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Madagascar : Richard Andriamanjato décède à Paris à l’âge de 83 ans

Le Pasteur Richard Mahitsison Andriamanjato est décédé le 16 mai 2013, à Paris. Il avait 83 ans. Panorama sur un homme qui a marqué, en son temps, l’histoire politique de Madagascar.

VIDEO RESUMANT EN MALGACHE SON PASSAGE TERRESTRE

Richard Mahitsison Andriamanjato est né le 31 juillet 1930 à Mahitsy (d’où sûrement son second prénom qui signifie littéralement : fils (son en anglais) de Mahitsy). Il avait 17 ans lors des événements de 1947 auxquels il a donc assisté. Au terme de ses études secondaires, il s’oriente vers l’enseignement puis, abandonnant une licence de mathématiques, il privilégie vers la théologie.

Etudiant, il s’engage dans la lutte nationaliste et participe à  différentes organisations estudiantines. Ce fut pour lui, comme il le déclara par la suite: «un apprentissage pour la direction des réunions et surtout une formation méthodologique dans l’analyse des situations» (interview au journal «Lumière», 18 avril 1971).

"Ndrema", pour les intimes, était un mélomane et un musicien à part. Héritage qu'il a transmis à ses enfants

Devenu pasteur, il s’engage dans l’action politique et prend part à la conférence de Bangdoeng. En 1957, il est l’homme du « non » à Philibert Tsiranana puis au général De Gaulle en septembre 1958. Comme pasteur, il succède au pasteur Ravelojaona -ancien leader nationaliste modéré qu’il admirait beaucoup- pour diriger le temple d’Ambohitantely, (Antananarivo), jusqu’en 2001. Il acquiert progressivement une grande influence au sein du conseil de FJKM (Fédération des églises protestantes réformées de Madagascar), devient Président du conseil des Eglises d’Afrique, membre du Conseil Œcuménique des Eglises de Genève, Directeur de l’Institut Chrétien pour la paix et vice-président de la fédération mondiale des villes jumelées. Il est le premier Directeur du collège Rasalama d’Andravoahangy ambony. En passant, Gaston René Ranaivojaona (alias "Ra-Gasy" pour les élèves), celui qui lui a succédé à ce poste, puis qui était en retraite depuis longtemps, est décédé le 15 mai 2013.

C'est à Paris qu'il a fêté ses 80 ans, en 2010

A tous ces titres, il effectue de nombreux voyages à l’étranger et notamment dans les pays de l’Est. A Paris, il est reçu fréquemment par le parti communiste français qui fait écho à ses communiqués et qui envoie des délégués à chacun des congrès ou conseils nationaux de l’AKFM (Antokon’ny Kongresy ho Fanafahana an’i Madagasikara ou Parti du Congrès pour l’indépendance de Madagascar), parti qu’il fonde, préside et incarne depuis 1958.En 1959, à 29 ans, il devient le plus jeune maire élu pour la capitale Antananarivo, et le second maire malgache après Stanislas Rakotonirina. Il le restera jusqu’en 1977.

Au perchoir à Tsimbazaza, lorsqu'il était Président de l'Assemblée nationale

Après s'être opposé au Parti social démocrate (PSD) du Président Philibert Tsiranana, jusqu'en 1972, le pasteur Andriamanjato a apporté son soutien au régime de Didier Ratsiraka à partir de 1975. Il fait entrer son parti dans le FNDR (Front national pour la défense de la révolution) et occupe un siège de Conseiller Suprême de la Révolution (CSR). Mais dès 1989, il rejoint le Professeur Zafy Albert et fonde l’AKFM-RENOUVEAU (AKFM FANAVAOZANA). Il anime les manifestations sur la place du 13 mai, et fait partie des « Forces vives » (Hery Velona). A un moment, il y eut même des « Herivelona Rasalama »…De 1991 à 1993, il est co-président du Comité du Redressement Economique et Social (CRES) avec Manandafy Rakotonirina. En 1993, il devient Président de l’Assemblée nationale. Poste qu’il occupera jusqu’en 1998. Entre-temps, il sera candidat malheureux à l’élection présidentielle de novembre 1996, avec 4,94% des suffrages exprimés. En 1998, le pasteur Andriamanjato est battu aux élections législatives par Gilbert Raharizatovo, alors journaliste, avec son parti inventé de toutes pièces "Vivre". Il s'agissait du siège de Député d'Ambohimanarina. Mais Gilbert de fera pas long feu...

En vidéo, sa vision de la crise de 2009 et de la IVè République de Madagascar

Depuis la fin des années 1990, il s’est retiré des affaires politiques du pays pour redevenir un simple citoyen. Mais cela ne l’a pas empêché de donner son avis quant à la crise de 2009 à ses débuts. Un de ses fils, Ny Hasina Andriamanjato, est également un politicien.


Le Pasteur Andriamanjato est l’auteur du livre de 100 pages « Le Tsiny et le Tody dans la Pensée Malgache ». Il a été publié en 1957, dans la collection Présence Africaine, Paris. Il a été réédité en 159 pages en mai 2013 et préfacé par Alain Dumesnil dans la collection L’Herne.

Résumé réel de la pensée « ny tody tsy misy fa ny atao ihany no miverina » : il n’y a pas de malédiction mais ce que vous avez fait à autrui (en bien ou en mal) vous sera rendu au centuple.

Résumé dans le livre de mai 2013 : La culture malgache repose sur des interdits et des obligations encadrant la vie en société et inscrivant l'individu dans une continuité par rapport à ses ancêtres. Le tsiny et le tody sont deux formes de transgression de ces règles: le premier est la culpabilité pour celui qui offense son entourage et le second qualifie les représailles auxquelles on peut s'attendre après une mauvaise action.

Le pasteur Richard Mahitsison Andriamanjato était l'un des rares Malgaches à ne pas utilisé des mots français à chaque phrase ou à tout bout de champ, bien qu'il maîtrisait parfaitement la langue de Molière. Ses déclarations étaient à 100% en langue malagasy. Rien que pour cela, il nous manquera assurément.

Au départ de Paris, sa dépouille mortelle arrivera sur la Terre-des-Ancêtres, le jeudi 23 mai 2013. Elle sera veillée à l'église FJKM Ambohitantely jusqu'au dimanche 26 mai 2013, jour de son enterrement au caveau familial d'Andranonandriana, Ambohidratrimo.

L’équipe de www.madagate.com présente ses profondes condoléances à la famille du Pasteur Andriamanjato.

Jeannot Ramambazafy – 17 mai 2013

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ARCHIVES HISTORIQUES

Ce dossier n’a pas été rédigé pour faire plaisir à untel ou à dénigrer bêtement un autre. Il s’agit de recherches qui ont abouti à l’affligeant constat que, si les tenants du pouvoir et leur siglomanie personnelle changent, les pratiques pour s’accrocher à leur fauteuil demeurent les mêmes qu’au temps de la première république malgache.

Certes, au nom de la souveraineté nationale, clamée, hypocritement déjà, pour user de tous les abus de pouvoir possible, les élections municipales d’Antananarivo seront une affaire malgacho-malgache. Mais si j’ai voulu les mondialiser c’est pour que les gens sachent ce qui s’est passé, se passe et va se produire tout autour du 12 décembre 2007. Et c’est aujourd’hui et maintenant qu’il faut alerter l’opinion publique internationale. Les regrets ne venant qu’après, mon combat à la Don Quichotte trouvera peut-être un groupe de pression, ici et ailleurs, pour faire cesser les ignominies. Qui sait ? En tout cas, les paroles s’envolent mais les écrits restent.

Comme point de départ, je vais prendre la période des tous débuts du retour de l’Indépendance de Madagascar. L’A.K.F.M. (« Antokon’ny kongresin’ny fahaleovantenan’i Madagasikara » ou Parti du congrès de l’indépendance de Madagascar) a été créé le 8 novembre 1958, par le pasteur Richard Mahitsison Andriamanjato, pour protester plus efficacement contre la décision du 15 octobre 1958, qui fut de transformer le Conseil du gouvernement, mis en place le 27 mai 1957, en Gouvernement provisoire de la République malgache présidé par Philibert Tsiranana alors Conseiller provincial. Le 16 octobre 1958, ce fut au tour de l’Assemblée nationale provisoire législative et constituante, d’être désignée par le congrès de Tananarive, non pas au scrutin proportionnel mais au scrutin de liste majoritaire. Ce qui entraîna l’exclusion des partisans du « NON » de la dite Assemblée. Président de l’A.K.F.M., le pasteur Andriamanjato, dès lors, jouera un très grand rôle sur la scène politique malgache. A Diego-Suarez, la section de l’A.K.F.M. était dirigée par Francis Sautron, un Réunionnais. Soucieux de museler l’opposition, Philibert Tsiranana ne tarda pas à obtenir la révocation du maire de Tananarive Stanislas Rakotonirina -premier maire malgache élu le 24 novembre 1956- et la dissolution, le 27 janvier 1959, du Conseil municipal de Diégo-Suarez dirigé par Francis Sautron. Le 11 octobre 1959, une nouvelle élection municipale a permis à M. Sautron de récupérer son siège de maire. Sa liste étiquetée AKFM-FISEMA (syndicalistes) obtint 19 sièges contre 8 sièges pour les pro-Tsiranana classés alors comme « la droite ».

Ce 11 octobre, l’A.K.F.M. de Richard Andriamanjato, taxé de "phare de l’opposition", triomphait à Tananarive en enlevant 25 des 37 sièges du Conseil municipal de la capitale malgache. Toujours mauvaise perdante, la droite, comme en 1956, pressa 12 conseillers municipaux de Diégo de démissionner. Au scrutin du 6 mars 1960, consécutif à ces démissions, la coalition gouvernementale obtint 8 des 12 sièges vacants. Le nouveau rapport des forces au sein du Conseil fut alors le suivant : AKFM 17 sièges ; droite 10 sièges.

Déjà l’arbitraire

Il faut savoir que ces élections municipales du 11 octobre 1959 avaient été précédées par: -l’élection du président de la République le 1er mai 1959. Sans surprise, Philibert Tsiranana (qui avait fondé le Parti social démocrate ou PSD en 1956) recueillit la totalité des voix des 113 votants ; -la désignation, fin avril 1959, des 37 membres du Sénat ; -la transformation des assemblées provinciales en Conseils généraux de province ; -la formation, le 14 mai 1959, d’un nouveau gouvernement composé uniquement d’amis de Tsiranana. Ce dernier avait expressément commandité l’élimination de Justin Bezara, un proche de Francis Sautron qui détenait jusque-là le portefeuille de l’Équipement. Après les élections municipales du 11 octobre 1959, qui se sont traduites par un échec pour les partis qui soutenaient le gouvernement, ce dernier s’est employé à tout mettre en œuvre pour qu’il n’ait jamais plus à subir une pareille humiliation.

Ainsi, le gouvernement n’hésita pas à recourir à l’arbitraire pour empêcher le fonctionnement normal des communes qui n’étaient pas de fidèles exécutantes de sa politique.
Etaient particulièrement visées par le pouvoir central les communes de Tamatave et de Diego-Suarez où l’entreprise de déstabilisation de la municipalité a été surmontée grâce à la vigilance et au large soutien populaire dont bénéficiait Francis Sautron.

En ce qui concerne Tananarive, une ordonnance du 3 octobre 1960 a privé le pasteur Richard Andriamanjato, alors maire de la capitale, de presque toutes ses prérogatives. C’est un Délégué général, sorte de super Préfet nommé par le gouvernement, qui administrait la ville. C’est lui qui convoquait le Conseil municipal et contrôlait le travail des adjoints de la Capitale. Les maires des autres communes n’étaient pas non plus à l’abri de l’arbitraire, car l’ordonnance du 24 août 1960 prévoyait que, dès l’instant où l’administration d’une commune lui paraissait « mauvaise », le gouvernement pouvait substituer au maire de la dite commune, un maire désigné par lui. Bref, à tout moment, une commune pouvait être placée sous tutelle du gouvernement sans que ce dernier n’ait véritablement à se justifier. Ce qui est donc arrivé à certains maires malgaches élus majoritairement -dont Roland Ratsiraka emprisonné et acquitté par la suite-, ne date donc pas de l’actuel pouvoir TIM. C’est une pratique vieille de 47 ans. On accuse d’abord et on cherche des motifs ensuite.

Teneur exacte de l’ordonnance n°60.085 du 24 août 1960 : « Est désormais chargé de l’administration de la ville de Tananarive, un fonctionnaire désigné par le ministre de l’Intérieur et nommé « Délégué général ».

Presse sous haute surveillance

La presse de son côté -essentiellement la presse d’opposition- était placée sous haute surveillance. La loi du 27 février 1959 institua le « délit d’outrage aux institutions nationales et communautaires ». En application de cette loi, des journaux se virent infliger de lourdes peines d’amende. Des journalistes furent même condamnés à des peines de prison.
Comme à l’île de La Réunion à la même époque, la saisie des journaux avait été ordonnée pour des motifs vraiment insignifiants. Ainsi, le 19 mai 1959, une des publications de l’A.K.FM. fut saisie pour la simple raison que Philibert Tsiranana y avait été traité de « Sa Majesté le Président-roi ». De plus, la loi du 20 décembre 1960 a permis d’interdire la parution d’un journal pour une durée de 15 jours sous des prétextes les plus divers.

Les libertés bafouées

Les libertés les plus élémentaires du citoyen étaient bafouées. L’ordonnance du 22 juillet 1960, par exemple, prévoyait « l’assignation à résidence des individus jugés subversifs ». Cette ordonnance n’était pas sans rappeler l’ordonnance du 15 octobre 1960 signée en France, pays des droits de l’homme, par Michel Debré et visant tout fonctionnaire « dont le comportement était de nature à troubler l’ordre public ». Ordonnance dont ont eu à souffrir de nombreux Réunionnais. À partir de l’installation de Philibert Tsiranana à la présidence de la République, la répression ne cessa de s’accentuer au fil des ans. Cette répression visait avant tout, tous ceux qui étaient soupçonnés de sympathiser avec les communistes. Il faut se rappeler que Richard Andrimanjato avait effectué de nombreux voyages à l’étranger et notamment dans les pays de l’Est. A Paris, il a été reçu fréquemment par le parti communiste français qui fit écho à ses communiqués et envoya des délégués à chacun des congrès ou conseils nationaux de l’A.K.F.M.

Etat et religion déjà main dans la main

A cette époque du pouvoir PSD, ce ne fut pas le FFKM (réunissant les quatre églises chrétiennes de Madagascar : catholique, protestante, luthérienne, anglicane) qui monta au créneau comme en 2002, mais l’Église catholique seule. D’ailleurs, elle n’avait pas attendu l’accession au pouvoir de Tsiranana pour entrer dans l’arène politique et se mobiliser pour influencer le vote des Malgaches. Dès 1949, les autorités religieuses catholiques avaient demandé à tous les curés de la Grande Île de refuser les sacrements à tous ceux qui voteraient pour des candidats communistes. Même des enfants ont été souvent victimes d’une telle prise de position. Ainsi, un des enfants de Francis Sautron n’a pu être baptisé à Diego-Suarez. Des vieillards n’ont pu obtenir les derniers sacrements d’un prêtre lors de leur décès. Ces mêmes autorités se prononcèrent pour une Église conservatrice «militante». Le 3 janvier 1957, Monseigneur Rolland, Evêque d’Antsirabe, demanda à tous les catholiques d’être « des citoyens porte-lumière ». Mgr Rolland avait été un an plus tôt, à Noël 1956, d’une clarté limpide dans sa lettre pastorale lue dans des églises archi combles : « Refusez vos suffrages à tout communiste... Aucune alliance n’est possible avec de tels hommes ou qui ne croient pas en Dieu ou qui s’acharnent à combattre la religion... et qui veulent instaurer à Madagascar un régime de terreur et d’esclavage ». Le pasteur Andriamanjato fait partie du FJKM (Eglise protestante réformée) mais le véritable but de cette campagne plus politique que religieuse qui divisa vraiment les chrétiens malgaches, était d’obtenir un vote favorable à la loi-cadre de Gaston Defferre à cette époque. A ce sujet, comme le président guinéen Sékou Touré, Richard Andriamanjato avait dit « NON » et avait même étiqueté cette loi de « Loi Gadra » ou Loi Prison. Quoi qu’il en soit, le pouvoir PSD n’aura tenu que 12 ans, avec une chute rapide et durable pourtant prévisible dès avril 1971. Date où le grave soulèvement dans le Sud, sévèrement réprimé, avait été jugé comme une « jacquerie » de la part des conseillers « vazaha » du président Tsiranana.

Mascarades électorales

Tel fut le contexte dans lequel se déroulèrent pour la première fois à Madagascar des élections législatives. Élections qui ont eu lieu le 4 septembre 1960 au suffrage universel et au scrutin de liste majoritaire à un tour. Sur les 107 sièges à pourvoir, le PSD et ses alliés obtinrent 104 sièges et l’AKFM n’en obtint que 3. L’analyse du scrutin montra que même dans les villes comme Tananarive et Diego-Suarez, où les listes A.K.F.M. conduites par le pasteur Richard Andriamanjato et Francis Sautron l’avaient nettement emporté le 11 octobre 1959 sur les listes pro-gouvernementales, l’A.K.F.M. n’a eu, au total, que 3 élus : 0 siège sur 8 à Diégo ; 3 sièges sur 25 dans la province de Tananarive. Ce curieux «renversement de tendance» laisse planer un sérieux doute quant à la régularité des opérations électorales. Victime de la fraude, Francis Sautron n’a donc pas pu siéger à l’Assemblée nationale de Madagascar. Pour marquer sa volonté de ne pas cautionner les «vols de suffrages électoraux» commis impunément le 4 septembre 1960, l’A.K.F.M. décida de ne pas présenter de candidats aux élections des Conseils généraux du 11 septembre 1960 dans les provinces de Diégo-Suarez, Tuléar, Majunga et Fianarantsoa, ainsi qu’aux sénatoriales du 2 octobre 1960. Sans la moindre retenue et ayant vaincu sans péril aucun, les partis gouvernementaux s’attribuèrent alors 231 des 236 sièges des Conseils généraux et la totalité des sièges de sénateurs.

Invalidations et PDS

Après les mascarades électorales de 1960 dénoncées avec force par l’A.K.F.M. ainsi que par les démocrates réunionnais, Francis Sautron s’attendit à une fin de mandat difficile, malgré le soutien populaire dont il jouissait à Diégo. Les craintes du Réunionnais s’avèrent fondées.
Le gouvernement ne tarda pas en effet à prendre deux importantes décisions. La première visa à écourter le mandat des conseillers municipaux élus le 11 octobre 1959.Mandat qui devait s’achever normalement fin 1965. Le renouvellement de tous les Conseils municipaux a été fixé au 14 décembre 1964. La seconde décision visa à éliminer de la direction des communes toute personne n’ayant pas la nationalité malgache. Ce qui fut le cas de Francis Sautron. Alors que le français Eugène Lechat était ministre des Travaux Publics ! M. Sautron a été l’une des rares personnes concernées par la loi du 15 juillet 1963, qui stipule que « les fonctions de maire et de 1er adjoint ne peuvent être exercées par des citoyens français ».

Aux municipales du 14 décembre 1964 auxquelles Francis Sautron ne se présenta pas, les partis gouvernementaux s’emparèrent de la mairie de Diego. Lors de ce scrutin municipal, le PSD de Philibert Tsiranana avait mis tout en œuvre pour éliminer ses adversaires partout où, malgré le recours à la fraude, ces derniers avaient pu se faire élire. Ainsi à Antsirabe, ville à 170 km au sud d’Antananarivo, où l’A.K.F.M. parvint à infliger une défaite au PSD, les élections ont été invalidées et, au scrutin suivant, les résultats ont été inversés : le président de la délégation spéciale (PDS) mis en place à la suite de l’invalidation de ces élections du 14 décembre 1964 -qui n’éprouva aucune gêne à être candidat tête de liste- s’octroya 27 sièges et ne concèda à l’A.K.F.M. que 7 sièges. Vous connaissez le cas de Zakahely Boniface ? Ce député élu à Mananara-Nord, il n'y a pas longtemps mais cette élection a été annulée. Entre-temps, il a été condamné à 30 mois de prison ferme pour coups et blessures involontaires. Une affaire qui remonte assez loin. Il a interjeté un appel en cassation mais nul ne sait s'il pourra toujours être candidat pour la nouvelle élection prévue le 14 novembre qui vient. Ni ce qu'il lui adviendra après, au cas où il gagnerait encore. Ce malgré la descente lourde d'une délégation gouvernementale (exécutif) conduite par le président de l'Assemblée nationale (législatif). Ce jour-là, les écoles ont arbitrairement été fermés.

Pour revenir à nos moutons, ce système de PDS est très pratique pour un pouvoir totalitaire, dans le sens où il peut nommer et destituer qui il veut sans avoir à rendre de compte à qui que ce soit, surtout pas à la Justice.

Durant la période de la Révolution socialiste sous Didier Ratsiraka et son parti AREMA (Avant-garde de la révolution malgache), tout n’a fait qu’empirer. En gros, tout le pays était sous la coupe réglée de l’AREMA qui avait totalement verrouillé tous les systèmes sociaux, économiques et politiques. La DGID, la police d’Etat, était la main armée de toutes contestations jugées anti-révolutionnaires, réfractaires à la Charte de la Révolution socialiste et du petit livre rouge. Il faut se rappeler qu’à la suite de l’assassinat du colonel Richard Ratsimandrava, en 1975, personne n’avait élu Didier Ratsiraka mais il a accédé au pouvoir à la suite d’un référendum très opportuniste au moment où les Malgaches étaient vraiment désemparés. On connaît la suite et même sa fin. Lorsque Marc Ravalomanana arriva sur la scène politique, après l’interlude du président Zafy Albert -qui stoppa une première fois la dictature de l’Amiral Ratsiraka en 1991-, mais qui a été trop facilement empêché par l’Assemblée nationale en 1995, tous les espoirs étaient permis pour que cette situation de mainmise électorale ne soit plus qu’un mauvais souvenir. Hélas, mille fois hélas. La Grande île a perdu six ans de son existence avec la réélection de Didier Ratsiraka avant que le peuple ne gronde vraiment sous la houlette d’un nouveau messie. Après avoir été élu maire d’Antananarivo en 1999, Marc Ravalomanana se porta candidat à l’élection présidentielle de décembre 2001. On connaît la suite et ce n’est pas le sujet ni le thème de ce dossier. Mais lentement et implacablement, Ravalomanana emboîta les mêmes stratégies que Dadabe Tsiranana doublées de celles de l’Amiral Ratsiraka. Mais cette fois-ci, c’est le FJKM qui supplante l’Eglise catholique et le Map (Madagascar action plan) fait actuellement office de petit livre rouge. Des excuses vers un autre pouvoir totalitaire déjà enclenché. Suite au toilettage de la Constitution à son avantage, à cause d’une population inconsciente car mal informée et ne sentant aucunement concernée, le pouvoir Ravalomanana et son parti TIM (« Tiako i Madagasikara » ou J’aime Madagascar) ont quasiment tous les pouvoirs. Dès maintenant, tous ceux qui ne sont pas TIM sont taxés d’anti-développements comme on était anti-révolutionnaires sous l’AREMA. Vu les antécédents négatifs liés à tout régime qui veut faire cavalier seul pour développer le pays, l’avenir proche de Madagascar n’est pas radieux car il ne faut jamais se fier aux apparences de rapports trop beaux pour être vraiment… réalistes. Il faut se rappeler une fois pour toute que Tsiranana, Ramanantsoa, Ratsimandrava, Ratsiraka,Zafy et Ravalomanana ont tous voulu développer le pays. Les cinq premiers ont tout raté parce qu’on n’impose pas impunément des idées loin des réalités du pays. Le président actuel devrait sérieusement revoir l’Histoire de Madagascar.

Mais pour en revenir à notre sujet, à propos des municipales de la ville d’Antananarivo, le Président Ravalomanana a nommé le Dg de Magro (filiale de Tiko) pour remplacer Patrick Ramiaramanana alors nommé Ministre de l’Energie en 2006, qui a eu le même parcours ayant aussi été PDS avant d’avoir été élu. Logiquement et dans l’esprit du peuple, c’est l’adjoint au maire qui aurait dû assurer les affaires courantes, en attendant les prochaines élections. Mais comme le TIM a tout bouclé, cette nomination est « légale ». Mais dans les faits, Hery Rafalimanana candidat du TIM aux élections municipales du 12 décembre 2007 à Antananarivo n’a pas été élu et n’a fait que poursuivre l’œuvre de son prédécesseur. En clamant à qui il veut qu’il faut le juger sur ses actions, il doit d’abord être honnête envers lui-même car c’est la tenue des Jeux des îles de l’océan Indien qui ont voulu tout cet embellissement de la Capitale en un temps record. Patrick Ramiaramana ou M. Edouard, son adjoint, auraient réalisé exactement les mêmes actions. Revers de toutes les médailles d’or raflées lors de ces jeux, le Comité doit toujours des milliards d’Ariary et son jeune Dg, Eric Rakotonarivo, homme de confiance de Marc Ravalomanana, semble s’être évaporé. Et, à ce sujet, le TIM ne pipe mot. Passons. Actuellement, pour la ville d’Antananarivo, il y a six candidats officiels. Hery Rafalimanana, candidat du TIM, Marc Ramiarinjatovo, maire d’Alasora, colline sacrée de l’Imerina, membre du TIM qui roule indépendant sous son association « Madagasikara Vaovao » (nouveau Madagascar), créée à l’occasion, Jonah Andrianarivo Andrianasolo, indépendant sous l’association «Zaikaben’ny Merina», Andry Rajoelina, Pd-g d’Injet et de la chaîne audiovisuelle Viva, ayant créé l’association TGV («Tanora MalaGasy Vonona» ou Jeunes Malgaches prêts), Nasolo Valiavo Andriamiahaja alias le chroniqueur Vanf "indépendant Vanf") et Malala Savaron, une dame (Fi 3 qui prône l'amitié, l'amour et tout et tout). L’électorat aura donc un choix entre six tendances dont on saura les tenants et aboutissants respectifs durant la campagne électorale prévue débuter le 27 novembre 2007.

Tout irait bien dans le meilleur des mondes démocratiques si ce n’est que les pratiques héritées ou puisées chez le PSD d’il y a 47 ans avec celles de l’Etat policier AREMA n’émergent à nouveau. Dans les exemples qui suivent, je me refuse à utiliser le conditionnel car tout le monde est au courant mais personne, même pas les journaux de la place n’en parle. Ce qui est gravissime. Ici, c’est Andry TGV qui est la principale cible. En en effet, même si tous se sont présentés pour gagner, ce jeune P-DG joue, actuellement, le même rôle que le pasteur Andriamanjato en son temps. Il a les moyens et des idées à appliquer d'après les solutions suggérées par les citadins. Il fait donc peur. Aussi, nous voici de retour dans les années 60 PSD.

Première action déshonorante pour les commanditaires : dans la nuit du mercredi 7 au jeudi 8 novembre 2007, des acrobates sont allé couper les câbles de transmission de l’antenne de Viva. Or, cette antenne se situe sur la colline du Fort Duchesne, en plein milieu d’un camp de gendarmerie. En cette période pré-électorale, il n’y a aucun hasard dans ce genre « d’incident ». Seconde action, très prisée déjà lors des dernières élections législatives, le déplacement de ruraux dans les quartiers les plus populeux pour s’y inscrire dans les listes électorales moyennant finance. Dans ce cas, qui débute en ce moment même, c’est tout le système de l’actuelle commune urbaine qui est complice. Avec le panel de candidats, il est certain que le nombre d’électeurs augmentera mais c’est maintenant et non après les élections qu’il faut tirer la sonnette d’alarme. Le pouvoir AREMA avait fait mieux en augmentant les… bureaux de vote ! Oui. Troisième action révélée, cette fois-ci par le quotidien Madagascar Tribune en date de ce lundi 12 novembre 2007, la pression sur les éventuels sponsors. Voici des extraits de l’article de N. Randria :

« Le jeune candidat à la mairie de la capitale, Andry Rajoelina a débuté sa pré-campagne électorale en s’attaquant à l’un des arrondissements les plus populeux de la ville. En effet, son premier comité de soutien pour cette course à la magistrature d’Antananarivo a été installé hier dans le 6ème arrondissement. L’objectif pour cette nouvelle organisation est de ratisser le maximum de voix dans les 34 fokontany que compte la vaste circonscription d’Ambohimanarina et ses alentours, un objectif facilement réalisable si l’on se réfère à l’engouement de la population, et en particulier des jeunes, à le soutenir. Toutefois, comme il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué (…). [Car] des sources concordantes nous ont fait part qu’actuellement, différentes sortes de pressions se font jour au niveau de certaines sociétés qui seraient enclines à soutenir ce jeune opérateur pour la prochaine échéance électorale. Ainsi, des opérateurs seraient menacés de contrôle fiscal tandis que d’autres auraient subi moult tracasseries au niveau des services de la douane. Pire, comme chacun le sait, Andry Rajoelina est propriétaire d’une chaîne audiovisuelle, les éventuels annonceurs sont obligés d’y penser à deux fois avant de sponsoriser une émission ou d’y faire paraître leurs spots publicitaires. Si ces faits étaient avérés, nul doute qu’ils ne sont motivés que par la crainte du verdict populaire qui s’achemine lentement mais sûrement vers la victoire annoncée de Andry Rajoelina, une victoire qui traduit le rejet du « candidat d’Etat » par la population tananarivienne dont les yeux se sont finalement dessillés ».

Je n’utiliserai pas le conditionnel, vous ai-je dit plus haut car cet état de fait est véridique, tout aussi véridiques que les menaces à l’endroit de personnes qui avaient assisté à la déclaration de candidature de Andry Tgv, au Carlton, le 3 novembre 2007. Comme je l’ai dit aussi, personne n’aura le courage de témoigner. Pour le moment. Mais comme dit le proverbe malgache : « Misy fotoanany ny zava-drehetra » ou chaque chose en son temps. Pour l’heure, je suis en train d’établir un listing minutieux du nombre d’habitants de chaque arrondissement de la capitale à partir des listes officielles des élections précédentes. En attendant, je m’adresse directement au président Marc Ravalomanana que je loue pour son initiative de dialogue à propos de la bonne gouvernance, qui se tient au Palais d’Etat d’Iavoloha, jusqu’à la fin de ce mois de novembre. Ce matin (lundi 12 novembre), en l’écoutant attentivement je me suis convaincu qu’il n’est pas au courant de ces manœuvres pour que le TIM gagne à tout prix, comme au bon vieux temps du «Pisodia» (PSD). Surtout qu’à propos de la non-retransmission du synode catholique, personne ne l’avait contacté.

"Les membres de la fonction publique seront intègres,efficaces et professionnels". Puis, une coupure de courant arriva. Par deux fois. Un crime de délestage… présidentiel. Pris au dépourvu, Marc Ravalomanana déclara alors qu’il fallait des professionnels et qu'il fallait aussi utiliser tous les puissants groupes électrogènes... Un gouffre entre la théorie et la pratique. Le Président a vécu tout ce que vivent nombre de foyers malgaches dans la Capitale, actuellement. Et pas seulement pour 3 minutes...

Monsieur le Président, au nom de tout ce que vous avez déclaré ce lundi-là, en matière de démocratie et étant le premier responsable de la bonne (ou mauvaise) gouvernance à Madagascar, faites cesser ces pratiques indignes d’un chrétien comme vous et que l’on veut encore croire. Faites en sorte que ces élections, toutes les élections d’ailleurs, se déroulent à la loyale. Dès lors que ce dossier est mis en ligne, c’est le monde entier qui sera le juge de votre volonté réelle de rester juste et équitable. Je vais vous raconter une histoire authentique. Durant le pouvoir PSD, mon père, médecin, n’a pas voulu être membre de ce parti. Du coup, il a été affecté à Marolambo. Demandez au ministre de la Santé Jean-Louis Robinson, il vous répondra que c’est ce qu’on appelait affectation disciplinaire. Or, toute sa vie, il était discret mais très efficace sans faire de la politique politicienne. Qui ne connaissait pas le Docteur Jean Ramambazafy ? Vous peut-être mais le carton de Chevalier de l’Ordre national qu’on lui a remis à titre posthume, à sa mort, porte votre signature. Durant le pouvoir AREMA, alors étudiant, je suis allé au CSR (Conseil suprême de la révolution) à Ambohidahy pour une demande de bourse extérieure. C’est le CSR, feu Fiakara Jean Ferlin qui m’a reçu. Première question : dans quel parti êtes-vous inscrit ? Je lui ai expliqué que, dans ma famille, on ne fait pas de politique politicienne. N’ayant pas voulu adhérer à l’AREMA, je n’ai pas eu de bourse. Même pour l’Urss. Heureusement. Ce sont mes parents qui ont payé toutes mes études. Ce n’est pas maintenant que je changerai de position. En 1991, pour avoir lutter contre le pouvoir AREMA et un départ doux de Didier Ratsiaraka -que je connais depuis une enfance passée au foyer malgache du boulevard Arago, Paris 13è, où il était un jeune élève-officier, j'ai été pris en otage, à Diego, par les fédéralistes pro-Ratsiraka. Que vous le voulez ou non, je fais déjà partie de l'Histoire même de Madagascar. Aussi, ne croyez pas un seul instant que mes enfants iront adhérer au TIM. Nous avons le savoir-faire pour développer le pays sans nous faire embrigader par des gens qui ne tiennent jamais leurs promesses faites au plus grand nombre. "Tsy mila tamibiny ny hoavin'ny taranaka" (L'avenir de nos descendants ne se marchande pas). Cela ne veut pas dire qu’on est des opposants, donc qu’on ne veut pas du Map. Non, on n'aime pas ces manières d'accéder au pouvoir. Nos parents nous ont inculqué la loyauté, l'équité, la justice et l'aide aux plus faibles. Sans avoir a adhérer à un quelconque parti politique. Laissez ce genre de logique à vos fous. De tout temps, un roi avait toujours besoin de fous. Cependant, si un génie est souvent fou-fou, un fou n’est pas forcément un génie…

Si vous voulez vraiment développer le pays, acceptez un vote sans contrainte ni intimidation et écoutez les autres composantes de la Nation. Ne faites pas les mêmes erreurs que les présidents Tsiranana et Ratsiraka. Le premier a fini dans la pauvreté en 1978, le second est en exil en France. Je me complais à espérer, avec votre initiative de dialogue. Mais ce n’est pas suffisant car on vous cache trop de choses infâmes faites en votre nom. Tout cela retombera forcément sur vous et votre famille. J’espère donc intimement que vous aurez connaissance de ce dossier grâce à des personnes de votre entourage vraiment loyales et perspicaces. Sinon, des échos vous parviendront de l’extérieur et ce ne sera pas bien pour vous et mettra à mal le « Job description » que vous avez si bien expliqué. Certes, il ne faut pas croire à tout ce qui se dit sur Internet. Mais, de ma part, ce sont des faits réels, que j’ai vécu, dont je suis témoin et qui perdure. A 53 ans, j’ai vécu sur deux millénaires et croyez-moi ou non mais vouloir « intimiser » tous les postes de commandement par l’intimidation et les fraudes en tous genres vous acculera au pied d’un mur que vous ne pourrez jamais franchir tout seul. Car, à ce moment, vos soi-disant fidèles, tels des rats, quitteront le navire en vous reniant. Et çà, c’est l’Histoire de Pierre dans la Bible qui se perpétue. Aussi, faites valoir votre titre de Chef suprême. Donnez des ordres stricts (« Baiko hentitra ») pour qu’on cesse de vous salir. Vous en avez le pouvoir, à partir du moment où vous êtes informé. Et vous l’êtes à présent ! Ce n’est pas du langage très diplomatique mais, lorsque c’est l’avenir de toute une Nation qui est en jeu, il faut appeler un chat un chat. Et non un… chat sauvage ("Pisodia" signifiant littéralement chat sauvage).

Voilà chers visiteurs, j’ai fait une partie de mon travail qui est d’informer, de vous informer sans parti pris. A Madagascar, la censure a été levée en 1989 par Didier Ratsiraka et elle a été renforcée par le président Zafy. La liberté d’expression et d’opinion est garantie par la Constitution. Mais la pratique est aux antipodes de la théorie. Quant à mon style de rédaction, je le veux… révolutionnaire. Après la révolution socialiste révolue et l’actuelle révolution verte qui s’amorce, il faut que vous vous souvenez de ce que j’écris, décris (du verbe décrire) et décries (du verbe décrier) depuis un quart de siècle. Merci de votre aimable attention.

Jeannot Ramambazafy – 16 août 2008

 

Mis à jour ( Mardi, 21 Mai 2013 16:16 )  
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