A Madagascar, dans cette ambiance de volonté de changement (au niveau du Président Andry Rajoelina surtout), il apparaît clairement que c’est dans le volet culturel que le bât blesse vraiment. Et, malheureusement, l’approche est confondue avec des visées à caractère politique « personnalisée » jusqu’à confondre travaux d’hygiène et d’assainissement mensuels et la notion même de patriotisme…
Dans le cadre du souvenir douloureux des évènements de 1947-1948 à Madagascar, l’association « Fifanampiana Malagasy », traduit en « Comité de Solidarité de Madagascar » fondé le 3 mai 1950 par Gisèle Rabesahala, -en partenariat avec la section du ministère de la Défense, chargée des combattants patriotes- a eu une lumineuse idée :
L’organisation d’une exposition au sein de l’évènement Asia/Enjoy Madagascar 4è édition à Tanjombato (du 30 mars au 07 avril 2019). Qui est donc Marie Gisèle Aimée, Gisou pour les intimes, Rabesahala ? Je n’ai pas à attendre l’anniversaire de sa naissance (7 mai 1929) ni la date de son décès (27juin 2011) pour vous la faire (re)découvrir… autrement.
Déjà, ses titres sont exceptionnellement… exceptionnels. Les voici : Fondatrice et Présidente nationale de l’association « Fifanampiana Malagasy » ; Fondatrice et Présidente du Comité de rédaction du journal « Imongo Vaovao » ; Co-Fondatrice, Secrétaire générale et Conseillère politique du parti AKFM (« Antokon’ny Kongresin’ny Fahaleovantenan’i Madagasikara » - Parti du Congrès de l’Indépendance de Madagascar) ; Fondatrice du parti UPM (Union du Peuple Malagasy) ; Fondatrice et Présidente d’honneur du syndicat FISEMARE ; Conseillère municipale de la commune urbaine d’Antananarivo ; Député de Madagascar ; Ministre de la Culture et des Arts révolutionnaires ; Vice-Présidente du Sénat de Madagascar ; Membre du comité d’organisation de la commémoration du 29 mars 1947 au sein de l’association « Fifanampiana Malagasy » ; Membre du Comité d’administration du Centre de soins et de Santé sis à Avaradoha Antananarivo ; Fondatrice et membre des Femmes révolutionnaires AKFM ; Présidente d’honneur du F.V.F.F. (« Fivondronan’ny Vehivavy ho an’ny Fitoviana sy Fampandrosoana » - Union des Femmes pour l’Egalité des genres et le Développement) ; Présidente d’honneur de l’OSPAA (Organisation de Solidarité avec les Peuples d’Asie et d’Afrique ; Membre du Comité de direction de la FDIF (Fédération Démocratique Internationale des Femmes) ; Fondatrice et membre de l’association Amitié Madagascar-Cuba ; Grand-Croix de 2è classe de l’Ordre national malagasy ; Grand Officier de l’Ordre national malagasy : Médaillée de l’Ordre de l’Amitié des peuples de l’ex-URSS ; Médaillée de l’Ordre de l’Amitié des peuples de l’ex-RDA ; Médaillée de l’Ordre de l’Amitié des peuples du Vietnam ; médaillée de l’Ordre Ana Bettencour de Cuba ; Médaille d’Or de la Paix Joliot Curie du Conseil Mondial de la Paix.
Une stèle a été érigée à son nom du côté d’Andravoahangy ambony à Antananarivo (GRAND FORMAT ICI)
Quel était le but initial de ce Comité de Solidarité de Madagascar ? « Il s’agissait d’œuvrer pour l’amnistie et la libération de tous les prisonniers politiques des évènements de 1947. Il s’agissait aussi de soutenir les familles des victimes, particulièrement les femmes, sœurs et filles des détenus politiques. Il dénonçait les exactions commises par l’administration coloniale pour mater les aspirations populaires à la liberté et à l’indépendance ».
En parallèle à ses activités de militante au sein du Comité de Solidarité de Madagascar, Gisèle Rabesahala collaborait à la publication de journaux très nationalistes : « Fraternité », « Fihavanana », « Tenimiera » devenu «Itenimiera », « Lalam-baovao », « Imongo Vaovao ».
Au premier plan au centre, Mademoiselle Gisèle Rabesahala au début des années 1950
En 2006, le livre de 382 pages « Que vienne la liberté ! » (« Ho tonga anie ny Fahafahana ») a été publié par Océan éditions. Que signifie cette liberté, pour Gisèle Rabesahala, son auteur ? « Pour les patriotes, c’était lutter pour l’indépendance de leur pays. Mais, à l’époque où nous vivons, cette liberté est basée sur la lutte contre toutes les pauvretés. Par exemple, il ne faudrait pas que la pauvreté monétaire des gens ne devienne un objet de chantage pour quelques intérêts bassement personnels de tenants du pouvoir qui y sont et qui veulent s’y agripper. Vous savez, les gens ne seront jamais libres s’ils ont faim, s’ils sont mal vêtus, s’ils sont mal logés ! Ils ne seront jamais libres s’ils demeurent illettrés, emprisonnés par un esprit de clocher. A part cela, il y a la liberté politique, et cette notion de démocratie qui ne doit pas être qu’un slogan vide d’actions ».
Le 11 mai 2016, à Antananarivo, lors de son discours face aux parlementaires de Madagascar, le Secrétaire général de l’ONU à l’époque, Ban Ki-moon, a rendu hommage à Gisèle Rabesahala qu’il a citée comme exemple à suivre « dans la vie politique et sociale » de Madagascar. Extraits de son hommage :
« (…) The late Gisèle Rabesahala was a great daughter of Madagascar and an example to the world. She went into politics when she was just 17. She struggled against colonialism and advocated for the poor. She became the first woman Minister in Madagascar. She once said, “If we don’t know where we come from, we don’t know where we are going.” I encourage you to heed these words, learn from your history and build a better future for all… ».
« (…) La regrettée Gisèle Rabesahala était une grande enfant de Madagascar et un exemple pour le monde entier. Elle est entrée en politique alors qu’elle n’avait que 17 ans. Elle a combattu le colonialisme et défendu les pauvres. Elle a été la première femme ministre de Madagascar. Elle a déclaré un jour : « Si on ne sait pas d’où on vient, on ne sait pas où on va ». Je vous invite à garder ces paroles à l’esprit, à apprendre les leçons de votre histoire et à construire un avenir meilleur pour tous… ».
Tout ce que nous demandons, tout ce que je demande aux dirigeants actuels, ce n’est pas d’être parfaits. La perfection n’est pas de ce monde. Ce que je vous demande c’est d’être vrais, authentiques, en un mot être vous-mêmes. C’est-à-dire tels que vous étiez avant d’entrer dans l’arène de la politique qui dépersonnalise tous et tout. Mais soyez l’exception confirmant toute règle. Si cela vous est insurmontable, comme pour tous vos prédécesseurs qui ont ruiné le pays tout entier avec plus de paroles que d’actes, une seule voie de sortie honorable : la démission.
Pour en revenir à ce Salon Asia/Enjoy Madagascar 4ème édition, voici ce que j’ai lu dans un stand, à propos de « La ceinture et la Route » :
LES QUATRE CONCEPTS DE LA CEINTURE (ÉCONOMIQUE) ET LA ROUTE (DE LA SOIE ET MARITIME DU XXIème SIÈCLE)
1. LA PAIX ET LA COOPÉRATION
2. L’OUVERTURE ET L’INCLUSION
3. L’APPRENTISSAGE ET L’INSPIRATION
4. LA RECIPROCITE ET L’ESPRIT GAGNANT
Il faut que vous sachez que « La route de la soie » est un réseau ancien de routes commerciales entre l'Asie et l'Europe, reliant la ville de Chang'an (actuelle Xi’an) en Chine à la ville d'Antioche, en Syrie médiévale. De nos jours, Antioche est située au bord du fleuve Oronte près de la ville d'Antakya en Turquie. Ce réseau tire son nom de la plus précieuse marchandise qui y transitait : la soie.
Hors visée à caractère politique pure et dure du Président chinois Xi Jinping (en mai 2017, il a annoncé officiellement ce chantier reliant l’Europe à l’Asie, qui coûtera 1.000 milliards d’euros, et on semble compter pour du beurre pour le moment…), le vrai développement, c’est l’application effective de ces quatre concepts de cette nouvelle « Ceinture et Route ». Le reste n’est que de la gesticulation pour gamins attardés. Mais tout est question aussi d’avoir une équipe incorruptible et d’incorruptibles car l’occasion fait le larron. Et alors, ce sera bien : tous des fous sauf Gisou ! Paix à son âme.
Jeannot Ramambazafy – Dossier également publié dans « La Gazette de la Grande île » du mercredi 03 mars 2019