Décidément, certains chefs d’état africains élus "démocratiquement" n’ont retenu aucune leçon du passé, forts du fait qu’ils sont des présidents élus par le peuple. Après les deux journalistes malgaches arrêtés pour avoir publié une lettre de lecteur à propos du trafic de bois de rose, impliquant un ministre très orgueilleux, voilà qu’au Burundi, le même cas de figure s’est passé bien que les circonstances ne soient pas tout à fait similaires.
Le 20 janvier 2015, Bob Rugurika, directeur de la RPA (Radio publique africaine), est arrêté. Il est accusé d’avoir « publié l'interview d'un homme qui prétend avoir participé à l'assassinat des trois religieuses italiennes en septembre 2014 ». Cela s’est aggravé par les chefs d’accusation suivants : complicité d'assassinat, violation du secret d'instruction et recel de criminel. L’affaire a comparue au tribunal de Bujumbura, le 04 février 2015. La demande de liberté provisoire est rejetée et Bob Rugurika est envoyé au pénitencier de Muramvya, situé à une trentaine de kilomètres de la Capitale burundaise, où il se trouvait en détention depuis son arrestation. Motif invoqué : " éviter qu'il ne reprenne contact avec la personne interviewée ".
Il faut dire que cette personne qui a prétendu avoir participé à l’assassinat des trois religieuses, aurait agit sur des directives des services de renseignement burundais. Effectivement, cela touche directement le régime du président Pierre Nkurunziza…
Bov est resté en prison, malgré une forte mobilisation pour sa libération
Son avocat pense faire appel à cette décision, malgré l’atmosphère de pessimisme ambiant. Car si l’appel est rejeté, Bob Rugurika sera pénalisé de trente jours de détention supplémentaire, en attendant un verdict final. Et, vu les chefs d’accusation, il risque 20 ans de prison ferme…
Au Burundi, les prisonniers sont vĂŞtus d'une blouse verte. La couleur de l'espoir...
Coïncidence ? Pur hasard ? L’emprisonnement de ce journaliste, dont l’audience auprès des auditeurs burundais est très élevée, s’est effectuée à quelques mois des élections législatives et présidentielles burundaises initialement prévues aux mois de mai et juin 2015.
Jeannot Ramambazafy – 05 février 2015