Découvert, Jean Pierre Razafy Andriamihaingo, « l’ambassadeur » à Paris puis à Rome,  a du se faire tancer sévèrement par son maître à penser ou alors il a recouvré ses esprits. Ce qui est du pareil au même..
En effet, et nos photos le prouvent, le pouvoir de transition, présidé par Andry Rajoelina, a dépêché, comme chef de délégation, le ministre de l’Agriculture, Jaonina Mamitiana Juscelyno (second gouvernement Monja Roindefo). Ce qui est normal étant donné que les membres du gouvernement Mangalaza est toujours dans l’antichambre des marchandages de tapis. Il s’agit du Sommet de l’alimentation, organisé par la FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture), en son siège à Rome, et qui se tient du 16 au 18 novembre 2009.
Mais aussi barre que cela puisse paraîtra, aucun chefs d’Etats des pays du G8 n’est venu honorer del leur présence la cérémonie d’ouverture, le matin. Sauf Silvio Berlusconi, chef du gouvernement italien. Cependant, le pape Benoît XVI (Chef de l’église catholique romaine mais aussi chef du Vatican, un état dans l’état italien) ; Lula Da Silva (Brésil), Mouammar Al-Kadhafi (Libye) et Robert Mugabe (Zimbawbe) étaient là . En tout, ils étaient une soixantaine de chefs d’Etat et de gouvernement. Quant aux autres… Ils viendront l’après-midi, comme les deux Ali. Ali Bongo, président du Gabon et Ben Ali, président de la Tunisie…
Hors, ce sommet est d’une importance capitale sinon vitale pour le genre humain lui-même. Selon des chiffres émanant de la Fao, de 100 millions (2009), le nombre d’individus victimes de la faim pourrait, dans les années à venir, dépasser le cap du milliard. Mais les chiffres émanant du Vatica n sont encore plus sombres : « En 2002, le célèbre sommet du Millénaire avait proclamé que le nombre des personnes souffrant de faim aurait dû diminuer de moitié, passant des 800 millions de l'époque à 400 millions en 2015; or, en 2009 nous sommes arrivés à 1 milliard et 200 millions! Une horrible tragédie, une très forte incitation aux migrations, une très grave menace pour la paix » (Source : encyclique papale « Caritas in veritate » n.27). D’où la présence du pape Benoît XVI.
Pour sa part, Ban-Ki moon, secrétaire général des Nations Unis, a rappelé à tous que « l'alimentation est un droit de base. La crise alimentaire d'aujourd'hui doit nous mettre en alerte pour demain. D'ici 2050 notre planète pourrait héberger 9,1 milliards de personnes.  Il nous faut effectuer des changements significatifs pour pouvoir nous nourrir et en particulier pour protéger les plus pauvres et les plus vulnérables. Car, pour nourrir ces 9,1 milliard de personnes, il faudra accroître la production alimentaire de 70% ».
Concernant le continent africain, dont Madagascar, ces chiffres sont l’illustration de l'échec des politiques mises en œuvre où  l'agriculture et la production vivrière sont traitées comme de simples marchandises régulées par le marché mondial. Cette vision qui met en danger la survie même de populations entières ; leurs moyens d'existence et leurs cultures, néglige le droit le plus fondamental des droits de l'homme : le droit à la nourriture. Ce qui rejoint le rappel de Ban-Ki moon.
Il était donc temps de dépasser le stade des constatations et d’agir sinon les Objectifs du Millénaire pour le Développement n’auront été que des slogans pour attardés. En effet, 2015, c’est déjà demain. Qu’attend-t-on, dès lors, de ce sommet qui a pour thème : « La sécurité alimentaire » ? Durant trois jours, les participants vont se pencher pour chercher des solutions afin de freiner la flambée des prix des denrées alimentaires ; lutter contre la faim et la malnutrition, surtout dans les pays en développement.
Ci-après, la liste des 22 pays que la FAO a identifiés comme étant les plus « vulnérables » à la crise des prix des denrées alimentaires : Comores, Botswana, Burundi, Cambodge, Corée du Nord, Ethiopie, Erythrée, Guinée-Bissau, Haïti, Kenya, Liberia, Madagascar,  Malawi,  Mozambique, Niger, République centrafricaine, Rwanda,  Sierra Leone, Tadjikistan, Tanzanie, Zambie, Zimbabwe.
Concernant justement Madagascar, quelle était la situation et les actions menées par la FAO, avant la crise politique de 2009 ? Durant les quinze dernières années, la Grande île a connu des cycles annuels exceptionnels de sècheresse, de cyclones dévastateurs et d’inondations. En 2008, trois cyclones successifs ont provoqué le déplacement de plus de 330.000 personnes. Au lendemain de ces catastrophes, les réserves de vivres et de semences épargnées avaient été en grande partie consommées. En matière de riz, il faut être réaliste. Actuellement en pleine saison cyclonique et pas tout à fait sortie de la crise politique, le pays a besoin d’importer 270.000 tonnes de riz pour couvrir les besoins alimentaires de la population. Et gouverner c’est prévoir car personne ne sait encore combien de cyclones dévastateurs vont s’abattre sur Madagascar, entre novembre et avril 2009.
Pour Madagascar comme les 21 autres pays, une lueur d’espoir luit à l’horizon, cependant. Bien avant ce sommet -qui risque encore d’accoucher d’une souris-, et faisant suite aux engagements de Djeddah pour le développement durable (du 13 au 15 décembre 2006), la Banque islamique de développement (BID) et la FAO ont signé un accord portant sur un milliard de dollars, dans le but financer le développement agricole dans les pays pauvres membres des deux organisations. Cet accord a été signé le 15 novembre 2009. Question : Madagascar bénéficiera-t-elle de ce financement ? Réponse à l’issue de ce sommet. L’on saura aussi les résolutions prises et les actions immédiates à mener.
Dossier de Jeannot RAMAMBAZAFY
16 novembre 2009