Décidément, tout ce qui est bon pour attirer sa sympathie, Marc Ravalomanana et ses partisans patentés l’utilisent toute honte bue, le ridicule n’ayant jamais tué personne. Comme on dit en malgache : « Tena efa tsy misy trano-kenatra intsony ». Le 29 octobre dernier, le président réélu du Malawi est venu à Johannesburg, pour y recevoir un prix : le « Drivers of Change Award », décerné tous les ans par le « Southern African Trust » ou SAT, aux personnalités ou organisations de l’Afrique australe qui se distinguent par le développement de politiques gouvernementales et de stratégies innovatrices visant à combattre la pauvreté.
Personne ne saura comment il a fait, mais Marc Ravalomanana a trouvé le moyen de l’approcher. A quel titre, étant donné qu’il a aussi signé la mort de la 3ème république de Madagascar à Maputo ? Je ne saurai vous le dire. Toujours est-il que l’espoir (qui fait vraiment vivre les imbéciles) renaît au sein de sa troupe qui, au moins, sera fidèle jusqu’au bout. En effet, totalement éludée par les médias malawites (j’ai fait le tour de tous les médias malawites existant de Lilongwe à Ntcheu en passant par Blantyre : rien sur Ravalomanana), cette rencontre est devenue un « évènement » sur les sites Tim, Gtt et affiliés. Pourquoi ? Avant, permettez-moi de vous présenter le président de la république du Malawi, pays dont les Malgaches n’entendent jamais parler, sauf lors de matches éliminatoires de football. La Grande île n’a que très peu de relations sociales et économiques avec ce micro-état de l’Afrique australe, niché entre la Tanzanie, le Mozambique et la Zambie.
Le Malawi n’est devenu une démocratie qu’en 1994. Les premières élections présidentielles libres, dans un pays qui existe depuis la nuit des temps, ont été organisées le 17 mai 1994. C’est Bakili Muluzi, candidat du parti United Democratic Front (Front démocratique uni ou FDU) qui l’a emporté. L’actuel président, Bingu wa Mutharika, élu en 2004, a été réélu en mai 2009. Quel est cursus politique du président Bingu ? Il est né sous le nom très anglais de Ryson Webster Thom, le 24 février 1934 (encore un dinosaure dont l’Afrique australe garde le secret de longévité). Après l’indépendance de son pays, Thom adoptera un nom très malawite : Bingu Mutharika. En 1964, soupçonné de tentative de coup d’état, Mutharika s’enfuit en Zambie avant d’atterrir en Inde où il décrochera un diplôme d’économie. Il approfondit ses études aux Etats-Unis et parvient au doctorat. Par la suite, il travaillera pour la Banque mondiale et la Commission économique pour l’Afrique.
En 1995 -et voilà la première lueur d’espoir des enfants de « Dada »- Mutharika aura été le premier Secrétaire général du fameux Marché commun de l’Afrique orientale et australe ou Comesa, cousin de la Sadc. A la même époque, Zafy Albert était président de Madagascar et Marc Ravalomanana, illustre inconnu en plein extension de sa société familiale de produits laitiers Tiko. Aux antipodes des affaires politiques et sans aucun cursus dans ce domaine. En 2005, Mutharika fonde le Democratic Progressive Party (Parti démocratique progressiste ou PDP). Le 19 mai 2009, il se représente et est réélu. Il faut savoir qu’au Malawi, le mandat présidentiel de cinq ans est limité par la constitution par deux mandats successifs uniquement. Comme aux USA. Mais chez Obama, un mandat présidentiel est de quatre ans.
Sur un autre chapitre, voici des informations très… utilement surprenantes. Omar Ondimba Bongo, considéré comme le doyen des présidents africains, est mort à l’âge de 73 ans, après 41 ans d’un règne sans partage sur le Gabon. Comme la république a tendance à devenir héréditaire sur le continent, son fils Ali vient d’être élu « démocratiquement » pour lui succéder. Pour 40 ans encore ? On verra. Pour l’heure, je vous donne deux listes qui font réfléchir, quant à l’avenir des jeunes africains dans la direction des affaires de leur pays respectif.
* Le Top Ten des présidents arrières-grands-pères de l’Afrique
* Les tyrannosaures « éternels » ou, du moins, à vie
 (Source : www.afrik.com)
Voilà l’image de l’avenir que la génération Ravalomanana entend retenir. Dans tout cela, ce qui est rigolo -de prime abord- c’est qu’il paraît que l’année 2010 sera proclamée « Année de la Jeunesse Internationale ». Pour l’UA, elle sera accompagnée de l’organisation d’une Conférence internationale sur la jeunesse sous l’égide des Nations Unies. Vivement le retour de « Dada », ce jeune qui aura 61 ans à ce moment ! Plus jeune encore, dans le contexte "Club des tyrannosaures" : Didier Ignace Ratsiraka qui fêtera ses 73 ans, le 4 novembre prochain, à Addis-Abeba. Et c'est fou, dans le langage courant de la politique politicienne, on dit toujours "trop jeune" mais jamais "trop vieux" !Â
Dossier de Jeannot RAMAMBAZAFY