Palais d’État, Iavoloha, 08 juin 2016. Visite de la mission du FMI, menée par Marshall Mills, au Président Hery Rajaonarimampianina. Photo très démonstrative du « cause toujours, tu m’intéresses »
Ah le langage diplomatique. Mais en ce qui concerne le domaine financier, le FMI (Fonds monétaire international), c’est comme la Banque mondiale: plus il prête, plus on est endetté. Préalables remplis ou pas, des millions de dollars seront transférés à l’actuel gouvernement malgache. Il s’agit de crédits d'argent. Si le FMI parle de mesures préalables pour obtenir une FEC (Facilité élargie de crédit), il fait semblant de ne pas communiquer directement les conditions de ce genre de prêt.
Tout d’abord, il faut savoir que l'une des principales fonctions du FMI est de fournir des prêts aux pays membres qui éprouvent des difficultés réelles ou potentielles de balance des paiements. Les concours financiers accordés par le FMI aident les pays qui s'efforcent de reconstituer leurs réserves internationales, de stabiliser la valeur de leur monnaie, de continuer à régler leurs importations et de restaurer les conditions d'une croissance forte et durable tout en prenant des mesures pour remédier aux problèmes de fond. Contrairement aux banques de développement, le FMI n'accorde pas de prêts pour des projets spécifiques.
Le FMI a créé au fil des ans divers instruments de prêt adaptés aux conditions spécifiques de ses divers pays membres. Les pays à faible revenu peuvent emprunter à des taux concessionnels par l’intermédiaire de la facilité élargie de crédit (FEC), la facilité de crédit de confirmation (FCC) et la facilité de crédit rapide (FCR). Un financement au titre de la FEC est assorti d’un taux d’intérêt nul (jusqu’à fin 2016), d’un délai de remboursement de cinq ans et demi et d’une échéance finale de dix ans. Rien n’est donc encore acquis. Mais, tout de même: à vos calculettes pour jouer à l’expert-comptable concernant une éventuelle FEC de 310 millions de dollars. Et pour savoir jusqu’à quand le peuple malgache casquera combien.
Marshall Mills
En effet, au terme de la visite à Antananarivo du 25 mai au 8 juin 2016 d’une mission du FMI, M. Mills a rendu publique la déclaration suivante:
Les Autorités Malagasy et les services du FMI sont arrivés à un accord de principe sur un programme économique valable jusqu’à fin 2019, ouvrant la voie à une croissance soutenue et inclusive. Les politiques envisagées dans ce cadre pourraient bénéficier d’un concours de 220 millions de DTS (environ 310 millions de dollars) au titre de la Facilité élargie de crédit (FEC) du FMI, concours subordonné à l’approbation de la Direction Générale et du Conseil d’administration du Fonds. Sous réserve que les Autorités Malagasy exécutent à temps les mesures préalables et obtiennent les assurances de financements nécessaires, le Conseil d’administration pourrait examiner à la fin du mois de juillet 2016, la demande d’appui au titre de la FEC présentée par Madagascar.
Ici, la partie malgache (le Président Hery Rajaonarimampianina suivi du Premier Ministre Olivier Mahafaly, du Ministre des Finances et du Budget, Gervais Rakotoarimanana, du Ministre de l’Economie et de la Planification, le Général Herilanto Raveloharison, du Gouverneur de la Banque centrale, Alain Rasolofondraibe -caché-) a vraiment une tête d'enterrement. Non? Elle avait certainement cru recevoir cette FEC de 310 millions de dollars les yeux fermés, en guise de cadeau pour le 26 juin
Que lit-on sur le site officiel de la présidence de la république malgache? De la littérature pour attardés mentaux: Madagascar et le Fond Monétaire International sont parvenues à un accord de principe sur le Programme économique couvrant l’horizon 2019, ouvrant la voie à une croissance soutenue et inclusive. Moyennant l’approbation de la Direction Générale et le Conseil d’Administration du FMI, Madagascar pourra bénéficier d’un concours de 220 Millions de DTS, soit 310 Millions de Dollars, au titre de la Facilité Elargie de Crédit du FMI. Sous réserve de l’exécution à temps des mesures préalables et l’obtention des assurances de financements nécessaires, le Conseil d’Administration du FMI pourrait examiner à la fin du mois de juillet, la demande d’appui au titre de la FEC présentée par Madagascar. Cela s’appelle malhonnêteté intellectuelle : une partie de promesse mirobolante, une autre partie d’une réalité qui s’échappe au fil du temps.
Mais qu’avaient donc promis de faire le Président Hery Rajaonarimampianina et son équipe gouvernementale auparavant? Surtout qu’entre-temps, le Premier ministre Jean Ravelonarivo a été limogé en avril 2016 (ICI) au profit du ministre de l’Intérieur, Olivier Mahafaly, qui avait parlé de « gouvernement de combat ». Contre qui, contre quoi ?
Le Président Rajaonarimampianina et l'équipe du Premier ministre Jean Ravelonarivo, très prometteur. Hélas...
Une équipe des services du FMI composée de MM. Mills (chef), Engstrom et Matz (tous du Département Afrique), de Mme Muthoora (Département des finances publiques) et de M. Pienkowski (Département de la stratégie, des politiques et de l’évaluation) ont séjourné à Antananarivo du 9 au 23 septembre 2015. La mission a bénéficié de l’assistance de M. Imam (représentant résident) et de Mme Rasoamanana (économiste locale). La mission a rencontré le Président, M. Rajaonarimampianina, le Premier Ministre, M. Ravelonarivo, le Ministre des finances et du budget, M. Rakotoarimanana, le Ministre de l’économie et de la planification, M. Raveloharison, le Gouverneur de la banque centrale, M. Rasolofondraibe, le Conseiller économique du Président, M. Rajaobelina, et d’autres hauts fonctionnaires, ainsi que des représentants du secteur privé, de la société civile et des partenaires au développement. M. Ismaël (Bureaux des administrateurs) et des membres des services de la Banque mondiale ont participé aux entretiens.
Rapport des services du FMI préparé par une équipe des services du FMI
Christine Lagarde, Directrice générale du FMI
Ce, à la suite des entretiens qui ont pris fin le 23 septembre 2015 avec les autorités de la République de Madagascar. La rédaction du rapport des services du FMI, qui repose sur les informations disponibles au moment de ces entretiens, a été achevée le 4 novembre 2015
Dans leur Mémorandum de politique économique et financière (MPEF), les autorités décrivent les mesures qu’elles ont mises en œuvre cette année et celles qu’elles ont l’intention d’appliquer en 2016, mais en particulier au cours des 6 prochains mois (fin septembre 2015-fin mars 2016) dans le cadre du programme de référence. L’accord FCR jouera aussi un rôle catalyseur pour mobiliser l’aide des bailleurs de fonds, et les autorités sont d’avis qu’il ouvrira la voie à un accord FEC.
Perspectives et action pour 2016
Les mesures prévues dans le programme de référence visent à s’attaquer aux faiblesses des finances publiques, à préserver la stabilité macroéconomique, à améliorer la gouvernance et à jeter les bases d’une croissance durable.
Le programme cadre avec le Plan national de développement pour la période 2015-2019 et le Plan d’urgence présidentiel pour la période 2015-2016. Pour 2016, faute d’un autre choc majeur, la croissance devrait atteindre 4,3%, portée principalement par l’augmentation de la production agricole, un redressement des exportations de textiles et du tourisme, et des investissements dans les infrastructures. Cependant, en vue d’accélérer la croissance et de la pérenniser, les autorités collaborent étroitement avec leurs partenaires au développement et des investisseurs privés extérieurs pour financer des investissements publics indispensables. L’inflation devrait rester voisine de 7% et le déficit budgétaire être réduit à 3,2% du PIB. Les autorités s’attendent aussi à une augmentation des réserves internationales.
Finances publiques
La loi de finances 2016 qui été présentée à l’Assemblée nationale prévoit une augmentation des recettes à hauteur d’environ 0,6% du PIB (y compris une opération exceptionnelle pour la régularisation des arriérés d’impôts d’Air Madagascar) et un meilleur ordre de priorité pour les dépenses.
Le déficit budgétaire sur la base des engagements devrait tomber à 3,2% du PIB en 2016. Les recettes devraient augmenter grâce à des mesures visant à améliorer l’administration de l’impôt, à assurer le respect des obligations fiscales, à combattre la fraude et à éliminer certaines exonérations. Des recettes supplémentaires sont attendues de nouvelles mesures telles qu’une accise uniforme de 10% sur tous les nouveaux véhicules importés, un relèvement de l’accise sur les boissons alcoolisées et non alcoolisées, et une taxe d’arrivée pour les touristes, entre autres. Les efforts tout aussi importants qui sont déjà déployés pour renforcer l’administration des recettes seront encore intensifiés. En ce qui concerne les dépenses, les autorités élimineront les subventions aux carburants, continueront d’assainir la solde de la fonction publique et de réduire les transferts aux entreprises non rentables. Les autorités s’attendent à ce que les mesures envisagées, en particulier la réduction des subventions aux carburants et aux entreprises publiques, permettent d’accroître les dépenses dans les secteurs prioritaires tels que l’agriculture, l’éducation, la santé et les infrastructures. Les autorités se penchent aussi sur le problème des arriérés de paiement.
Malgré leurs meilleures intentions, elles n’ont pas pu accomplir de progrès dans ce domaine, en partie à cause des chocs économiques et financiers imprévus. Cependant, elles sont déterminées à résoudre ce problème et, en s’appuyant sur les recommandations de la récente assistance technique du FMI, elles établissent une structure qui permettrait d’éviter l’apparition de nouveaux arriérés et de régler l’encours existant, y compris les arriérés de remboursements de la TVA.
À compter de janvier 2016, un compte séquestre sera créé à la banque centrale pour réunir les ressources nécessaires aux remboursements de la TVA. Avec l’appui de la Banque africaine de développement, les autorités sont en train de formuler une stratégie de réforme de la gestion des finances publiques pour la période 2016-2020.
Les autorités reconnaissent qu’il importe d’accroître les recettes et de maîtriser les pertes financières des entreprises publiques, en particulier la JIRAMA et Air Madagascar. Elles collaborent étroitement avec la Banque mondiale pour réformer ces deux entreprises.
En ce qui concerne la JIRAMA, un consultant a été chargé d’établir un plan d’amélioration de la gestion, qui prévoit la restructuration administrative de l’entreprise. Un programme d’audit sur place des 1.000 plus gros utilisateurs a débuté, et les autorités examinent la possibilité d’utiliser des compteurs modernes pour les nouveaux clients afin de réduire au minimum les pertes.
Des mesures sont prises aussi pour réduire les coûts, en particulier la remise en état des générateurs à fioul lourd et l’audit des contrats des fournisseurs. Air Madagascar pèse lourdement sur les finances publiques et les autorités prennent des mesures vigoureuses non seulement pour améliorer la situation financière de la compagnie, mais aussi pour la réorganiser de manière à la rendre compétitive au niveau international. À cet égard, la direction et le conseil d’administration ont été remplacés, et la nouvelle équipe collabore avec la Banque mondiale pour trouver des experts externes qui seront chargés de restructurer la compagnie et d’établir un nouveau plan d’activités sous la direction d’un nouveau président.
Politique monétaire
La banque centrale continuera de mener une politique monétaire prudente visant à maintenir l’inflation aux alentours de 7%, à préserver la flexibilité du taux de change et à accroître les réserves internationales. À cet égard, elle utilisera les ventes de bons du Trésor et les adjudications hebdomadaires de dépôts pour atteindre ses objectifs en matière de liquidité.
Elle laissera le taux d’intérêt de référence fluctuer davantage de manière à tenir compte de l’évolution du marché monétaire.
Des mesures sont prises aussi pour renforcer l’indépendance de la banque centrale et en améliorer la gouvernance et les contrôles.
Une loi révisée sur la banque centrale sera soumise au cabinet pour approbation avant la fin de l’année et inclut, entre autres, des dispositions qui prévoient un mécanisme efficace pour le transfert automatique des pertes et profits de la banque centrale à l’État, une réduction progressive des avances statutaires de la banque centrale et la mise en place d’un comité d’audit du conseil d’administration. Par ailleurs, toutes les obligations de l’administration centrale envers la banque centrale seront réglées grâce à l’émission d’instruments porteurs d’intérêt, ce qui devrait améliorer la situation financière de la banque centrale.
Secteur financier
La réforme du secteur financier se poursuivra.
Un plan d’action sera mis en forme finale après l’achèvement du programme d’évaluation du secteur financier (PESF) qui est en cours.
Entre-temps, la banque centrale prend des mesures pour améliorer le contrôle des banques étrangères, mettre en forme finale la loi régissant la banque mobile et achever la révision de la loi sur le secteur financier, y compris la mise en place d’une bourse de valeurs mobilières en 2016. Les autorités collaborent aussi avec la Banque mondiale pour réformer et renforcer le contrôle du secteur de la micro-finance.
Objectifs à moyen terme
À moyen terme, l’objectif reste de réduire durablement la pauvreté en réalisant une croissance vigoureuse et durable dans un environnement macroéconomique stable.
À cet égard, les autorités continuent de viser la réconciliation nationale, en prenant des mesures pour renforcer les institutions de manière à améliorer la gouvernance et mettre en place un contexte propice au développement du secteur privé. Un facteur important à cet effet est l’existence d’infrastructures de qualité, qui sont aujourd’hui largement insuffisantes.
Cependant, le pays dispose de ressources très limitées pour engager de tels investissements et atteindre les objectifs énoncés dans le Plan national de développement. Les autorités établissent donc un plan des projets les plus importants dont l’ordre de priorité est soigneusement établi. Elles explorent aussi toutes les options de financement, y compris les partenariats publics-privés (PPP).
Plusieurs projets qui peuvent être mis en œuvre à l’aide de PPP ont déjà été recensés. Afin de réduire au minimum les risques budgétaires, un cadre d’action et un cadre juridique pour les PPP est en cours d’établissement et devrait être adopté d’ici la fin d’année. Les autorités accordent aussi une grande importance à l’amélioration de la gouvernance et à la lutte contre la corruption. À cet égard, elles ont mis en place une stratégie nationale de lutte contre la corruption et ont accru les crédits budgétaires affectés aux organismes chargés de cette lutte. Des mesures supplémentaires, qui sont présentées dans le MPEF, seront mises en œuvre progressivement à moyen terme. Les autorités comptent aussi recevoir une aide financière supplémentaire de leurs partenaires au développement lors de la conférence des bailleurs de fonds qu’elles ont l’intention d’organiser au début de l’année prochaine et pour laquelle l’accord FCR jouera un rôle catalyseur.
NOTA:
Le 18 novembre 2015, le Conseil d’administration du Fonds monétaire international (FMI) a approuvé un décaissement de 30,55 millions de DTS (environ 42,1 millions de dollars) en faveur de Madagascar au titre de la facilité de crédit rapide (FCR) 1.
Il s’agit d’aider les autorités à satisfaire leurs besoins urgents de financement de la balance des paiements.
La demande des autorités fait suite à un premier décaissement d’un montant équivalent (30,55 millions de DTS, soit environ 42,1 millions de dollars) au titre de la FCR, qui a été approuvé par le Conseil d’administration le 18 juin 2014.
1 La FCR permet d’apporter une aide financière immédiate assortie d’une conditionnalité limitée aux pays à faible revenu qui se heurtent à un problème immédiat de balance des paiements. Dans ce contexte, les politiques économiques menées par un pays membre bénéficiant d’un financement au titre de la FCR sont censées remédier aux difficultés sous-jacentes de balance des paiements et concourir à la réalisation des objectifs poursuivis par les pouvoirs publics, notamment la stabilité macroéconomique et la réduction de la pauvreté. Les financements au titre de la FCR sont assortis d’un taux d’intérêt nul, d’un différé d’amortissement de cinq ans et demi et d’une échéance finale de dix ans. Le FMI revoit tous les deux ans les taux d’intérêt de toutes les facilités concessionnelles.
Olivier Mahafaly, Premier ministre essayiste et mendiant au service du HVM
CONCLUSION VIS-A-VIS DES REALITES SUR LE TERRAIN
En ce mois de juin 2016, force est de constater que le régime Rajaonarimampianina n’a pas fait grand’chose en regard de ce rapport, à part raconter des histoires à dormir debout à propos de l’inexistence du Kere dans le Sud, de l’inexistence de la paupérisation de la population malgache. Il a surtout révélé son sens incroyable d’irresponsabilité concernant la situation globale dans laquelle Madagascar se trouve actuellement, sur fond de terrorisme d’état sous prétexte de déstabilisation, de coup… d’état. Le président de la république élu depuis deux ans et demi, c’est Hery Rajaonarimampianina et personne d’autres. Non? FMI: prêtez encore et toujours, il en va de vos propres intérêts. En attendant la grande dégringolade.
Dossier de Jeannot Ramambazafy – 09 juin 2016
Source: FMI