La mission du FMI, conduite par Marshall Mills (à droite du Président Hery Rajaonarimampianina sur la photo ci-dessus), au Palais d'Etat d'Iavoloha, en mars 2016
Quiconque demande un prêt à n’importe quelle banque sera toujours reçu à bras ouverts, avec un discours nuancé pour ne pas effrayer le poisson. La Banque mondiale ne fait pas exception. Ainsi, jamais elle ne dira directement qu’il y a beaucoup d’eau dans le gaz de la gouvernance du régime Hvm/Rajaonarimampianina. Le reste n’est qu’une question malgacho-malgache.
Justement, je ne sais pas si je suis illettré mais, pour l’instant, des 6 milliards USD et quelques promis lors de la Conférence des bailleurs de fonds à Paris (1-2 décembre 2016), Hery Rajaonarimampianina devra donc attendre l’année prochaine, étant donné que ce sont les sous empruntés de la dernière FEC (Facilité élargie de crédit) qui sont, pour le moment, utilisés. Ainsi, le résumé de la déclaration ci-après est: tout est conforme, mais…
Car, en deçà de tous ces chiffres et pourcentages, les prix des PPN ont flambés juste après du XVIème sommet de la Francophonie car, sans crier gare, le prix des carburants à la pompe a subi une augmentation inexpliquée. Ce qui chamboulera assurément toutes les prévisions bien alignées du FMI.
Déclaration du MMM en malgache ICI
Par ailleurs, le rideau tiré de ce sommet annonce la fin de la trêve politique quémandée par le Premier ministre Olivier Mahafaly. Ainsi, comme l’écrit la FMI, ci-dessous: Le succès du programme risque aussi d’être compromis par une instabilité politique. Mais à qui la faute? Aux dirigeants qui se complaisent dans une autosatisfaction sans tenir compte des réalités sociales, économiques et politiques qui prévalent, ou à la majorité des Malgaches noyés dans une pauvreté monétaire insoutenable? Et effectivement, si “évènements imprévus” il y aura, c’est qu’ils sont, en fait, tout à fait prévisibles mais trop longtemps ignorés voire escamotés par des mensonges au plus haut niveau de l’État.
Didier Ratsiraka à son second retour d'exil, le 24 novembre 2011. Il a chanté "non, rien de rien, je ne regrette rien" (ICI). Au premier plan, deuxième à gauche, en lunettes, Tantely Andrianarivo, son dernier Premier ministre
Pour rappel, car il faut toujours prendre des leçons de l’Histoire: en 1990, dans la IIème république, sous Didier Ratsiraka, le FMI avait déclaré que Madagascar était un “bon élève”, avec un taux de croissance de 4,5%. Un an après, le peuple s’est levé, mais soulevé et ce fut la fin de la IIème république toute entière. Allez savoir pourquoi...
Au premier plan, de g. à dr.: Didier Ratsiraka, Norbert Lala Ratsirahonana, Marc Ravalomanana, anciens chefs d'Etat
Lors de la seconde moitié de la IIIème république, lorsque Norbert Lala Ratsirahonana a été chef d’État par intérim, le même FMI lui a aussi passé la brosse à reluire. Ce qui l’a amené à fondé son parti “Asa Vita no Ifampitsarana” – AVI (A l’œuvre on connaît l’artisan). Même démarche, lors du retour de Didier Ratsiraka, sur son Premier ministre Tantely Andrianarivo, avec 5,3% de taux de croissance. Mais la république humaniste écologique est mort-née. Enfin, sous Marc Ravalomanana, le taux a été jugé fabuleux: 6,8%! Ce fut une pluie de dollars au début. Mais c’est le même FMI, avec la Banque mondiale, qui a suspendu son appui en décembre 2008. On connait la suite.
2013. Avait-il un pistolet sur la nuque lorsqu'il a promis que, s'il est élu président, il n'y aura plus de délestages en 3-6 mois? Trois ans après, les coupures vont rage
Alors? Tout projet aussi mirifique qu’il soit, est voué d’avance à l’échec lorsque le dirigeant méprise son peuple, ment comme il respire et viole sans cesse la constitution. Ce qui est le cas actuellement. Prouvez donc le contraire à la société civile, aux Évêques de Madagascar, à la majorité des Malgaches qui n'en peuvent plus de ces promesses sans lendemain radieux pour leur futur proche. En fait, tous les signaux sont au rouge mais une minorité au pouvoir fait comme si de rien n’était. Et ce n’est pas ce genre de déclaration qui les fera revenir sur le droit chemin. Bien au contraire.
Coralie Gevers: un optimisme ne collant pas aux réalités malgaches immédiates après le XVIè sommet de la Francophonie. Ce qui augmente, c'est surtout le prix des PPN
Enfin, je m’adresse directement à Mme Coralie Gevers, représentant résidant de la Banque mondiale (même "combat" de dette odieuse que le FMI) à Antananarivo. Au lieu de débiter des sornettes, vivez donc la malgachophonie en effectuant une vérification très simple: demandez à vos techniciens de surface et autres personnels de maison combien coûtait les PPN (Produits de première nécessité comme le savon, l'huile, le sucre...) avant et après le sommet de la Francophonie. Le prix dans les marchés et non dans les grandes surfaces. Et ayez l’amabilité dans faire un rapport à la presse locale. Merci d’avance.
Jeannot Ramambazafy – 7 décembre 2016
DÉCLARATION DES SERVICES DU FONDS MONETAIRE INTERNATIONAL
CONFÉRENCE DES BAILLEURS DE FONDS DE MADAGASCAR
1er décembre 2016
Cette déclaration fournit une évaluation de l’évolution récente de la situation économique et des perspectives pour Madagascar, notamment les résultats obtenus dans le cadre de l’accord au titre de la facilité élargie de crédit (FEC) approuvé en juillet 2016 (Rapport du FMI no 16/273). Cette évaluation repose sur des entretiens qui ont eu lieu durant une visite des services du FMI du 7 au 15 septembre 2016 et pendant l’Assemblée annuelle du FMI et de la Banque mondiale en octobre. Des données préliminaires à fin septembre indiquent que le programme reste globalement conforme aux objectifs. En mars 2017, une mission du FMI se rendra à Madagascar pour procéder à la première revue du programme appuyé par la FEC.
Évolution récente de la situation économique
1. L’économie se relève progressivement de la période de turbulences économiques et d’isolement international qui a pris fin en 2014. Le taux de croissance devrait atteindre 4,1% en 2016. L’inflation reste stable, autour de 7%. La conjoncture extérieure a été dans l’ensemble légèrement positive, le déficit des transactions courantes devant diminuer modérément en 2016. Bien que la chute des cours internationaux des produits de base continue de peser sur les recettes minières, les recettes d’exportation totales ont été relancées par une hausse des ventes des zones franches industrielles et une forte augmentation des cours de la vanille. Le taux de change réel s’est ainsi apprécié au troisième trimestre, et la Banque centrale de Madagascar a pu considérablement augmenter ses réserves.
2. La mise en œuvre de la politique budgétaire et monétaire a été globalement appropriée, même si les pertes de la compagnie nationale d’utilité publique posent toujours des problèmes. Les recettes fiscales sont en bonne voie d’atteindre les objectifs de cette année. Les dépenses devraient elles aussi rester conformes aux montants prévus dans le budget, les besoins exceptionnels devant être compensés par des économies. À cet égard, les mesures en cours, pour limiter les besoins de transferts à la JIRAMA, sont fondamentales. La mise en œuvre de la politique monétaire a été conforme aux objectifs du programme. La banque centrale a notamment bien réagi face à un assèchement temporaire de la liquidité au troisième trimestre — les producteurs de vanille ayant conservé les liquidités reçues grâce à la hausse exceptionnelle des prix — en menant des opérations d’injections prudentes de liquidité.
3. Les premiers résultats dans le cadre de l’accord au titre de la FEC semblent globalement satisfaisants. Sur la base des données préliminaires, Madagascar devrait atteindre pratiquement tous les objectifs indicatifs à fin septembre. Les réserves internationales (avoirs extérieurs nets) sont largement supérieures au minimum visé, tandis que le plancher du solde budgétaire primaire et le plafond des avoirs intérieurs nets de la banque centrale semblent également avoir été respectés. Il se peut que les objectifs indicatifs du programme en matière de dépenses sociales en septembre aient été manqués de peu, mais ce retard devrait être rattrapé d’ici la fin de l’année. Les services du FMI considèrent que les autorités restent bien engagées pour respecter tous les critères de réalisation quantitatifs de fin décembre. De plus, le programme de réformes structurelles avance également, avec certes quelques retards par rapport aux objectifs dans le cadre de l’accord au titre de la FEC. Les mesures préalables entreprises dans le cadre du programme appuyé par la FEC étaient axées sur le secteur de l’électricité et la lutte contre la corruption. Par ailleurs, les autorités devraient soumettre au parlement un projet de loi pour améliorer le recouvrement des avoirs dans les affaires pénales (repère structurel pour fin octobre 2016) avant la mi-décembre, fin de la session parlementaire, et renforcer le contrôle des hauts fonctionnaires en rendant le Conseil de discipline budgétaire et financière opérationnel d’ici la fin du mois de décembre (repère structurel pour fin septembre 2016).
Perspectives
4. L’amélioration progressive des résultats économiques devrait se poursuivre en 2017, grâce aux mesures macroéconomiques et aux politiques structurelles appropriées. La mise en œuvre du programme budgétaire et d’une politique monétaire prudente devraient consolider la stabilité macroéconomique et jeter les bases d’une croissance durable.
* La croissance devrait s’accélérer et s’établir à 4½ % avec le développement des investissements publics et de l’activité du secteur privé. La croissance du secteur privé ne se fera pas cependant sans une amélioration constante de la stabilité macroéconomique, de la gouvernance et du climat des affaires. La mise en œuvre des réformes prévues visant à renforcer la justice, lutter contre la corruption et résoudre les problèmes du secteur de l’électricité est particulièrement importante pour le climat des affaires.
* L’inflation, en glissement annuel, devrait demeurer autour de 7% en 2017, même si le pays doit réabsorber avec prudence l’expansion récente des liquidités.
* S’agissant de la politique budgétaire, le projet de loi de finances 2017 est globalement conforme aux cibles et objectifs du programme. Pour que sa mise en œuvre réussisse, il faudra cependant continuer d’améliorer la mobilisation des recettes et la maîtrise des dépenses non prioritaires, et en particulier appliquer résolument les réformes de la JIRAMA.
5. Le projet des autorités d’intensifier les investissements publics à moyen terme est conforme aux objectifs du programme et à la nécessité d’assurer la viabilité de la dette. Madagascar a de vastes besoins sociaux et infrastructurels, qui n’ont pas reçu les attentions qu’ils méritaient avant le rétablissement des relations avec la communauté internationale en 2014. Les autorités soulignent à juste titre la nécessité de renforcer les capacités à gérer et hiérarchiser l’augmentation des investissements publics, et les services de la Banque mondiale et du FMI ont réalisé cette année une évaluation de la gestion des investissements publics. En même temps, les autorités sont déterminées à maintenir le risque de surendettement de Madagascar à un niveau modéré. Elles cherchent à mobiliser un total de 2,9 milliards de dollars environ (soit 24% environ du PIB de 2019) de financements extérieurs en 2017-19. Jusqu’à présent, elles ont signé des conventions de prêts et de dons représentant 1,2 milliard de dollars de décaissements durant cette période, principalement dans les secteurs infrastructure, énergétique, agricole et social.
Les financements extérieurs contractés depuis le début de l’année 2016 prennent la forme de dons et de prêts concessionnels, à l’exception d’un prêt de 10 millions de dollars contracté à des conditions semi-concessionnelles (mais qui reste largement dans les limites du programme). Les autorités visent en outre à obtenir 1,2 milliard de dollars de prêts concessionnels et 500 millions de dollars de dons supplémentaires. Les services du FMI jugent que ces projets restent compatibles avec la nécessité d’assurer la viabilité de la dette, à condition qu’ils reposent sur la combinaison prévue de dons et de prêts concessionnels. Les autorités reconnaissent la nécessité de moduler l’intensification des investissements de façon à préserver la viabilité de la dette et la stabilité macroéconomique en cas d’événements imprévus.
Risques
6. Madagascar, pays fragile à faible revenu, demeure exposé à des risques considérables. Parmi les facteurs de risques exogènes, on peut citer les conditions météorologiques défavorables et la détérioration des termes de l’échange. De plus, la sécheresse prolongée dans le sud du pays entraîne des coûts et crée des besoins sociaux croissants. Le succès du programme risque aussi d’être compromis par une instabilité politique ou une absence de progrès dans les réformes prévues, en particulier s’agissant de la mobilisation des recettes, de la gouvernance et de la compagnie JIRAMA.
Relations avec le FMI
7. Le FMI va poursuivre sa collaboration étroite avec Madagascar. Le niveau d’accès de l’accord FEC, qui est en vigueur jusqu’au milieu de l’année 2019, équivaut à 180% de la quote-part, soit 300 millions de dollars environ. De plus, le FMI mène des activités intensives de conseils de politique générale et apporte une assistance technique importante. Des entretiens dans le cadre de la première revue et des consultations au titre de l’article IV sont prévus en mars 2017./.
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FAMINTINANA
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LES PROJETS PRIORITAIRES MIRIFIQUES BUDGÉTISÉS
DU PRÉSIDENT HERY RAJAONARIMAMPIANINA, EN USD
En passant, étrangement, dans tous ces projets exceptionnels sur papier, ci-après donc, et jusqu’à preuve du contraire, le projet d’autoroute Antananarivo-Toamasina a disparu de la… circulation.
Juin 2016. Le gouvernement chinois a signé avec le ministère des Travaux publics, Eric Razafimandimby, le financement de la construction d’une autoroute reliant Antananarivo à la ville du Grand port. L’usage de cette infrastructure se fera par système de péages.
Le tracé de cette autoroute est différent de celui de l'actuelle route nationale (RN2). Il est prévu s’appuyer sur la RN3 à Anjozorobe, se prolongeant jusqu’à Ambatondrazaka en traversant des forêts et des montagnes pour arriver à Toamasina.