Je me rappelle : le 27 septembre 2002, au stade d’Ambatondrazaka, Marc Ravalomanana avait déclaré : « la RN 44, reliant Moramanga à Ambatondrazaka, sera goudronnée en 2003 ». Les photos ci-dessus ont été prises le 24 octobre… 2009. Voilà comment « Dada » tient ses promesses. Les GTT sont-ils au parfum de cet « exploit » parmi tant d’autres ?
En matière de droits de l’homme, voici un reportage inédit sur la prison d’Ambatondrazaka, ville située à quelque 270 km, sur une RN 44 que, malgré ses promesses, Marc Ravalomanana n’a jamais pu réhabiliter. Et pour cause… Mais c’est une autre histoire sordide de monopole de la filière rizicole avec l’installation d’un silo géant mais hideux…
 A l’occasion de la descente sur le terrain de la ministre Nadine Ramaroson, madagate.com a eu l’idée de faire ce reportage car, les droits de l’homme -surtout de certains prisonniers- on en parle, on en parle mais rien n’a bougé. Ainsi, dans le cas de la prison d’Ambatondrazaka, il y a 891 détenus alors qu’initialement, ce centre de détention est prévu pour accueillir 400 personnes.
 Je ne sais pas quel est le délai légal et exact du mandat de dépôt, mais certains de ces détenus sont sous MD, comme on dit, depuis 10 à 15 ans. Et ils vivent côté à côte avec une centaine de criminels condamnés à perpétuité. L’univers carcéral, dans ce cas, n’amendera jamais personne. Dans le domaine de l’hygiène, c’est tout simplement aberrant en ce troisième millénaire : les installations d’eau existent depuis 1960 et n’ont jamais fait l’objet qu’une quelconque réparation et/ou réhabilitation. A la moindre hausse de pression, toute la tuyauterie explose et c’est la… pagaille. Concernant la gente féminine, elles sont actuellement 30 détenues dont 12 mineures.
Pour ce qui est de l’alimentation et de l’espace vital, les photos valent vraiment mille mots… Chose extraordinaire, dans cet enfer carcéral, les détenus de la prison d’Ambatondrazaka, sont des modèles de sagesse, par rapport à d’autres centres de détention qui existent à Madagascar, dans des conditions identiques. Pour soulager, quelque peu, leur souffrance, la ministre de la Population et des Affaires sociales, Nadine Ramaroson, a offert une tonne de riz blanc à ces « damnés de la terre » (hommage à notre collègue Rivoherizo Andriakoto, prix Albert Londres pour son film sur Nosy Lava et portant le même titre).
A présent que faire réellement et concrètement ? Le chef de région, le docteur Ramadehamanana Richard a promis qu’il cherchera une solution à ces problèmes. Dans l’immédiat, il existe bien un camp pénal (" home of pain" pour hommes de peine ?) et un jardin pénal pour améliorer le maigre quotidien de ces créatures, mais ce ne seront jamais que des palliatifs. Inscrit dans les OMD (Objectifs du millénaire pour le développement) de l’Onu, le respect des droits de l’homme semble encore très utopique dans la Grande île.
Texte : Jeannot RAMAMBAZAFY
Photos : Andry RAKOTONIRAINY