Nous sommes le mercredi 30 juin qui achève le premier semestre de l’année 2021. Merci d’être vivants, amis lecteurs, pour pouvoir lire l’immuabilité de l’Histoire de Madagascar. Aujourd’hui, je vous remémore deux 30 juin qui, de nos jours, pourraient prêter à sourire et même à rire si ce n’est que les impacts sur l’un d’eux (trois ?) sont devenus risiblement ridiculissimes. Allons-y.
30 juin 1977
C’était la date des élections de tous les membres du Parlement conformément aux dispositions de la Constitution de 1975. Les précédentes élections générales avaient eu lieu en 1970, deux ans avant la chute du Président Philibert Tsiranana.
Caractéristiques de ce Parlement
Aux termes de la Constitution de 1975, le Parlement de Madagascar, dénommé Assemblée nationale populaire ou ANP, devait comprendre 137 membres, élus pour 5 ans dans 110 circonscriptions par l'ensemble des citoyens malgaches âgés de 18 ans révolus.
Considérations politiques générales et déroulement de la consultation
Les élections générales de juin avaient été précédées par quatre autres consultations organisées dans l'ensemble du pays -du niveau des villages ou des quartiers à celui des provinces- entre le 20 mars et le 29 mai 1977. La campagne pour les élections à l'Assemblée nationale populaire a été ouverte le 18 juin.
Des listes de candidats ont été présentées, sous l'égide du Front national pour la défense de la révolution socialiste malgache (FNDR), par quatre organisations : l'Avant-garde de la révolution malgache (AREMA), le Parti du Congrès de l'indépendance de Madagascar (AKFM-KDRSM), le Groupe VONJY IRAY TSY MIVAKY (pour la révolution socialiste dans l'unité nationale), et l'UDECMA-KMTP, formation démocrate-chrétienne.
Le parti MONIMA, d'extrême-gauche, ancien partenaire du Front, avait boycotté les élections. Les résultats officiels ont montré qu’environ 90% des électeurs inscrits ont participé au scrutin, et que la liste du Front national a recueilli 92% des suffrages exprimés. La moyenne d'âge des nouveaux députés a été d'environ 40 ans et entre 35 à 40% d'entre eux ont reçu une instruction supérieure.
Résultats officiels pour 137 sièges à pourvoir
Front national pour la défense de la révolution socialiste malgache (FNDR)-Avant-garde de la révolution malgache (AREMA, parti fondé par Didier Ratsiraka en 1976, après une brève période de transition dirigée par un Directoire militaire) : candidats : 112, sièges : 112
Parti du Congrès de l'indépendance de Madagascar (AKFM-KDRSM) : candidats : 16, sièges : 16
VONJY IRAY TSY MIVAKY : candidats : 07, sièges : à 07
UDECMA-KMTP : candidats : 02, sièges : 02
Voici, très brièvement, la suite et la fin de la mainmise de Madagascar par celui qu’on avait surnommé l’Amiral rouge. Le 31 juillet 1977, le Pr Justin Rakotoniaina démissionne, et le lieutenant-colonel Désiré Rakotoarijaona lui succède au poste de Premier ministre. La composition du Cabinet de ce nouveau Premier Ministre, sera annoncée le 4 août 1977. Le 7 novembre 1982, Didier Ratsiraka est « réélu » président de la république, face à Monja Jaona, président du parti Monima. Hélas, ce second mandat fera apparaître le phénomène « 4'mis » (peuple de la rue), le « risoriso » (marché noir), des années de misère et les éléphants blancs. Il sera aussi jonché de violences contre la communauté indo-pakistanaise (OPK ou opération Karana) et fut marqué par la répression sanglante contre les adeptes du Kung-fu, du 30 juillet au 1er août 1985. Le 12 février 1988, Désiré Rakotoarijaona démissionne de son poste de Premier ministre et le Lieutenant-colonel Victor Ramahatra lui succède. Malgré tout cela, Didier Ratsiraka restera président de la république élu jusqu’au 10 février 1993, puis de 1996 à 2001. Il décèdera le 28 mars 2021à Antananarivo. Paix à son âme.
30 juin 2016
Ce jour-là , Transparency International-Initiative Madagascar a organisé un « dîner solidaire » au « Café de la Gare » sis au PK 0, Soarano Antananarivo (auparavant dénommé « Chefs Avenue Lounge »). Quelle était l’intention de l’époque ? « En venant dîner au Café de la Gare de soir-là vous ferez un don à l’association et vous aiderez la lutte contre la corruption à Madagascar ! ». Et puis, il a été écrit aussi que « ce dîner solidaire a pour objectif de faire connaître les actions de Transparency International-Initiative Madagascar et de récolter des fonds pour l’association qui vit des subventions accordées à ses projets et des dons ». La réalité était que sous le régime de Hery Rajaonarimampianina, chaque dernier jeudi du mois le « Café de la Gare » proposait de soutenir une association malgache en mettant à disposition son café-restaurant et en reversant une partie du chiffre d’affaire hors taxe de la soirée au profit de l’association.
Intention exceptionnellement louable si ce n’est que ce « Café de la Gare » avait été géré par Matthieu Rakotoarimanana Rajaonarimampianina, le fils aîné du président Hery Rajaonarimampianina, fortement impliqué dans des affaires de… corruption, justement. Et lorsque son père a été défait dès le premier tour de l’élection présidentielle de 2018, ce fils à papa a quitté le pays sans demander son reste, laissant le « Café de la Gare » à l’abandon, du jour au lendemain. Oui, vous allez tout de suite pointer du doigt la tumultueuse Ketakandriana Rafitoson, se disant -elle-même- Juriste Politologue de formation. Non, concernant ce diner de cons, au « Café de la Gare », le 30 juin 2016, elle n’était pas dans le coup, vu qu’elle n’est entrée qu’en août 2018 à Transparency International-Initiative Madagascar. Mais elle y est toujours, fonçant sans relâche dans des portes ouvertes… Et la vie continue ainsi, avec son lot d’il faut de tout (et de rien) pour faire un monde souvent jonché de très mauvaises intentions, contrairement à l’universellement connu « enfer » pavé de trop bonnes intentions. Voyez autour de vous.
Jeannot Ramambazafy