Née le 22 juillet 1969 à Gränichen (Suisse), de nationalité à la fois helvétique et camerounaise, Nathalie Yamb est une femme politique très suivie ; une journaliste de formation ; une directrice des ressources humaines de carrière ; une spécialiste de la communication ; une conférencière confirmée et une experte des questions africaines et migratoires. Mais pourquoi diable l’appelle-t-on « La Dame de Sotchi » ?
Le 24 octobre 2019, lors du premier Sommet Russie-Afrique, organisé à Sotchi (ville balnéaire russe au bord de la mer Noire, ayant accueilli les JO de 2014), Nathalie Yamb prononce un discours d'anthologie dont les répercussions se font encore sentir à ce jour. Un discours qui parle d’identité africaine et remet en cause le rôle joué par la France sur le continent africain. Depuis ce jour et ce discours, on l’appelle « La Dame de Sotchi ». La même année 2019, membre très active du parti Lider (Liberté et démocratie pour la République, fondé par le politicien Mamadou Koulibaly, elle est expulsée de la Côte d’Ivoire, pays où elle s’était installée depuis 2007. Elle était accusée de mener des activités incompatibles avec l’intérêt national. Mais Nathalie Yamb demeure très active sur les réseaux sociaux, tenant des propos toujours aussi virulents, teintés d’humour, contre le gouvernement Ouattara et la politique française en Afrique. En février 2020, « La Dame de Sotchi » déplore le silence de l’Union africaine par rapport aux thématiques qu’elle traite.
Le 28 juillet 2021, elle publie une vidéo qui traite des assassinats, tentatives ou projets d’assassinats en Afrique. Les extraits suivants transcrits à l’écoute, parlent du cas de Madagascar et, surtout, de la marche à suivre pour « protéger les trop rares chefs d’Etat qui ne se sont pas compromis dans des pactes antipatriotiques avec le colon ».
« Idriss Deby Itno, assassiné ; Jovenal Moïse, assassiné ; Assimi Goïta, tentative d’assassinat ; Andry Rajoelina, projet d’assassinat. La procureure de Madagascar vient d’annoncer (Ndrl : 21 juillet 2021) l’arrestation, entre autres, de deux militaires français « à la retraite » qui étaient en train de planifier son assassinat.
Vous avez remarqué ? Quand des militaires français, « à la retraite », expriment leur désapprobation face à la politique de Macron en France, on les qualifie de dangereux ; on hurle à la sédition. Mais quand on les arrête pour tentative de coup d’état et d’assassinat de chef d’état africain, subitement la France ne voit en eux que des citoyens inoffensifs, qui doivent bénéficier de la présomption d’innocence. C’est marrant, non ?(…).
Les comploteurs de Madagascar, Paul Maillot Rafanoharana et Philippe Marc François, sont deux officiers sortis de Saint-Cyr, l’usine de production des mercenaires français. Le premier a même été conseiller du président Rajoelina jusqu’en 2011, avant d’offrir ses bons conseils à l’archevêque d’Antananarivo, en tout cas, c’est ce qu’il a écrit sur son profil LinkedIn. Des armes ont été trouvées, (Ndt : une somme en espèces équivalente de 5 milliards d’anciens francs malgache a été trouvée ainsi qu’un fusil à pompe ultra short et des munitions), et des audios explicites sont aux mains des autorités malgaches.
Du même acabit, nous avons le sieur Juan Rémi Quignolot arrêté à Bangui le 10 mai de cette année, qui avait chez lui tout un arsenal et qui espionnait les trajets du président centrafricain, Faustin-Archange Touadera. J’espère que vous ne serez pas surpris si je vous apprends qu’il s’agit, là aussi, d’un militaire français « à la retraite », et qui entrainait les membres de la Séléka (Ndt : (« Coalition » en sango), dès 2013, avec ses copains Christophe Raineteau (alias Alpha) et Bernard Cousin. La boucle est bouclée.
La recrudescence des mercenaires et barbouzes à la solde de l’occident et de ses affidés locaux, est le signe qu’ils sont nerveux. Et s’ils sont nerveux c’est parce que les choses changent. Plus lentement que nous le souhaitions mais irrémédiablement. Et pour accélérer la cadence, il faut cesser de faire le jeu de l’ennemi. Il faut nous réapproprier quatre éléments qu’ils nous ont arrachés.
Ils nous volent LE POUVOIR en s’arrogeant le droit de parler pour nous ; de décider à notre place qu’est-ce qui est bon et qu’est-ce qui ne l’est pas en choisissant qui doit nous diriger. Ils nous volent L’AVOIR en maintenant en place un système économique qui bénéficie exclusivement à leurs États, à leurs entreprises, à leurs laquais zélés. Ils nous volent LE SAVOIR en nous formatant l’esprit à travers leur système scolaire bancal pour qu’on soit, de générations en générations, de bons petits esclaves ignorants, obéissants et acculturés. Et enfin, quatrièmement, ils nous volent LE VOULOIR en nous soumettant à la répression brutale de ceux qu’ils nous imposent comme président de la république pour briser nos envies de changement et de vie meilleure.
De la même façon que l’on ne doit pas perdre une seconde à pleurer les potentats spécialistes des génuflexions devant l’occident qui se font éliminer par ceux avec qui ils ont signé des alliances indignes pour nous opprimer, nous réprimer, nous voler, nous devons protéger les trop rares chefs d’État qui ne se sont pas compromis dans des pactes antipatriotiques avec le colon.
Et la meilleure protection est d’envoyer des signaux très très clairs aux dirigeants et aux services occidentaux occupés à déstabiliser nos pays. Il faut qu’ils sachent que s’ils touchent aux présidents qui essaient tant bien que mal de travailler dans notre intérêt, notre riposte sera brutale et immédiate à l’encontre de tous ceux qui les représentent chez nous.
Le poisson qui croit que pêcheur est venu pour le sauver, comprend toujours trop tard qu’il s’est trompé lourdement. Personne ne viendra nous libérer à notre place. Notre force c’est notre nombre. [mais] C’est parce que nous sommes couchés qu’ils croient qu’ils sont grands.Éveillons-nous ! Levons-nous et arrachons notre Souveraineté en leur montrant qu’ils n’ont pas le monopole de l’intelligence, de la détermination et des méthodes très diversifiées de combat.
Merci »./.
Texte et Transcription : Jeannot Ramambazafy