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Deux termes opposés l’un l’autre si on se réfère au Larousse. Le premier est un système qui exclut les Eglises de l’exercice du pouvoir politique ou administratif, et notamment de l’organisation de l’enseignement. Le second indique une société où l’autorité est exercée par les ministres de la religion. Cette définition nous permet de considérer que même de nos jours, il est toujours des Etats théocratiques à l’instar des nations et pays islamiques dirigés par les Imams et les Ayatollahs. Mais si on ne se réfère qu’à la doctrine chrétienne, l’unique véritable nation théocratique avec un T, SVP, était le royaume d’Israël, depuis le temps où le patriarche Abraham envoyé par Dieu a quitté le pays d’Ur pour se rendre en Egypte et traverser des fleuves et des terres, pour créer le groupe social dénommé Hébreux qui signifie les gens d’outre rive.
Existe-t-il d’autres théocraties ?
Laissons de côté la Théocratie régissant le peuple élu de l’Eternel. Certains pays d’Afrique subsaharienne, bien qu’administrés sous la forme de république et les valeurs y afférentes, avec à la tête un président élu, appliquent encore des lois divines d’une religion. Citons comme exemple l’application de la charia dans quelques pays d’Afrique centrale. Pour en finir avec la théocratie en général, qu’en est-il des royaumes nordiques, entre autres ceux de la Scandinavie, qui ont une religion officielle d’Etat, et dont les ministres du culte jusqu’aux préposés et diacres sont des fonctionnaires étatiques ?
Les laïcs, le peuple de Dieu.
Soulignons que dans le passé comme aujourd’hui, si les ecclésiastiques occupent le poste de leader des églises, ils sont minoritaires. Ce qui constitue la base, et du nombre et des activités de l’Eglise sont les laïcs. Ce sont les « simples gens », qui assurent par leurs offrandes dominicales et des autres grandes occasions de culte, l’essentiel de l’alimentation financière de toute la structure, incluant la paie des prêtres et toutes les dépenses liées au fonctionnement. En général les laïcs sont les fruits du travail des dirigeants, c'est-à -dire ils sont les « convaincus » de l’évangélisation. Il n’est pas rare que des dissensions, sinon parfois des discordes surviennent entre ces deux groupes qui ne sont pas nécessairement opposés.
Le laïc Rainisoalambo.
Le mot laïc indique toute personne qui n’appartient pas au clergé. Il est aussi utilisé pour désigner une indépendance par rapport à l’opinion confessionnelle. Au niveau des Eglises chrétiennes, sont qualifiés de laïcs ceux qui n’exercent pas dans l’ordre des Ecclésiastiques ayant reçu le sacre de l’ordination, ou de consécration. Notre confrère Herivonjy Rajaonah se plait à se présenter en tant que « Laika lahy ». Les Testaments de la Bible, ancien et nouveau, relatent des grands héros de la foi et de l’Evangélisation qui étaient tous des laïcs, du temps des patriarches jusqu’aux apôtres via les prophètes. Abraham, le père des croyants, était laïc. Il en est autant pour l’apôtre Paul, et même Saint-Pierre Chef de l’Eglise universelle était un laïc. Il n’était qu’un pêcheur artisanal. Seuls Aaron et ses descendants lévites qui ont exercé le sacerdoce du culte et qui se sont occupés des affaires ministérielles ne sont pas des laïcs. Ainsi Jean le Baptiste n’était pas un laïc. Les Grands Prêtres et le Lévite du Nouveau Testament non plus n’étaient pas des laïcs. Au XVIème siècle, des grands réformateurs étaient des laïcs à l’exemple de Jean Calvin et de certains précurseurs du Revivalisme en Afrique comme le Libérien William Wade Harris ou le Congolais Simon Kimbangu. A Madagascar, Rainisoalambo, le père du réveil spirituel de toute l’Afrique, ayant exercé le ministère du Fifohazana à Soatanana pendant dix ans, était un laïc. D’ailleurs, c’est lui qui a prôné l’indépendance des enfants et des adolescents vis-à -vis des parents quant à l’aptitude à la prière et sa pratique. Il a aussi encouragé l’autonomie financière du Fifohazana vis-à -vis des nombreuses dénominations cultuelles qui pourraient diviser l’unité du Revival.
Et le FFKMÂ ?
De tout ce qui en découle, qu’en est-il du fameux FFKM, l’oiseau rare d’Afrique ? Selon les explications des Prélats (des Clergés, donc non laïcs), les Eglises unies au sein de la Fédération des Eglises Chrétiennes de Madagascar ne font que relayer les prophètes dans leurs activités. Ils ne font qu’annoncer la volonté de Dieu, et témoigner le salut du Seigneur Jésus. Si c’est vraiment le cas, ce sont des devoirs du laïc, car les prophètes sont des laïcs. Ce n’est pas parce que Dame Fatmah Samoura et S.E Gold Blatt n’ont pas donné leur encouragement pour que le FFKM continue sa mission de médiation et de bons-offices au CCI Ivato pour tenter de trouver des solutions à la sortie de crise que l’on peut le qualifier de s’immiscer dans la gestion de l’Etat, et d’entraver ainsi la laïcité de l’Etat.
D’emblée, le FFKM est la seule entité de la Société civile qui soit la plus représentative et qui ait une envergure nationale si on veut partir de la base démocratique que sont les fokontany et les communes. Une entité membre de la Société civile comme le FFKM est laïque.
Peut-on envisager d’établir un parallèle entre cette relation ecclésiastiques/laïcs d’un côté, et de l’autre les rapports entre l’Etat et le peuple dans un pays ?
Razaka Oliva