Ceci n’est pas fortuit et tout ce que je raconte existe vraiment. Mais n’allez jamais chercher midi à quatorze heures car il n’y a jamais d’heure pour les braves. Et celui qui monte trop sur ses grands chevaux ne sera jamais qu'un zéro et non un zorro...
Dans un pays pas si loin de chez vous que çà, il y avait (le passé est de rigueur) une loi qui interdisait toutes les exportations d’or et de devises (« Voulha menaa chi Voulah vahiniy » comme on dit phonétiquement là-bas). Plus encore, le 20 mars 2021, Handrr Nyhrian’, le Khaliff (deux f comme dans Sheriff) de cette Grande île aux trésors pillés, avait déclaré urbi et orbi (enfin, à la petite lucarne nationale) :
« Nandràra ny fanondranana volamena isika satria ny olona rehetra nanondrana volamena eto amin’ny firenena, nanomboka dimy taona lasa izay, mandrahatonga amin’izao, dia tsy nanao rapatriement de devises avokoa. Ary ny olona izay nolazaina fa manondrana volamena –nojerena daholo ireto olona rehetra ireto- 1% ihany no nanao rapatriement de devises. Izay no nahatonga ny fitondram-panjakana nandrara fa tsy mety. Satria mivoaka ny harem-pirenena nefa ny vola tokony “ampi-stabiliser ny vola eto” (hampifandanja ny sandam-bola eto) dia mijanona any ivelany. Ary io tsy ho amelan’ny fitondram-panjakana -ny volamena io ny mahatonga ny olona mifamono mihitsy- . Fa izaho eto miteny aminareo fa mijoro ho an’ny tombontsoan’ny Firenena, ho an’ny tombontsoan’ny vahoaka Malagasy : tsy maintsy atao ny rapatriement de devises rehetra. Tsy maintsy atao mazava iza avy ireo olona rehetra ireo. Izaho angamba ny Filoham-pirenena voalohany sahy mampiseho an’ny vahoaka malagasy ny marina. Iza no sahy namoaka hoe ireto societés ireto no manondranan volamena ?Ireto sociétés ireto no tsy mamerina vola aty Madagasikara ? Mazava izay Ary no zavatra tiako atao hoe : misy mpitondra, misy izao… mety tafiditra ao anatiny. Diso! Ny fitondrana firenena dia ilaina olona vonona hiahy ny vahoaka, tsy anao afera maizina. Ary raha misy mpitondra, na minisitra no te-hanao fanondranana volamena, mamoaka autorisation fotsiny izy e! Amin’ny fomba ara-dalàna, dia mivoaka ara-dalàna ho entin’ny DHL, ho entin’ny raoplanina satria misy taratasy dia mivoaka. Tsy misy afaka miteny mihitsy hoe antsokosoko izany. Fa matoa tratra ny volamena antsokotsoko dia antsokosoko marina. Izay no tiako azavaina amin’ny vahoaka Malagasy (…) ».
Faites-vous traduire, çà vous intéresse au plus haut point. Mais en résumé, tableau de noms à l’appui, Handrr Nyhrian’, le Khaliff, faisait allusion à des exportateurs légaux (« Arrh adhaallane ») qui ne rapatriaient pas les devises obtenues par la vente de l’or de cette île de tous les trafics. Car, en-deçà de ces sociétés et personnes physiques, une autre race sévissait dans le domaine du « antsokosoko » que l’on peut traduire par le mot « trafic ». Et pas seulement sur l’or mais aussi sur les devises étrangères. Je les ai nommés les Devizors. Entendons-nous bien : ils ne sont pas apparus sous le mandat du Khaliff Handrr Nyhrian’, mais sévissaient déjà sous le règne inutile de Zaonarrhi le Dernier sinon bien avant. A l’époque, les autorités au plus haut niveau fermaient les yeux car bien arrosés par ces pilleurs aux doigts crochus par leur avidité sans fin.
Parmi ces Devizors (avez-vous compris bien ce que ce mot signifie? Merci et je vous rappelle qu’ils sont aussi bien masculins que féminins), sous la diligence (allant parfois à hue et à dia) du Khaliff Handrr Nyhrian’ et du Vizir N’tchaïlle, sept ont été placés sous mandat de dépôt (MD): Andriambololona Tommy Chen, Cerisse, Daya Paul Sylvestra Koufali, Chen Ka Chu Harris, Lhabib Ben Romdhane Mohamed, Premdjee Michaël Divan, Hassan Mohamed Stephan.
Leur sport favori ? Trafic d’or et/ou de devises sous couvert de sociétés dont parlent encore les journaux de Madagascar : Concessionnaires d’automobiles plus que d’autres, semble-t-il. Il coule de source que cette filière aboutit à une autre qui est le blanchiment d’argent, n’est-ce pas ? L’autre jour, en passant du côté d’Ambodivona, j’ai été étonné de constater que le siège où se trouvait Air Mauritius avait fait place à une société dénommée Carnation et des voitures importées assez coûteuses étaient parquées à l’intérieur d’une clôture en fers plats.
A vue d’œil, neuves ou d’occasion, ces véhicules doivent bien coûter des dizaines de milliards d’ariary. Ceci n’est qu’un constat d’un journaliste d’investigation. Jusque-là, j’ignorais à qui appartient Carnation et je ne savais pas comment il a fait pour importer ces automobiles, mais il est certain que cela s’est fait de manière « speed »… Avec « l’aimable » contribution de responsables étatiques concernés dans le domaine des douanes et tout le tralala de l’import/export. Portuaire, of course.
En tout cas, ma curiosité l’a emporté et, après avoir lu Midi Madagasikara du 20 mai 2022 (ci-dessus), j’ai poussé plus loin mes recherches qui m’ont permis de vous révéler que le gars de Carnation se nomme Dinmamod Ali Asgar et qu’il a été incarcéré à la prison d’Antanimora. Par contre, certains de ces Devizors se sont évaporés comme des Djinns. A l’instar de Raza Moshin et de NIzar Japy Pirbay alias Zouzou. Et quid de Chen Wo Mickael ? Eh oui, amis lecteurs. Depuis toujours -quatre décennies en fait-, je suis très bien renseigné.
Car le journalisme ne consiste pas à raconter des bobards pour avoir une audience et de la publicité (madagate n’en fait pas), et un journal digne de ce nom (sur papier journal ou sur le web) n’est pas un réseau social à l’instar de Meta ex-Facebook ou Tik Tok et encore moins Instagram.
Dernière information à prendre très au sérieux, vu des tas d’antécédents, au sein de cette clique de Devizors beaucoup trop friqués –et de manière trop soudaine pour être honnêtes : certains cogitent, actuellement, pour pouvoir bénéficier d’une LP (Liberté provisoire). Comme dame Vaounhalarouille (aïe, aïe, ouille !), ex-député ex-ministre et ses chèques en bois alors ! Mais ce qui est grave c’est qu’il paraît que l’actuel sinistre de l’Injustice, Francescos Kotjaffe ne serait pas insensible à l’appel de milliards. Même en ariary. Je ne le répèterai jamais assez : les murs ont toujours des oreilles dans toutes les histoires de gros sous mal acquis. Quoi ? Je l’accuse ? Mais qui d’abord. ? Si c’est celui à qui vous pensez, sachez que, dans une récente affaire assez minable -à cause d’un personnage qui « vient d’en haut » défendant son « big brother »…, c’est la parole d'un témoin contre ce que j'écris là. En tout cas, il a intérêt à ne pas se faire piéger comme son prédécesseur, Bikim Hertz. Pour ce dernier, en fait, ce n’était pas 2 milliards de fmg mais 2 milliards d’ariary qu’il avait demandé, pour ne pas dire exiger... On connaît la suite, la gourmandise étant un très vilain défaut.
Que va faire le Khaliff Handrr Nyhrian’ ? Car lorsque je parle de 30 Devizors, en fait, ils sont plus nombreux qu’on ne le pense. Si l’on compte les copains et les coquins dans les administrations… Plus proches de lui qu’il ne l’imagine… En tout cas, si un homme averti en vaut deux, un haut dirigeant bien informé en vaut quatre. Pour ma part, je reste branché sur ces Devizors, afin de vous donner une suite à ce compte de faits aux antipodes du conte de fées pour enfants sages.
Jeannot Ramambazafy – 27 mai 2022