10% des Malagasy vivent avec un handicap
Le COPH (Collectif des Organisations des Personnes handicapées) et la Région Analamanga ont célébré la Journée internationale des personnes handicapées, ce 3 décembre.
A cette occasion, une conférence débat est tenue à la salle de réunion de la Région à Nanisana hier dans la matinée en présence des représentants de l’Assemblée nationale et du Sénat. La conférence a eu pour thème «Convention sur les droits des personnes handicapées : dignité et justice pour nous tous».
L’adjointe du Chef de Région, Mme Razafindrakoto Virginie (à gauche sur la photo), a profité l’occasion pour annoncer que la Région Analamanga introduira la dimension handicap dans son plan de développement régional. Il s’agit du premier programme de développement inclusif, à Madagascar en général, et parmi les programmes des collectivités décentralisées en particulier. La Région Analamanga se montre très dynamique en matière de promotion des droits des personnes handicapées et des groupes vulnérables. Elle a déjà patronné la manifestation « Semaine du Handicap », organisée par le COPH du 18 au 23 novembre dernier.
«Dignité et justice pour tous » a été le thème de la conférence animée par le COPH lors de cette journée. Ce thème suggère que l'objectif visé est de permettre aux personnes handicapées de jouir pleinement des droits de l'homme et de participer en toute égalité à la vie en société. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime qu’environ 10% de la population, soit 1.800.000 Malagasy, vivent avec des incapacités, un handicap. « Une population si nombreuse mais invisible », a remarqué Razafindrakoto Falihery, secrétaire exécutif du COPH. Il a expliqué qu’on ne voit pas ces personnes handicapées dans la vie de tous les jours car elles sont cachées ou ne peuvent pas sortir de chez eux à cause des différentes barrières socio-environnementales, soit on ignore leur existence faute de statistique fiable ». Madagascar ne dispose pas de données sur le handicap. Pourtant le chiffre avancé par les agences de l’ONU pour les pays en développement sont très alarmants : 2% des personnes handicapées ont accès aux services de base (ONU), 90% des enfants handicapés ne vont pas à l’école (UNESCO, UNICEF), seulement, 1% des filles handicapées sont alphabétisées (UNICEF) et 80% des personnes handicapées sont sans emploi (ONU, BIT).
Selon toujours le secrétaire exécutif du COPH : «L’invisibilité alimente les stéréotypes qui ont cours, quant à l’inaptitude des personnes handicapées de participer à la vie sociale. Elle a pour conséquence le non respect des droits fondamentaux ». Souvent, le grand public et les décideurs ignorent le grand nombre de personnes qui vivent avec des incapacités et des déficiences dans le pays d’où l’importance d’une telle sensibilisation. Le COPH a fait de la communication sur le handicap, une fonction principale. La perception socio-culturelle malgache et le cadre juridique existant en matière du handicap sont loin d’être un facilitateur à la participation des personnes handicapées à la vie de la communauté. L’adoption d’un programme développement régional inclusif et accessible aux personnes handicapées va contribuer à la réduction de la pauvreté dans le pays.
Le COPH plaide pour la ratification, par Madagascar, de la nouvelle convention internationale relative aux droits des personnes handicapées. Elle est entrée en vigueur le 3 mai 2008 et oblige légalement les 41 États membres à promouvoir et à protéger les droits des personnes handicapées chez eux. Le 60e anniversaire de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme est également célébré cette année sur le même thème.
La célébration nationale de la journée mondiale des personnes handicapées se tiendra les 3 et 4 décembre à Sambava sous le thème « Personnes handicapées responsables, contribue au développement de la région ». Elle est initiée par le Ministère de la santé, de la Planning familial, et de la Protection sociale.
Jeannot Ramambazafy - Journaliste