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Madagascar : Ravalomanana et la « mouvance malawite » plus le Top Ten des tyrannosaures africains

 

Marc Ravalomana et le président malawite à Johannesbourg, le 29 octobre 2009

Décidément, tout ce qui est bon pour attirer sa sympathie, Marc Ravalomanana et ses partisans patentés l’utilisent toute honte bue, le ridicule n’ayant jamais tué personne. Comme on dit en malgache : « Tena efa tsy misy trano-kenatra intsony ». Le 29 octobre dernier, le président réélu du Malawi est venu à Johannesburg, pour y recevoir un prix : le « Drivers of Change Award », décerné tous les ans par le « Southern African Trust » ou SAT, aux personnalités ou organisations de l’Afrique australe qui se distinguent par le développement de politiques gouvernementales et de stratégies innovatrices visant à combattre la pauvreté.

Situation géographique du Malawi et son président

Personne ne saura comment il a fait, mais Marc Ravalomanana a trouvé le moyen de l’approcher. A quel titre, étant donné qu’il a aussi signé la mort de la 3ème république de Madagascar à Maputo ? Je ne saurai vous le dire. Toujours est-il que l’espoir (qui fait vraiment vivre les imbéciles) renaît au sein de sa troupe qui, au moins, sera fidèle jusqu’au bout. En effet, totalement éludée par les médias malawites (j’ai fait le tour de tous les médias malawites existant de Lilongwe à Ntcheu en passant par Blantyre : rien sur Ravalomanana), cette rencontre est devenue un « évènement » sur les sites Tim, Gtt et affiliés. Pourquoi ? Avant, permettez-moi de vous présenter le président de la république du Malawi, pays dont les Malgaches n’entendent jamais parler, sauf lors de matches éliminatoires de football. La Grande île n’a que très peu de relations sociales et économiques avec ce micro-état de l’Afrique australe, niché entre la Tanzanie, le Mozambique et la Zambie.

Ryson Webster THOM devenu Bingu wa MUTHARIKA

Le Malawi n’est devenu une démocratie qu’en 1994. Les premières élections présidentielles libres, dans un pays qui existe depuis la nuit des temps, ont été organisées le 17 mai 1994. C’est Bakili Muluzi, candidat du parti United Democratic Front (Front démocratique uni ou FDU) qui l’a emporté. L’actuel président, Bingu wa Mutharika, élu en 2004, a été réélu en mai 2009. Quel est cursus politique du président Bingu ? Il est né sous le nom très anglais de Ryson Webster Thom, le 24 février 1934 (encore un dinosaure dont l’Afrique australe garde le secret de longévité). Après l’indépendance de son pays, Thom adoptera un nom très malawite : Bingu Mutharika. En 1964, soupçonné de tentative de coup d’état, Mutharika s’enfuit en Zambie avant d’atterrir en Inde où il décrochera un diplôme d’économie. Il approfondit ses études aux Etats-Unis et parvient au doctorat. Par la suite, il travaillera pour la Banque mondiale et la Commission économique pour l’Afrique.

SADC ! L’épouvantail sans cesse brandi par le citoyen Ravalomanana

En 1995 -et voilà la première lueur d’espoir des enfants de « Dada »- Mutharika aura été le premier Secrétaire général du fameux Marché commun de l’Afrique orientale et australe ou Comesa, cousin de la Sadc. A la même époque, Zafy Albert était président de Madagascar et Marc Ravalomanana, illustre inconnu en plein extension de sa société familiale de produits laitiers Tiko. Aux antipodes des affaires politiques et sans aucun cursus dans ce domaine. En 2005, Mutharika fonde le Democratic Progressive Party (Parti démocratique progressiste ou PDP). Le 19 mai 2009, il se représente et est réélu. Il faut savoir qu’au Malawi, le mandat présidentiel de cinq ans est limité par la constitution par deux mandats successifs uniquement. Comme aux USA. Mais chez Obama, un mandat présidentiel est de quatre ans.

En mauve, Muammar Al Kadahafi, actuel président de l’Union africaine
 
Le second espoir des enfants de « Dada », d’où ce battage sur cette « rencontre » que l’on ne trouve pas dans d’autres médias, est que le président Bingu, comme on l’appelle, serait pressenti pour succéder à Muammar Al-Khaddafi à la présidence de l’Union africaine, en janvier 2010. Voici ce qu’on lit sur les sites, blogs et forums pro-Ravalomanana : " Les deux Présidents ont également parlé de la situation politique à Madagascar. Le Malawi soutient le processus de médiation pour une sortie de crise conforme aux principes démocratiques et au retour à l’ordre constitutionnel. Il ne faut pas que Madagascar serve de mauvais exemple pour la région, le continent africain et le reste des pays en développement. Notons que le Président Mutharika succèdera au Guide Mouammar Khadafi à la tête de l’Union Africaine dans deux mois ".
 
Les pères fondateurs de l’OUA, dont le président malgache Philibert Tsiranana, devenue UA en 2002
 
En réalité, ce n’est pas exact. Avant tout, il faut savoir que, depuis la création de l’Union africaine, en juillet 2002, la présidence est tournante, pour un mandat d’un an -au lieu de six mois auparavant- et qu’elle se fait par région. Pour l’UA, il y a cinq régions : l’Afrique Centrale, l’Afrique de l’Est, l’Afrique du Nord, l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique australe dont fait partie la Grande île de l’océan indien. Pour 2010, la présidence de l’UA reviendra à l’un des pays suivants de cette dernière région : Angola, Lesotho ou Malawi. Les autres ayant déjà présidé l’Union. Pour les pro-Dada donc, Bingu wa Mutharika sera donc le prochain président de l’UA. La première réflexion de tout homme sensé sera : Et alors ? C’est en faisant perdurer ce culte de la personnalité qui rend les Africains dépendant d’un homme et de ses avoirs. Aux dernières nouvelles, Ravalomanana possèderait à disposition un pactole de 80 millions de dollars. De quoi « rebattre les cartes », comme il l’a dit dans une récente interview. Après l’Afrique du Sud, ce qui risque d’être sûr, c’est que la prochaine étape de son exil sera le Malawi. Il aura donc déjà réservé sa place auprès du président malawite, devenu l’autre mouvance comprenant la Sadc anglophone.
 
Nicolas Sarkozy et feu Omar Bongo Ondimba au palais de l’Elysée

Sur un autre chapitre, voici des informations très… utilement surprenantes. Omar Ondimba Bongo, considéré comme le doyen des présidents africains, est mort à l’âge de 73 ans, après 41 ans d’un règne sans partage sur le Gabon. Comme la république a tendance à devenir héréditaire sur le continent, son fils Ali vient d’être élu « démocratiquement » pour lui succéder. Pour 40 ans encore ? On verra. Pour l’heure, je vous donne deux listes qui font réfléchir, quant à l’avenir des jeunes africains dans la direction des affaires de leur pays respectif.

* Le Top Ten des présidents arrières-grands-pères de l’Afrique

 

1. Robert Gabriel Mugabe, 85 ans, président du Zimbabwe depuis 1987
1 ex æquo. Girma Wolde-Giorgis Lucha, 85 ans, président de l’Ethiopie depuis 2001
2. Abdoulaye Wade, 83 ans, président du Sénégal depuis 2000
3. Mohammed Hosni Said Moubarak, 81 ans, president de l’Egypte depuis 1981
4. Mwai Kibaki, 78 ans, président du Kenya depuis 2002
5. Paul Biya, 76 ans, président du Cameroun depuis 1981

6. Bingu Wa Mutharika, 75 ans, président du Malawi depuis 2004
7. Hifikepunye Lucas Pohamba, 74 ans, président de la Namibie depuis 2005
8. Zine El-Abidine Ben Ali, 73 ans, president de la Tunisie depuis 1987

 

9. Rupiah Banda, 72 ans, président de la Zambie par intérim depuis 2008
9 ex æquo. Abelaziz Bouteflika, 72 ans, président de l’Algérie depuis 1999
10. Ellen Johnson-Sirleaf, 71 ans, présidente du Libéria depuis 2006
10 ex æquo. Mamadou Tandja, 71 ans, président du Niger depuis 1999

* Les tyrannosaures « éternels » ou, du moins, à vie

 

1. Muammar Al-Kadhafi, Lybie (depuis 1970)
2. Teodoro Obiang Nguena Mbasogo, Guinée équatoriale (arrivé au pouvoir en 1979)
3. José Eduardo dos Santos, Angola (depuis 1979)
4. Mohammed Hosni Saïd Moubarak, Egypte (depuis 1981)
5. Denis Sassou Nguesso, Congo (depuis 1977 avec une absence entre 1992 et 1997)
6. Paul Biya, Cameroun (depuis 1982)

 

7. Yoweri Museveni, Ougandais (depuis 1986)
8. Mswati III, roi polygame du Swaziland depuis 1986
9. Robert Gabriel Mugabe, Zimbabwe (depuis 1987)
10. Zine El-Abidine Ben Ali, Tunisie (depuis 1987)

 (Source : www.afrik.com)

 

Voilà l’image de l’avenir que la génération Ravalomanana entend retenir. Dans tout cela, ce qui est rigolo -de prime abord- c’est qu’il paraît que l’année 2010 sera proclamée « Année de la Jeunesse Internationale ». Pour l’UA, elle sera accompagnée de l’organisation d’une Conférence internationale sur la jeunesse sous l’égide des Nations Unies. Vivement le retour de « Dada », ce jeune qui aura 61 ans à ce moment ! Plus jeune encore, dans le contexte "Club des tyrannosaures" : Didier Ignace Ratsiraka qui fêtera ses 73 ans, le 4 novembre prochain, à Addis-Abeba. Et c'est fou, dans le langage courant de la politique politicienne, on dit toujours "trop jeune" mais jamais "trop vieux" ! 

Dossier de Jeannot RAMAMBAZAFY

Mis à jour ( Samedi, 31 Octobre 2009 18:42 )  
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