iOn ne le surnomme pas TGV pour rien. Le vendredi 21 décembre 2007, à 17h, le nouveau maire de la Commune urbaine d’Antananarivo (CUA) a ameuté la presse locale pour révéler les premiers résultats de l’audit financier qu’il a fait faire, avant de prendre effectivement ses fonctions. Horreur ! Les arriérés de paiement s’élèvent a exactement 7 milliards 791 millions 228.635 Ariary. En prime, l’équipe de son prédécesseur a laissé une ardoise de 560 millions Ariary pour non paiement de carburants. D’où le blocage dans le ramassage des ordures ménagères dans la Capitale. Mais le TGV, prenant le taureau par les cornes, a déjà trouvé des solutions immédiates
Il fallait s’y attendre. Le Psd Hery Rafalimanana, dès la signature de pure forme de la passation de service du 20 décembre, a préféré partir à la vitesse d’un… Tgv. Et, effectivement, après voir compulsé les dossiers prioritaires, l’équipe du maire Rajoelina a mis à jour des arriérés de paiements -essentiellement de fournisseurs- d’un montant exact de 7 milliards 791 millions 228.635 Ariary (un montant époustoufflant si l’on sait qu’un euro vaut à peu près 2.600 Ariary). Mais ce n’est pas tout. Depuis le mois d’octobre 2007, la CUA n’a plus honoré aussi la facture de carburant s’élevant à 560 millions Ariary. D’où l’impossibilité pour les camions-bennes de la commune de ramasser les ordures ménagères qui pourrissent l’atmosphère de la Capitale actuellement. Car les fournisseurs ont suspendu tout approvisionnement jusqu’à paiement de cette somme. Après moi le déluge a semblé être la philosophie du Pds Tim et de sa garde rapprochée.
 « J’assumerai toutes les tâches qui m’incombent pour le bien de mes administrés »
Presque au moment de ces révélations auxquelles il fallait s’attendre, le Pds Hery Rafalimanana était reçu à la Primature de Mahazoarivo par un Premier ministre qui l’a félicité pour le travail qu’il a abattu "en seulement en huit mois". Le Général Charles Rabemananjara ira-t-il jusqu’à le proposer au poste de ministre de l’Aménagement de la ville ? Dans une médiocratie, il ne faut s’étonner de rien. En tout cas, ce Premier ministre, que j’apprécie beaucoup, me déçoit infiniment. Soit il est très mal informé, soit il suit une stratégie consistant à défendre l’indéfendable dictée par des ordres venus d’en haut. Comme d’habitude. Mais le maire Rajoelina, c’est un autre acier trempé. Au lieu de perdre son temps à se demander où est passé cette somme faramineuse (engloutie dans la propagande, sans nul doute ?), Andry Tgv passe immédiatement à l’action avec l’aide d’entités de bonne volonté qui voient en ce premier magistrat de la ville, un jeune homme honnête et travailleur qui a déclaré, ce vendredi noir de malversations financières : « J’assumerai toutes les tâches qui m’incombent pour le bien de mes administrés ».
Et, avec un don de 5.000 litres de carburant (soit quatre jours de consommation), la CUA TGV va pouvoir débarrasser Antananarivo de ces ordures envahissantes jusqu’au jour de Noël. Après ? On va voir si le président Marc Ravalomanana tient parole. Surtout en sachant ce que son poulain, qu’il avait lui-même désigné, a traficoté. Il a promis d’aider la Capitale de Madagascar, vitrine vis-à -vis du reste du monde. Ce sera le premier test d’une collaboration ou non, entre l’Etat et la CUA. A ce rythme, l’année 2008 ne sera pas de tout repos. Pour tous. Car, en jouant d’emblée la carte de la transparence, le maire Andry Rajoelina implique toute la population aà (enfin) ouvrir les yeux et à être très vigilante. Jamais deux sans trois, la compagnie nationale d’eau et d’électricité avait aussi coupé l’eau des bornes fontaines publiques dans les quartiers populeux d’Amboditsiry, Ivandry et Manjakaray pour non paiement par la commune des factures. Une partie a déjà été réglée par le Tgv, en mobilisant les riverains et des tractations avec d'autres donateurs sont en cours pour tout régulariser. Ces pratiques datant de la première république vont amener à un réflexe de protection accrue du maire de la part des Antananariviens.
Pourrait-on parler de détournements ? Non, mais on aura dit « affectation » dans le cas de la victoire du Tim. Oui, à présent que ce parti, ersatz du Psd et de l’Arema réunis, a été défait d’une manière honteuse pour elle -et sans aucune possibilité de frauder, vu l'écart-, par rapport à ses discours trop beaux pour être honnêtes. « Faly » ou « tsy faly », le président Marc Ravalomanana doit comprendre une fois pour toute que c’est le « vahoaka » qui l’a mis là où il est et c’est ce même « vahoaka » qui le chassera. De quelle manière et quand ? Cela dépend du président lui-même. Pour son propre avenir donc, la balle est vraiment dans son camp. Un adage bien français dit que « seuls les imbéciles ne changent pas d’avis ».
Jeannot Ramambazafy
Journaliste
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