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Madagascar. Verdict redondant mais implacable de la Banque mondiale

Photos d’illustration. A gauche, la couverture du diagnostic de la Banque mondiale de 137 pages; Ă  droite, non inclus dans ce diagnostic, le PrĂ©sident Hery Rajaonariampianina, le 25 janvier 2014 Ă  Mahamasina, prĂȘtant serment devant Dieu et les hommes comme quoi il allait respecter la Constitution comme prunelle de ses yeux. Deux ans se sont Ă©coulĂ©s, mais il Ă©tait toujours -et demeure encore- Ă  la recherche et Ă  la mise en place de l’Etat de droit, en politisant les institutions et l'administration



C’est le 13 novembre 2015 qu’a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© le diagnostic de pays pour Madagascar (Systematic Country Diagnostic - SCD) de la Banque mondiale. Le PrĂ©sident Hery Rajaonarimampianina et le Premier ministre Jean Ravelonarivo diront ce qu’ils voudront mais le verdict est implacable.


Comprenant 137 pages, ce rapport a Ă©tĂ© rĂ©digĂ© par des experts, chacun dans leur domaine respectif. Il m’a fallu deux jours et une nuit pour le lire en entier. Extraits trĂšs lumineux sur un rĂ©gime de « Great Boasters », de « Chatterboxes » 

Ce Diagnostic SystĂ©matique de Pays a Ă©tĂ© menĂ© par Keiko Kubota (Economiste principal, IDA) avec une Ă©quipe de base composĂ©e de Satyam Ramnauth (IFC), les chefs de programmes de l’UnitĂ© de Gestion des Pays du Sud-Ouest de l'ocĂ©an Indien (Julio Revilla, Cristina Santos et Mark Austin), Coralie Gevers (ReprĂ©sentant RĂ©sident pour Madagascar). D'autres personnes ont apportĂ© des opinions d’expert tout au long du processus de DSP.

Madagascar est une nation insulaire dotĂ©e d’une biodiversitĂ© inĂ©galĂ©e et de nombreux atouts naturels, mais une grande majoritĂ© de ses 22 millions d’habitants sont pauvres. C’est un pays dotĂ© d’un grand potentiel, mais qui est sujet Ă  des catastrophes climatiques et des crises politiques rĂ©currentes. Parmi les pays pour lesquels des donnĂ©es sont disponibles, il est l'un des huit pays du monde dont le revenu par habitant en 2010 est plus faible qu'en 1960. Son Ă©conomie est dualiste avec l'agriculture de subsistance et un large secteur informel, qui occupe une grande majoritĂ© de la population, et un secteur formel petit mais relativement diversifiĂ©. La fin de la crise politique la plus rĂ©cente et la rĂ©daction du Plan National de DĂ©veloppement par le nouveau Gouvernement dĂ»ment Ă©lu offrent au pays l’occasion de tourner la page et de se lancer sur la voie d’une croissance inclusive, durable et accĂ©lĂ©rĂ©e.

Les pauvres sont dĂ©connectĂ©s de l'Ă©volution de l'Ă©conomie formelle urbaine et des tensions politiques – ce qui rĂ©duit au minimum les bĂ©nĂ©fices qu’ils peuvent tirer de la croissance, mais les protĂšge Ă©galement contre les turbulences frĂ©quentes. Ce document vise Ă  cerner les contraintes les plus critiques et les possibilitĂ©s pour Madagascar en vue d’accĂ©lĂ©rer la rĂ©alisation de l'objectif de mettre fin Ă  l'extrĂȘme pauvretĂ© de maniĂšre durable. L'accent est mis principalement sur la rĂ©duction de la pauvretĂ© plutĂŽt que sur le thĂšme de la «prospĂ©ritĂ© partagĂ©e» pour les quarante pour cent des plus pauvres de la population, Ă©tant donnĂ© que la part de la population qui est extrĂȘmement pauvre dĂ©passe largement 40%. L'analyse de la pauvretĂ© est menĂ©e dans un contexte de stagnation gĂ©nĂ©rale de l'Ă©conomie rurale, d’absence substantielle de liens entre l'Ă©conomie rurale et l’économie des zones urbaines, et d'instabilitĂ© politique qui provoque une cyclicitĂ© sĂ©vĂšre dans le dĂ©veloppement du secteur urbain et formel. Le bien-ĂȘtre de la population rurale est freinĂ© par le manque d'articulation avec le secteur urbain, mais cette dĂ©sarticulation amortit Ă©galement les impacts du ralentissement des secteurs formels et urbains sur le secteur rural.

L'augmentation de la productivitĂ© de la main-d’oeuvre dans l'agriculture et les secteurs informels contribuerait le plus Ă  une croissance plus inclusive parce qu’elle amĂ©liorerait le bien-ĂȘtre in situ et entraĂźnerait par ailleurs une transformation structurelle observĂ©e dans d'autres pays. Actuellement, la productivitĂ© de la main-d’oeuvre Ă  Madagascar dans le secteur de l'agriculture et les secteurs informels est faible par rapport Ă  celle d'autres pays. En outre, la population rurale est en augmentation, en partie en raison d’une croissance rapide de la population, aggravĂ©e par la migration en provenance des zones urbaines causĂ©es par les pertes d'emplois du secteur formel/ de la manufacture suite aux crises politiques les plus rĂ©centes. Une meilleure productivitĂ© de la main-d’Ɠuvre dans les secteurs oĂč les pauvres travaillent contribuera non seulement Ă  accĂ©lĂ©rer la croissance rapide, mais aussi Ă  attĂ©nuer le fossĂ© entre les 10% des plus riches de la population et le reste, qui sont pauvres ou sont susceptibles de tomber dans la pauvretĂ©.

La stabilitĂ© politique et une meilleure gestion du capital naturel du pays contribueraient le plus Ă  une croissance plus durable. La durabilitĂ© du dĂ©veloppement constitue un dĂ©fi Ă  deux dimensions Ă  Madagascar. Tout d'abord, l’économie du pays n’a jamais connu une croissance stable et continue, toutes les poussĂ©es de croissance ayant Ă©tĂ© cassĂ©es par des crises politiques rĂ©currentes. Le redressement par la suite n’a pas Ă©tĂ© suffisant pour regagner le terrain perdu. DeuxiĂšmement, Madagascar Ă©puise ses ressources naturelles pour rĂ©aliser la croissance Ă©conomique. Cet Ă©puisement des ressources rĂ©sulte des activitĂ©s des industries extractives formelles, du trafic illĂ©gal de ressources naturelles, des excĂšs dans l’accĂšs aux ressources communes (par exemple, les forĂȘts et la pĂȘche) ainsi que de mĂ©canismes de survie des pauvres (par exemple, la culture sur brĂ»lis, la coupe de de bois de chauffe, etc.). Sur le long terme, le dĂ©veloppement ne sera durable que si l’exploitation du capital naturel non renouvelable s’accompagne d’une accumulation accĂ©lĂ©rĂ©e de capital physique et humain et que si les ressources naturelles renouvelables sont gĂ©rĂ©es de maniĂšre durable.

Il sera nĂ©cessaire d’accroĂźtre les investissements pour accĂ©lĂ©rer la croissance, ce qui exigera plus de recettes publiques pour financer les investissements publics et une amĂ©lioration de l’environnement des affaires pour attirer l'investissement privĂ©. Le Gouvernement de Madagascar a trop peu de ressources propres pour accroĂźtre substantiellement les investissements et l'aide extĂ©rieure, sur laquelle il a comptĂ© traditionnellement, fluctue en fonction des Ă©vĂ©nements externes et des crises politiques. Il sera essentiel d’accroĂźtre les recettes du Gouvernement et d’amĂ©liorer sa capacitĂ© Ă  gĂ©rer les investissements si l’on veut accĂ©lĂ©rer la croissance. Le secteur privĂ© a fait l'essentiel des investissements dans le passĂ© et ses acteurs sont trop nĂ©gativement affectĂ©s par l'instabilitĂ© politique sous la forme d’incertitudes en gĂ©nĂ©ral ainsi que ses impacts sur l'Ă©conomie. L'environnement des affaires Ă  Madagascar agit Ă©galement comme un frein aux investissements.

Les dĂ©fis de l'inclusion, de la durabilitĂ© et de la croissance accĂ©lĂ©rĂ©e sont liĂ©s entre eux dans une mesure inhabituelle Ă  Madagascar. De ce fait, ce document est structurĂ© non pas autour des trois types de dĂ©fis, mais autour de cinq thĂšmes de gouvernance, des questions de finances publiques, d’une Ă©conomie propulsĂ©e par le secteur privĂ©, la pauvretĂ© et l'environnement, et le capital humain – autant d’élĂ©ments essentiels Ă  la rĂ©alisation d’une croissance plus rapide, plus inclusive et durable (voir la Graphique A pour le cadre de structuration).


Le chapitre 1 présente le contexte du pays.

Le chapitre 2 traite de la qualité de la gouvernance, une question primordiale à Madagascar. Elle a une incidence directe sur le rythme, l'inclusivité et la durabilité de la croissance. Tout en reconnaissant l'importance pour Madagascar d'améliorer la gouvernance, une entreprise difficile sur le moyen terme, ce Diagnostic Systématique de Pays fait valoir que le progrÚs est également possible.

Le chapitre 3 explique comment l'amĂ©lioration de la gestion des finances publiques et l'augmentation des recettes publiques, en particulier, pourraient ĂȘtre utilisĂ©es comme un prisme pour une meilleure gouvernance.

Le chapitre 4 traite le rÎle et les défis du secteur privé, le principal moteur de la croissance.

Le chapitre 5 examine les dĂ©fis qui se posent pour renforcer le capital humain dans un pays avec une population trĂšs jeune et prĂ©sentant l’un des taux de retard de croissance et de malnutrition infantiles les plus Ă©levĂ©s au monde.

Le chapitre 6 aborde les visages de la pauvretĂ©, qui sont Ă  prĂ©dominance rurale, agricole et informelle. Madagascar n’a pas encore entamĂ© une transformation structurelle et la pauvretĂ© et l'environnement sont Ă©troitement liĂ©s dans le pays. Le chapitre examine Ă©galement les dĂ©fis qui se posent pour amĂ©liorer la gestion des ressources naturelles et protĂ©ger les pauvres contre les catastrophes naturelles et les impacts du changement climatique.

Le chapitre 7 résume les défis et priorise les réformes.

Selon toute attente, Madagascar n’atteindra aucun des Objectifs du MillĂ©naire pour le DĂ©veloppement (OMD). Si des avancĂ©es ont Ă©tĂ© faites vers la rĂ©alisation de quelques OMD au cours des annĂ©es 2000, la tendance a Ă©tĂ© inversĂ©e par la forte rĂ©cession Ă©conomique de 2009 et la lenteur du redressement qui a suivi. Avec la dĂ©tĂ©rioration de ses rĂ©sultats en santĂ© et en Ă©ducation Ă  compter de 2009, Madagascar s’est vu relĂ©guer au 155Ăšme rang mondial de l’Indice de DĂ©veloppement Humain des Nations Unies en 2014.

La pauvretĂ© est beaucoup plus rĂ©pandue en milieu rural et dans le sud-ouest de Madagascar. PrĂšs de 80% de la population malgache vit en milieu rural et les taux de pauvretĂ© rurale sont presque deux fois plus Ă©levĂ©s que ceux relevĂ©s en milieu urbain. La pauvretĂ© extrĂȘme est plus marquĂ©e dans le sud-est du pays, alors que son incidence est considĂ©rablement moindre dans la rĂ©gion de la capitale.

Par ailleurs, de façon gĂ©nĂ©rale, le classement des rĂ©gions en matiĂšre d’incidence de la pauvretĂ© n’a guĂšre changĂ© au fil des annĂ©es. Les amĂ©liorations risquent d’ĂȘtre Ă©phĂ©mĂšres et avec un taux Ă©levĂ© de chocs alĂ©atoires liĂ©s au climat, les fluctuations Ă  court terme de la consommation ne doivent pas ĂȘtre prises pour des tendances Ă  long terme.

Les principales caractĂ©ristiques des mĂ©nages associĂ©es Ă  la pauvretĂ© ont un emploi dans le secteur agricole, ont de faibles niveaux d’instruction et un accĂšs restreint aux avoirs productifs. (
) Environ un tiers de la population malgache subit des privations Ă  diffĂ©rents niveaux, notamment la consommation, l’accĂšs Ă  l’éducation, l’usage de l’électricitĂ© et la possession d’avoirs de base du mĂ©nage (Banque mondiale, 2014). Ainsi qu’il a Ă©tĂ© notĂ© dans d’autres pays, les fonctions cognitives de ces groupes de population peuvent Ă©galement ĂȘtre amoindries, ce qui se manifeste parfois par une capacitĂ© de prise de dĂ©cision limitĂ©e et une capacitĂ© rĂ©duite Ă  penser sur le long terme face Ă  un besoin prĂ©sent pressant. Quand les fonctions cognitives des gens sont affectĂ©es ainsi, leur capacitĂ© Ă  relever le dĂ©fi d’amĂ©liorer leur situation et celle de leur famille se trouve amoindrie, ce qui va perpĂ©tuer le cycle de la pauvretĂ© extrĂȘme8. Si l’accroissement de la pauvretĂ© extrĂȘme constitue un problĂšme de bien-ĂȘtre plus grave, les conditions qualitatives de la pauvretĂ© et Ă©ventuellement, ses causes primaires, sont similaires sur toute la rĂ©partition de la consommation mais se prĂ©sentent Ă  des degrĂ©s diffĂ©rents au sein de la population.

Les mĂ©nages dirigĂ©s par une femme et les mĂ©nages comptant un nombre plus Ă©levĂ© d’enfants prĂ©sentent des taux de pauvretĂ© plus Ă©levĂ©s. (
) Les mĂ©nages dirigĂ©s par une femme ayant un Ă©tat civil autre que « mariĂ©e » (Ă  l’inclusion des femmes mariĂ©es selon la tradition, en union libre, sĂ©parĂ©es ou divorcĂ©es) prĂ©sentent gĂ©nĂ©ralement une faible consommation par personne mĂȘme quand les facteurs de l’éducation, des terres et des autres avoirs sont pris en compte (Banque mondiale 2014, Visage de la pauvretĂ©). Les mĂ©nages comptant un nombre plus Ă©levĂ© d’enfants tombent dans la catĂ©gorie « pauvre » de façon disproportionnĂ©e et ceux comptant des enfants en bas Ăąge constituent le segment le plus pauvre de la population de Madagascar

L’insuffisance des investissements dans des avoirs productifs explique en partie la mauvaise performance de l’économie malgache qui n’a pas su s’accorder au rythme de la croissance dĂ©mographique. En 2014, le PIB par habitant s’élevait Ă  uniquement 271 USD (en dollars constants de 2005), ce qui correspond environ Ă  la moitiĂ© de ce qu’il Ă©tait en 1971 quand il a atteint le pic de 501 USD aprĂšs son accession Ă  l’indĂ©pendance. Madagascar dĂ©tient donc l’un des PIB par habitant les plus bas du monde. La croissance moyenne de Madagascar ne s’est Ă©levĂ©e qu’à 1% par an entre 2009 et 2014 (y compris la rĂ©cession de 2009), ce qui est infĂ©rieur Ă  la fois Ă  la moyenne de 4,7% de la rĂ©gion subsaharienne en 2013 qu’à son taux Ă©levĂ© de croissance dĂ©mographique (estimĂ© Ă  environ 2,8%). La population a doublĂ©15 entre 1990 et 2013 et la moitiĂ© de cette croissance s’est produite avant 2003. Selon la derniĂšre projection dĂ©mographique des Nations Unies16, d’ici Ă  2030, la population de Madagascar se sera accrue d’environ 50% pour atteindre 36 millions d’habitants et la population ĂągĂ©e entre 15 et 24 ans aura augmentĂ© d’environ 2 millions.

Le pays doit instituer un environnement favorable aux investissements privĂ©s s’il veut un jour rĂ©aliser son potentiel de croissance. La moitiĂ© des entreprises enquĂȘtĂ©es lors de l’EnquĂȘte auprĂšs des Entreprises 2014 ont indiquĂ© que l’instabilitĂ© politique Ă©tait l’obstacle majeur Ă  leurs activitĂ©s. La disponibilitĂ© d’énergie est un grave goulot d’étranglement pour le secteur de la fabrication, en particulier hors de la capitale, et limite les investissements dans les secteurs productifs tels que la pĂȘche, le tourisme et l’agroalimentaire. De plus, le secteur privĂ© souffre du comportement non compĂ©titif d’opĂ©rateurs ayant des relations et les problĂšmes de gouvernance d’entreprise sont exacerbĂ©s par un systĂšme judiciaire dĂ©faillant. Par exemple, Air Madagascar et JIRAMA, des entreprises d’utilitĂ© publique appartenant Ă  l’État font des pertes, ont des structures de gouvernance d’entreprise opaques et ne publient pas les Ă©tats financiers vĂ©rifiĂ©s stipulĂ©s par la loi. Certaines grandes firmes privĂ©es ne rĂ©vĂšlent pas non plus les donnĂ©es standards requises par la loi. Par exemple, seules prĂšs de la moitiĂ© des sociĂ©tĂ©s bĂ©nĂ©ficiant des avantages du systĂšme de zone franche avaient soumis leur rapport d’activitĂ© pour l’annĂ©e 2014 dans les dĂ©lais prescrits par la loi.

Les scores de gouvernance de Madagascar sont peu Ă©levĂ©s Ă  cause des disparitĂ©s relevĂ©es entre la rĂ©glementation officielle et sa mise en Ɠuvre dans la pratique. Le cadre juridique et rĂ©glementaire du pays, par exemple, le dispositif de gestion des finances publiques et les lois fiscales (traitĂ©es au Chapitre 3) et la loi sur la concurrence (traitĂ©e au Chapitre 4), est globalement jugĂ© adĂ©quat. NĂ©anmoins, le pays se voit attribuer des scores de gouvernance peu Ă©levĂ©s et en baisse sur les Indicateurs de Gouvernance Mondiale (WGI) et l’Indice de Transparency International de Perception de la Corruption *, parce que la mise en Ɠuvre est dĂ©faillante.

* La performance de Madagascar en ce qui concerne l’Indice de Perception de la Corruption de Transparency International s’est graduellement dĂ©tĂ©riorĂ©e passant de la 84Ăšme place (2006) Ă  la 133Ăšme (2014) sur 176 pays.

La gouvernance apparaĂźt comme une contrainte majeure Ă  une croissance Ă©conomique soutenue, inclusive et forte du pays. La fragilitĂ© de Madagascar est due au fait que l’état de droit n’est pas respectĂ© de façon systĂ©matique et que le systĂšme judiciaire est incapable de faire rĂ©ellement appliquer la loi. Une analyse rĂ©cente attribuerait cette fragilitĂ© Ă  plusieurs Ă©lĂ©ments structurels et historiques. Il s’agirait notamment : i) d’un État et d’un systĂšme politique au service de l’élite ; ii) du rĂŽle persistant de l’armĂ©e dans la dynamique politique ; iii) de la fragmentation de la sociĂ©tĂ© (gĂ©ographique et sociale) ; iv) de la non effectivitĂ© du processus de dĂ©centralisation ; et v) des tensions liĂ©es Ă  la bataille pour l’exploitation des ressources naturelles du pays (terrestres et extractives). De plus, le rapport souligne que la fragilitĂ© du pays s’est aggravĂ©e au cours des derniĂšres annĂ©es Ă  cause : 1) d’une criminalitĂ© et d’une insĂ©curitĂ© grandissantes, 2) de la croissance rapide d’une Ă©conomie de trafic, 3) de la criminalisation d’une part significative des forces de l’ordre du pays, et 4) d’un systĂšme judiciaire peu performant, absent dans de larges zones du territoire, qui pousse les gens Ă  se faire justice eux-mĂȘmes. Le chapitre suivant aborde les dĂ©fis de gouvernance en dĂ©tail.

Présentation de France 24 non incluse dans le diagnostique

Chapitre 7. Résumé des défis

Sont présentés, ici, uniquement les titres en gras dans le rapport.

Ce chapitre propose des prioritĂ©s parmi les nombreuses contraintes qui ont Ă©tĂ© analysĂ©es dans les chapitres prĂ©cĂ©dents et cerne celles qui devraient avoir le plus grand impact en termes d’accĂ©lĂ©ration de la rĂ©alisation de l'objectif de mettre fin Ă  l'extrĂȘme pauvretĂ© de maniĂšre durable Ă  Madagascar. Pour rappel, ce rapport part de la prĂ©misse selon laquelle la mauvaise gouvernance, qui tire son origine en partie des mauvaises dynamiques parmi les Ă©lites Ă©conomiques et l'instabilitĂ© politique, affecte la capacitĂ© de l'État Ă  recouvrer ses recettes, ce qui contribue Ă  un mauvais climat d'investissement et donc Ă  la faiblesse des investissements et empĂȘche un contrĂŽle adĂ©quat des ressources naturelles du pays. Le faible niveau des recettes fiscales empĂȘche l'État d'entreprendre des investissements pour soutenir une transformation structurelle de l'Ă©conomie et de fournir des services de base suffisants pour dĂ©velopper le capital humain du pays. La faible croissance Ă©conomique, la stagnation du capital humain et la croissance rapide de la population ont pour rĂ©sultat une baisse continue du revenu par habitant, amenant les communautĂ©s Ă  dĂ©pendre de plus en plus des ressources naturelles et contribuant ainsi Ă  l'Ă©puisement des ressources. Cette dĂ©gradation des ressources pourrait atteindre un tel niveau qu'elle empĂȘcherait les gens de sortir de la pauvretĂ© par la suite. Une sĂ©rie de recommandations est formulĂ©e dans ce chapitre, les principales Ă©tant rĂ©sumĂ©es dans le tableau 1 ci dessous.

Pour dĂ©finir les interventions prioritaires, chacun des dĂ©fis relevĂ©s ci-dessus a Ă©tĂ© Ă©valuĂ© par rapport Ă  un ensemble de critĂšres: Impact sur la rĂ©duction de l’extrĂȘme pauvretĂ© : Horizon temporel des impacts ; Conditions prĂ©alables ; Contribution Ă  la rĂ©duction de la fragilité ; Fondement sur des donnĂ©es factuelle ; Capital politique nĂ©cessaire.

Le principal critÚre de sélection du défi comme une priorité et son impact sur la réduction de la pauvreté.

Le développement durable de Madagascar est entravé par plusieurs défis de gouvernance qui tirent leur origine de la concentration des pouvoirs politiques et économiques au sein de quelques réseaux dirigés par des chefs puissants.

Le développement de Madagascar est également entravé par la faiblesse des recettes publiques et de la prestation de services.

Il sera essentiel de libérer le potentiel du secteur privé pour accélérer la croissance économique.

Le développement à long terme de Madagascar dépendra de la capacité du pays à investir dans le rehaussement du capital humain.

L'absence de progrĂšs dans la rĂ©duction de l'extrĂȘme pauvretĂ© rĂ©sulte dans une large mesure du fait que la vie des pauvres en milieu rural n’a pu ĂȘtre amĂ©liorĂ©e, une grande majoritĂ© de cette population travaillant en milieu rural dans l'agriculture ou le secteur informel et dĂ©pendant des ressources naturelles pour leur subsistance.

Quelques mesures peuvent amĂ©liorer rapidement la vie d'un grand nombre de personnes. Pour surmonter la contrainte financiĂšre, il faudrait adopter des mesures qui feront face Ă  une forte opposition de groupes qui ont bĂ©nĂ©ficiĂ© d’exonĂ©rations fiscales et douaniĂšres et de subventions. Cependant, cela est essentiel si l’on veut accroĂźtre les investissements pour les infrastructures et les services de base. Favoriser la croissance du secteur privĂ©, une action qui ne nĂ©cessite pas de financement public important, pourrait avoir un impact rapide et significatif sur la pauvretĂ©, en particulier dans les zones urbaines, et ne se heurterait pas Ă  la rĂ©sistance insurmontable rĂ©sultant des intĂ©rĂȘts acquis. Les efforts visant Ă  accroĂźtre la productivitĂ© agricole et Ă  amĂ©liorer la gestion des ressources naturelles auraient le plus grand impact sur la pauvretĂ© extrĂȘme dans le moyen Ă  long terme. Toutes les recommandations pour rehausser le capital humain exigent un financement supplĂ©mentaire, qui est rare, et bien qu'elles ne rĂ©duisent pas la pauvretĂ© de maniĂšre significative du jour au lendemain, elles apportent l'espoir d'un avenir meilleur. Quand ces mesures sont Ă  mettre en Ɠuvre au niveau local, il serait avantageux de le faire en renforçant les collectivitĂ©s locales et en rehaussant la participation des communautĂ©s car cela rĂ©duirait probablement la fragilitĂ© du pays.

Une partie de la contrainte financiĂšre doit ĂȘtre surmontĂ©e avec l'aide des partenaires au dĂ©veloppement.

Madagascar a prouvĂ© dans le passĂ© qu'il peut avancer sur la voie des rĂ©formes. Cette fois, le Gouvernement devra non seulement se concentrer encore plus sur l'accĂ©lĂ©ration de la croissance Ă©conomique, mais aussi veiller Ă  ce que les bĂ©nĂ©fices de cette croissance soient partagĂ©s Ă©quitablement sur l’ensemble de la population et du pays. La stabilitĂ© et la prospĂ©ritĂ© du pays en dĂ©pendent.


L'équipe tient à remercier les pairs évaluateurs Raju Singh (Chef de programme, LCC8C) et Lars Sondergaard (Chef de programme, EACTF) pour leurs commentaires perspicaces et constructifs, et à Rondro Rajaobelison et Madeleine Chungkong qui ont supporté l'équipe de maniÚre compétente. Enfin, l'équipe voudrait remercier Mark Lundell (Directeur Pays, Banque mondiale), Oumar Seydi (Directeur, IFC), Mark Thomas (Practice Manager) pour leurs conseils, leur soutien et leurs commentaires tout au long du processus de SCD. La préparation du rapport et le travail d'analyse en amont ont bénéficié de la collaboration étroite avec le Gouvernement, les partenaires au développement et les autres parties prenantes.

CondensĂ© par Jeannot Ramambazafy – 15 novembre 2015

Mis Ă  jour ( Lundi, 16 Novembre 2015 15:39 )  
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