Razafinsambatra Louis De Mon Désir (photo ci-dessus) est, à l’heure actuelle, le Président d’un collectif des Associations Malgaches et Amis de Madagascar en France. Ces associations sont : le Mouvement pour le Renouveau de Madagascar : l’Association Mouvement Ecologique de Madagascar ; Promotion et Soutien au Développement et à l'Union à Madagascar ; l’Association Culturelle KETSA ; l’Association Défense de la Fraternité entre les Individus ; Madagascar Partage ; l’Association NAMANA.
Depuis le début de la révolution orange, M. Razafisambatra n’a cessé d’apporter son point de vue, à travers des réflexions très profondes, démontrant qu’il est un homme qui se cultive. Il se positionne même pour être un potentiel Président de la République, poussé par les jets de fleurs de quelques intellectuels malgaches qui ont trouvé en lui un porte-parole qui a du cran. Toutefois, à mon avis personnel, c’est sur le champ de bataille que l’on combat et non en essayant de refaire le monde à 10.000 km. Par ailleurs, le cas de Philippe Tsiranana, résident en France (candidat plus que malheureux -car inconnu des électeurs- à la présidentielle de décembre 2006), doit servir de leçon : ce sont les Malgaches de Madagascar qui votent et non un cercle d’intellectuels opportunistes prêts à tout pour que vous leur serviez de tremplin et qui vous poignarderont à la première occasion.
Madagate.com étant ouvert à toutes les tendances ouvrant sur un vrai débat d’idées, voici les dernières réflexions de Razafinsambatra Louis de Mon Désir. En tout cas, après près de 30 ans de journalisme, sous quatre pouvoirs, voici mon constat : il est plus facile d’émettre tout ce qu’on veut tant que l’on est en dehors du pouvoir. Mais une fois dedans, il y a ce que je nommerai transfiguration négative quant à ses propres convictions. Il est donc impératif, surtout en cette période des vacances d’été, que M. Razafisambatra vienne au pays constater de visu si ses réflexions philosophiques correspondent vraiment aux réalités. Car entre ce qu'on entend et ce qu'on voit, entre ce qu'on lit, à des kilomètres et ce qu'on vit sur place, il existe énormément de différences. Surtout, par rapport au côté où l'on appréhende les choses.
Jeannot Ramambazafy
=============================
Face au « gâchis humain, social et économique » dans le pays, Razafisambatra Louis De Mon Désir met la barre très haut en proposant au Président de la haute autorité de transition, Andry Nirina Rajoelina, deux options : ou sa démission, ou exprimer officiellement ses points de vue sur les problèmes de fond énumérés ci-dessous.
Selon la déclaration récente de l’Organisation des Nations Unies (ONU), notre pays figure parmi les trois derniers pays pauvres du monde. Cela nous fait honte, parce que descendants royaux ou non, nous portons tous l’image de Madagascar. Le moment n’est plus alors aux fanfaronnades politiques, aux acrobaties verbales et à de belles phraséologies creuses. La population malgache est dans l’attente de solutions concrètes pour sortir de sa misère. Et n’oubliez pas que l’histoire du monde nous a appris que tout peuple très appauvri finit toujours par s’engager dans la révolution.
Force est de constater maintenant que le redressement de notre pays dépendra d’une personnalité et d’une équipe politique, qui se sont sérieusement préparées au vrai changement, c'est-à -dire dotées d’une visibilité sur tous les plans. Le fait d’avoir drainé une foule à la place du 13 mai pour renverser un régime ne doit plus être considéré ni comme un prétexte politique valable ni une « jurisprudence constante » pour s’accrocher au pouvoir et justifier son ambition à être Président de la République. En effet, bon nombre de compatriotes ont perdu également leur vie dans la lutte pour la liberté. En guise d’exemple, la population de la baie d’Antogil a déjà combattu au Xème siècle (10ème siècle) avec des pertes humaines considérables, les colonisateurs (appelés dans le temps des envahisseurs étrangers). Il en est de même pour les Antanosy de Fort Dauphin dès 1900, le sud est de l’île où le nombre de morts est plus élevé pendant l’insurrection de 1947, le roi Toera du Menabe décapité pour insoumission aux colonisateurs, les Antandroy du Sud fusillés au cours de leur révolte en 1971. Donc, si l’on se réfère obstinément et d’une manière simplement analogique à l’acharnement à l’unilatéralisme de certains dirigeants de la transition et à une certaine mentalité conservatrice, passéiste, les populations de la Baie d’Antogil, de Diégo, de Fort Dauphin, du Sud Est, du Menabe, de Tuléar, ont-elles aussi le droit de revendiquer respectivement une seconde capitale (administrative et économique), une septième et huitième province, une structure différente de l’Etat unitaire (ce dernier ayant bloqué la décentralisation effective depuis 1973). Mais imitez quand même la sagesse de ces régions qui ne s’acheminent pas vers cette logique compliquée pour s’opposer à cette clique dirigeante minoritaire qui veut faire avaler par le peuple malgache la pilule amère de l’entêtement aux pratiques unilatéralistes.
N’oublions pas surtout que Madagascar est béni de Dieu pour les raisons suivantes : c’est le seul pays au monde qui possède à la fois du pétrole et au moins 73 catégories de ressources minières et minérales ; de même, à Vohémar, Sambirano, Diégo, à Fianarantsoa, Ankazoabo, Tuléar, dans le sud est, il y a des descendants d’Abraham (dont les générations hériterons la bénédiction accordée par Dieu selon la Bible et le Coran) ; dans l’ancien Hébreu, le mot « merina » signifie peuple élu de Dieu ; maintenant encore, un arbre de Moïse est à Mandritsara (dans la province de Majunga) et a la même sacralité que l’actuel mur de lamentation en Israël ;
Selon quelques hypothèses même, la barque de Noé (spécialement sauvée par Dieu au cours de la grande inondation tragique) était de passage à Isalo (à Ranohira).
Donc, tout préjugé et tout climat de sous-estimation des uns et des autres n’ont aucune raison d’être parce que le Seigneur tout puissant nous a rassemblés dans ce pays plein de « miel et de lait » (au sens de la bible et du coran). Par voie de conséquence, j’invite tous mes compatriotes à refuser catégoriquement toute forme de nostalgie à l’apartheid ethnique, qu’elle vienne des côtes ou des hauts plateaux, car cet état d’esprit diabolique risquera de réduire notre pays en « Sodome Gomorrhe ».
Mais comme le jeu d’opportunisme est encore l’extravagance du monde politique malgache, et pour l’intérêt supérieur de la nation, je demande au Président de la haute autorité de la transition, Andry Rajoelina, soit de démissionner, soit de donner de façon solennelle et publique ses décisions sur les points ci-après : - démantèlement du système de cloisonnement entre les ministères de l’économie, du budget, des finances, la banque centrale, les établissements de crédit comme les compagnies d’assurance ; - un contrat civique des dirigeants avec le peuple par l’insertion d’une charte citoyenne dans la constitution ; - transparence sur la carte minière de Madagascar ; - les aspects concrets du changement de pédagogie et de méthodologie de gouvernance ; - la décentralisation irréversible (et non de simples promesses des lois organiques) ; - réforme du système bancaire ; - réalisations concrètes de la coopération internationale décentralisée ; - suppression de l’article de la constitution sur la limite d’âge pour la candidature à la magistrature suprême de l’Etat ; - démocratie au plan économique ; - vraie démocratie citoyenne face à la démocratie représentative ; - démocratie du marché ; démocratie du lobbying ; - comité d’audit budgétaire ; - transparence sur les règles d’affectation des excédents de recettes ; - transparence sur les engagements de dépenses hors bilan, sur les dépenses spéciales de l’Etat, sur les ordres de réquisition en matière de dépenses de l’Etat, sur la dette souveraine détenue par les banques étrangères ; - règle d’or des finances publiques ; règle de discipline budgétaire face à la « politique macroéconomique standard » ; - transparence sur « les autres canaux de transmission des financements extérieurs ; - droit constitutionnel des finances publiques ; - participation des organisations citoyennes dans les décisions relatives au budget ; transparence sur l’ajustement budgétaire ; - code des œuvres sociales ; - souveraineté et politiques monétaire et de change ; - système de bonification dans le secteur tertiaire (banques, assurances, autres établissements de crédit) ; - système national de crédit ; - souveraineté et système international de commerce administré ; - face à la mondialisation, les mesures pour pallier à l’insuffisance de la mobilité de nos capitaux et à la quasi inexistence et à l’imperfection des marchés financiers à Madagascar ; - solutions à la dette de l’Etat ; - balises à la concurrence économique au niveau international ; - politique de supervision prudentielle face à toute crise économique internationale ; libéralisation économique et partenariats équilibrés ; - pouvoir de régulation du ministre du budget sur les dépenses de l’Etat ; - fonds de stabilisation conjoncturelle ; - bonnes propriétés macroéconomiques ; - l’emprise de la politique fiscale par de gros « bonnets d’affaires » minoritaires ; - rôle d’anticipation des opérateurs économiques malgaches dans la transmission de la politique budgétaire ; - politiques d’anticipation sur quelques secteurs ; - débat sur la loi de finances et diversités régionales ; - démocratie citoyenne face à la dictature de la majorité à l’assemblée nationale ; - débat sur les conditions permettant à la politique budgétaire de faire face à toute crise internationale ; - politique budgétaire et moyens de production exigés par les priorités sociales et économiques ; économie politique de la dette ; - la question de soutenabilité de la dette ; - discipline conditionnant l’efficacité des décisions relatives à la politique budgétaire ; - discipline et crise de change ; - taux d’imposition soutenable et dépenses publiques ; - taux d’imposition et taux d’intérêts imposé par les bailleurs de fonds internationaux ; - politique de réinvestissements de capitaux octroyés par ces deniers ; - engagement pour le soutien de l’économie ; politique fiscale et les prix ; - effet d’éviction et taux d’intérêts et taux de change ; interaction des politiques budgétaire, monétaire, financière, fiscale, bancaire ; libéralisation, les actionnaires et les gros bonnets d’affaire face aux priorités du peuple ; - soutenabilité des finances publiques ; - cour pénale internationale ; - la politique monétaire en tant qu’instrument de régulation macroéconomique ; - évolution de la banque centrale et la politique de l’emploi ; - politiques d’anticipation et taux de change et taux d’intérêts ; transparence sur le rapport entre le taux d’intérêt adopté par la banque centrale et les aspirations du peuple ; - débat sur le taux directeur de la banque centrale et sur la politique monétaire standard ; - droit de regard de la société civile sur les indicateurs des conditions monétaires.
J’exige les réponses du président de la haute autorité de transition à ces idées-force pour que le peuple sache sa fidélité ou non envers le principe le plus élémentaire de la démocratie suivant : « faire ce que l’on dit et dire avec sincérité ce que l’on fait ». Par la même, le président Andry Nirina Rajoelina a intérêt à se débarrasser du carcan du fameux grand spécialiste de retournement de veste politique, qui fait fi du mot d’ordre du commandant américain Morgan : « la démocratie et les droits de l’homme sont des bénédictions de Dieu », permettant ainsi l’obtention de l’indépendance des Etats Unis en 1776. Sinon, trouvons une personnalité capable de convaincre toutes les forces sociopolitiques à faire preuve de tolérance, c'est-à -dire faire le mea culpa entre elles et surtout vis-à -vis de la population malgache et engager un vrai débat démocratique recensant tous les problèmes de fond responsables du non développement de Madagascar ; la tolérance ne consistant pas seulement ni en un simple abattage de bœufs ni en un accomplissement de quelques rites.
Magnificat anima mea dominum
Fait à Paris le 06 Août 2011
RAZAFISAMBATRA Louis De Mon Désir