Il fallait s’y attendre : après la nomination du quota présidentiel de 11 derniers sénateurs (sur 1015 candidatures proposées, selon le président Ravalomanana en personne), il était évident qu’un remaniement rapide au niveau gouvernemental aurait lieu. Etant en effet donné que deux ministres avaient été élus. Cela n’a pas tardé avec le décret n°2008-427 du 30 avril 2008, abrogeant le décret n° 2007-022 du 20 janvier 2007 portant nomination du Premier Ministre et des membres du Gouvernement. Enorme surprise : Patrick Ramiaramanana, le fidèle parmi les fidèles, a été « suspendu ». Explications avec une présentation en photos individuelles de tous les membres de ce nouveau gouvernement.
Cet énième gouvernement de l’ère ravalomananienne, le second donc sous le Premier ministre Charles Rabemananjara, reconduit, comporte 19 membres dont quatre femmes. Et, dans le cadre de l’éducation -qui devient la priorité des priorités (suivie des infrastructures, de l’agriculture, de la santé puis de l’environnement et du tourisme), dixit toujours l’imprévisible président malgache- le ministère a été scindé en deux : un uniquement pour l’Education nationale et un autre pour l’Enseignement Supérieur et la Formation Technique et Professionnelle. Ces deux portefeuilles ont été confiés à deux nouveaux étant donné que, comme il était prévu, Benjamin Andriamparany Radavidson, le tenant des deux ministères confondus, a été limogé à la suite d’on-ne-sait-plus-quoi. Au revoir aussi à Julien Laporte Ravelonarivo qui occupait le ministère des Transports et du Tourisme qui, lui aussi, a été scindé en deux : un uniquement pour les Transports, confié aussi à un nouveau, tandis que le Tourisme a été rattaché à l'Environnement, aux Eaux et aux Forêts. Des tas de papiers à en-tête et de cartes de visites à remplacer…
Concernant la Décentralisation et l’Aménagement du Territoire, ce ministère dirigé par Yvan Randriasandratriniony, devenu sénateur, a aussi été scindé en deux mais mené par le Premier ministre pour la Décentralisation et par l’ancien ministre de l’Agriculture qui hérite d’un super ministère, celui de la Réforme foncière, des Domaines et de l’Aménagement du Territoire. Car le ministère de l’Agriculture, de l’Elevage et de la Pêche est revenu à un nouveau. Pour ce qui est de la Fonction publique, dirigée par Jacky Tsiandopy Mahafaly devenu Sénateur lui aussi, le ministère revient à un nouveau. Et le ministère des Sports, des Loisirs et de la Culture ? Pour l’instant, il n’y a pas de ministre car Patrick Ramiaramanana - ancien cadre de Tiko, ancien Maire de la ville d’Antananarivo, ancien ministre de l’Energie et des Mines avant d’avoir été celui des Sports, des Loisirs et de la Culture, bref le fidèle des fidèles -, a été « suspendu ». Cela faisant suite à l’« affaire FIFA » « qui doit être élucidée », a déclaré le président Marc Ravalomanana, après avoir eu une entrevue avec Ahmad, président de la fédération malgache de football, mis sur la touche...
Madagate.com a l’honneur de vous présenter tous les membres de ce gouvernement formé et présenté publiquement via les stations de radio et de télévision locales (demain, 1er mai est un jour férié donc sans journaux), ce 30 avril 2008.
Docteur en Etudes Hispaniques de l'Université de Paris Sorbonne, maître de conférences à la faculté des Lettres et Sciences humaines de l’Université d’Antananarivo, consultante et expert auprès du Bureau International d'Education de l'UNESCO
Enseignant-chercheur,professeur à l'ESSA ((Ecole Supérieure des Sciences Agronomiques, Département Industries Agricoles et Alimentaires) de l'Université d'Antananarivo
D.E.A en Sociologie, Secrétaire Général du Ministère auprès de la Présidence chargé de la Décentralisation et de l'Aménagement du Territoire
Directeur Général du Port autonome de Toamasina, élu député de Toamasina I
Ph.D, Ingénieur des mines formé en ex-URSS, maître de conférences, directeur de la formation et de la recherche à l’université d’Ankatso. Défenseur du système LMD
Lors d’une rencontre avec la presse locale, le président Marc Ravalomanana s’est montré, une fois de plus, très conciliant : « J’adore (« tiako ») travailler avec vous, les journalistes. J’accepte les critiques de votre part mais il faudrait avoir une approche plus pragmatique, dorénavant. J’invite aussi les membres de ce gouvernement a accepté les critiques et à œuvrer avec vous dans un chemin menant au développement ». A propos de développement, justement, M. Ravalomanana s’est contredit. Si, à la fin de l’année dernière, il avait précisé qu’il se peut qu’ »il ne resterait pas à sa place longtemps », ce mercredi 30 avril 2008, il a déclaré qu’il « restera tant qu’il y aura encore quelque chose à faire pour le développement ». Avec une démocratie à 100% pour le Tim, parti au pouvoir, à tous les niveaux du pouvoir, sinon des deux pouvoirs clés (législatif et exécutif, le judiciaire comptant pour du beurre), la manière de diriger du président malgache nous entraîne de plain-pied dans le capitalisme d’Etat. Ni plus ni moins. Et ce n’est pas une critique de notre part mais un constat flagrant, vécu. Car ce pouvoir omet continuellement le volet social extrêmement délicat qui peut tout faire basculer…
A propos de l’opposition, justement, qu’en pense M. Ravalomanana ? « C’est sûr que les opposants doivent bouger (« mihetsika ») et c’est pour çà qu’ils sont opposants. Mais je ne sais que penser… Ils ont aussi l’ambition de développer le pays mais leur démarche est spéciale. Il faudrait leur poser la question… ». Enfin, en guise de message présidentiel pour cette fête du Travail 2008 voici : « Les gens travaille pour améliorer leur sort. En tant que président de la république, je dirais aux travailleurs de bien maitriser leur travail et de l’effectuer jusqu’au bout. Pour vous les dirigeants, je vous demanderai de bien discerner ceux qui travaillent bien et ceux qui ne font rien. Pour les premiers, il faudrait songer à les motiver encore plus. Globalement, que faire pour les travailleurs, le plus vite possible ? Ce n‘est pas seulement une question d’argent. Actuellement, nous devons réfléchir sérieusement sur ce qui est de leur déjeuner (« sakafo atoandro »). Il faudrait peut-être réviser les horaires de travail… ».
Bravo monsieur le président ! Néanmoins, avec tous les précédents, il y a loin de la théorie et de la phraséologie à la pratique et aux réalités. Vous parlez de développement sans distinction ? Alors qui est responsable de tous les placages faits à la population tananarivienne toute entière ? Je ne parle que de cette histoire sans fin de délestage sans rime ni raison, sans avertir les gens au préalable et donc des quartiers noyés dans le noir, accentuant l’insécurité. Mais est-ce une raison valable aussi de faire tarder et même de ne pas accorder les subventions étatiques que vous avez promises (y compris celles du Fonds d’entretien routier) parce qu’Andry Rajoelina n’est pas Tim ? Pourquoi s’acharner à diaboliser, surtout vos médias, ce jeune homme qui a été élu sans aucune contestation comme si c’était l’ennemi public n°1 ? Vous voulez absolument lui faire ce que le président Ratsiraka vous a fait ? On connait la suite, avec l’aide précieuse de cette population que vous tendait de plus en plus à renier. L’ennemi commun des Malgaches, c’est la pauvreté, toutes les pauvretés. Pourquoi avons-nous lutté en 2002 si c’est pour vivre une situation pire ? Comme dans l’affaire de la FIFA, nous vous demandons alors qui est responsable de cet état de fait. Faites vite le ménage autour de vous, repérez rapidement les extrémistes et ceux qui pèchent par excès de zèle dans votre camp car il y va de votre situation elle-même si nous nous référons à l’Histoire même du pays. Si un homme averti en vaut deux, un journaliste qui prend la peine de vous avertir en vaut cent. A bon entendeur, salut !
Jeannot Ramambazafy
Journaliste
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