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Vers 10h, ce matin-là, je décide d’aller sur la Haute-ville, afin de prendre une vue d’ensemble du stade de Mahamasina et de la plaine du Betsimitatatra. Premiers constats : Les églises de toutes les confessions chrétiennes (catholiques, protestants, anglicans, luthériens) sont bondées en ce dimanche veille de Noël. Il apparaît limpide qu’il n’y aura pas l’affluence des grands jours de fin de campagne au stade, lorsque le maire arrivera. Mes vues partielles me donnent raison. Il faut dire que plein, ce stade peut contenir 30.000 personnes et quelque 50.000 si la pelouse est envahie. Là, ce ne fut pas le cas. Par ailleurs, juste à côté, la Grande Braderie de Madagascar est noyée de monde. Sans parler du marché à ciel ouvert allant jusqu’aux abords du lac Anosy. Il faut savoir que la Noël est avant tout une fête familiale pour tous les Malgaches. Riches ou pas, chacun fait ses emplettes pour le réveillon et le bon dîner familial du 25 décembre, car avec la pluie, on risque des tas d’imprévus.

Après quelques clichés qui ne me convainquent guère, ni vous non plus d’ailleurs, je m’en vais descendre l’escalier long comme un jour sans pain, allant de la cathédrale catholique d’Andohalo au stade couvert de Mahamasina, situé dans l’enceinte même du stade municipal. A mi-chemin, je pose mon pied sur quelque chose nouvellement construit que je croyais solide et plouf ! Le sol se dérobe sous mes pas. In extremis, je me jette à droite -en descendant-. Je tape dur sur un rebord et mon épaule droite, déjà mal en point à cause d’une clavicule trois fois brisée, supporte mon réflexe. Aie, aïe, aïe. Heureusement, sinon, soit je serai tombé dans le trou et me serai cassé un membre, soit et ben plus de Jeannot Ramambazafy pour vous raconter les réalités de et sur Madagascar. Car dans le trou, c’est la pente rocheuse abrupte. Je m’en sors avec mon épaule qui me fait de plus en plus mal, comme si on y avait enfoncé une épée et paume de main garnie de coupures.

Impossible d’aller me montrer devant tout le monde, en grimaçant et en clopinant. Je prends un taxi, il était 11h30, et rentre à la maison, me doucher, me soigner et rentrer dans mon lit. Avec l’espoir que l’évènement à Mahamasina soit retransmis. Purée de coupures de courant ! Dans mon quartier, je n’ai reçu la télé Viva que vers 22h. Mais miracle ! La Mbs présidentielle –et cette fois-ci providentielle !- a parlé de l’évènement si, par contre, la Tvm n’en a pipé mot. Clic, clic, merci Mbs. Quant au discours, je l’ai (presque) eu en entier, ce matin, lundi 24 décembre. Car bien avant la fin, le courant a encore fait des siennes. Pour éviter de travailler le jour de Noël, bien qu’il n’y ait pas d’heure pour les braves, je vous transmets ce que j’ai pu retranscrire. Comme aucun journal local ne sortira avant le 26 décembre -le 24 ayant été déclaré pont-, madagate.com vous offre la primeur et un document à conserver pour les archives de notre temps. Au boulot et merci de votre attention.

KABARY NATAON’NY BEN’NY TANANA ANDRY RAJOELINA

« (…) Nasesiky ny fitiavana ianareo, ka nahatonga ny lamasinina tody any Tsimbazaza : tonga ny TGV, Tompokolahy sy Tompokovavy !

Dingana iray lehibe izay no vita. Ny dingana faharoa natrehana dia ny nandraisako, tamin’ny fomba ofisialy ny andraikitra maha Ben’ny tanàna ahy. Miantefa aminareo mponin’Antananarivo rehetra ny heriretritro androany. Ianareo izay nametraka fitokisana tamiko. Voninahitra lehibe tokoa izany. Mavesatra ny andraikitra nankininareo tamiko, ary lehibe ny fanantenana napetrakareo. Tsy azoko atao ary tsy hataoko velively ny amitaka izany. Miantefa amin’ireo rehetra nanampy tamin’ny fampieleza-kevitra ihany koa ny heritreritro. Ireo mpilatsaka an-tsitrapo marobe izay manatrika etoana ; ireo namana rehetra tsy nanadino sy nanampy taminy fomba maro samihafa ; ireo mpanohana rehetra ; ny fianakaviako. Te-hamerina amin’izy ireo fisaorana mitafotafo aho androany, ny fitiavako ary ny fankasitrahako feno. Tsy adino fa tsaroaka manokana eto ny vadiko. Taminy fanohanana feno izay natolony tamin’ny fotoana rehetra, na mora na sarotra : isaorako manokana i Mialy.

Miantefa ihany koa amin’ireo mpifaninana amiko koa ny heritreritro : manaja azy ireo aho, manaja ny heviny koa satria ny fanajako azy ireo dia fanajako koa ireo izay nifidy azy nandritra ny fifidianana. Izany Ben’ny tanàna izany mantsy dia tokony ho tia ireo mponina rehetra ao amin’ny tanànany, n’inona n’inona fierehan-keviny. Ka noho izany dia ho Ben’ny tanànan’ny mponinan’Antananarivo rehetra tsy an-kanavaka aho ; ho ben’ny tanànan’ny mpanan-karena ; ho ben’ny tanànan’ny sahirana ; ho ben’ny tanànan’ny avy any Atsimo ; Avatra, Atsinanana ary Andrefana ; ho ben’ny tanànan’ny ankizy ; ho ben’ny tanànan’ny tanora ary ireo ray aman-dreny sy ny sokajin’olona rehetra monina eto amin’ity renivohitra malala-tsika ity.

Tompokolahy sy Tompokovavy, fantatro loatra fa miandry zavatra betsaka isika ary mitaky vokatra ihany koa. Fitakiana fiovana, Fitakiana fialanà amin’ny fahazaran-dratsy teo aloha ; fitakiana fiarovana sy fandriampahalemana ; fitakiana fandaminana sy fampiarana ny lalàna araka ny tokony ho izy tsy misy fiangarana na fitanilana. Fitakiana ny rariny sy ny hitsiny ara-sosialy mba hitovy ny toerana misy ireo sokajin’olona samihafa ary mba samy hanana zo mitovy ny mponin’Antananarivo rehetra tsy an-kanavaka. Na avy amin’ny faritra ivy izy, na avy amin’ny faritra ambony, na ireo manan-katao, na ireo mareforefo. Fitakiana ny fanasarahana ny resaka politika amin’ny resaka fitantanana ny tanàna. Fitakiana fampivoarana eo amin’ny mponin’Antananarivo rehetra, satria mila miara-miasa isika mba hiatrehana ny fanamby isan-karazany.

Fitakiana fifampitokisana ihany koa. Efa nampanantena fitantanana mangarahara aho ho an’ny tanànan-tsika ; fitantanana tsy misy kian-trano an-trano ary ny fahaizana sy ny traikefa no homena lanja. Marina fa ao anaty fasahiranana tanteraka ny tanànan-tsika raha ny zavatra tsapa tao anatin’izay andro vitsivitsy izay no jerena. Tsy misy ny vola eo am-pelatànana ; nandova trosa be goavana isika. Tsapan-tsika fa misavovona ny fako eraky ny tanàna ; misavonona ihany koa ny trosa ka tsy maintsy ho diovina ny tanàna ary hazavaina ny kaonty. Mampanantena nefa ny tenako fa hanao izay tratry ny heriko, hampiasa izay talenta sy fahaiza-manao ary traikefa ananako mba hitadiavan-tsika vahaolana, Tompokolahy sy Tompokovavy.

Eto ary dia ampanetrehan-tena no iangaviako sy anaovako antso avo ireo malala-tànana rehetra mba hifarimbona sy hifanome tànana hitondra ny anjara birikiny hanampy ny tanànan’Antananarivo, na olo-tsotra, na orinasa, na fikambanana, eny fa ny vahiny aza. Nametraka fe-potoana hiasako sy hamitako iraka ny mponin’Antananarivo kanefa ampamendrehana no hanatanterahako izany. Hiezaka am-pitiavana ho mendrika sy ho fahatokisana ny apetako hanatanterahana izany zavatra rehetraretra izany. Ho sarotra ny asa kanefa isika rehetra dia voahantso andray anjara amin’izany. Ireo tsara sitrapo rehetra, ireo manana faharesehan-dahatra te-hampandroso ity tanànan-tsika ity. Ny tanjona dia Antananarivo maha te-honina, Antananarivo madio, Antananarivo milamina, Antananarivo mandroso, Antananarivo maoderina (…) ».

RESUME

Si vous n’avez pas la possibilité de vous faire traduire, voici un résumé succinct de ce discours.

Le maire Andry Rajoelina a tenu à remercier toutes celles et tous ceux qui ont mis leur confiance en lui, particulièrement son épouse Mialy : « Le TGV est arrivé en gare de Tsimbazaza ! », a-t-il déclamé. « Ce fut la première étape. La seconde a consisté en ma prise de fonction en tant que premier magistrat de la Capitale. Il ne s’agit pas de donner de faux espoirs à mes administrés. Je m’en tiendrai scrupuleusement à mon programme avec votre appui et une confiance mutuelle ». Il a aussi eu une pensée aux autres candidats et à ceux qui les ont élus auxquels il porte un grand respect. La commune urbaine d’Antananarivo (CUA) ayant hérité de milliards d’impayés qu’il faudra honorer, le maire Rajoelina lance un appel à toutes les entités de bonne volonté pour permettre à la ville d’Antananarivo de sortir de l’ornière. Même les communautés étrangères mais résidant dans la Capitale (Le maire Andry Rajoelina a reçu Jean-Claude Boidin, ambassadeur de l’Union européenne, ce lundi 24 décembre au matin à Tsimbazaza).

« Comme vous le voyez, la ville est noyée par les ordures ménagères mais elle est également noyée par des dettes énormes. Mais nous allons éclaircir ces comptes. C’est le moment de se donner la main. Je veux être le maire de tout le monde : celui des riches, celui des pauvres ; celui des gens venus du Sud, du Nord, de l’Est et de l’Ouest : je veux être le maire des enfants, des jeunes, des aînés et personnes du troisième âge. Je veux être le maire de toutes les entités morales et physiques qui résident dans cette chère Capitale de Madagascar. Le but est qu’Antananarivo soit une ville où il fait bon vivre, une ville propre, une ville développée, une ville moderne ».

Le maire Andry Rajoelina a également précisé qu’il y aura des règlements que tout un chacun devra respecter afin que règnent l’ordre et la discipline. « Je gèrerai la ville autrement que l’ont fait mes prédécesseurs. Tout doit reposer sur la confiance réciproque, sans politique politicienne dans la gestion de la ville. Les critères, pour atteindre l’objectif, seront le savoir-faire, la capacité de convaincre, la volonté de réussir ». Ici aussi, donc, il y aura beaucoup de candidats mais peu d’élus. Personnellement, je donne exactement un trimestre au maire, à compter de ce 24 décembre 2007, pour décanter et faire le tri autour de lui, où louvoient certains opportunistes qui ne cadrent pas avec sa philosophie de l’excellence et des résultats palpables vitesse TGV. Le sentimentalisme ne fait pas bon ménage avec l’efficacité. Mais comme je sais qu’Andry Rajoelina n’est pas un jeune homme facilement influençable et que la CUA c’est une autre paire de manches qu’INJET et VIVA réunis, c’est à ces opportunistes d’accepter l’évidence que travailler à la mairie d’Antananarivo est un sacerdoce et non un moyen de s’enrichir sur le dos des contribuables. Comme çà été le cas, avant le 12 décembre, particulièrement au niveau des chefs de quartier. Midi Madagasikara, en date du 22 décembre parle du « retour du parti AVI » fondé par Norbert Lala Ratsirahonana, ancien chef d’Etat, candidat plus que malheureux des présidentielles de décembre 2006 et propriétaire de la chaîne RAVINALA devenue VIVA. Et alors, si ces gens sont efficaces ? On va pas se mettre aussi à chipoter sur le fait que l’entourage du président Ravalomanana lui-même, est une ossature AREMA, non… ? Il faudrait qu’à Madagascar on perde cette sinistre habitude de faire un amalgame de tout et de rien. Ce qui rend la rumeur plus ténace que la vérité la plus vraie. Ce n’est pas l’origine de quoi ou qui que ce soit qui compte, c’est la capacité de développer la ville très vite, de négocier sans prendre une dime au passage. Voyez l’escalier où je me suis cassé la figure : c’est indéniablement une question de dosage.

Pour l’heure, c’est la trêve qui laisse largement à tout un chacun de réfléchir, de bien réfléchir. Après le moment des décisions, le passage très rapide à l’action va en désarçonner plus d’un. Et là, les maillons faibles s’élimineront d’eux-mêmes. Enfin, je ne le répèterai jamais assez qu’il y a une grande différence entre communication, publicité et information. La communication c’est ce que l’on veut faire entendre ou croire ; la publicité sert à enjoliver les choses. Mais l’information, qui n’est ni à vendre ni à acheter -contraire de l’intox qui se monnaye-, part de faits qui correspondent à la réalité et qui ne sont pas divulgués pour faire plaisir aux uns ou pour fâcher les autres. C’est pourquoi les responsables de communication, les agents de publicité, les attachés de presse ne sont pas classés dans la catégorie des journalistes qui ne sont jamais, au grand jamais, tenus de révéler leurs sources. Malheureusement, à Madagascar il y a énormément d’apprentis sorciers qui bénéficient d’appuis ne faisant pas honneur à la profession. On verra. Quoi qu’il en soit, je vous souhaite :

Joyeux Noël 2007 et Bonne année 2008 !

Si je vais mal à cause de cette chute aussi bête que ridicule, je vous en aviserai. Pour l’instant, c’est la force de l’esprit qui prime.

Jeannot Ramambazafy

Journaliste

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