Aujourd’hui, je vais vous révéler un authentique secret de Polichinelle qui a prévalu, prévaut et prévaudra encore, faute d’éducation civique et morale d’une population que les dirigeants passés et présents ont obligé à penser avec le ventre et non plus le cerveau.
Le 13 juin 2018, le député élu à Atsimondrano (banlieue sud d’Antananarivo) annonce qu’il démissionne de son poste de président du groupe parlementaire Hvm (« Hery vaovao ho an’i Madagasikara »). Condoléances mais ce n’est une grande perte pour personne. Le motif de sa démission ?
D’abord ses propos en langue malgache, tenus le 13 juin 2018 dans les locaux de l’Assemblée nationale à Tsimbazaza :
« Ny antony voalohany aloha, dia iarahan-tsika mahalala fa raha ny décision-ny Hcc tamin’ny farany teo dia tsy nametraka ary tsy ni-valider ny fisian’ny groupe parlementaire Hvm ao amin’ny Antenimierampirenena. Izay ny mahatonga azy hoe mivoaka ao amin’ny CES ny lisitra misy olona, groupe parlementaire na parti politique manolotra ny Premier ministre. Faharoa an’izay dia ny ao amin’ny fahatsapako ny tsy fahavitan’ny andraikitro izany, tsy nahavitana ny adidy izay tokony nampiankinina tamiko, amin’ny fandaniana ny code électoral izay iarahan-tsika mahalala fa nisy nasian’ny Hcc fanitsiana maromaro. Amiko izany dia échec no anaran’izany, ohatrany amin’ny firenena rehetra io : rehefa misy ny échec dia mahay manaiky an’izay ».
TRADUCTION
La première cause d’abord. Nous le savons tous, la récente décision de la Hcc n’a pas validé l’existence du groupe parlementaire Hvm à l’Assemblée nationale. Cela signifie clairement que la proposition du nom d’un Premier ministre doit émaner de l’Arrêt de la CES (Cour électorale spéciale créée pour les élections de 2013). En second lieu, [ma démission] a un rapport au fait que je suis conscient de ne pas avoir su prendre mes responsabilités, que je n’ai pas réussi à faire mon devoir dans le vote du code électoral qui, comme nous le savons tous, a fait l’objet de plusieurs recommandations de la part de la Hcc. Pour moi, cela s’appelle un échec. Et, comme dans tous les autres pays, lorsqu’il y a échec, il faut l’accepter.
Trop facile Monsieur plus élite du tout ! Avant toute chose, sachez, amis lecteurs, que l’arrêt dont ce député fait allusion concerne plus exactement l’Avis n°01-HCC/AV du 17 février 2014 portant interprétation des dispositions de l’article 54 de la Constitution et sur la base de l’Arrêt n°11-CES/AR.14 du 06 février 2014 portant proclamation officielle des résultats définitifs des élections législatives de la 4è République. En clair et en respectant le prescrit constitutionnel, c’est au Mapar de présenter une liste de noms de premiers ministrables. En effet, c’est le groupement politique qui a eu le plus de députés élus sous son étiquette le 20 décembre 2013. A ce moment-là , le parti Hvm n’existait pas du tout. Alors, d’où vient ce fameux « groupe parlementaire Hvm » ? L’explication initiale nous vient de Paul Nahoaniko, de Tambatra Europe, qui, le 26 février 2014, avait écrit :
Deux mois après les élections du 20 décembre 2013, présidentielles et législatives, la Grande île connaît aujourd’hui, une de ces confusions politiques dont elle a le secret, le Pays du Moramora vient de se doter de deux majorités : La Plateforme pour une Majorité Présidentielle (PMP) et la Majorité parlementaire. Si cette dernière est plus facile à cerner, car il s’agit de la famille politique de M. Hery Rajaonarimampianina, le président élu, les députés élus sous l’étiquette Mapar (Miaraka amin’ny Prezida Andry Rajoelina) et le Groupe parlementaire spéciale (GPS), les indépendants partisans d’Andry Rajoelina, on a du mal à définir le contour politique de la première, la PMP, car il s’agit :
- d’une infime partie de ceux qui ont appelé à voter pour le Président élu : les Roland Ratsiraka, les MDM de Pierrot Rajaonarivelo…
- de ceux qui ont appelé à voter pour Jean Louis Robinson : la Mouvance Ravalomanana et ses indépendants, les Saraha Georget, les Camille Vital…
- de ceux qui n’ont appelé à voter ni pour l’un ni pour l’autre : les Pety Rakotoniaina, les Hajo Andrianainarivelo.
Nulle part ailleurs, dans le monde, on a vu un président élu constituer une majorité présidentielle avec une telle mayonnaise qui n’est en fait qu’une vraie majorité fictive, les défaites successives pour l’élection du bureau permanent de l’assemblée Nationale l’en attestent.
Pourquoi en est-on arrivé là ? Trois raisons à cela :
- La première, la volonté du Président Hery Rajaonarimampianina de vouloir « tendre la main à ces adversaires politiques »,
- La seconde, une volonté d’émancipation vis-à -vis de sa propre famille politique qui est majoritaire à l’assemblée et une volonté affichée de ne pas vouloir désigner un premier ministre issu de ce camp,
- La troisième, la facilité des politiques malgaches à retourner leur veste, cette dernière raison a toujours été la panacée des politiques, car la majorité des politiciens malgaches appartient à cette classe d’AMIM (Antoko Manohana Izay Mahery) ou les amis des vainqueurs (Sakaizan’ny mpandresy)
A l’époque, Paul Nahoaniko avait encore ajouté : Vous avez prôné la réconciliation nationale, Monsieur le Président, on vous encourage à le faire si c’est pour l’intérêt supérieur de la Nation malgache, mais réconciliation nationale ne veut pas dire « discours de circonstance » qui a, aujourd’hui, la démarche suivante : « mes adversaires d’hier sont devenus mes amis d’aujourd’hui contre ma famille politique d’hier !».
Et malheureusement, durant toutes ces quatre années passées, c’est bien ce que le Hery vaovao s’est évertué à mettre en pratique, jusqu’au fatidique 21 avril 2018. Mais cette tuerie, qui a amené un Premier ministre de consensus avec un gouvernement hétéroclite, n’est pas notre sujet d’aujourd’hui…
Le 6 juin 2014, Jean Eric Rakotoarisoa, président d’une Hcc totalement inféodée au Hvm aussi, permet la création du groupe parlementaire Hvm, en se basant sur ce que dit l’article 27 de l’ordonnance n°2014-001 du 18 avril 2014 portant loi organique fixant les règles relatives au fonctionnement de l’Assemblée Nationale : « Il peut être créé des groupes parlementaires au sein de l’Assemblée Nationale. D’où sortent les membres originels de ce groupe ?
1. Razafindrafito Lova Narivelo, élu indépendant «Popil» à Ifanadiana ; 2. Mamangy Norbert, élu indépendant «Trano Kasaka» à Sambava ; 3. Randrianoelina Razafimahefa Mamimalala Marie Josué, élu sous le label Patram (Parti Travailliste Malagasy) à Ivohibe ; 4. Mohamad Ahmad, élu indépendant Tma (Tanora mandray andraikitra) à Fénérive-Est ; 5. Andriamasimanana Auréline, élue indépendante Alaotra Miray Hina à Ambatondrazaka ; 6. Razafimahatratra Daniel Jean Christian, élu indépendant «303 ihany ny antsika» à Ambalavao ; 7. Levao Nitadiavina, élu indépendant Levao à Marolambo ; 8. Raveloarivonjy Behavana, élu indépendant «Trano Kasaka» ; 9. Angèle Solange, élue indépendante Angèle Solange à Amboasary Sud ; 10. Ijo, élu indépendant Hatrefindrazana Jerry à Taolanaro ; 11. Hatefindrazana Jerry, élu indépendant Hatrefindrazana Jerry à Taolanaro ; 12. Masy Goulamaly Marie Jeanne d’Arc, indépendante élu Androy miavotse malaky à Tsihombe ; 13. Razafinandrasana Raulan, élu indépendant « Ando fa Enga » à Vatomandry ; 14. Razafimandimby Germain Boniface, élu indépendant Ralava à Ihosy ; 15. Rakotosolofondraibe Zakamady, élu indépendant Andrianarivo H.R. à Ambositra ; 16. Razaranaina Nomenirina, élu indépendant Razaranaina à Fianarantsoa I ; 17. Mananjara Aurélie Ruffine, élue Escopol à Mananjary, décédée le 31 août 2017 ; 18. Arosy Namiandrazana François, élu indépendant Arosy à Nosy Be ; 19. Rakotonimanana Solonirina Andriambelovololona qui avait pris la place de Rahamatodisolomanana Vaonalaroy à Brickaville et qui est revenue ; 20. Andrianirina Josoa Marohajaina, élu indépendant à Ambatondrazaka ; 21. Ranaivoson Andrianavalona Fanomezanjaka Pierrot, élu Mouvance Ravalomanana à Fenoarivobe ; 22. Rivotiana Richard Jean Bosco, élu indépendant Mahefa à Lalangina ; 23. Nicolas Stéphan Alphonse, élu indépendant à Mahajanga I ; 24. Laisoa Jean Pierre dit Jaovato, élu indépendant à Antalaha ; 25. Mahazoasy Mananjara Freddie Richard, élu indépendant à Antsiranana I ; 26. Andrianarivo Harimampianina Razakarivelo, élu indépendant à Ambositra ; 27. Randrianatoavina Jean Martin, élu indépendant à Vohibato ; 28. Raholijaona Harson, élu Andrin’ny Madagasikara à Tsiroanomandidy ; 29. Ravoninjatovo Sahoby, élu indépendant à Sainte Marie ; 30. Tsivoulagne Maximin, élu indépendant à Sainte Marie ; 31. Helson Brisson Erafa, élu indépendant « Vahoaka no hery » Toliara II ; 32. Randriarimalala Harijaona dit Jaona Elite, élu indépendant à Antananarivo Atsimondrano (pas encore président du groupe, le 6 juin 2014) ; 33. Raharijaona, élu indépendant à Anjozorobe ; 34. Houssene Abdallah, élu indépendant à Soalala.
Ces 34 « députés Hvm » sont la base de « migrations » qui existent depuis la troisième république, première partie, sous le parti Undd (Union Nationale pour le Développement et la Démocratie) du Pr Zafy Albert pourtant réputé non matérialiste. Il faut savoir alors, qu’à l’époque, les changements ne reposaient pas sur l’argent directement perçu sans aucune pièce comptable (reçus ou autres reconnaissances de je-ne-sais-pas), mais plutôt sur les avantages tirés d’une situation donnant du pouvoir. Il faut avouer qu’après la révolution de Didier Ratsiraka, aucune majorité stable n’existait -et n’existe encore- réellement à l’Assemblée nationale. Si bien que le regretté pasteur Richard Andriamanjato, du temps où il été lui-même président de cette Assemblée, a trouvé une expression qui est pratiquée de nouveau sous ce régime Hvm : la « majorité à géométrie variable ». Mais ici, tout repose sur de l’argent en billets qui ont servi à acheter des députés, depuis la formation de la PMP. Et c’est notre confrère Michel Ralibera, de radio Antsiva, qui a trouvé l’adjectif seyant à cette IVè république rajaonarimampienne : « la république des mallettes ». Mallettes qui sont devenues des cartons de 50 millions d’ariary par tête, depuis la nouba pascale des « 79 » députés à l’hôtel « Le Paon d’Or » à Ivato.
Mais pourquoi diable notre Jaona Elite n’a-t-il pas démissionné dès la publication de la décision de la HCC, le 25 mai 2018 ? Tout simplement parce qu’après avoir défendu le filoha Hery comme il l’a fait, surtout dans les médias audiovisuels, il espérait être nommé ministre de quelque chose. Eh ben non ! Ni lui, ni aucun des « 79 » députés de cette majorité à géométrie variable version Hvm n’a eu ne serait-ce qu’un strapontin, genre Secrétariat d’État, dans le gouvernement du Premier ministre de consensus, Ntsay Christian. Douche glacée intégrale. Aussi, face à cette ingratitude d’un président de la république qui n’aurait jamais dû l’être (les voies du Seigneur sont réellement insondables), mais plus expert en division pour régner qu’en comptabilité, il est fort à parier que, comme des rats, ils vont tous quitter le rafiot Hvm qui fait eau de toutes parts. Ainsi, les secrets des palais ne vont pas faire long feu et, comme ce dossier, ils vont aussi devenir des secrets de Polichinelle. Vraiment, je plains tous ces hommes qui seront les plus pauvres du cimetière… politique de la Grande île de l’océan Indien.
Jeannot Ramambazafy – Article également publié dans « La Gazette de la Grande île » du samedi 16 juin 2018