Le Premier ministre malgache, Jean Omer Beriziky, démentirait-il sa carrure et l'image d'un homme à poigne ? Ses actes et actions permettent des affirmations sérieuses...
Il se pose désormais en donneur de leçons, faute d'avoir pu convaincre qu'il est vraiment l'homme de la situation. Sa spécialité sera la neutralité sélective. Le Premier ministre s'abstient de commémorer le carnage du sept février par neutralité. Il ne dit rien sur les énormités de Ruffine Tsiranana, par neutralité. Il ferme les yeux sur les frasques de Tabera Randriamanantsoa de sa propre mouvance, par neutralité. Mais il se permet d'interpeller le Président de la Transition... par neutralité, épargnant les bourdes d'Albert Zafy, le leader de sa propre mouvance, par... neutralité aussi sans doute. Olga Ramalason ne se fait pas taper sur les doigts en cherchant à faire main basse sur la Chambre de commerce... par neutralité et complicité avec Marc Ravalomanana.
La neutralité a ainsi bon dos au service de Jean Omer Beriziky. Elle lui permet de réserver ses flèches empoisonnées aux présumés adversaires de la feuille de route dont il s'est proclamé le plus ardent des champions. Face au désastre d'une crise gouvernementale, qui vient amplifier la crise générale, Omer Beriziky n'a pas caché qu'en vrai militant de mouvance, il compte rallier une majorité de ministres pour former une force de frappe aux fins de neutraliser le président de la Transition. On ne peut comprendre autrement l'absence de conseil de gouvernement, qui empêche la tenue de conseil de ministres. Cela n'a pas été dit devant Leonidas Tezapsidis, ambassadeur de l'Union européenne, mais tout le monde aura compris que pour le Premier ministre, le Président de la Transition est le premier empêcheur de danser en rond aux airs de la feuille de route. Il espère certainement que sa déclaration devant le pont tout neuf de la Mahajamba ne tombera pas dans l'oreille d'un sourd. « Vous voyez, l'échec ne vient pas de moi, c'est l'autre ». Jean Omer Beriziky cherche à se dédouaner de ses échecs à répétition, fait totalement l'impasse sur les responsabilités de sa propre mouvance, la mouvance Albert Zafy.
Il oublie que la communauté internationale a parié sur lui pour faciliter la mise en œuvre de la feuille de route pour que le projet ne tombe à l'eau par maladresse, manque de doigté, de vision ou de bonne foi, voire absence de leadership. De ce point de vue, il aura totalement déçu ceux qui croyaient en lui, sauf sa mouvance évidemment. Lalatiana Ravovololomanana, la grande gueule de la mouvance Zafy Albert, révèle que le 29 février prochain, elle va rameuter la foule, pour destituer Andry Rajoelina. La politicienne annonçait, ni plus ni moins, un coup d'Etat en préparation, sinon une incitation à un rassemblement de tous les dangers. Le chef du gouvernement ne réagit pas et ne dit rien. Alors que c'est au surlendemain de sa déclaration tonitruante sur les exigences du respect de la feuille de route.
Le principal grief que l'on peut tenir à Jean Omer Beriziky, c'est qu'il est trop gentil pour être un vrai leader. S'il avait immédiatement limogé Tabera Randriamanantsoa, dès ses premières frasques, il n'y aurait pas les bourdes de Ruffine Tsiranana. Mais le Premier ministre fait comme dans une fable de La Fontaine. Il veut contenter tout le monde et son père. Mme Ruffine aurait dû être limogée en moins de vingt-quatre heures, Omer Beriziky préfère tergiverser et voir venir. Le gouvernement n'a pas de chef, Olga Ramalason voit la brèche et s'y engouffre. Elle fait des misères à la Chambre de commerce pour préserver les intérêts de son patron Marc Ravalomanana. Comme insistait un chroniqueur « gouvernez Monsieur le Premier ministre, gouvernez ». Mais, Omer ne veut pas gouverner comme s'il avait perpétuellement la peur au ventre. Il prête le flanc aux critiques d'un rival. « Il n'y a pas d'Etat », déclare Monja Roindefo à la presse. La honte suprême. Le chef de l'administration et du gouvernement laisse s'installer la gabegie et l'Etat fonctionner en roue libre droit vers la catastrophe. Chacun n’en fait qu'à sa tête. Après sa bourde de la région Sofia, la dame Ruffine Tsiranana persiste et signe. Elle tient actuellement réunion sur réunion pour monter des dossiers contre les chefs de région aux fins de les limoger. Après les maires, les chefs de région. Il faut singulièrement manquer de vision pour ne pas voir des visées électorales dans chaque acte de certains membres du gouvernement. Comme si des ministres ne sont pas là pour la feuille dé route, mais pour autre chose.
Mais le Premier ministre laisse faire, surtout qu'il s'agit des ministres de sa mouvance. « Mon seul patron est la feuille de route » avait-il déclaré le jour de sa présentation. La belle blague. On voit maintenant où mène la stratégie Omer Beriziky. Vers le laxisme généralisé. A qui profite le crime, Monsieur le Premier ministre ? On voit mal comment, sous sa gouverne, Madagascar pourra réussir des é1ections libres, sereines et transparentes. L'opinion se demande si l'angé1isme de Jean Omer Beriziky ne donne pas plutôt prise aux prédations d'un panier de crabes des politiciens plus soucieux de leurs intéréts bien compris que de la feuille de route.
Le gentil Premier ministre risque de continuer à perdre sa crédibilité. Comment peut-il faire respecter la feuille de route, s'il est incapable de se faire respecter lui-même ? A l'heure des comptes, il ne pourra plus imputer ses insuffisances à qui que ce soit.
Mardi 21 février 2012
JAOZARA Christian
(Ancien enseignant - Antsiranana)