Certes, a priori, il ne s’agit que d’un fait divers comme un autre. Cependant, de cet accident qui s’est produit le 16 juillet 2018 au PK10+30 de la RN1 vers Tsiroanomandidy, nous pouvons en tirer quelques leçons.
C’est le chef de la brigade de gendarmerie d’Ampitatafika qui m’a narré les faits, dans la cour des urgences de l’HJRA (Hôpital Joseph Ravoahangy Andrianavalona) à Anosy, hier : « Il était aux alentours de 14h, ce lundi 16 juillet 2018, lorsqu’une roue d’un véhicule léger venant de Fenoarivo, éclate soudainement. L’automobile se déporte alors vers la gauche. Or, en face arrive à vive allure, un taxi-brousse venant d’Ampitatafika. Certes, la route est droite à ce PK10+30 mais elle est bordée d’un cours d’eau à droite, de rizières en contre-bas à gauche. Le chauffeur du taxi-brousse ne pouvait donc pas dévier de sa direction au risque de faire des tonneaux ».
Du coup, le taxi-brousse heurte de plein fouet le véhicule léger dont le conducteur meurt sur le coup (ci-dessus) si le chauffeur du taxi-brousse, lui, a été grièvement blessé. Dans le sprinter que celui-ci conduisait, il y a eu 23 blessés (femmes, hommes, enfants) qui ont tous été évacués vers l’HJRA.
Parmi eux, les parents d’Augustin Andriamananoro, ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques.
Ils revenaient des obsèques du père de Marcel Ramanantsoa, grand ami de la famille, et s’apprêtaient à rentrer chez eux à Soamahamanina. Mais le sort en a décidé autrement pour retarder leur retour.
En début de soirée, le Pr Rantomalala Yoël, nouveau ministre de la Santé publique (en complet gris sur la photo ci-dessus) est arrivé, sans tambour ni trompette, au service des urgences où ce fut le branle-bas de combat, une soudaine activité de ruche... Et là , j’ai compris une chose assez difficile à relater mais, hélas, véridique. En fait, dans les hôpitaux publics malgaches, du moins à Antananarivo, ce n’est pas la qualité des infrastructures, ni du matériel, pas plus que du savoir-faire du personnel qui font défaut. Mais seulement -et uniquement- lorsqu’un supérieur avisé et compétent surgit, surtout sans crier gare. Le reste du temps, les hôpitaux publics sont à la merci d’une poignée d’individus -intermédiaires et personnel de santé- qui ont établi un réseau mafieux pour monnayer tout ce qui peut l’être : des soins aux chambres, en passant par les médicaments (obligés d’être achetés mais jamais utilisés et jamais rendus. Ce, pour alimenter les cliniques privées qui foisonnent et dont les propriétaires sont des fonctionnaires en activité…).
Les parents d’Augustin Andriamananoro, tous deux octogénaires, n’ont pas été des privilégiés, par rapport aux autres blessés, parce que leur fils est ministre. Non, ils ont été traités comme tout le monde, attendant leur tour. Ainsi, ils n’ont pas été dirigés vers un établissement privé ou fait l’objet d’une quelconque et « immédiate » évacuation sanitaire (Evasan) à l’extérieur parce que parents de ministre. Non! Ils sont, en ce moment, ensemble à la chambre 336 à l’HJRA.
10 décembre 2016. Cet homme en tenue de combat, ayant perturbé le déroulement de funérailles familiales, a oublié l'essence même de la culture malgache qui est: "Ny Malagasy tsy miady amam-paty" (les Malgaches ne se bagarrent pas avec les morts). Il a jeté la honte sur la famille de la défunte, sur la famille d'Augustin Andriamananoro, sur tous les Malgaches eux-mêmes. Sans mandat, tout simplement parce qu'il "obéit aux ordres"... Mais de qui, au juste? Je me souviens aussi que cet homme en uniforme était un de ceux qui lançaient des bombes lacrymogènes le 21 avril 2016, jour qui a changé, un tant soit peu, la face du gouvernement. Car il y a eu mort d'hommes
Enfin, et non des moindres en matière de leçon, ils étaient en route pour rentrer chez eux, à Soamahamanina, en transport en commun et non pas à bord d’un véhicule administratif leur ayant spécialement été alloué parce que leur fils est ministre. Une grande leçon d’humilité et de simplicité de la part de ces gens simples dont les environs de leur village ancestral avaient été vendus à des Chinois, extracteurs d’or et inexorables destructeurs environnementaux, par ce régime Hvm anti-patriotique, malgré les palabres rajaonarimampiennes. Et c’est justement en ayant pris la défense de ce village où vivent ses parents qu’Augustin Andriamananoro a subi la pire des humiliations en ayant été arrêté en plein enterrement d’un membre de sa famille, sans mandat aucun de la part de braves gendarmes « qui n’ont fait qu’obéir aux ordres », avant d’être emprisonné en décembre 2016.
Soamahamanina, 22 septembre 2016. Augustin Andriamananoro expliquant à Monsieur Richard, ex-Directeur de Cabinet (en bleu) de Voahangy Randriamanana, épouse Rajaonarimampianina, que le feu qui a pris a été du aux grenades lacrymogènes lancées n'importe comment et n'importe où. Mais le Richard a du faire un rapport à sa manière... (VIDÉO ICI ). En tout cas, à quel titre était-il venu à Soamahamanina ce jour-là ? Le tribunal de l'Histoire ne devra pas oublier cette présence plus que louche...
Le vrai coupable de cette infamie est l’homme que je nomme ici : Richard Ramamonjiarivelo actuellement directeur des Affaires sociales au palais d’État d’Iavoloha. Le temps n’effacera jamais les crimes commis. A présent, place aux photos de ce fait divers sur la RN1 au PK10+230. Banal peut-être, mais qui vous a certainement appris quelques leçons de vie.
Je souhaite un prompt rétablissement à Dada Razafy et Mama Sily !
Reportage de Jeannot Ramambazafy (texte et photos)
Antananarivo, 17 juillet 2018
**************
Ces photos démontrent que le choc a été très violent
"Mama, c'est moi Jeannot..."
Toujours bonne mémoire à 80 piges: "Heu, Jeannot Ramambazafy? Je vais paraître dans ton journal?". "Oui, pour de bonnes raisons... pas pour du voyeurisme"
Le ministre Augustin Andriamananoro et son staff, ce même 16 juillet 2018 à l'HJRA, présentant leurs condoléances à la famille du malheureux conducteur de la voiture légère