Ce titre aussi bizarre qu’étrange va être surexploité par les champions de la malveillance monnayée qui font feu de tout bois pour plaire à leur idole. Néanmoins, il résume et définit exactement l’entourage du président de la transition, Andry Raoelina, fondateur de l’association Tanora malagasy Vonona ou TGV.
Pour la bonne compréhension des choses, il importe de remonter à la première république de Madagascar. Du temps du président Philibert Tsiranana, c’est bien tout le microcosme politique qui faisait partie du PSD (Parti social démocrate). A cette époque, la seule opposition émanait de l’AKFM (Parti du congrès pour l’indépendance de Madagascar) du pasteur Richard Mahitsison Andriamanjato, second maire malgache élu de la ville d’Antananarivo. Déjà , à cette époque, il ne le fut qu’honorifiquement car c’était un Délégué général du gouvernement qui s’occupait des affaires proprement dites. En ce temps-là , être « Pisodia » (littéralement chat sauvage) était pratique car cela permettait d’avoir certains passe-droits… Tout le monde était « Pisodia » sauf mon père, médecin, qui a été affecté à Marolambo. Tout le monde aussi sait qu’il s’agissait d’une affectation disciplinaire…
A la chute du régime Tsiranana (1972), j’avais 18 ans, et je me rappelle très bien que les rues d’Antananarivo furent jonchées de cartes de membres du parti au pouvoir. En fait donc, on ne savait déjà plus sous quel régime (présidentiel ? parlementaire ?) était gérée la république. C’était tout simplement la fin du régime PSD. Lorsque Didier Ratsiraka arriva au pouvoir (1975), avec son parti AREMA (Pilier de la révolution malgache), bon nombre de ces anciens PSD lui firent allégeance. A un certain moment, il y eut même un FNDR (Front national pour la défense de la révolution) regroupant les « opposants » comme l’AKFM, le MONIMA de Monja Jaona et le MFM de Manandafy Rakotonirina. Auparavant, les chefs de ces partis, sauf Monja Jaona, père de Monja Roindefo, avaient été bombardés CSR (Conseillers suprêmes de la révolution). A l’époque, je n’ai pas eu de bourse d’études extérieurs car je ne faisais pas parti de l’AREMA… Cette idée de plateforme aurait pu être bénéfique à l’équilibre des forces politiques si ce n’est qu’elle émanait de l’AREMA. Ce qui signifie que ce parti de Didier Ratsiraka monopolisait encore et toujours la gestion de la nation car ces opposants étaient payés pour ne pas s’opposer, justement.
Lorsque vint la révolution « murs de Jéricho » de l’homme au chapeau de paille (« Satroka penjy ») du Professeur Zafy Albert (ancien ministre de la Santé du gouvernement éphémère du Général Gabriel Ramanantsoa, tous ces anciens PSD et anciens AREMA allèrent gonfler les rangs des Forces Vives (« Hery velona ») puis de l’UNDD (Union nationale pour la démocratie et le développement, parti créé par Zafy). En passant, il faut savoir qu’à Madagascar, aucun président après Tsirananna n’avait de cursus politique et qu’ils avaient crée une entité une fois en place. Zafy bêtement empêché (1995) et Ratsiraka de retour (1997), tout le microcosme politique se replia à nouveau vers l’AREMA, redevenu le parti fort car au pouvoir. Tous ces retournements de veste pour indiquer que l’éthique politique n’existait pas mais qu’il semblait normal de rouler pour celui qui dirigeait.
A l’arrivée de Marc Ravalomanana et de son TIako Iarivo (lors des municipales de 1999) devenu Tiako i Madagascar) ou TIM (lors présidentielles de 2001), tout le monde s’empressa autour de lui. En moins d’une décennie, le TIM allait mieux faire que le PSD et l’AREMA réunis. Il y eut des TIM Education nationale, des TIM Santé… (Les ministères les plus populeux et qui couvrent tout le territoire, malléables et corvéables à souhait) comme il y eut la jeunesse PSD et la Jeunesse AREMA. Mot d’ordre flagrant : si tu n’es pas avec nous, tu es contre nous. Jusque dans les quartiers, les «Sefom-pokontany » (chefs de quartiers) étaient étiquetés Sefom-pokontany Arema, puis Tim et, à présent, Tgv (ce qui est déjà une aberration). En ce qui concerne Andry Rajoelina, le schéma est resté immuable. Il a été élu maire de la ville d’Antananarivo, en 2007, avec son association TGV (« Tanora malaGasy Vonona »). Et c’est avec elle qu’il a conduit la révolution orange (2009) qui a fait fuir Marc Ravalomanana. Jusqu’à preuve du contraire, et à ma connaissance, le TGV n’est pas un parti politique. Mais, petit à petit, les anciens membres de tous les partis au pouvoir cités plus haut se sont ralliés à cette étiquette. Actuellement, la mouvance Rajoelina, quoi qu’on dise, est composée de membres de tous ces partis : PSD, AKFM, AREMA, TIM. Le même schéma est donc, jusqu’ici, resté immuable.
En cette année électorale 2010, Madagascar risque fort de connaître la même histoire politique à l’issue stérile basée sur : si tu n’es pas avec nous, tu es contre nous. Et c’est là qu’une idée novatrice de jeunes, en l’occurrence Augustin Andriamananoro et Julien Razafimanazato, est survenue. Créer DEFI 2010, une plateforme -politique cela va de soi- qui roule pour Andry Nirina Rajoelina, en tant qu’individu et non en tant que président de la transition.. Du coup, la présidente du TGV, Lanto Rakotomavo, qui n’a rien compris, sauf le  si tu n’es pas avec nous, tu es contre nous, est montée sur ces grands chevaux. Personnellement, je n’ai rien contre cette dame mais, depuis le début, elle n’a fait que de la figuration et n’attend que des ordres d’Andry Rajoelina. Mme Lanto devrait savoir pourtant que la crédibilité d’une entité politique dépend de soi-même et non le contraire. Pour elle donc, la logique est : Andry Rajoelina est le fondateur du TGV, il est au pouvoir, abritons-nous derrière lui. Voilà l’erreur monumentale déjà pratiquée par les membres des anciens partis au pouvoir.
Certes, Augustin Andriamananoro est vice-président national du TGV, ministre au sein du gouvernement, comme Julien Razafimanazato. Mais leur démarche, justement, est de casser ce monopole d’une entité au pouvoir. Lanto Rakotomavo et certains membres du TGV ont dit qu’ils n’avaient pas été invités à la grande réunion du 13 janvier 2009, au Palais des Sports. Et de prendre la mouche pour débiter des âneries : « Parachutage », « décision unilatérale », et j’en passe. Il faut savoir qui est Lanto Rakotomavo… Sûrement qu’elle est, elle-même, très mal conseillée. Mais la mauvaise foi est aussi un sport favori dans le milieu politique malgache. Je dis cela, non pas par méchanceté gratuite mais par esprit de réalisme et de lucidité, connaissant par cœur les dérives des partis politiques au pouvoir d’antant. Il faut savoir accepter les critiques. DEFI 2010 pour « Dingana Ezaka ary Fampandrosoana Iombonana » (Défi pour le développement partagé)) est une plateforme destinée à jeter les bases d’un développement effectif à Madagascar. Elle émane de la Charte des Valeurs, pierre angulaire de la IVè république.
Explications du citoyen Augustin Andriamananoro : « Il est temps de faire table rase des anciennes pratiques monopolisatrices qui n’ont rien apporté à la nation. L’avènement de la IVè république de Madagascar doit reposer sur une ouverture [politique] réelle afin de garantir un changement et un développement réel et palpable. DEFI 2010 a été créée pour soutenir Andry Rajoelina, la figure de proue de ce changement. DEFI 2010 est ouverte à tous les citoyens qui partagent cette vision sur le long terme». Si l’on saisit bien, le TGV n’est qu’une composante de cette plateforme dont les initiateurs ont compris que le monopole d’une seule entité [politique] ne mène jamais nulle part. Il ne s’agit pas, pour ma part, de jouer l’avocat du diable mais, ayant suivi cette révolution orange depuis le début, je n’ai pas eu connaissance d’actions concrètes réalisées par Mme Lanto dont je me demande à quoi elle doit sa place de présidente du TGV. Je le sais mais je ne vous le dirais pas. Omniprésente à chaque déplacement présidentiel, son passage n’a jamais eu d’écho. Pourquoi ? Parce qu’elle attend des ordres qui ne viendront jamais. En effet, Andry Rajoelina est un homme d’Etat qui a plus besoin de solutions que de problèmes. Encore une fois, personne n’est obligé d’être membre du TGV pour soutenir Andry Rajoelina. Mme Lanto l’a-t-elle compris ? Comme moi qui n’a jamais été membre d’aucun parti ou association existant à Madagascar. Cela ne m’a pas empêché d’être et de rester journaliste pour défendre les vrais intérêts de la veuve, l’orphelin et du grand nombre. Depuis plus de 30 ans déjà .
Du côté des initiateurs de DEFI 2010, il faudrait qu’ils ne confondent pas vitesse et précipitation. Augustin et Julien ayant longtemps vécu en France, ils ne doivent jamais perdre de vue qu’ils sont dans le pays qui est champion du monde dans l’art de compliquer les choses. Et c’est là que le volet IEC (Information-Education-Communication) a une importance primordiale. Il importait, avant tout, de faire comprendre le pourquoi de la démarche. Ce ne sont pas les professionnels qui manquent, que diable !  A présent, tout est à refaire et ce sera une perte de temps et d’argent. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire. Imprimez des « flyers », donnez des conférences, faites comprendre vos idées. DEFI 2010 en est une très bonne en soi. Mais elle doit être bien expliquée avant que d’être effectivement comprise. C’est comme çà à Madagascar.
Ainsi, pour un changement de mentalité, il faut aussi un changement dans la démarche. La réunion du 13 janvier, qui semble avoir été organisée du jour au lendemain, à travers le bouche à oreille, a fini par faire remonter en surface les vieux démons de la monopolisation. Il faut rappeler, une fois pour toutes, que la crédibilité d’une entité (association, parti politique, groupement…) dépend de la crédibilité de ses membres et non le contraire. Certain(e)s semblent dormir sur des lauriers pas tout à fait acquis, en faisant tout reposer sur Andry Rajoelina. Non ! « Tsy kilalao ny fianam-pirenena » (la vie de la nation n’est pas un jeu, dixit Andry Rajoelina, lui-même). A lui de garder ceux qui veulent avancer ; à lui aussi de se séparer des jolis meubles par trop encombrants. Je l’ai souvent répéter et le répète encore : celui en qui vous avait toute confiance n’est pas forcément compétent à un poste donné. Le népotisme et le copinage commencent par là …  Mais les résultats seront toujours nuls, à force de tirer la couverture à soi sans vraiment mouiller son maillot et faire retomber les fautes sur d’autres. Et qui se sent morveux de mouche.
La création de DEFI 2010 est un test grandeur nature qui peut permettre de rectifier le tir. Heureusement. Sachez occuper le terrain, sachez communiquez. Le peuple n’est pas si ignare que çà . Et méfiez-vous des ennemis qui viennent de l’intérieur. Trop de pouvoir nuisant, certain(e)s ont donc démontré la manière endémique de bloquer tout processus pour  aller de l’avant. La lecture des journaux locaux a été éloquente. Assez de monopole, assez de médecins après la mort : dirigeants : soyez créatifs, innovateurs. Pour les initiateurs de DEFI 21010, attention: anticipation ne rime pas avec improvisation. Et souvenez-vous : à quelque chose, « malheur » est bon. Cette réunion ne doit pas être considérée comme un « fiasco » mais plutôt un sujet de méditation pour une approche tenant en compte cet art trop consommé de compliquer les choses. Et comme nous sommes en plein apprentissage de la démocratie (considérée comme liberté totale d’expression), il y en aura toujours qui râleront. Même rien que pour le plaisir de se donner de l’importance. Expliquez, expliquez au préalable et Madagascar sera sauvé.
Jeannot RAMAMBAZAFY – 14 janvier 2009