à Madagascar. Ce nom est synonyme de richesses exemptes d'illégalités et de sacandales, malgré des vellléités à vouloir la dénigrer sans rime ni raison. A un moment de sa vie, c’est presqu’en s’excusant qu’elle m’avait demandé d’écrire un article sur son grand-père. Ce que j’ai fait avec plaisir puisque nous partageons le même goût pour la généalogie. Mon grand et immense regret aura été de ne pas avoir pu lui soumettre mon projet d’écrire une biographie de son père à qui la Commune urbaine d’Antananarivo a donné le nom de la rue passant devant la Chambre de Commerce, justement. Encore un projet en suspens pour moi…

Par trois fois, j’ai eu l’occasion de me rendre chez eux, du côté d’Ankadivato et j’ai fait le constat que la richesse du couple Elyett-Marcel n’a jamais été ostentatoire.

Elyett Razanatseheno Ramanandraibe, qui vient donc de nous quitter, est la sœur de Yolaine Anta, épouse de Victor Rakotomanga, Annick Chantal, Nancy Reine et Mirella Christiane. Toutes des filles comme celles du docteur March. Et, les propres enfants du couple sont également des filles : Emmanuelle, épouse Ranjeva, Alexia, épouse Rabearivelo et Stéphanie Andréa.

C’est en 2005, après que j’eus quitté Tribune que la santé de Madame Elyett a périclité. La dernière fois que je l’ai aperçu en public, ce fut lors du 14 juillet de la même année à la résidence de France. Nous nous sommes revus chez eux à Ankadivato, peu de temps après, puis elle est partie en France. Depuis, Monsieur Marcel Ramanandraibe n’a eu de cesse de faire des allers et retours, jusqu’à ce 21 mars 2007 où la médecine a démontré ses limites. C’est à Paris, au cimetière du Père Lachaise que cet ange aux yeux de biche qui va s’en retourner au Paradis, sera incinérée. En ce qui concerne la famille à Madagascar, un culte d’action de grâce sera célébré au temple FJKM (Eglise réformée de Jesus-Christ à Madagascar) d’Ambonin’Ampamarinana à Antananarivo, en contre-bas du Rova en cours de rénovation, le 4 avril 2007 à 14 heures.

En guise de requiem, il lui a été choisi le Psaume 121 qui dit :

« Je lève mes yeux vers les montagnes.
D’où me viendra le secours ?
Le secours me vient de l’Éternel.
Qui a fait les cieux et la terre.
Il ne permettra point que ton pied chancelle ;
Celui qui te garde ne sommeillera point.
L’Eternel est celui qui te garde,
L’Eternel est ton ombre à ta main droite.
Pendant le jour, le soleil ne te frappera point,
Ni la lune, pendant la nuit.
L’Éternel te gardera de tout mal,
Il gardera ton âme ;
L’Eternel gardera ton départ et ton arrivée.
Dès maintenant et à jamais ».

Personnellement, je lui rendrais hommage à travers ces passages de «L’absent» (au féminin) de Louis Amade et Gilbert Bécaud :

Quelle est lourde à porter, l’absence de l’amie,
L’amie qui, tous les soirs, venait à cette table,
Et qui ne viendra plus, la mort est misérable,
Qui poignarde le cœur et qui te déconstruit.

(…)

Alors je reste là au bord de mon passé,
Silencieux et vaincu, pendant que sa voix passe
Et j'écoute la vie s'installer à sa place,
Sa place qui pourtant demeure abandonnée.

La vie de chaque jour aux minuscules joies
Veut remplir à tout prix le vide de l’absence
Mais elle ne pourra pas, avec ses manigances,
Me prendre mon amie pour la seconde fois.

Après des mois et des mois de souffrances extrêmes, Elyett Razanatseheno Ramanandraibe mérite de reposer en paix. J’adresse à toutes les familles de la récente défunte, mes condoléances les plus profondes et je compatis à leur douleur. Nous avons tous perdu une grand-mère affectueuse, une mère attentionnée, une épouse précieuse, une sœur incomparable et une collaboratrice irremplaçable.

Jeannot Ramambazafy

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