S’il y a un lieu où le vol de zébus est roi c’est bien dans le district d’Ankazoabo dans la Région Sud Ouest, pas très loin de Toliara, la capitale du Sud.
Deux personnes de la communauté locale d’Amberomena, commune rurale de Fotivolo, du district d’Ankazoabo, ont perdu leur vie dans la poursuite des brigands de grands chemins, voleurs de zébus, le 5 mai 2017 dernier. Ces voleurs sont armés jusqu’aux dents, des armes de guerre qui font dissuader policiers et gendarmes à les poursuivre. Ils sont spécialistes en embuscades et tireurs d’élites, ce qui sous entend que ce sont d’anciens militaires, policiers ou gendarmes. Les habitants de ces localités se plaignent très souvent mais leurs plaintes n’arrivent pas bien loin. On dirait qu’ils se plaignent en l’air. Non seulement ils perdent leur richesse, mais encore leur vie et personne ne vient à leur secours.
Face à cette menace des voleurs, les gens de la localité s’unissent pour lutter contre les brigands et adoptent une convention qu’on appelle DINABE. C’est le Chef de Région actuel, le Colonel Rabe Jules qui en est l’instigateur. La convention ne prend effet qu’une fois validée et homologuée par le tribunal de la localité. Le Dinabe contraint les cosignataires à venir en aide à celui qui a été attaqué et poursuivre les voleurs par tous les moyens jusqu’à ce que les traces des sabots de zébus volés les mènent tout droit chez le voleur ou complice ou receleur. C’est ce dernier qui paie, rembourse et dédommage la perte, non seulement la victime du vol mais aussi tous les participants à la chasse aux voleurs.
A qui profite le vol? Bien que le risque soit grand, la motivation dans la poursuite des malfaiteurs aussi en vaut la chandelle. Grâce à l’action du Dinabe, le vol de zébus a diminué substantiellement dans la Région Sud Ouest, reconnaissent les administrés, sauf dans le district d’Ankazoabo. Les descentes ou autres « coups de poings » programmés par l’État-major des armées sont efficaces, mais aussitôt que les forces de l’ordre ont tourné le dos que les violences, viols et vols reprennent. Les gens de la localité rapportent que des fonctionnaires hauts placés et parlementaires sont mêlés au commerce de zébus, ce qui engendre un conflit d’intérêt énorme, et qui fait perdurer la violence et le vol dans le district d’Ankazoabo.
Charles RAZA, Journaliste correspondant à Toliara