« LE POUVOIR NE SE PARTAGE PAS ». J’emprunte le titre du livre d’Edouard Balladur dans « conversations avec François Mitterrand » pour tirer la sonnette d’alarme au vue de la conjoncture politique actuelle dans mon pays d’origine !
Oui « Le pouvoir ne se partage pas », mais il s’exerce avec ses alliés politiques naturels, avec sa famille politique naturelle mais non avec son adversaire politique de toujours car « la cohabitation n’a jamais été qu’un expédient provisoire, mais pas un système durable! » selon Edouard Balladur. Excellence Monsieur le Président de la République, cher ami, croyez-vous que vos nouveaux alliés souhaitent que vous accomplissiez jusqu’au bout votre mandat ? Croyez vous que vos bons « conseillers » rivaux dans la conquête des places, allant jusqu’à tromper leurs pairs au sein même de votre entourage, ont la même vision et conviction que vous dans l’exercice du pouvoir ? Ils sont là pour vous aider, certes, mais aussi pour se servir d’abord avant de servir, de duper l’opinion, de masquer la réalité sous les brumes du rêve, et surtout pour disqualifier la raison et faire appel au sentiment ! Et revenons à ce dernier, le « sentiment » dans tout son sens !
Avez-vous le sentiment d’appartenir à un groupe politique dans la gestion de la chose publique ? Avez-vous le sentiment d’avoir de la famille politique pour exercer le pouvoir politique ? Ou contentez-vous juste d’avoir de « la famille » tout en faisant de la politique ! Une famille, juste limitée ‘’au sens propre du terme’’ -aussi importante soit-elle - ne suffit pas pour exercer seul le pouvoir et s’empeigner de la chose politique car il y a des codes et usages, des éthiques et des savoirs à appliquer ! Ce n’est ni Didier Ratsiraka, ni Marc Ravalomanana encore moins Andry Rajoelina qui vont me contredire là -dessus ! La sottise est mère de tous les maux, puisqu’elle engendre d’innombrables désirs, or ces désirs innombrables n’ont ni limite, ni mesure, ils produisent l’avarice qui pousse l’homme à l’excès, cause de grands maux humains parce que le désir sans borne de richesses lui fait subir de cruels et nombreux inconvénients.
Ainsi j’en appelle à votre bon sens, car vous en avez, vous appartenez à la crème de la crème d’intellects de notre pays ! Ressaisissez- vous avant qu’il ne soit trop tard ! Il n’est jamais trop tard pour se reprendre et se rattraper ! Ne vous attardez pas trop longtemps pour la prise de décision mais ne vous précipitez pas non plus, car toute précipitation nuit et toute lenteur discrédite ! Ecoutez-moi sans faveur mais sans haine. Méditez bien avant de vous prononcer. Le problème qui vous est posé est tragique. Il mérite que vous pesiez chaque détail. Le pouvoir ne se partage pas ! Il s’exerce avec parcimonie dans un climat politique apaisé d’où la nécessité d’une Réconciliation Nationale ! Excusez mon outrecuidance, mais pas de cette manière-là !
Madagascar est une République laïque, pourquoi la religion s’en mêle- t-elle ? De part notre culture politique, on a toujours fait appel aux Chefs d’Eglise mais c’est écrit dans la bible aussi : « Aoka hoan’i Kaisara izay an’i Kaisara ary hoan’Andriamanita izay an’Andriamanitra ! » ! Vous vous dites réincarner le Renouveau : «Hery Vaovao»; Alors laissez les hommes d’église exercer leur vocation première : entretenir la foi de leurs fidèles ! Demandez-leur d’apprendre davantage à leurs fidèles le vivre ensemble, la tolérance, la compassion, l’amour du prochain et surtout la distinction du bien du mal ! Mais donnez vos indications et directives républicaines, laissez parler la justice, le sens réel même du « Fihavanana Malagasy » à moins que, pour vous, une paix injuste est préférable à la justice (Erasme). Montrez l’exemple d’une vraie réconciliation nationale à commencer par vous réconcilier avec vos principes et vos valeurs qui vous ont fait ce que vous êtes, avec votre famille politique naturelle, avec votre propre famille et avec vos propres compagnons de route, avec vos propres frères!
Il est utile d’avoir de vrais amis car c’est le moyen de plaisanter car on ne plaisante pas quand on exerce le pouvoir, pourtant ô combien vous en avez besoin. La joie de la plaisanterie n’étant qu’une conséquence particulière de l’amitié. Le pouvoir ne se partage pas ! Il s’exerce en respectant les lois et règles en vigueur! Les hommes dans leur jugement cèdent plus souvent à l’influence de la haine ou de l’amour, du désir ou de la colère, de la douleur ou de la joie, de l’espérance ou de la crainte, de l’erreur ou de la passion plus qu’à la celle de la vérité, de la justice, du raisonnement et des lois. (Cicéron) !
Excellence, vous avez prêté serment devant « Andriamanitra Andriananahary » et devant le peuple Malagasy de respecter comme la prunelle de vos yeux la constitution de la République! Navrée mais il y a violation répétitive de la loi fondamentale que vous avez, vous-même, contribué à confectionner et à faire voter ! Vous avez d’éminents juristes dans votre entourage, voire même « le concepteur » de cette loi mais ne vous pas a-t-il dit que le refus d’application, la fausse application et la fausse interprétation sont les trois formes de violation d’une loi ? A titre d’information, selon mes petites connaissances en droit, le refus d’application consiste à ne pas appliquer la norme juridique à une situation qu’elle devrait régir c’est le verso du recto de la fausse application d’une norme de droit. La fausse interprétation est une interprétation controverse non conforme au sens réel du texte à l’interprétation de la Haute juridiction. Mais cette Haute juridiction a déjà sorti des arrêts là -dessus en début 2014 non ?
Le passé sert mieux à juger le présent (Quintilien) ! Le pouvoir ne se partage pas ! Il s’exerce avec Respect ! Le respect de ses électeurs, de ses adversaires, de ses engagements, de ses propres convictions, des lois et des principes et valeurs Républicaines ! Je ne veux pas que mon pays reste dans le mensonge et dans l’injustice. On peut me condamner ici mais un jour vous me remercierez d’avoir aidé le pays à sauver son honneur! (Zola) ».
Rinah Rakotomanga – 16 janvier 2015