Après près de 50 ans de vie commune, ma femme OLGA MIADANA RANDRIAMIHANTA, ma femme, mon amie, mon repère, ma mémoire et surtout ma première admiratrice, s’en est allée rejoindre les cieux. Groggy par ce départ inopiné, je suis en train d’essayer de me relever de ce coup du sort en publiant ici un poème que j’avais écrit pour elle et qu’elle aimait bien. Poème écrit dans des larmes de regrets…
SOUVIENS T’EN
Je me souvenais de ma jeunesse heureuse et d’un vœu prononcé en regardant une étoile filante mourir dans les mystères de la nuit. On était ensemble à observer les astres qui par centaines de milliers, scintillaient comme des diamants voguant à travers la voie lactée. Nos regards magnifiaient ces instants magiques et mon cœur chavirait en murmurant des mots que j’étais seul à entendre : «comme eux nous vieillirons ensemble».
Cette promesse, je la tenais à tout moment de l’année et j’attends encore que tu daignes un jour me revenir après avoir rangé ton amour dans les limbes de l’oubli. Seul à rêver sur mon lit, je me rappelle du temps où le vent soufflait dans tes cheveux épars qui ne tenaient jamais en place, tu marchais dans la rue, différente des autres, jolie comme un cœur, une présence incongrue. Par-dessus ta minijupe, tu mettais une chemise à fleur échancrée qui faisait entrevoir un petit sein libéré dardant sa pointe orgueilleuse vers un point de l’horizon qui était le nôtre, et nos pas se réglaient au rythme des cœurs.
Je n’étais pas du genre à dire «je t’aime» à tout moment, mais je t’aimais à ma façon. Une retenue dictée par des blessures profondes antérieures et aussi dans le doute que tu puisses m’aimer avec la certitude d’un amour éternel et je préférais m’abstenir de prononcer des mots solennels.
Tu n’as jamais su que pour moi, un jour sans toi était l’éclipse totale de mes facultés qui ne pouvaient se régénérer que de par ta présence. Tu étais ma source d’énergie, mon rayon de soleil. Sans toi, je tombais en léthargie, vidé de ma substance et ces jours-là m’étaient mornes. Je me souvenais encore de m’être énervé très souvent quand tu tardais à venir me rejoindre, et je passais mon temps à compter les heures, les minutes et les secondes qui me séparaient de toi, à guetter les bruits de tes pas, le son de ta voix et l’attente devenait un enfer…
Et quand enfin je te tenais dans mes bras, je t’embrassais, je t’étouffais, je te serrais à en perdre haleine et de suite je te voulais clouée en moi à jamais pour t’empêcher de repartir vers un autre destin … Et j’ai su alors que je t’aimais d’un amour infini difficile à traduire… Et je me suis tu jusqu’ici.
Un jour il faudra
Que tu te souviennes,
Qu’il y a quelque part
Un amoureux transi,
Qui toujours sera lÃ
A ruminer ses peines,
Veillant sur le tard
A espérer chaque nuit.
Il scrute l’horizon
Pour te voir venir,
Priant les cieux
Pour t’entendre parler,
Allumant des feux
Pour vers lui te guider,
Il espère un pardon
Avant de mourir.
A ta rencontre il irait
Vers sa chère amie,
Dut-il se trainer
Sur le ventre pardi,
Pour exaucer un rêve
D’adulte attendri,
Toi qui es la sève
La sève de sa vie.
Max RANDRIANTEFY