Les chefs de services de l'expédition française pour Madagascar, en 1895. Deuxième rang : X, Vétérinaire Lenthéric, Lieutenant Colonel de Beylié (sous-chef d'Etat-Major), Cesc Delarue (Génie), Médecin-Major Hocquard. Premier rang : Lieutenant Colonel Marmier (Génie), Intendant Thoumazou (Services administratifs), Général de Torcy (chef d'Etat-Major), Médecin Inspecteur Emery-Debrousse
Ben voyons. La concertation malgacho-malgache (politiciens, membres de la société civile), organisée par le FFKM (Conseil œcuménique des Eglises chrétiennes de Madagascar) vient de renforcer le fait que la Grande île de l’océan Indien est en train de vivre sa période post-apprentissage, dans le domaine de la liberté d’expression. C’est tant mieux et que vienne vite la période du Désastre. Les intellos ne vont pas suivre ma logique intangible tirée de l’Histoire même de l’Humanité. Qu’ils sachent alors qu’avant d’être les pays développés qu’ils sont à présent, certains membres du G-10 ont traversé des périodes pénibles. Si bien qu’ils ont atteint un très haut niveau de maîtrise du bien commun, malgré les piques contre leurs dirigeants. Quelques exemples que personne ne pourra jamais interpréter à la sauce malgache :
U.S.A. : 1861-1865, guerre de sécession entre le Nord et le Sud ; années 1960-1970, ségrétation raciale.
Afrique du Sud : 1948-1991, régime d’Apartheid.
Vietnam : 1946-1954, guerre contre les Français ; 1957-1975, guerre contre les Américains.
Allemagne : 1914-1918 et 1939-1945, battue deux fois par les forces « alliées ».
Japon : 1945, bombe atomique sur Hiroshima (6 août) et Nagasaki (9 août).
France : 1793, régime de la Terreur; envahissement et occupation par l’Allemagne nazie durant les deux guerres "mondiales" auxquelles ont participé des Malgaches enrôlés de force.
Rwanda : génocide 1984. Massacre entre Hutus et Tutsis.
Où se situent actuellement ces pays, en matière de développement ?
A présent, qu’en est-il de Madagascar ?
1895. La France, ayant des vues sur la Grande île déjà divisée par des luttes claniques, envoie une armée expéditionnaire qui parvient jusqu’à Antananarivo. La Présence de ces militaires allumera le feu du patriotisme des Malgaches à travers le mouvement des Toges rouges ou « Menalamba ». Leur lutte se poursuivra jusqu’en 1898. Avant l’arrivée de Joseph Gallieni, il n’y avait ni côtiers, ni merina. Il a mis en application la notion de « diviser pour mieux régner » qui persiste toujours de nos jours.
6 août 1896 : La loi d’annexion est votée par le régime socialiste de Vincent Auriol. Battu sans avoir combattu (« resy tsy niady »), Madagascar deviendra une colonie française jusqu’en 1958, année de la proclamation de sa première république.
1947 : Le patriotisme n’était pas mort chez les Malgaches. Mais des traîtres à leur pays ont attisé le courroux du colonisateur, lorsque la nuit du 28 mars, un camp de soldats français a été attaqué à Moramanga. Ce fut l’occasion d’un grand massacre avec 100.000 morts. 66 ans après, les archives ne sont toujours pas ouvertes au public. On ne parle jamais de « guerre de Madagascar » comme on dit guerre d’Algérie ou, récemment, guerre du Mali. Après avoir été méprisé puis colonisé, le peuple malgache est devenu un peuple aux réflexes d’iliens primaires : croire être le centre du monde, beaucoup parler mais ne jamais aboutir à rien, en rejetant sans cesse la faute sur les autres. Voilà le résumé de la mentalité des Malgaches, en général, héritée des tares citées plus hauts.
Toute règle a une exception. Il existe des Malgaches qui veulent réellement sortir le pays de cet état de sous-développant permanent engendré, et par les bailleurs de fonds -qui ont accentué la dépendance financière- et par les dirigeants successifs qui ont laissé piller le pays comme au bon vieux temps de la colonie, au nom de « l’effort de guerre ». Mais ces patriotes authentiques sont étouffés. Et par la désinformation, la rumeur (« tsao » qui court plus vite que la réalité des faits et, qu’hélas, on a tendance à croire comme une vérité absolue), et par le tirage vers le bas, une spécialité locale... Points positifs de la colonisation : construction d’infrastructure routière et ferroviaire. Mais c’était pour « exporter » plus aisément les richesses de la nation malgache. Actuellement, cela se traduit par des contrats miniers iniques, pour ne pas dire plus. Et, actuellement, tandis que les politicards tirent des plans sur la comète pour accéder au pouvoir, de nombreuses ressources minières brutes (ilménite) et forestières (bois de rose, palissandre) sont « exportées », licitement ou non, sans aucune retombée spectaculaire sur le quotidien du grand nombre.
En ce moment même, cette concertation organisée par le FFKM n’est rien d’autre qu’un énième arbre à palabres. Mais avec plus d’audace dans des idées qui méprisent totalement les véritables intérêts du grand nombre. Le mépris n’est pas nouveau. C’est la liberté d’expression qui fait tiquer, de la part de Malgaches, traditionnellement polis et mesurés dans leurs paroles. Et chaque politicard, chaque entité considérée comme telle, parlent selon leurs intérêts propres, au nom de la liberté d’expression. Et les journaux locaux jouent le jeu : « Transition-bis », « Une nouvelle transition plane dans l’air »... Onitiana Realy, la grande journaliste de Tv Plus, a intérêt à réviser sa copie. Elle qui a fustigé et accusé publiquement le président Andry Rajoelina de vouloir étirer cette période de transition. Elle est même allée en France pour parler de son film « Tetezamihitatra » (pont à rallonge).
En cette mi-avril 2013, Madagascar est devenu un pays en état d’ébriété politicarde collective, au nom de la démocratie. Ha, ce doux nom ! Qu’est-ce qu’on ne fait pas derrière lui. Un paravent de toutes les idioties possibles et même impossibles (mot qui n’est pas malgache). Le problème de ce pays, ce ne sont pas les hommes (ils naissent, passent et trépassent comme nous tous). Non. Le problème de ce pays est ce manque d’ennemi, d’adversaire commun. Voyez le bel esprit de solidarité, chaque année, après le passage d’un cyclone meurtrier. Tous se sentent concernés, même si certains (l’exception de toute règle) en profitent pour faire parler d’eux, en prélude à une éventuelle candidature à une élection. Pour ce que j’en pense, au train où vont les choses, il n’y aura rien de nouveau sous le soleil des Mascareignes tant que la notion d’appartenance nationale ne frappera pas les esprits. Rien ne changera, tant que les politocards assoiffés de pouvoir ne comprendront pas qu’il ne leur servira à rien d’être les hommes les plus riches du cimetière. Ils laisseront toujours cet héritage de mépris mêlé d’intellectualisme livresque à la génération suivante qui, elle, voudra aussi son 4X4, sa villa et un train de vie honteux, au milieu d’une pauvreté monétaire aussi flagrante que le nez au milieu de la figure.
Il ne faudra rien attendre de la Communauté internationale, celle qui a décidé, à Berlin le 26 février 1885, du partage du gâteau africain (Madagascar compris). Que les Malgaches se débrouillent entre eux. Point barre. En attendant, ce mépris du Malgache envers d’autres Malgaches, se reflète dans les forums de discussion sur Internet. La lâcheté en prime. On a l’impression que ces anonymes n’ont reçu aucune éducation, qu’ils n’ont aucun parent -malgache évidemment- et aussi vite que Lucky Luke qui tire plus vite que son nombre, ils sont véloces en insultes, en calomnies. Pour eux, c’est cela la liberté d’expression. Etant donné qu’avoir accès au web signifie posséder un minimum de connaissances, je me demande à quoi leur servent leurs diplômes et quel est leur quotidien dans la réalité ? C’est cette même génération qui -comme au premier coup de canon en 1895- tentera d’effacer toutes ses traces (un adresse IP est ineffaçable) et se reniera comme Pierre avant que le coq ait chanté trois fois, une fois découverte, en n’oubliant pas le « mifona » et le « aza fady » (demande de pardon après un mauvais coup).
Le thème de la concertation organisée par le FFKM est le « Fihavanana », difficile à traduire en français en un seul mot, tellement il est aussi vaste que la notion de démocratie. Je dirais alors réconciliation. Mais réconciliation de qui, pourquoi ? Certes, avant toute chose, réconciliation avec Dieu. Mais avec le nombre croissant de sectes (délicieusement dénommée « Fiangonana zandriny » (littéralement : églises cadettes), même Dieu, le Seul, l’Unique fuirait. Car les dieux actuels sont l’argent et le pouvoir. Et tous veulent devenir un dieu. Quelle sera alors l’issue de cette concertation ? Ben comme il y a 118 ans : tous ces politicards vont nous soûler avec leurs manières de tirer des plans sur la comète, dans l’espoir d’être au pouvoir et d’avoir le pouvoir. Mais un coup de canon sous la forme du retrait de l’appui financier de la Communauté internationale, pour les élections du 24 juillet 2013, mettra tout le monde au pas, malgré un sursaut de notion de souveraineté nationale qui ne vaut pas son poids d’orgueil imbécile. Et ce sera toujours la faute des « autres ».
Dès lors, comment pourrait s’opérer un changement radical de mentalité, vrai problème de Madagascar ? Il faudrait que tous les volcans de la Grande île se réveillent ensemble, faisant des tas de victimes. Alors là , les Malgaches auront leur ennemi commun. Le sol sera en mouvance et adieu les « mouvances » politiques. Tiens, en passant, qu’est-ce qu’on n’a pas inventé comme mots dans cette 5è transition que traverse le pays ! Je vous laisse l’initiative de chercher ces mots nouveaux. Personne ne souhaite un malheur mais s’il faut passer par là , mieux vaut un déchainement de la Nature qu’une guerre civile style 1861-1865 aux U.S.A. Non ? En tout cas, rappelez-vous d’une chose : à quelque chose malheur est bon. Il faut crever l’abcès d’une paupérisation entretenue par des politocards malgaches soûlés par cette liberté d’expression sauvage ; avec la complicité de la communauté internationale -en majorité anciens pays colonisateurs- qui, malgré ce qu’on dit, ne connait que trop cette mentalité d’esclave à qui la liberté consiste à faire tout ce que permet de faire la longueur de sa chaîne. Quoi ou qui se trouve au bout de la vôtre ?...
Jeannot Ramambazafy – 19 avril 2013