L’horreur de la dette
Malgré les ambitions apparentes du régime actuel de sortir Madagascar de la pauvreté, avec la guerre déclarée contre la corruption et l’inculcation d’une culture de résultat auprès des ministères, le cycle infernal de l’endettement est loin d’être brisé.
A travers un document du « Estimate Debt Service Payments » sur le site web de la Banque mondiale, le remboursement des dettes contractées par le régime actuel, jusqu’à fin décembre dernier, auprès des institutions de Bretton Woods ne sera effectué qu’en… 2045 voire 2047. Soit d’ici Quarante ans ! A ce rythme, les effacements et allègements de dettes de ces dernières années risquent de se réduire à rien. Ils ont été pourtant possibles grâce au respect de conditionnalités draconiennes. Les services de la dette de notre pays représentent 27% de notre PIB contre 6% pour la Zambie dont le président visite actuellement la Grande Île.
L’ancien ministre de l’Economie, du Budget et des Finances, Benjamin Radavidson Andriamparany (photo ci-dessus), aurait sa vision après la suppression d’une partie de nos dettes, avec la réussite du point d’achèvement, il y a quelques années. Mais cette stratégie de remboursement n’a pas eu, semble-t-il, l’aval des tenants du régime. Dès qu’il a été « déclassé » ministre de l’Education nationale et de la Recherche scientifique, l’on a compris que le scénario n’avait pas ménagé les plus hauts dignitaires de l’Etat. Alors qu’il s’agit, selon des informations officieuses, d’un moyen pour contourner un autre endettement de Madagascar.
Le pire dans ce rapport du « Estimate Debt Service Payments », c’est que le pays et tous les citoyens en entier crouleront encore sous la dette dans moins de cinquante ans, faute de politique économique chez les dirigeants actuels. Ces derniers affichent une autosatisfaction à travers les investissements directs étrangers (IDE) comme DYNATEC et Qit Minerals Madagascar. Mais des observateurs récusent, pour le cas de QMM de Tôlagnaro, que l’investissement est loin d’avoir des retombées concrètes auprès de la population. Quoi qu’il en soit, les investissements directs ne procurent que des emplois aux salaires misérables pour les nationaux. Ce sont les multinationales qui engrangent les profits. A Tôlagnaro, les chauffeurs de QMM sont des expatriés, sous prétexte que les nationaux ne comprennent pas l’anglais.
Certes, un endettement est nécessaire dans l’économie libérale disent certains. Toutefois, cela ne touche que les pays disposant entièrement d’une culture et d’une philosophie entièrement libérales où la concurrence est chose réelle. Ce qui n’est pas le cas dans notre pays. Actuellement, seul un groupe économique reste florissant et prospère dans le monde des affaires. Et ce groupe fut monté par le Chef de l’Etat. Qui, réellement, parmi les fonctionnaires du ministère du Budget et des Finances, notamment des Impôts, osera procéder à un redressement à Tanjombato ou à Andranomanelatra ?
Qu’on se le dise, faute de stratégie et de transparence, la nation malgache ne recevra aucun impact bénéfique de cet endettement. Bien que l’on ne partage pas le position des nationalistes, c’est un fait : le nombre des indigents augmente, la pauvreté de la population s’aggrave et les opérateurs nationaux se trouvent en difficulté. Derrière tout cela, il y a une question de culture et de fierté nationale. Tant que nos dirigeants minimisent les us et coutumes malgaches, préférant le style « Leadership » étranger, le pays ne réussira pas à proposer, et surtout à persuader les bailleurs, d’une politique de remboursement de dettes propre à la nation. Et si le régime s’entête dans son style de gouvernement actuel, la spirale de la dette risque encore d’être infernale plus que jamais. Cette politique de remboursement de la dette est une calamité pour la nation et le peuple entier.
James Ramarosaona
(Editorial de La Gazette de la Grande Île, N° 01494 du mercredi 13 février 2008, page 5)
James Ramarosaona, économiste de formation, est un confrère avec lequel j’ai travaillé durant plus de dix ans à Madagascar Tribune. Il rejoint La Gazette de la Grande Île où il est Directeur de rédaction, en 2004. Il a été Président de l’Ordre des Journalistes de Madagascar (OJM), élu successivement, de 1994 à 2003. Il est le fondateur de l’Association Libre des Journalistes de Madagascar (ALJM), et l’une des chevilles ouvrières de la création du Centre des Ressources Médias (CRM) sis au rez-de-chaussée du CITE Ambatonakanga. Membre à part entière du Conseil National des Elections (CNE), il va se présenter comme candidat au poste de président de l’OJM pour le mandat 2007-2010. La date de cette élection interne concernant les 1.001 journalistes inscrits à l’OJM n’a pas encore été arrêtée.
Bienvenue à Tikoland Mister President !
A propos de la visite du Président Zambien, également Président de la SADC, SEM Levy Mwanawasa, il faut dire qu’il n’a rien vu de Madagascar mais il a bel et bien atterri à … Tikoland. En effet, sur trois complexes commerciaux et/ou industriels visités, et entre la visite de la Cotona d’Antsirabe, appartenant au groupe Socota de la famille Ismaël, deux appartiennent au groupe Tiko S.A. : Mana Madagascar, œuvrant dans le riz et le blé, situé dans l’enceinte même du Port autonome de Toamasina. Donc doublement protégé et bénéficiant de toutes les exonérations possibles et imaginables et l’usine de transformation de produits laitiers Tiko (dont IKO, TIA et FARM visités par M. Mwanawasa), situé à Andranomanelatra, à une vingtaine de kilomètres d’Antsirabe.
Avec les explications du Directeur Général de Tiko, M. Bruno Randriarison. Ici, il y a 1.800 vaches Holstein produisant 15.000 litres de lait par jour ! Cette dernière visite n’était pas prévue dans le programme officiel. Alors ? Elle a remplacé la visite du Palais de la Reine au Rova Manjakamiadana, sous prétexte que le Maire Andry Rajoelina était absent. « Comme si c’était M. Andry Rajoelina qui détenait les clés du Rova », a écrit La Gazette de la Grande Île, le mercredi 13 février 2008. Question à un million d’Ariary : dans ce contexte, est-ce Madagascar ou Tikoland que la SADC va appuyer financièrement ?
Jeannot Ramambazafy
Journaliste (OJM n° 0357)
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