Décidément, il faudrait savoir où on va. Qu’est-ce que je n’ai pas eu comme critiques, à propos du fiasco de New York. Et de la part des joueurs de l’équipe de la Hat, pour la plupart. Du coup, comme en 1991 et 2002, je deviens le « Public ennemy N° 1 for all ». Cela prouve, encore une fois, que les Malgaches devraient apprendre à supporter les critiques et réviser leurs leçons d’histoire. Mais l’important n’est pas de baisser la garde mais de s’en tenir à une logique de développement authentique et durable pour la patrie commune. Les râleurs sont ceux qui n’ont jamais brillé par leur efficacité.
Depuis des années, je dis toujours qu’il faut se tourner vers une véritable coopération Sud-Sud. Car, les origines malgaches proviennent de cet hémisphère (Indonésie/Polynésie, Arabie, Afrique). Le week-end dernier, une opportunité s’est présentée, complètement ignorée par le ministère des Affaires étrangères malgache, trop obnubilé par une 64è Assemblée générale de l’Onu qui s’est traduite par la débâcle que l’on sait, grâce à l’exploit sans précédent de Me Alexis Thambwe-Mwamba de la RD Congo, parlant au nom de la Sadc. Il s’agissait du second sommet Afrique-Amérique latine ou ASA, organisé au Venezuela.
Hugo Chavez accueillant Muammar Al-Kadhafi venu droit de New York (64è Assemblée générale) où il avait rencontré Andry Rajoelina...
Le président comorien Ahmed Abdallah qui sait saisir toutes les opportunités pour faire connaître son petit pays
Pour en revenir à ce second sommet Afrique-Amérique latine, Madagascar donc, a encore été absent. Pourquoi ? Car voici les tenants et aboutissants de cette rencontre qui pourrait changer l’ordre économique mondial. C’est à Porlamar, sur l’île Margarita, au nord-est du Venezuela, que s’est déroulé ce second sommet, les 26 et 27 septembre dernier. Y ont été représentés, 61 pays (49 africains et 12 latino-américains), sauf Madagascar… Plus encore, les nations suivantes, par ordre alphabétique, ont été représentées par leur chef d’Etat : Algérie, Burkina Faso, Gambie, Ghana, Libye, Mali, Mauritanie, Equateur, Namibie, Niger, République centrafricaine, Soudan, Sao Tomé et Principe, Swaziland, Afrique du Sud, Togo, Argentine, Bolivie, Chili, Brésil, Paraguay, Uruguay, Zimbabwe. Mais même les Comores y étaient…
Le président vénézuélien Hugo Chavez aurait accueilli Andry Rajoelina à bras ouverts
Lors de son discours inaugural, le président vénézuélien, Hugo Chavez a annoncé la couleur : « Les puissances mondiales veulent continuer à préserver leur pouvoir. Quand ils ont eu l'occasion de nous aider, ils nous ont traités comme des animaux, ils ont détruit nos terres. Nous avons aujourd'hui la chance de construire notre propre puissance ». Sans commentaire. Mais ces déclarations résument bien l’enjeu de ce second sommet : la formation d’une grande alliance apte à influer sur le plan international.
Dans cette authentique coopération Sud-Sud, les langues officielles de travail sont : l’arabe, l’anglais, le hollandais, le français, le kiswahili, le portugais et l’espagnol. Remarque qui n’étonnera qu’à moitié : la Colombie, le Pérou, la Guyana et le Surinam, considérés comme alliés des Etats-Unis, ont été les grands absents de ce second sommet, comme ceux du premier d'ailleurs.
L'ambassadeur vénézuélien en Libye, Afift Tejaldine
Pour aller dans le concret, et en marge de ce sommet méconnu sinon inconnu du peuple malgache de Madagascar et de ses dirigeants, le Venezuela a signé 7 accords de coopération avec la Libye. Tiens ? Pays de Kadhafi considéré comme « la porte de l’Afrique de par sa gouvernance socialiste reconnu par tous », dixit Afift Tejaldine, ambassadeur vénézuélien à Tripoli.
La Présidente de l'Argentine, Cristina Fernandez Kirschner
De son côté, Cristina Kirschner, elle, a parlé de « nouvelles relations internationales, basées sur la coopération mais plus du tout sur la subordination ». Quand on pense que l’entourage d’Andry Rajoelina lui met des œillères pour ne penser qu’à « l’autre communauté internationale traditionnelle du Nord », çà fend le cœur…
Par ailleurs, le projet d’une banque du Sud, lancé en 2007, vient d’entamer une étape décisive. En effet, sept pays latino-américains (Argentine, Bolivie, Brésil, Equateur, Paraguay, Uruguay, Venezuela) ont signé un accord à ce sujet et le siège social de cette future banque devrait se situer à Caracas, avec deux agences en Argentine et en Bolivie. Capital initial prévu pour cette Banque du Sud : 20 milliards de dollars ou 14 milliards d’euros. Nom proposé par Hugo Chavez : BANCASA. Cette Banque, un équivalent du FMI pour le Sud, aura pour objet de financer des projets de développement dans les pays membres de cette coopération Sud-Sud. Heureusement que j’y ai un ami, là -bas, marié à une Malgache, qui ne manquera pas de me tenir au courant. Enfin, dans le volet « Communication » (car qui détient l’information détient le pouvoir), la radio du sud (Radio Del Sur) est actuellement disponible sur l’Internet : http://www.laradiodelsur.com
Le Président du Soudan, Omar El-Bashir
Le président brésilien Ignacio Luiz Lula Da Silva
Enfin, Muammar Al-Kadhafi a proposé que le troisième Sommet ASA se fasse en Lybie en 2011. Vu l’ignorance des dirigeants au sujet de ce second sommet Afrique-Amérique latine, il faudra qu’Andry Tgv prenne ce train en marche. Cliquez sur ce lien pour la déclaration finale en français de ce second Sommet ASA en PDFÂ
Jeannot RAMAMBAZAFY
Antananarivo, lundi 28 septembre 2009