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Antananarivo. Black-out is not beautiful

Le candidat Andry Rajoelina élu président de la république de Madagascar a parfaitement raison : une nouvelle ville est nécessaire pour que la Grande île dispose d’une Capitale digne de ce nom. Qu’importe qu’elle soit capitale économique ou politique. L’important est qu’elle puisse refléter le changement véritable dans le comportement des Malagasy en vivant dans un environnement sain et moderne digne de ce XXIème siècle. Déjà, le nom proposé, Tana-masoandro (que l’on peut traduire par ville-soleil, Tara-masoandro signifiant reflet du soleil), est tout un programme en soi. Il en a touché un mot à la diaspora malagasy émerveillée, à Dakar, le 3 avril dernier…

Il faut avouer, cependant, que le projet du président Rajoelina n’est pas un scoop infrastructurel, au niveau mondial. En effet, avant lui, il y a eu le président ivoirien, Félix Houphouët-Boigny, qui créa la ville de Yamoussoukro. Il faut savoir, qu’au départ, c’est le minuscule village de N’Gokro qui avait été rebaptisé Yamoussoukro. Ce, en hommage à la reine Yamoussou. Le suffixe « kro » veut dire village dans le langage Baoulé. Pour la petite histoire, Félix Houphouët-Boigny, avant de devenir président de la république était le chef de ce village, de 1939 à 1945. Il aura donc réalisé un rêve grandiose… En effet, Yamoussoukro, située à 240 kilomètres au nord d’Abidjan qu’elle a supplantée, est, depuis 1983, la capitale politique et administrative de la Côte d’Ivoire.


L'aéroport de Yamoussoukro


Anne Hidalgo (au centre, en robe imprimé bleue), avec les membres du bureau de l’AIMFrancophone, après une réunion de travail à Brazzaville, le 25 mars 2017

De nos jours, Yamoussoukro est aussi membre de l’Aimf (Association internationale des Maires francophones) présidée par Anne Hidalgo, Maire de Paris, France (car il y a Paris, Texas et Paris Hilton).

Brasilia. Le « Parque da Cidade Sarah Kubitschek », inauguré en 1978. Situé près de la tour de la télévision, le parc, qui déploie ses 420 hectares d'espaces verts en plein cœur de la ville, constitue sans doute l'un des plus grands jardins urbains au monde. Il a été conçu par le paysagiste Roberto Burle Marx. (Air France)

Parallèlement à Yamoussoukro, il a eu Brasilia qui, en 1960 aussi, est devenue la Capital fédérale du Brésil et le siège du gouvernement du district fédéral, dans l’Etat du Goiàs, en plein centre de ce pays. C’est le président Juscelino Kubitschek qui, en 1956, décida de concrétiser le projet Brasilia pour en faire une nouvelle capitale à l’intérieur de cet immense Brésil. Ce, dans le but de mieux répartir les richesses et la population, jusque-là trop concentrées sur les côtes, et pour mettre un terme à la rivalité entre Rio de Janeiro, capitale politique et culturelle, et Sao Paulo, capitale économique. Fait marquant concernant cette ville de Brasilia, conçue par l’architecte Oscar Niemeyer : Les premières infrastructures et les premiers bâtiments furent construits en seulement 1.000 jours, avant son inauguration le 21 avril 1960.

Marc et Lalao Ravalomanana, à Faravohitra, le 19 décembre 2018 : irresponsabilité totale vis-à-vis de la gestion de la Commune urbaine d'Antananarivo devenue la ville des mille combines

Ainsi, en regard de la construction de ces deux villes d’Afrique (Yamoussoukro) et d’Amérique du Sud (Brasilia), le projet Tanamasoandro du président Rajoelina n’a rien d’une utopie. Et il serait vraiment temps d’en finir avec l’actuel Antananarivo, ville des mille combines orchestrées par le couple Lalao-Marc Ravalomanana dont on se souviendra éternellement qu’il a pratiquement vendu tous les trottoirs du centre-ville sur lesquels ont été bâtis des caricatures en 3D de kiosques commerciaux. Allez faire un tour rien qu’à Ambodifilao, devant l’hôtel Pacifique... Mais, je ne veux pas parler de ces plaies sociales, faussement attirantes, dans cet article mais plutôt de ma virée du jeudi 3 mars 2019, en pleine heure de pointe. « Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir » chantait Johnny Halliday. Mais mon commentaire que j’applique à ma virée est : « Black-out is not beautiful » (pastiche de « black is beautiful », mouvement culturel initié aux États-Unis dans les années 1960 par des Afro-Américains). Let’s go.


Ayant entendu que Fafah, chanteur du groupe mythique Mahaleo serait décédé d’un arrêt cardiaque à l’hôpital militaire (HOMI) de Soavinandriana, je m’y suis rendu aux alentours de 17h45. Ce n’était qu’une fakenews démontrant l’esprit morticole de certains Malagasy qui ne verront pas arriver leur propre mort inéluctable et que personne ne pleurera. Au retour de ce déplacement aussi inutile que… déplacé, avec mon taxi driver-bodyguard, nous avons emprunté la route pavée remontant l’HOMI jusqu’au rond-point d’Ampasampito ; nous sommes redescendus vers l’Institut Pasteur pour remonter vers Betongolo puis redescendre Ampahibe et bifurquer vers la cité Planton. Mais l’énorme bouchon nous a décidé à faire demi-tour, revenir vers Betongolo, monter sur Andrainarivo -en passant devant le domicile du Général Désiré Ramakavelo- vers le Mausolée et descendre vers Ampasanimalo, en empruntant la rue pavée passant devant la villa de la regrettée Ruffine Tsiranana, et, enfin bifurquer à gauche pour nous arrêter devant le bureau du fokontany de Tsiadana, route de l’université, quartier où j’habite depuis 19 ans déjà. Ouf !

Durant tous ce trajet, le constat était extrêmement affligeant : l’éclairage public n’existe plus dans cette partie de la ville d’Antananarivo (et certainement dans d’autres parties aussi), Capitale de Madagascar. Et c’est le décor et le spectacle désolants de la pauvreté poussée à l’extrême qui ont défilé devant mes yeux incrédules (quelle image, hein ?) : des « marchands » affalés sur les trottoirs salement humides ; des piétons envahissant, dans une pénombre complice, une chaussée aussi défoncée que glissante ; des véhicules slalomant sur un semblant de route dont le dernier entretien date certainement du XXème siècle. Mais, je le répète et cela sautera à vos yeux (manière de dire) : aucun lampadaire public n’est allumé. Dans ce noir propice à tous les crimes possibles, il existe pourtant des îlots de clarté rude car, des particuliers utilisent des projecteurs qui éblouissent tout ce monde de zombies qui s’ignorent.

L’exemple de ce clair-obscur infâme et infamant se situe peu avant le domicile du Général cité plus haut et qui ne me contredira pas : en remontant Betongolo et à un tournant, il y a un bar éclairé a giorno. Quelques mètres après, c’est le noir complet et, en passant devant l’église, il faut vraiment faire attention car la moitié de cette route est envahie par de la boue jusqu’à proximité de la maison de notre Général-poète. Pire encore : le Mausolée était plongé dans les ténèbres totales. Oui, les illustres morts n’ont pas besoin de lumière. Il faut dire que le Président Rajoelina a déposé les gerbes du 29 mars pendant la journée et que les alentours ont été nettoyés à la va-vite, trop vite même… Les étudiants qui faisaient la queue pour attendre le bus, étaient invisibles s’ils n’étaient pas balayés par les phares des automobiles passant. A cette heure, pourtant, des tas de gens circulaient à pieds pour rentrer chez eux, le cœur palpitant et priant pour ne pas tomber sur des bandidos de plus en plus bien armés… Et nous sommes au mois d’avril 2019. Et les délestages (dénommés coupures de nos jours) semblent avoir diminué mais persistent tout de même.

Mais vous savez quoi, en matière de gestion de l’éclairage public à Antananarivo ? Ben, le ridicule n’y tue pas non plus. Figurez-vous qu’à présent, il revient au Fokontany et son Sefo de dénombrer les ampoules qu’il faut remplacer. Puis, charge à ces fonctionnaires de quartier, déjà très mal rémunérés et jamais à temps, d’acheter ces ampoules à la Jirama (oui !) qui, après cela, viendra - ou ne viendra pas-, remplacer et/ou changer les ampoules invisibles ou défaillantes qui, elles, seront systématiquement caillassées par les malandrins des ruelles qui ne peuvent «travailler» tranquillement que dans le noir (« working in the dark »). Que faire, qu’y alerter ? Certainement pas la mairesse Lalao Ravalomanana née Rakotonirainy, élue le 31 juillet 2015, qui est donc en fin de mandat. Déjà qu’elle est sûrement -avec son mari conseiller spécial Marc- en train de chercher un truc pour expliquer, entre autres « détournement autorisés » - l’opération « permis de construire » dans laquelle des centaines de personnes ont payé 200.000 ariary et plus (avec reçu) sans n’avoir rien vu venir, jusqu’à aujourd’hui, pour régulariser leur situation. Quelle est alors LA solution ? Elle pourrait venir du président Andry Rajoelina lui-même. « Qui veut peut », dit l’adage, contrairement à celui qui peut mais ne veut pas.

De gauche à droite: Holijaona Raboana, Emergence Madagascar; Michel D.-Ramiaranamanana, organisateur; Valéry Ramonjavelo, SGP

L’idée, mon idée ? Simple : si a les moyens d’offrir 750 millions d’anciens francs à une équipe sportive qui n’a pas beaucoup brillé par la suite, son SGP (Secrétaire général de la Présidence), Valéry Ramonjavelo, qui est allé faire un tour au Salon Asia/Enjoy Madagascar 4ème édition, devrait le mettre au… courant. Je ne tiens pas, ici, à faire de la publicité, mais à proposer une solution réalisable très rapidement. Même si c’est hors « Velirano ».

En rouge, les prix hors Salon Asia/Enjoy Madagascar

Dans ce salon qui s’achève demain dimanche, un stand propose des kits solaires 100% autonomes et aussi des kits anti-délestages. Un kit solaire de 10KVA permet d’éclairer, au moins, toute l’avenue de l’Indépendance. J’en avais déjà parlé dans un dossier précédent. Mais faudra-t-il attendre la Banque mondiale ou le FMI et un atelier spécial « Éclairage solaire de la ville d’Antananarivo » pour trouver la très modique somme de 20 millions d’ariary TTC pour un kit de 10 KVA ? Avec 200 millions d’ariary, tous les quartiers que j’ai traversé, ce jeudi 4 avril, seront éclairés comme en plein jour. Pour deux ans au moins. C’est ce que j’appelle « Patriotisme solaire » à étendre dans les grandes villes de la Grande île.


Alors ? En attendant la nouvelle ville Tana-masoandro, il est du devoir du président Andry Rajoelina de mettre en application mon idée. Simple, oui, mais très efficace. Et cet article n’est pas encore fini. Arrivé à proximité de chez moi, ce jeudi 3 avril 2019, après avoir parcouru des ruelles sans électricité publique, évidemment, je croise un jeune qui habite une case en bois érigée sur notre terrain légué par ma grand-mère : « tu vas où Ta (c’est son surnom) ? ». Réponse : acheter du pétrole. Autre question bête, que poseraient aussi certaines personnes de l’entourage présidentiel qui ignorent les réalités vraies, tellement elles se sentent à l’abri du besoin et de la pauvreté (sauf celle de l’esprit): « Pourquoi faire ? ». Réponse ; pour allumer notre lampe à pétrole. Eh oui, amis lecteurs : la pauvreté, je suis en plein dedans, je la vis au quotidien. La majorité des gens de mon quartier ont voté Andry Rajoelina. Ils attendent et espèrent plus que des paroles, à présent. Et je suis et reste leur porte-parole. Mais depuis 19 ans, depuis le régime de Didier Ratsiraka, j’ai toujours prêché dans le désert. Le changement est-il enfin au rendez-vous ? Pour l’heure, si en France, ce sont les gilets jaunes qui sont monté au créneau de la révolte, à Madagascar, dans mon quartier du moins, ce sont les bidons jaunes, signes extérieurs de pauvreté extrême qui s’étirent devant un kiosque à eau pas gratuit mais qui distille ce liquide vital au compte-goutte, jusqu’aux aurores parfois, et dans le noir total.

Enfin, en matière de démographie galopante, que ceux qui préfèrent, dans leur tête, espérer faire de l’éternel sur-place -sans aucune perspective d’avenir meilleur-, sachent ce que la Banque mondiale a prévu, déjà en mars 2011, dans son rapport intitulé « L’urbanisation ou le nouveau défi malgache » : « Au rythme actuel d’urbanisation, près de la moitié de la population de Madagascar vivra en ville et l’agglomération d’Antananarivo atteindra presque 8 millions d’habitants, à l’horizon 2020 ». Yes ! Black-out is not beautiful !

Jeannot Ramambazafy – Source pour Yamoussoukro et Brasilia : Wikipédia – Article également publié dans « La Gazette de la Grande ile » du samedi 06 avril 2019

Mis Ă  jour ( Dimanche, 07 Avril 2019 06:42 )  
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