http://www.youtube.com/watch?v=oKkG47G1NLE
Ce qui était connu d’avance a été officialisé, en ce début d’après-midi du jeudi 22 octobre 2009 : en regard du droit administratif appliqué dans la Grande île, le Conseil d’Etat s’est déclaré incompétent en ce qui concerne les deux requêtes déposées par les avocats du Premier ministre Monja Roindefo. Ces deux requêtes, rappelons-le, portaient sur une demande de sursis à exécution et une autre sur l’annulation du décret de nomination d’Eugène Régis Mangalaza en tant que Premier ministre, selon les accords signés à Maputo. Le désormais ex-Premier ministre a, dès lors, eu très tort, de ne pas avoir accepté le poste proposé par le Président Andry Rajoelina, le 9 octobre dernier. A présent, c’est ce que Monja Roindefo a entrepris, en attendant ce verdict logique, qui inquiète. En effet, si dans le Sud, région d'où il est natif, les "légalistes" pro-Ravalomanana "bougent", ce n'est pas le fait du hasard... Monja Roindefo Zatsimivalo(manana) et Ravalomanana même combat ? J'en avais déjà fait le titre d'un précédent dossier.
Le juriste Jean Eric Rakotoarisoa a été clair et précis ; la ministre de la Justice l’a répété, dernièrement : la nomination d’un membre de gouvernement est un acte… gouvernemental, donc politique, qui sort du domaine de compétence d’un tribunal administratif. Pourquoi Monja Roindefo s’est-il entêté à entrer dans cette voie sans issue ? Je l’ai déjà écrit, sans fard, dans un précédent dossier : des millions (dollars ou euros) étaient en jeu (voir et écouter sur :
Désormais en connaissance de cause, les avocats de Monja Roindefo, qui sont passés de deux à quatre, ont pratiqué l’adage : « Tano ny azo fa satrotra ny mila » (un tiens vaut mieux que deux tu l’auras) et ont décidé qu’ils ne tenteront plus aucun autre recours. C’est le Commissaire de la loi, Philippe Andrianjanahary qui a conduit le réquisitoire, expliquant  les raisons de l’incompétence du Conseil d’Etat concernant les deux requêtes de Monja Roindefo. Pour lui, « les conditions ne sont pas suffisamment remplies pour l’annulation du décret de nomination de M. Mangalaza. Pour ceux qui adorent les termes « législatifs » basés sur la jurisprudence administrative : « un acte gouvernemental est un acte « insusceptible d’être discuté par la voie contentieuse ». Et ce sont les propres termes de la ministre de la Justice (voir et écouter sur  : http://www.madagate.com/politique/1165-madagascar-communication-legalite-et-les-anonymes-de-linternet.html)
 Par sa faute, Madagascar s’est retrouvé, un temps avec trois Premiers ministres : Lui, Eugène Mangalaza et Cécile Manorohanta qui a présidé le dernier conseil de gouvernement.Et quatre même, avec Manandafy Rakotonirina, « nommé » via téléphone portable par Marc Ravalomanana. Mais à quelque chose malheur est bon. C’est bien la première fois, à Madagascar, qu’une femme accède à ce poste, même de manière intérimaire. Il y a de l’espoir dans un environnement social qui donne la part belle aux hommes. Pour le moment, Eugène Mangalaza, après un passage éclair au pays, est encore à l’extérieur. Mais sur quoi va déboucher ce moment de flottement ? Si le vice-président, Emmanuel Rakotovahiny a déclaré attendre sagement sa nomination, quelles histoires à dormir debout vont encore inventer les « mouvances » Ratsiraka et surtout Ravalomanana aveuglée, elle, par la culture viscérale de la haine envers son tombeur, un jeunot de même pas 40 ans d’âge ?
En tout cas, pour signer, Ravalomanana a intérêt à signer l’accord du 6 octobre 2009. Car, quoi qu’il dise, ce président démissionnaire redevenu simple citoyen, doit prendre pour un signal fort et ultime ce qui vient d’arriver à Monja Roindefo. Car, si certains magistrats peuvent être corrompus, la loi, elle, ne s'achète pas comme le premier Boieing à 60 millions de dollars venu... Monja Roindefo a aussi été aveuglé, mais par le mirage de millions promis quelque part mais jamais tout à fait acquis, même s’il était resté Premier ministre. Au pied du mur, il ne lui reste plus qu’une chose à faire : tenir sa promesse et se porter candidat aux prochaines élections présidentielles, même s’il a perdu beaucoup de sa crédibilité. Voilà la rançon de cet art bien malgache de compliquer les choses. Mais cela ne signifie pas qu’Andry Rajoelina est au bout de ses peines. Au contraire, lorsqu’il va (enfin) sortir de son silence, il devra convaincre encore plus et mieux. Au stade où en sont les choses, la bonne foi et la croyance ne suffisent plus.
A mon sens, il doit mettre en pratique le Jugement de Salomon, version transition 2009. Il faut qu’il tranche, une bonne fois pour toute, au sujet des gens de son entourage qui, voulant faire mieux, l’affuble d’une étiquette d’homme immature qui ne fait que de la publicité, passe son temps à des sorties de promotion alors que le pays a besoin d’un décideur qui décide fermement et au moment où il faut. L’enfermer dans un cocon de « Star » est aussi ridicule que dangereux. Il y en a qui passe leur temps à ne traquer que le bon côté pour alimenter et vivifier encore plus le culte de la personnalité d’un siècle révolu. Comme dans ce qui suit :
http://news.fr.msn.com/m6-actualite/monde/photo.aspx?cp-documentid=150164942&page=9
Le peuple malgache veut un homme d’influence et non pas un homme influencé par des intérêts obscurs de la part d’un entourage très… intéressé. Bravo pour Andry Rajoelina, félicitations ! Mais je ne me suis jamais cantonné dans le genre « people » alimentaire. Je suis au côté du… peuple. Nuance.
Le tombeur et le tombé. Attention, en haute politique, il ne faut jamais dire jamais : l’ennemi d’aujourd’hui pourra être l’ami de demain. Cela s’est vérifié lors des sommets de Maputo
Cette volonté de le rendre plus propre avec la double lessive Obséquiosité & Condescendance -qui blanchit même les cons descendus- va le rendre pire que Marc Ravalomanana. Car, qu’on le veuille ou non, leur parcours est identique. Revenez sur terre les gars ! Le peuple (« People ») malgache a besoin d’un dirigeant proche d’eux et à leur écoute permanente et non pas d’une « vedette » qui risque de s’accrocher à son piédestal d’où il finira par tomber très lourdement, à force d’être encensé à longueur de journée. En bref, le peuple malgache a besoin d’un projet de société qui tienne la route, réaliste, correspondant aux réalités du pays et applicable le plus vite possible. Sans plus aucun atermoiement. Si Andry Rajoelina veut être respecté, il doit, d’abord, respecter les préceptes et la qualité inhérents à l’homme d’Etat. C’est quoi ?
Par définition, « la qualité d’homme d’Etat distingue parmi les responsables politiques d’un pays, ceux qui sont réputés avoir l’envergure de diriger l’Etat, ou ceux qui le dirigent effectivement. De nos jours, ce qualificatif vise à souligner la capacité de l’homme d’Etat à s’élever au-dessus des divisions partisanes afin de rechercher le seul bien commun, ainsi que l’acuité de sa conscience de ses propres responsabilités ». Enfin, il faut retenir ce que le président Richard Nixon a constaté : « Le politicien suit le peuple alors que le peuple suit l’homme d’Etat ». Nixon a du démissionner suite à une affaire d’écoutes téléphoniques, dans l'immeuble du « Watergate », révélée au public par deux… journalistes. A Madagascar, on se serait accroché à son poste…
Cela dit, et en attendant (on passe sa vie à attendre -"miandry" en malgache- dans cette période transition) le retour du Pm Mangalaza, Cécile Manorohanta reste Première ministre par intérim et tous les ministres restent à leur poste respectif, jusqu'à la formation d'un nouveau gouvernement d'union national.
Jeannot RAMAMBAZAFY
22 octobre 2009