Décidément, il faut se demander jusqu’où ira l’imbécilité humaine ? Cette fois-ci, elle émane d’une personnalité longtemps reconnue comme un intellectuel « intelligent », une sorte de sommité incontournable dans le monde diplomatique et culturelle. Il s’agit de Jean-Pierre Razafy Andriamihaingo, ancien ambassadeur de Madagascar en France et repêché par Ravalomanana pour « diplômatiser » à Rome, Italie. Cette affaire ne doit pas être prise à la légère, surtout à un tel niveau de relations internationales. Voici les articles de cet accord additionnel, signé le 7 novembre 2009, qui ne doivent souffrir d’aucun commentaire :
Il est impossible que ce môssieur ne soit pas au courant des évolutions de la crise politique au pays. Aussi, ce qu’il a fait s’apparente à un forcing sinon un sabotage flagrant du processus de sortie de crise. Francophile jusqu’au bout de ses orteils, il est aussi impossible qu’il ne sait pas lire le français. Les journaux « La Vérite » et « La Gazette de la Grande île » du samedi 14 novembre 2009 ont déjà levé le lièvre. Mais madagate.com vient de recevoir les documents déjà parus dans « La Vérité », en grandeur nature.  Dans ce genre d’acte diabolique, il faut des preuves car les esprits obtus sont tous des thomasiens : ils ne croient que ce qu’ils voient. Et même : devant des évidences limpides, le culte de la personnalité et les maléfices de satan les empêcheront toujours de reconnaître leurs torts. Tant pis pour leurs descendants qu’ils maudissent.
Pour attirer votre attention sur cet ambassadeur zélé, il faut qu’il assume ses actes jusqu’au bout. Je n’ai pas l’intention de défendre aveuglément Andry Rajoelina qui a déjà eu ce qu’il voulait, c’’est-à -dire la reconnaissance internationale de son poste de président de la transition. Mais son chemin sera encore pavé de très mauvaises intentions avant les élections de 2010…. Le choix de ses proches collaborateurs ne relève pas de ma compétence et puis, à dire vrai, il est majeur, vacciné et transitionné. Attention de ne pas finir… transis.
Revenons à notre mouton… Ce petit bout d’homme de Jean Pierre Razafy Andriamihaingo, qui déshonore la mémoire de son architecte renommé de père, n’a rien trouvé de mieux -en ce qui concerne le sommet de la FAO à Rome sur l’alimentation (16-18 novembre 2009)- que de confectionner (c’est le terme exact) une liste de représentants de Madagascar, sachant pertinemment qu’il est sur un siège éjectable depuis l’accord additionnel du 7 novembre 2009 à Addis-Abeba. Alors non seulement, il se fout de la tête de Jacques Diouf, Dg de la FAO mais il prend Ping, Chissano and Co pour des cons. Ci-après le fac-similé de sa lettre en date du 13 novembre, avec des tas de noms sortis de son chapeau d’elfe malintentionné. Je pense que c’est lisible.
Mais la suite est tellement sortie d’un esprit torturé qu’elle mérite d’être laissée à la postérité. Car, en même temps, il entend parer à une éventualité mais encore écrit-il  à Jacques Diouf comme s’ils avaient élevé les chèvres ensemble. Le frère Jacques ne va sûrement pas l’entendre de cette oreille et JP Razafy Andriamihaingo finira persona non grata, tôt ou tard.
Ecrit à la main : « En dernier lieu, et d’instructions du nouveau ministre du Gouvernement de consensus, aucune délégation ne doit venir de Madagascar et je serai le chef de délégation comme indiqué ci - dessus, avec l’assistance de Mme Lala - Andrianasolo et de Mme Droux »
 C'est devenu un accord plus secret que ceux de la CIA et de l'ancien KGB réunis ma parole !
Quels sont les liens de ce Jean-Pierre avec saint Marc ?
En avril 2001, Jean Pierre Razafy Andriamihaingo est envoyé à Antanarivo, dans le cadre d’un projet de coopération entre la mairie de la Capitale malgache et le conseil de la région Île-de-France. A l’époque, Marc Ravalomanana était maire, élu en 1999. Il faut savoir que Jean Pierre Razafy Andriamihaingo n’est plus malgache que de nom. Né en 1949 à Antananarivo, il a effectué toutes ses études en France où il s’est définitivement établi depuis plus d’un quart de siècle. Depuis, il a mis son expérience juridique au service d’entités comme la Francophonie, l’Unesco, la commission de l’Union européenne. Fin août 2002, Ravalomanana à la recherche de la reconnaissance internationale -surtout francophone, car taxé d’anglophone- nomme Razafy Andriamihaingo ambassadeur en France. Celui-ci a juridiction sur  les états suivants : Espagne, Israël, Monaco, Portugal, Royaume-Uni, Vatican. Sa mission n’a pas été totalement accomplie si l’on se réfère à l’entrée des Allemands dans les secteurs du transport aérien et du tourisme (Lufthansa et Gato AG). En décembre 2007, il est remplacé par Narisoa Rajaonarivony et devient ambassadeur en Italie (attention, le Vatican est un état dans l’état italien). Il a présenté ses lettres de créance au président italien, le 15 octobre 2008.
Mais d’un autre côté, il y a une large part de responsabilité de la part de Fetison Rakoto Andrianirina dont la nomination en tant que co-président du Conseil présidentiel de la transition lui est montée littéralement à la tête. Il est aussi impossible qu’il ne sache pas lire le français. Son empressement a se prendre pour un second Ravalomanana lui jouera des tours, certes, mais ternira encore plus l’image déjà peu reluisante de son maître qui a du se tromper en le nommant. Ou alors, c’était intentionnellement, n’ayant plus confiance en ses anciens collaborateurs. Qu’est-ce qui est écrit dans cet acte additionnel signé par les quatre chefs de file à Addis-Abeba ? Relisez en tout début de ce dossier.
Dès lors, la décision du Général de corps d’armée Jean Pierre Razafy Andriamihaingo n’est rien d’autre qu’une décision unilatérale à contre-courant de cet acte additionnel mais aussi une usurpation de fonction. En effet, la lettre date du 13 novembre, c’est-à -dire une semaine APRES la signature de l’accord. En plus, il revient à Emmanuel Rakotovahiny de remplacer Andry Rajoelina. C’est aussi écrit noir sur blanc.
Pourquoi Général de corps d’armée, vous demandez-vous ? Le 17 novembre 2008, il a été élevé au titre de Grand Officier de l’Ordre national du Mérite français, équivalent au grade de Général cité plus haut. Où ? Au palais Farnèse. Que vaut ce genre de décoration avec cet excès de zèle ?
En tout cas, il semble que Jean Pierre et Fetison font la paire dans cet art de cultiver et la personnalité de Ravalomanana et leur propre personnalité. Qui est donc ce Fetison qui se croit déjà à la fête ? (Laquelle d’ailleurs). Â
Le 6 octobre 2009, au Carlton, il avait déclaré, en tant que chef de la délégation de la mouvance Ravalomanana : «Notre mouvance accepte Andry Rajoelina comme président de la transition, à condition qu’’il ne se présente pas aux élections présidentielles de 2010 »
Marc Ravalomanana a du le tancer sérieusement pour ces déclarations. Il aurait du aussi choisir quelqu’un d’autre. Mais… A 46 ans, Fetison Rakoto Andriananirina a suivi les traces de son maître. Il n’a jamais été politicien et n’aura jamais l’envergure d’un homme d’état. Formé en Centre d’Etudes financières, économiques et bancaires (CEFEB) et à l’Institut de Technique de Banque (ITB) de Paris, il a été un cadre de la banque Bfv-Sg avant de s’émanciper, en 1997, et créer son propre groupe commercial. Dénommé Henintsoa, ce groupe œuvrera dans des domaines très juteux : exportation de café; boulangerie, agence de voyages, extraction d'huile de palme; entreprise textile avec Henintsoa Confection ou Heninco. Durant les évènements de 2002, Fetison était sur le point de mettre la clé sous le paillasson. Mais il a été renfloué par saint Marc. Comment ? A lui de nous le dire étant donné qu'il entend jouer la transparence. Toujours est-il que ce n’est pas par hasard s’il a été parmi la liste Tim, lors des régionales de 2008 pour Antananarivo, au côté de Ranoelijaona Tantely (tête de liste) Rabarimanantsoa Saholimalala, Rabezanahary Albert, Andriatsilavo Zo Christian. D’autres noms à retenir… Politiquement discret donc, Fetison a eu le devoir de monter au créneau (la rançon de la dette morale), dans cette crise de 2009, pour devenir  chef de mouvance et porte-parole du président démissionnaire.
Actuellement, il a des problèmes financiers avec la Sonapar (Société nationale de participation). Tous les journaux parlent d’arriérés non payés de 125 millions d’ariary. Osera-t-il, en prime, invoquer l’immunité due à son poste de co-président du Conseil présidentiel de la transition ? Et peut-on réellement avoir confiance à ce genre de girouette pour co-gérer la transition et plus encore ? Enfin, pour cet « exploit » romain, l’a-t-il fait de son chef ou bien était-ce une manœuvre concerté entre Razafy Andriamihaingo, Ravalomanana et lui qui se veut plus royaliste que le roi, jusqu’à recevoir des ambassadeurs dans un hôtel pour créer encore plus de confusion ? Et toujours parler d’argent sur des années alors que la transition n’excèdera pas 12 mois ?
Rome ville éternelle. Qui y représentera le pouvoir transitoire malgache ? Comme l’a écrit le collègue Rajaofera Eugène, de Midi : « la loi n’est pas faite pour être interprétée, elle est faite pour être appliquée ». Actuellement, c’est la charte signée à Maputo qui fait office de constitution pour cette période de transition. Pas de quoi alimenter la désinformation.
Lorsque Fetison Rakoto Andrianirina aura toutes les attributions suivantes, alors là je présenterai cent millions d'excuses. Mais alors il faudra attendre que les poules auront des dents.
CHARTE DE LA TRANSITION SIGNEE A MAPUTO, le 9 août 2009
Article 3-3.1 : Le Président de la Transition exerce les fonctions de Chef de l’EtatÂ
Article 4
Le Président de la Transition :
• Est le symbole de l’indépendance nationale et de l’intégrité territoriale ;
• Veille à l’unité et à la solidarité nationale ainsi qu’à la stricte application de la présente Charte ;
• Veille au fonctionnement régulier des institutions provisoires de la République. Il assume la continuité de l’Etat ainsi que le respect des engagements internationaux conclus par la République de Madagascar ;
• Préside le Conseil des Ministres ;
• Nomme le Premier Ministre, Chef du Gouvernement d’Union Nationale de la Transition, dans les conditions fixées à l’article 10 de la présente Charte et le révoque après concertation avec la mouvance concernée ;
• Nomme et révoque, sur proposition du Premier Ministre, les membres du Gouvernement ;
• Nomme, sur proposition du Premier Ministre, le Gouverneur de la Banque Centrale de Madagascar ;
• Nomme aux hauts emplois civils et militaires, ainsi qu’à ceux des organismes relevant de l’Etat en Conseil des Ministres ;
• Contrôle la mise en œuvre de la politique générale de l’Etat durant la Transition et les activités des différentes structures de l’Etat. A ce titre, il peut saisir les organes de contrôle et d’inspection des différents services de l’Etat ;
• Est le Chef Suprême des Armées. A ce titre, il nomme les principaux responsables de l’Armée, de la Gendarmerie et de la Police Nationale. Il a sous son autorité l’Inspection Générale de l’Etat, l’Inspection Générale de l’Armée, l’Inspection Générale de la Gendarmerie et l’Inspection Générale de la Police ;
• Est garant de l’indépendance de la justice et exerce le droit de grâce en Conseil Supérieur de la Magistrature ;
• Proclame l’état d’urgence, état de nécessité nationale ou la loi martiale lorsque les circonstances l’exigent pour la défense de la République, de l’ordre public et de la sécurité de l’Etat, selon les conditions et les modalités prévues par la loi ;
• Adopte les ordonnances et décrets délibérés en Conseil des Ministres ;
• Promulgue les lois et ordonnances ;
• Accrédite et rappelle les Ambassadeurs et les envoyés extraordinaires de la République de Madagascar auprès des autres Etats et des Organisations Internationales. Il reçoit les lettres de créance et de rappel des représentants des Etats et des organisations internationales reconnues par la République de Madagascar ;
• Préside les cérémonies officielles ; et
• Confère les décorations de l’Etat.
Dossier de Jeannot RAMAMBAZAFY
15 novembre 2009