Pedy? Je l’ai connu encore enfant. L’annonce de sa disparition a fait remonter des tas de souvenirs de ma mémoire, même s’il était de 7 ans mon aîné. En fait, Pedy c’est un peu, sinon beaucoup, de ma famille. Un charmant charmeur qui disait toujours les mots avec des fleurs et le sourire ravageur d’une star hollywoodienne. Cette fois-ci, les mots me manquant vraiment, je laisse la place à un autre pour un hommage exceptionnel à Pedy. En tout cas, je suis fier de t'avoir connu et je remercie le Seigneur rien que pour çà . Tu étais quelqu'un à part, dans un mon monde tout aussi à part. Repose en paix grand frère et dis à Lucien Rajaonina, Clark Andriambelo et Ignace Randrasana, de ma part: à la revoyure!
Jeannot Ramambazafy
Razafindratsira, ce nom connu comme tant d’autres, lorsqu’on le prononce, évoque automatiquement à l’esprit des images de fleurs qui sont présentes dans nos vies du début à la fin, telles que les couronnes mortuaires, les décorations de mariage, les bouquets pour diverses circonstances et bien d’autres encore. Créés en 1892, les établissements Razafindratsira ont démarré dans l’horticulture. Dans les années 40, un métier a été rajouté ainsi qu’un prénom dans la dénomination pour préciser qui était le maître des lieux, donnant au final: Ets Alexandre RAZAFINDRATSIRA Horticulteur-Fleuriste. Pour pérenniser les affaires familiales, le fils aîné, Alexis, partit au Japon pour faire ses études en botanique. À son retour, il fut fortement sollicité pour développer les relations nippo-malgaches. Ce qu’il fit. Bien lui en a pris, car il y a quelques semaines, l’Empereur du Japon lui a fait officiellement l’honneur de sa reconnaissance. De façon logique, le fils cadet prit la relève, juste avant la célébration des 100 ans de la maison.
Baobao nain ou pachymodium dans le massif de l'Isalo
Il s’attacha à élargir le champ d’action en s’ouvrant à l’international. Pour ce faire, écolo de la première heure, il promouvra la flore endémique de Madagascar qualifiée à juste titre de "Sanctuaire de la Nature". Il fit des recherches et exploita par exemple les palmiers avec le fameux palmier triangle, les orchidées dont plus de la moitié des espèces sur terre proviennent du pays, les euphorbes incluant le pachypodium, ce baobab nain. Dès lors, de Los Angeles à Tokyo, en passant par Paris, Alfred, le nom étant dorénavant occulté pour des raisons compréhensibles de phonétique, devint un passage obligé pour les botanistes du monde entier qui veulent en savoir plus sur notre île. Sur place, pour les touristes étrangers, son "jardin botanique" sur la route d’Ivato est un "must", puisqu’il recèle des trésors de notre biodiversité.
Ironie du sort? Pedy nous a quittés le jour de la Saint Valentin 2018
Pour demeurer éternellement dans cet univers floral, Alfred s’est éteint le jour où partout sur le globe, l’amour s’exprime par des fleurs en général, et la rose en particulier, pour célébrer la Saint-Valentin. D’abord, on se souviendra de son sens de l’esthétique qu’il démontrait quotidiennement par son élégance naturelle qui le maintenait en "playboy", nom de sa bande dans sa jeunesse. Ensuite, on retiendra son humour british, pince-sans-rire, car il ne riait jamais aux éclats, mais son rire était toujours éclatant de générosité. Ses amis rotariens l’attestent. Enfin, plusieurs garderont en mémoire même s’il n’était pas un scientifique, son expertise en botanique respectable et respecté par ses pairs opérateurs, tant du secteur privé que du secteur public, simplement parce qu’il incarnait la discrétion efficace.
Comme une plante rare qui était sa passion, Alfred, que les intimes et les proches appelaient Pedy, a été fauché. Nous pouvons gémir sur son absence, mais aussi nous réjouir de sa nouvelle existence.
Salut Pedy!
Chris RALPH (publié dans La Gazette de la Grande île du 17.02.2018)
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