A l’instar des pays qui vivent avec leur époque et qui anticipent leur avenir, Madagascar ne tient pas à rester à la traine en matière de nouvelles technologies de la télécommunication, en général, de l’information en particulier. Car, il est véridique que ceux qui détiennent l’information, détiennent le pouvoir. Ce dossier vous aidera à mieux connaître les tenants, aboutissants et enjeux de la Télévision numérique terrestre ou TNT dans la Grande île de l’océan Indien.
Depuis leur origine, les hommes ont besoin de communiquer pour véhiculer un message, quelle que soit son importance : parole, gestuelle, tam-tam, signaux de fumée, écriture, langage codé… Les éloignements physiques allaient commencer à poser un problème. De la communication face-à -face, il fallait trouver le moyen de communiquer à distance. Saviez-vous que, du temps de Jules César, les Gaulois, de voix en voix, avaient pu transmettre un message à 240 km de distance en un jour ? (in« La guerre des Gaules »). Bienvenue dans le domaine de la TELECOMMUNICATION (Ensemble de moyen permettant de communiquer à distance). Puis on utilisa des messagers à cheval… Voici les dates essentielles et les faits marquants de l’Histoire de la télécommunication.
Le télégraphe optique de Claude Chappe
En 1794, le français Claude Chappe propose le télégraphe optique. Il s’agissait d’une tour équipée de bras articulés dont la position codifiait l'alphabet. Inconvénients : les signaux sonores et visuels ne pouvaient être utilisés sur des longues distances et dans n'importe quelle condition. Par ailleurs, tout document écrit transmis par des messagers mettait trop de temps à arriver.
Samuel Morse et Pavel Shilling devant son invention
En 1832, avec la découverte de l’électricité, le russe Pavel Shilling mit au point le télégraphe électrique. Inconvénients : à cause de la fragilité de son installation par lignes aériennes,le télégraphe électrique faisait l'objet de sabotages. Par ailleurs, les rivalités entre la Poste (créée en France en 1464) acheminée par convois et le télégraphe marquaient la concurrence entre deux types de communication. Quoi qu’il en soit, et malgré tout cela, ce système fut adopté avec l’arrivée de l’américain Samuel Finley Breese Morse, plus connu sous le nom de Samuel Morse).
Il avait développé un système de télégraphe électrique et d'alphabet qui portent son nom. Il s’agissait de signaux émis à distance et transcrits sur papier par des points et de tirets. A chaque lettre de l’alphabet correspond ces derniers. Par exemple, S.O.S. (message de détresse) s’écrit : …---…
Une salle de télégraphe
Etant un pays francophone, l’histoire de la télécommunication malagasy est liée à celle de la France. En 1851, Napoléon III généralisa l'usage du télégraphe, mais en conservant le contrôle du réseau (monopole). C'est à cette date que le télégraphe prit vraiment son essor.
En 1854, un premier projet de téléphone fut proposé par le français Charles Bourseul, mais le brevet fut officiellement déposé par l’américain Graham Bell en1876. Bizarrement, l’administration, à l’époque, minimisa l’utilité du téléphone qui fut développé par le secteur privé.
En 1865, l'Union Internationale du Télégraphe (UIT) est créée. Un an après (1866), la tentative de poser un câble télégraphique transatlantique fut un échec. C’est en 1879 que le ministère des postes et des télégraphes fut créé. Et ce n’est qu’en… 1989 que le gouvernement nationalisa (enfin) la Société française du téléphone. Elle fut rattachée au Ministère des Postes et Télécommunications.
Et à Madagascar pendant tout ce temps ?
Du temps des royautés, les messages étaient véhiculés, à l’intérieur du pays, par des hommes (à pieds, en pirogue). En 1790, le roi Andrianampoinimerina a mis en place un système de messagers professionnels sous son autorité directe. En 1810, le roi Radama 1er créa un corps spécial des messagers royaux, les «Tsimandoamamy» ou « Tsimandoa » (littéralement ceux qui ne paient pas). Répartis en groupes, ils étaient les messagers royaux, exempts de tout service ou corvée. Ils bénéficiaient du concours des autorités qui leur offraient des dons et pourvoyaient gratuitement à tous leurs besoins. Sous le Premier ministre Rainilaiarivony, la direction du service « Tsimandoa » fut assurée par les officiers du Palais, mais les services ne furent jamais mis à la disposition des particuliers.
Télégraphe optique à Ankaboka, en 1895
A l’approche de la colonisation, l’administration française établit un service officiel, après le débarquement du navire « Erymanthe » de la Compagnie des Messagers Maritimes français. Les activités réelles en télécommunications ont débuté en 1886. La France et l’Angleterre avaient instauré dans la Grande île, un service périodique des courriers. L’office postal fut crée 1888 et, dans la foulée, autorisant la construction et exploitation des lignes télégraphiques, reliant la capitale et les provinces.
Poste relais de TSF Ã Mahajanga
En 1892 fut créé un service de mandats-poste entre Madagascar et la métropole et l’admission dans le service d’objets de toute nature de moins de 2 kilogrammes. A l’approche de la colonisation, un système de télégraphe optique a été mis en place du côté d’Ankaboka. Et c’est à peu près à la même époque que fut installé le réseau du télégraphe. Rappelons que ce dossier ne traite pas du contenu des messages, de l’information, mais du développement de leur transmission.
Le 29 avril 1931, durant la colonisation, radio Tananarive émet pour la première fois, à partir d’Antaninarenina (actuel Office national de l’environnement -ONE-), avec une puissance de 500 watts pour deux heures par jour. Le 16 octobre 1961, le président Philibert Tsiranana procéda à la pose de la première pierre de ce qui sera la Maison de la Radiodiffusion (actuel Radio national malagasy ou RNM) à Anosy. Elle fut inaugurée le 28 février 1963.
Concernant la télévision, il aura fallu attendre le 24 décembre 1967 pour la première émission de la Televiziona malagasy (Tvm) -dont les studios étaient situés à Antaninarenina (actuel immeuble Edbm) avant de s’installer à la Maison de la Radio à Anosy en 2005-.
Dans le domaine des infrastructures, il s’agit de la prérogative d’un ministère mis en place avec le retour de l’Indépendance de Madagascar. Dès 1960, l’office postal a amplifié l’exploitation des services et réseaux publics et est devenu une direction rattachée au ministère des Travaux publics. Eugène Lechat en fut le tout premier ministre, jusqu’en 1972. Son titre entier : Ministre des Travaux Publics, des Transports, de la construction et des Postes et Télécommunications. Après lui, douze ministres se succédèrent. Sous la seconde république, la direction a connu de succès dans ce secteur, elle a été réaménagée par une loi et muté en ministère.
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C’est sous le ministre Augustin Andriamananoro (de mars 2009 à mai 2010) que le ministère a pris le nom de Ministère des Télécommunications, des Postes et des Nouvelles technologies -MTPNT-. Une nouvelle étape est franchie à Madagascar, en matière de télécommunications. Il faut dira que l’organisation générale du Ministère avait déjà fait l’objet d’une publication dans le journal Officiel de la République, sous le n°1046 du 29 Mars 1975.  Depuis, plusieurs réformes ont été adoptées pour réaliser les réformes :
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1993: Loi N°93-001. Première étape de la réforme institutionnelle du secteur des Postes et télécommunications, avec l’organisation du Secrétaire d’Etat aux Postes et Télécommunications (décret N°93-509 du 10 septembre 1993 ;
1995 : Organisation du Ministère des Postes et Télécommunications (Décret N°95-313 du 25 avril 1995) ;
1996 : Réforme institutionnelle du secteur de la Télécommunication (loi N°96-034 du 29 janvier 1996);
1997: Décret n°97-1077 du 28 Août, instituant l'Office Malagasy d’Etudes et de Régulation des Télécommunications (OMERT).
Hors de Madagascar, entre-temps…
En 1896, la première liaison de TSF (télégraphe sans fil) fut établie par l’Italien Guglielmo Marconi.
En 1915, le téléphone automatique apparaît.
En 1917, le Français Emile Baudot développe un nouveau système télégraphique.
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La première moitié du XXème siècle va voir apparaître et s'institutionnaliser la radiodiffusion, la télévision, le radar, le télex et le téléphone. De multiples réseaux vont se développer. La radiodiffusion fut rattachée au ministère des P & T. Un conseil supérieur des PTT fut mis en place et, en 1941, la France créa la Direction générale des Télécommunications (DGT). Au niveau international, ce fut la création en 1932 de l’ Union Internationale des Télécommunications (UIT) dont Madagascar est membre à part entière.
Il faut souligner que le terme « Télécommunications » n'a été défini qu'en 1932 à la conférence internationale de Madrid : « Toute communication télégraphique ou téléphonique de signes, de signaux, d'écrits et de sons de toute nature, par fil par radio ou autres systèmes ou procédés de signalisation électriques ou visuels (sémaphores) ». A Atlantic City, en 1947, les relations entre l'ONU et l'UIT furent précisées et une nouvelle définition fut donnée à « Télécommunications » : « On entend par télécommunication toute transmission, émission ou réception de signes, de signaux, d'écrits, d'images, de sons ou de renseignements de toute nature par fil, radioélectricité, optique ou autres systèmes électromagnétiques ».
De la télévision analogique à la télévision numérique
Après ce passage dans l’Histoire, pour avoir quelques notions et repères, en matière de supports de télécommunications, ce dossier traite essentiellement du passage de la télévision analogique à la télévision numérique terrestre ou TNT à Madagascar. Domaine d’activités, entre autres, de l’OMERT.
ANALOGIQUE
Les phénomènes qui nous entourent sont tous continus. Cela signifie que, lorsque ces phénomènes sont quantifiables, ils passent d'une valeur à une autre sans discontinuité. Ainsi, lorsqu’on désire reproduire les valeurs du phénomène, il s'agit de l'enregistrer sur un support. Ce, afin de pouvoir l'interpréter pour reproduire le phénomène original de la façon la plus exacte possible. Lorsque le support physique peut prendre des valeurs continues, on parle d'enregistrement analogique. Par exemple une cassette vidéo, une cassette audio ou un disque vinyle sont des supports analogiques.
Par contre, lorsque le signal ne peut prendre que des valeurs bien définies, en nombre limité, on parle alors de signal numérique. La représentation d'un signal analogique est donc une courbe, tandis qu'un signal numérique peut être visualisé par un histogramme. De cette manière, il est évident qu'un signal numérique est beaucoup plus facile à reproduire qu'un signal analogique (notez bien que la copie d'une cassette audio provoque des pertes).
NUMERIQUE
La transformation d'un signal analogique en signal numérique est appelée numérisation. La numérisation comporte deux activités parallèles : l'échantillonnage (en anglais sampling) et la quantification. L'échantillonnage consiste à prélever périodiquement des échantillons d'un signal analogique. La quantification consiste à affecter une valeur numérique à chaque échantillon prélevé.
La qualité du signal numérique dépendra de deux facteurs :
- la fréquence d'échantillonnage (appelé taux d'échantillonnage) : plus celle-ci est grande (c'est-à -dire que les échantillons sont relevés à de petits intervalles de temps) plus le signal numérique sera fidèle à l'original ;
- le nombre de bits sur lequel on code les valeurs (appelé résolution) : il s'agit en fait du nombre de valeurs différentes qu'un échantillon peut prendre. Plus celui-ci est grand, meilleure est la qualité.
Avantages
Ainsi, grâce à la numérisation on peut garantir la qualité d'un signal, ou bien la réduire volontairement pour :
- diminuer le coût de stockage
- diminuer le coût de la numérisation
- diminuer les temps de traitement
- tenir compte du nombre de valeurs nécessaires selon l'application
- tenir compte des limitations matérielles
En France, le passage de la télévision analogique hertzienne à la TNT a pris deux ans, de décembre 2009 à novembre 2011. Tous les signaux analogiques y ont éteints dans la nuit du 28 au 29 novembre 2011 à minuit. Tout a été rétabli le lendemain de 8 h à 19 h. La Télévision Numérique Terrestre est faite, comme son nom l’indique, pour être reçue par voie terrestre, c’est-à -dire grâce aux émetteurs disséminés sur le territoire. Il est évident,cependant, que cette réception est limitée aux zones couvertes par les émetteurs mis en service...
TNT POUR MADAGASCAR
C’est le mardi 18 juin 2013, à l’hôtel Carlton Anosy, qu’a été organisée la journée de lancement du projet TNT. Ce, à travers le Comité National Préparatoire à la mise en place de la Télévision Numérique Terrestre (CNP-TNT) à Madagascar. Comité sous l'égide de la Commission Spéciale à la Communication Audiovisuelle (CSCA) et rassemblant le Ministère de la Communication, le Ministère des Postes, Télécommunications et Nouvelles Technologies, l'OMERT (Office Malagasy d'Etudes et de Régulation des Télécommunications) et l'OMDA (Office malgache des droits d'auteur). Il s’agissait de définir les étapes à franchir et anticiper l’avenir de la TNT pour Madagascar. Deux phases ont été discutées lors de cette journée de lancement du projet TNT :
Phase de préparation, de juillet à décembre 2013 :
- études préalables, études de faisabilité
- approche d'une stratégie technique, économique et politique
- préparation du corpus législatif (Lois, Décrets, Arrêtés, Décisions, etc.)
Phase de déploiement, de janvier 2014 à juin 2015 :
- création d'une société nationale de diffusion ou en tout cas de la structure d'accueil
- déploiement de la TV numérique
- aménagement numérique du territoire
- extinction de l'analogique
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Place au Directeur général de l’OMERT, Augustin Andriamananoro (ci-dessus), ancien ministre des Télécommunications, des Postes et des Nouvelles technologies.
Question : Compte tenu de l’énorme enjeu économique, social et commercial de ce grand chantier, d’autres entités d’envergure égale à celle de l’OMERT sont donc également concernées ?
Effectivement, l’OMERT à lui seul, ne pourra pas mettre la TNT en œuvre bien qu’il soit l’initiateur et le leader du projet, mais, il faut l’adhésion de tous les acteurs principaux comme le ministère chargé de la Communication individuelle, le ministère chargé des Télécommunications et évidemment les opérateurs de production audiovisuelle.
Question : Quelle est la mesure, à court terme, qui s’impose dès lors  ?
Nous sommes en phase pré-opérationnel, les opérateurs de médias audiovisuels devront ne plus importer des matériels de type analogique, aujourd’hui vendus à vil prix. Certains commerçants n’hésitent pas à profiter de l’ignorance des usagers pour vendre des articles qui ne seront plus d’aucune utilité dans les prochaines années du fait que la migration vers la télévision numérique est inéluctable.
Sur le cadrage du projet, l’OMERT est en phase de délimitation des contours légaux ou réglementaires relatifs à la TNT. Ce cadrage devrait ressortir d’une part, les aspirations de tous les acteurs ainsi que la volonté des différentes autorités étatiques sur la question et d’autre part, l’expression de la gestion et de l’utilisation rationnelle des spectres de fréquence.
Question : L’idée de la migration vers la télévision numérique a été arrêtée en 2006, pourquoi avoir attendu sept ans pour agir ?
Il me semble que cette question est devenue au fil des temps le mode de vie des Malgaches. Attendre à la dernière minute pour agir et dans la précipitation, il n’y a plus aucune maîtrise. Anticipons l’avenir, ce ne sont pas de vains mots ou des mots qu’on emploie car ça sonne bien mais il faut les appliquer. C’est une question de volonté et de courage. L’OMERT, actuellement, a comme objectif de ne rater aucune opportunité pour placer le pays au statut et au rang qui lui est réellement destiné sur le plan économique mondial et cela sans attendre la fin des perturbations économiques. Il serait illogique de ne pas agir alors que le futur est bien tracé.
Question : Combien de temps reste-t-il avant d’atteindre l’objectif ?
Nous ne pouvons pas avancer une date exacte mais nous espérons que tous les secteurs s’identifient au secteur des télécommunications et TIC qui, contrairement à la conjoncture actuelle, mais grâce à la volonté et le courage de l’OMERT, les chiffres d’affaires des opérateurs en télécommunications ont connu une augmentation jamais enregistré depuis, les fibres optiques installés et opérationnels, des nouveaux services ont fait leurs apparitions et cela aux bénéfices des usagers et surtout pour Madagascar à double titres : les taxes, les redevances et autres droits contribuent aux finances publiques; la reconnaissance de Madagascar au niveau des plus hautes instances internationales (UIT, UAT…).
Question: Quels sont les enjeux de la TNT à Madagascar ?
Ils sont à la fois économiques, sociaux et sociétaux. Il est important de bien définir les partenariats économiques et les perspectives de développement. Quoi qu’il en soit, ce projet TNT sera un porteur d'avenir et un facteur du développement pour le pays qui, dés lors, dans ce secteur, ne sera pas en reste par rapport aux pays de cette zone Afrique de l’Est-Océan Indien. Dans cette avancé, cette évolution sinon révolution, rappelons, à titre d’exemple, la possibilité de diffuser dans un seul multiplex près de 20 chaînes. Cela, entrainera par synergie, l’éclosion de la créativité au sein des chaînes malagasy existantes et la diffusion en bouquets au niveau international. D’où un élargissement de l’audience des annonceurs, avec une qualité exceptionnelle…Saviez-vous que les États Unis ont pu bénéficier de près de 19 milliards de dollars grâce au dividende numérique ? La TNT permet également d’assainir et développer le paysage audiovisuel et numérique à Madagascar, en séparant le métier de producteur, de fournisseur de contenu, opérateur infrastructure et distributeur. L’étude est déjà en cours pour sa concrétisation.
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Plus haut, il a été fait allusion à une notion de « couverture » et de « réception ». C’est dans ce contexte que le Directeur général de l’OMERT a été invité à Kourou (Guyane française) au centre spatial de Sinnamary. Il a été le représentant de Madagascar pour en direct au lancement sur orbite de quatre satellites de télécommunications pour le compte de l'opérateur O3b Networks Limited. Quel est l’impact sur le projet TNT dans le pays ?
Augustin Andriamananoro :
O3b Networks, Limited est l'acronyme de « Other 3 Billion », en référence aux trois milliards de la population mondiale non encore couverte par Internet. Ce sont ces satellites qui déploieront le service d'Internet à haut débit, à partir d’une orbite moyenne dans le plan de l’équateur, à une altitude de 8.063 km, la durée de visibilité des satellites étant de 45 minutes. O3b Networks limited est partenaire de Gulfsat Madagascar. Ces satellites auront donc un grand rôle à jouer dans l’application de la TNT à Madagascar, dans le volet de la réception et du relais au niveau terrestre…
La question qui vient sur toutes les lèvres du commun des Malagasy : faudra-t-il alors jeté à la poubelle les téléviseurs à système analogique ?
Réponse : Non, pas forcément. Il suffira de se procurer un convertisseur, un démodulateur ou un adaptateur numérique propre à chaque modèle de téléviseur. Cela à l’air simpliste mais c’est la vérité. Pas la peine d’acheter un nouvel appareil. Par contre, l’Etat devra alors faire en sorte que ces outils soient disponibles dans les magasins à Madagascar, sans qu’il puisse y avoir un quelconque monopole…
RESUME OBJECTIF DE LA TNT A MADAGASCAR
Le passage à la norme TNT (Télévision numérique terrestre) à Madagascar est en phase de démarrage. Une réforme qui est loin d’être bien accueillie par certains médias, lesquels n’ont pas manqué d’exagérer les informations d’une certaine manière. Un fait compréhensible quand on sait que plusieurs médias télévisés vont devoir faire de lourds investissements pour faire cette migration.
La TNT tout de suite ?
La norme TNT ne s’appliquera pas tout de suite et même pas cette année 2013. Un chronogramme a été établi pour une période de 2 années constituant la transition vers le numérique. La norme analogique de diffusion sur canal hertzien ne s’éteindra qu’en juin 2015.
Le CNP-TNT Comité National Préparatoire à la mise en place de la Télévision Numérique Terrestre a été mis en place pour superviser cette transition. La première phase qui sera consacrée aux études de faisabilité, à l’élaboration de la stratégie technique, économique et politique, ainsi qu’à l’élaboration des textes législatifs s’étendra du mois de juillet au mois de décembre de l’année courante.
La phase de déploiement progressive commencera vers le début de l’année 2014 et prendra fin en juin 2015. Les foyers pourront toujours capter les chaines UHF et passer progressivement au numérique.
Le vieux téléviseur analogique à la poubelle ?
Non, contrairement aux informations véhiculées, il ne sera pas indispensable de se payer un nouveau téléviseur full options dernier cri, et mettre le vieux téléviseur analogique à la poubelle. L’adapteur TNT existe et permet de transformer le signal numérique pour le recevoir sur son téléviseur analogique.
L’adapteur TNT qu’on appelle aussi le décodeur TNT ou le récepteur TNT est d’ailleurs le seul matériel qu’il faudra se procurer avec ses accessoires pour environ 60 000 Ariary. Éventuellement, il sera nécessaire de s’équiper d’une antenne TNT. Il suffira ensuite de scanner et d’enregistrer les canaux comme on le fait habituellement pour capter les canaux UHF.
60.000 Ariary, c’est cher
60.000 Ariary, c’est un bel extra pour les foyers malgaches qui, pour la majorité ne disposent pas d’une marge financière. Il convient cependant de préciser que le CNP-TNT prévoit dans son programme d’étude une mesure d’accompagnement pour faciliter l’acquisition du décodeur.
Par ailleurs, il faut rappeler que nous sommes à Madagascar et que les Chinois, les Indopakistanais et les autres opérateurs économiques ne tarderont pas à saisir cette opportunité de marché pour brader des décodeurs à la portée de toutes les bourses. Exemple concret, avec 40.000 Ariary, ont peut depuis quelques années acquérir un téléviseur dans la Capitale.
Des chaînes payantes
Plusieurs chaines seront accessibles gratuitement, tandis que d’autres pourraient être payantes. La gestion sera mise sous tutelle d’une société de diffusion de contenus.
L’OMERT coupable ?
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Certains désignent l’OMERT comme « coupable » de cette réforme, un autre projet lancé pour encaisser plus. Il ne s’agit que d’une idée reçue, puisque Madagascar, en tant que membre de l’UAT (Union Africaine des Télécommunications) sera obligé de passer au numérique au plus tard le 17 juin 2015.
L’OMERT n’a fait que lancer le projet pour avoir 2 années de transition vers le numérique. Outre le côté consommateur, les infrastructures nationales devront être mises aux normes de la TNT.
Il en est de même pour les stations télévisées de la Capitale qui devront adapter leurs moyens. Notons d’ailleurs que Madagascar est le grand dernier en Afrique dans l’application de la norme TNT.
Avantages et inconvénients
La norme TNT promet une meilleure qualité d’images et de son. Cette qualité est cependant conditionnée par la puissance d’émission des infrastructures numériques. Les paramétrages et le scan des chaines risquent également d’être assez compliqués.
On s’attend déjà à voir les annonces de prestations de services en ce sens dans les journaux et sur internet. Le décalage entre le son et les images peut également subvenir, ce qui risque d’être très désagréable. En bref, il faudra espérer que les techniciens de l’OMERT et ceux du CNP-TNT sauront faire un travail de qualité et opter pour des infrastructures de qualité.
À Madagascar, plusieurs foyers ont déjà tâté le terrain de la télévision numérique, notamment ceux abonnés à Blueline TV. Les témoignages indiquent que contrairement à la connexion internet de ce fournisseur, la télévision n’est pas à plaindre.
Grand dossier de Jeannot RAMAMBAZAFY – 8 septembre 2013